Le « tourisme reproductif » : un business comme un autre sous le soleil espagnol
« On m’a appelé pour me dire que c’était le moment. Le soir même, j’étais dans un avion pour Barcelone. Aussitôt arrivé, on m’a demandé de me masturber dans un tube, puis quinze minutes plus tard j’étais déjà sur la route du retour pour Paris. Prêt à retourner bosser le lendemain. » Parfois, il faut être prêt à tout pour espérer avoir un enfant. C’est en tout cas le point de vue de François et de sa compagne après plusieurs années d’un douloureux parcours de procréation médicalement assistée (PMA) en France. Le processus, très long et lourd physiquement, a échoué à trois reprises pour le couple — quatre tentatives sont remboursées par la sécurité sociale. La faute à une infertilité commune et à des techniques bien moins avancées, et plus restreintes par la loi qu’il n’y parait en hexagone. En moyenne, seulement 48% des couples réaliseraient ici leur projet parental grâce à la fécondation in vitro (FIV), selon l’INED, et ce seulement « huit années après le début du traitement ». Les premières tentatives sont rarement les bonnes. Après des années de galère, François et sa femme décident donc de réaliser leur projet de devenir parents dans un « centre de fertilité », en Espagne. Ces centres, des cliniques privées qui ont pignon sur rue dans toutes les grandes villes du pays, proposent des méthodes de FIV plus radicales et couteuses que la PMA française. Plus efficaces aussi : « Elles ont vingt ans d’avance sur la science et la méthode », assure François. La méthode en question : le « don d’ovocytes », qui correspond en réalité moins à un don qu’à la location de l’utérus d’une donneuse anonyme, pour la phase de fécondation avec le sperme du mari, avant que l’embryon ne soit retiré de son ventre puis transféré dans celui de la future mère (à un stade suffisamment…