Le coronavirus précipite l’Amérique latine dans une crise économique et sociale sans fond
Adriano Machado / reuters“Bolsonaro dehors, cent mille personnes sont mortes du Covid-19”: une manifestation contre le président brésilien Jair Bolsonaro et en hommage aux personnes mortes du coronavirus, à Brasilia au Brésil, le 7 août 2020. Depuis plusieurs années, l’Amérique Latine constitue la région la plus inégalitaire au monde. Après un début de siècle marqué par une croissance économique soutenue et une envolée des prix des matières premières, plusieurs pays ont réussi à renverser la tendance avec des politiques redistributives, mais sans trop pouvoir toucher aux problèmes structurels et n’arrivant pas à pouvoir imposer -par l’impôt– une participation plus importante des secteurs les plus aisés. Les gouvernements progressistes en Argentine, Bolivie, Équateur, Uruguay, Chili et Venezuela avaient réussi à réduire le coefficient de Gini*, passant sous la barre de 0.50. Selon la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL), entre 2002 et 2013, dans cette région, l’indicateur est passé en moyenne, de 0,54 a 0,48, une des plus grandes prouesses sociales de ces dernières décennies dans un continent historiquement marqué par les inégalités. Mais aujourd’hui, la situation est tout autre, voir catastrophique. Le continent est l’un des plus touchés au monde par la pandémie de coronavirus avec plus de deux cent mille morts, au moment même ou des gouvernements néolibéraux sont synonymes de danger pour les populations qui ont besoin de plus de protection sociale pour faire face à la situation. C’est un véritable recul économique, social et démocratique qui est en cours. Les perspectives de la CEPAL sont très inquiétantes pour la région. Le PIB va chuter de 9,1% en 2020, l’augmentation de la pauvreté sera de l’ordre de 7% et de 4,5% pour l’extrême pauvreté de 4,5%. Dans la région, les 10% des plus riches concentrent 71% de la richesse totale mais ne paient des impôts…