Interrogé par Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin sur les témoignages de viols et d’agressions sexuelles, le président a expliqué qu’en 2018, alors qu’il était ministre, l’ancien présentateur télé avait “nié avec beaucoup de force”.
“Il y avait eu une plainte, mais elle avait été classée, il n’y avait aucune procédure en cours. Nous avions un homme blessé, et donc il est resté ministre. Quel autre choix aurions-nous pu faire? La présomption d’innocence est un droit. S’il avait été condamné, à coup sûr nous aurions pris une décision”, a assuré Macron.
“On ne peut pas regretter quand on ne sait pas tout. Je n’ai pas de regret, je suis sur ce sujet intraitable et engagé. Mais de là où je suis, je veux que la justice se fasse de manière apaisée. Si, dès qu’il y a une rumeur ou une accusation, qui peut être vraie, vous dites “C’est fini”, alors à ce moment-là il n’y a plus de vie en société possible”, a continué le président qui veut que “la justice puisse faire son travail”. “Il faut prendre très au sérieux ces accusations. Il faut les instruire.”
Un commentaire qui n’a pas été bien reçu partout. Alice Coffin, conseillère de Paris, se désole notamment sur Twitter que Macron “se permet de plaisanter sur les non-regrets qu’il a par rapport à Hulot” et qu’il n’y ait “pas de question sur Darmanin, évidemment”.
Cette dernière déplore aussi au passage que l”‘intervieweur lui-même (a été l’)objet d’une enquête journalistique pour agressions sexuelles”. Darius Rochebin, qui avait été visé par une enquête du journal Le Temps pour harcèlement sexuel en 2020, a depuis été mis hors de cause par une enquête interne de son ancien employeur, la Radio télévision suisse francophone (RTS).
#MacronTF1 se permet de plaisanter sur les non regrets qu’il a par rapport à Hulot.
Pas de question sur Darmanin. Evidemment.
Le tout devant un intervieweur lui-même objet d’une enquête journalistique pour agressions sexuelles.— Alice Coffin (@alicecoffin) December 15, 2021
Mis en cause par six femmes
Le parquet de Paris a ouvert début décembre une enquête préliminaire. Nicolas Hulot avait lui annoncé quelques jours avant, à la veille de la diffusion sur France 2 d’une enquête dans laquelle plusieurs femmes accusaient l’ancien ministre, quitter “définitivement” la vie publique pour protéger ses proches et sa Fondation des retombées d’un “lynchage”. Au total, ce sont au moins six femmes, dont l’une mineure au moment des faits, qui le mettent en cause.
Emmanuel Macron avait alors souhaité qu’il n’y ait ni “opacité”, ni “complaisance” ni “inquisition” à propos des accusations d’agressions sexuelles et de viol contre son ex-ministre, mais “l’efficacité de la justice”, selon des propos rapportés du Conseil des ministres.
L’opposition a mis en cause l’exécutif dont plusieurs ministres, comme Marlène Schiappa, qui était à l’époque secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Ils avaient pris la défense de leur collègue, en 2018 après la révélation d’une plainte pour viol qui avait finalement été classée sans suite en raison du délai dépassé de prescription des faits.
Interrogé sur cette plainte pour viol de Pascale Mitterrand, la petite-fille de l’ex-président François Mitterrand, le porte-parole du gouvernement avait expliqué le 26 novembre qu’à l’époque, il y avait “eu un soutien à l’État de droit, à la présomption d’innocence”. “Aujourd’hui”, avait argumenté Attal, “il y a des témoignages supplémentaires qui s’ajoutent, qui n’étaient pas connus à l’époque”.
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