17 octobre 1961: Sortir durablement du déni mémoriel
Pascal Rossignol via ReutersLa plaque commémorative des évènements du 17 octobre 1961 sur le pont Saint-Michel à Paris en 2011. En septembre 2018, la reconnaissance par Emmanuel Macron de la responsabilité de la France dans la mort de Maurice Audin, militant de la décolonisation assassiné par l’armée française, avait permis de nourrir des espoirs. Après le premier pas fait par François Hollande en 2012 – il avait parlé en 2012 des “souffrances de la colonisation”, avec notamment les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, ainsi que de l’usage de la torture dans les rangs français – nous nous acheminions un peu plus vers la reconnaissance des crimes commis pendant la guerre d’Algérie, et plus largement des atrocités de la colonisation. En parlant, vis-à-vis de l’Algérie, d’une prétendue “rente mémorielle”, le Président de la République a fait deux pas en arrière. Il a surtout prouvé avec fracas à quel point propager ce type de pensée est non seulement contre-productif, mais peut devenir dangereux. Car, non, le devoir de mémoire n’est pas une rente ni un abaissement, mais bien une condition du mieux vivre ensemble dans notre société. Ce samedi, Emmanuel Macron s’est semble-t-il finalement décidé à refaire un pas en avant, en reconnaissant des “crimes inexcusables pour la République” et en déposant une gerbe près du Pont de Bezons, où la répression du 17 octobre 1961 a là-aussi tué. Tant mieux! L’histoire de tous Il est désormais impératif d’en finir avec cet “en-même-temps” variant en fonction des publics et des auditoires, et d’entrer durablement dans l’âge de la maturité mémorielle. C’est à cette seule condition que nous pourrons poser durablement des actes pour permettre à la France et à l’Algérie de regarder leur passé en face, et de mieux envisager leur futur ensemble. Car, au fond, l’erreur consisterait à croire que la mémoire de…