Composite AI : l’intelligence artificielle intégrée
La Composite AI représente une méthodologie conçue pour maximiser les bénéfices tirés de l’intelligence artificielle. Ce n’est pas une invention technologique récente, mais plutôt une idée qui combine des techniques préexistantes afin d’atteindre des résultats supérieurs.
À l’heure actuelle, une grande partie des entreprises intègre l’intelligence artificielle de diverses manières pour accroître leur efficacité ou demeurer compétitives. Il existe un éventail de techniques destinées à répondre à divers enjeux. Le principe de Composite AI désigne leur intégration dans le but de maximiser les résultats.
Qu’est-ce que la Composite AI ?
La Composite AI a été incluse dans les innovations du Hype Cycle for Emerging Technologies de Gartner en 2020. En termes simples, cela se définit comme une « assemblage de différentes techniques d’IA » visant à offrir le meilleur résultat.
Cependant, commençons doucement par le terme « intelligence artificielle » qui peut prêter à confusion. Souvent, le public évoque l’IA lorsqu’il parle de machine learning ou de réseaux de neurones artificiels, qui ne sont que des sous-ensembles de l’IA englobant un concept beaucoup plus vaste.
Les entreprises modernes déploient des solutions d’intelligence artificielle pour transformer leur structure organisationnelle. La question centrale reste de déterminer quelle technique est la mieux placée pour résoudre chaque problème spécifique. La Composite AI consiste à fusionner plusieurs approches pour aborder les défis les plus complexes.
Aperçu des différentes techniques d’IA
Pour mieux appréhender le concept de Composite AI, faisons d’abord un rappel des diverses techniques d’intelligence artificielle susceptibles de contribuer à cette approche.
Machine Learning
Cette première catégorie d’IA se concentre sur le développement de logiciels capables d’exploiter des ensembles de données afin d’apprendre de manière autonome. Le but du machine learning est de permettre aux ordinateurs d’apprendre sans intervention humaine et d’adapter leurs actions d’eux-mêmes. En fait, on l’appelle aussi apprentissage automatique. Contrairement aux analystes humains, le machine learning a la capacité d’analyser d’énormes volumes de données plus rapidement et de produire des résultats plus précis.
Deep Learning
Il s’agit d’une spécificité du machine learning. Cette méthode se penche davantage sur le principe fondamental de l’IA, qui est d’imiter le fonctionnement du cerveau humain. Le deep learning est utilisé pour analyser des données et élaborer des modèles qui améliorent les décisions. Les algorithmes de deep learning peuvent également apprendre sans supervision en exploitant des données organisées ou non, afin de résoudre des problèmes complexes.
Graphes de connaissances
Un graphe de connaissance est une collection de représentations d’entités interconnectées. Cela peut inclure des objets, des événements ou des idées. En d’autres termes, il s’agit d’une base de connaissance sous forme de graphe de données. Les graphes de connaissances contextualisent l’information par le biais de métadonnées sémantiques et de relations. Ils offrent un socle pour l’intégration, l’analyse, le partage et l’unification des données.
NLP ou traitement du langage naturel
Ce volet de l’intelligence artificielle fait référence à l’aptitude des machines à comprendre le langage humain, qu’il soit oral ou écrit. Le processus lié au NLP comprend le prétraitement des données et l’élaboration d’algorithmes. Pour simplifier, le traitement du langage naturel prépare les données en les traduisant en codes exploitables par les machines grâce aux algorithmes de machine learning.
Intelligence artificielle conversationnelle
Une intelligence artificielle conversationnelle établit un lien de communication naturel entre les humains et les ordinateurs. Cela peut inclure, entre autres, des systèmes de messagerie automatique (comme des chatbots alimentés par l’IA) et des applications vocales (assistants vocaux). Une IA conversationnelle peut donc interpréter des textes ou des commandes vocales et répondre dans la même langue.
Pour concevoir un système de Composite AI, il est nécessaire de disposer d’une « architecture composite », qui est un cadre adapté à l’entreprise fonctionnant sur un tissu de données flexible permettant aux utilisateurs de s’ajuster aux systèmes et aux exigences changeants.
Le premier pas consiste à identifier le défi à relever. Ensuite, les scientifiques des données et les experts en IA doivent déterminer quels ensembles de données sont nécessaires pour appuyer la résolution de ce défi. Ils pourront ainsi choisir et appliquer une combinaison des techniques d’IA les plus adéquates en fonction des types de données.
Composite AI à travers divers secteurs
Pour un commerce de détail, le problème à résoudre peut être l’optimisation des stratégies de tarification et de promotion. Les données pertinentes pour apporter une solution incluent les transactions, les prix en place et ceux des concurrents, le niveau des stocks ainsi que les caractéristiques des clients. Ici, l’utilisation simultanée de plusieurs techniques de machine learning peut aider à évaluer l’impact des modifications de prix. En outre, cela permettrait de tester et d’ajuster selon les réactions clients.
Dans le domaine de la médecine, des technologies telles que la computer vision, la visualisation de données et le machine learning peuvent se révéler déterminantes. Elles sont capables d’évaluer l’efficacité des traitements médicaux pour des maladies telles que le cancer. Cette synthèse offre aux médecins l’aptitude de visualiser la réponse à un traitement face à l’évolution d’une maladie qui peut être difficile à percevoir visuellement dans certains cas.
La Composite AI peut également soutenir le secteur financier dans la réalisation des contrôles de conformité, en utilisant le NLP pour extraire des informations des documents commerciaux.
Après avoir choisi les meilleures techniques d’IA, on peut exploiter des pipelines de machine learning pour élaborer des modèles. Les principes d’une entreprise qualifiée de composable incluent l’amélioration continue, l’efficacité, la modularité et l’adoption d’innovations.
Au final, l’essence de la Composite AI réside dans une approche interdisciplinaire de l’intelligence artificielle. Plutôt que de se concentrer sur une seule méthode, cette stratégie s’adapte aux problèmes à résoudre. En d’autres termes, cette approche permet de répondre à une vaste gamme de problèmes complexes.
Les bénéfices de l’IA composite pour les entreprises contemporaines
L’IA composite propose aux entreprises une vision complète pour aborder des problématiques complexes. Cette synergie favorise une analyse approfondie des données, menant à des décisions plus éclairées et à une personnalisation accrue des services. Par exemple, dans le secteur santé, l’IA composite peut améliorer le diagnostic en intégrant des images médicales avec des dossiers patients, offrant ainsi une perception plus intégrale de la santé des individus.
En outre, cette méthodologie encourage l’innovation en permettant aux entreprises d’élaborer des solutions sur mesure pour des défis spécifiques, renforçant ainsi leur position compétitive sur le marché. En résumé, l’IA composite constitue un levier stratégique pour les entreprises cherchant à tirer pleinement parti des capacités de l’intelligence artificielle.
Défis et enjeux lors de l’implémentation de l’IA composite
Le déploiement de l’IA composite implique divers défis pour les entreprises. La complexité technique est évidente, nécessitant une intégration fluide de plusieurs technologies d’IA, ce qui peut requérir des compétences spécialisées et des ressources considérables.
La qualité et la diversité des données sont d’une importance capitale ; des données incomplètes ou biaisées peuvent affecter l’efficacité des modèles. De plus, des enjeux éthiques et réglementaires émergent, notamment concernant la confidentialité et la transparence des algorithmes.
Ainsi, les entreprises doivent établir des cadres de gouvernance solides pour garantir une utilisation responsable de l’IA composite. Enfin, la résistance au changement au sein des organisations peut entraver leur adoption, soulignant la nécessité de former et de sensibiliser les équipes aux avantages et aux implications de cette technologie.
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Ces coopératives qui font face à l’ubérisation de l’emploi
En dépit de l’opposition de la France, une directive européenne qui prévoit une présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes est en voie d’être adoptée. Reste à déterminer comment elle sera intégrée dans les législations nationales. En attendant, la résistance continue de s’organiser sur le terrain.
Dans le domaine de la livraison à vélo, de nombreuses coopératives de cyclistes ont vu le jour çà et là : en France, Sicklo à Grenoble, Fast and Curious au Havre, Les Coursiers de Metz dans la ville éponyme… Au total, on dénombre environ quarante coopératives de cyclistes livreurs et logisticiens dans le pays, toutes affiliées à la fédération CoopCycle.
Le principe : ces coopératives embauchent les livreurs et ont collaboré au développement d’une application de mise en relation. « Nous sommes à la fois livreurs, logisticiens, gestionnaires et mécaniciens (…) Nous ne désirons pas travailler dans une économie ubérisée, nous créons nos propres coopératives », souligne le site de CoopCycle.
En Seine-Saint-Denis, la démarche des chauffeurs VTC est différente. Plus de 500 d’entre eux se sont regroupés au sein d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), Maze. L’objectif : offrir « une alternative à l’entrepreneuriat fictif des plateformes », précise Brahim Ben Ali, le fondateur et directeur général. Contrairement aux livreurs à vélo, les chauffeurs de Maze ne sont pas salariés de la Scic. Ils demeurent indépendants, étant chacun propriétaires de leur véhicule.
Quels sont alors les atouts de la coopérative ? « Elle négocie des protections sociales, les tarifs des assurances des véhicules et les véhicules eux-mêmes », énumère Brahim Ben Ali. Il s’agit donc d’assurances individuelles, mais négociées collectivement. L’idée est malgré tout de garantir une uniformité dans le service fourni : par exemple, un code vestimentaire sur lequel les chauffeurs se sont mis d’accord.
Des décisions prises collectivement
De manière générale, fini le lien de subordination : les décisions sont prises de manière collective. Maze est constitué de cinq collèges regroupant différentes catégories d’associés, qui participent aux votes : deux collèges « chauffeurs », selon qu’ils comptent plus ou moins de trois ans d’ancienneté, un collège d’utilisateurs bénéficiaires (la part sociale s’élève à 50 euros), un collège d’institutions publiques, incluant l’intercommunalité Plaine Commune et le département de Seine-Saint-Denis, et enfin, un collège « bénévoles ».
Comme pour les VTC des grandes plateformes, et en accord avec la loi Thévenoud de 2014, il est interdit pour les chauffeurs de Maze de proposer des courses « à la volée ». Les clients doivent s’inscrire via une plateforme de réservation, qui a coûté à la jeune entreprise un investissement de 300 000 euros.
Pour une nuit « normale » dans la métropole parisienne, il faut compter environ 3 000 chauffeurs. Avec ses quelque 500 « chauffeurs-sociétaires », Maze est encore loin du nombre requis. C’est pourquoi l’idée est de se lancer d’abord sur le marché professionnel, le B2B, à Lille et Paris. L’entreprise vise également les collectivités. « Il faut roder la bécane », résume Brahim Ben Ali.
Pour un trajet Lille centre-aéroport, un chauffeur Maze percevra 29 euros, auxquels s’ajoute une commission (15 % sur la gamme économique, 20 % sur les berlines et vans) qui va au pot commun et est redistribuée sous forme de bénéfices.
Sur le plan économique, l’incertitude demeure. L’argent reste un enjeu crucial. « Nous n’avons bénéficié d’aucune aide de l’Etat », déplore le PDG. Mi-octobre, Maze a lancé un financement participatif, espérant collecter entre 1,5 et 2 millions d’euros d’ici février prochain. Avis aux intéressés !
Une approche différente du nettoyage
Une autre ville, un autre secteur, un autre modèle. À Nantes, Véry’fiable offre depuis douze ans des services de nettoyage et de ménage pour les entreprises et les particuliers. Bien qu’il n’y ait pas de plateforme d’intermédiation dans ce domaine, la précarité y est omniprésente.
« À l’origine, il y a un groupe de cinq personnes travaillant pour une grande entreprise qui ont décidé de fonder leur propre société », résume Anne Chauchat, qui vient de devenir sociétaire après un parcours d’intégration de deux ans. La Scop compte 35 employés, dont seuls 9 ont été transformés en sociétaires après avoir suivi le célèbre parcours.
Véry’fiable emploie de nombreuses personnes initialement éloignées de l’emploi. « Nous collaborons avec des structures d’insertion et des organismes d’accompagnement pour les personnes étrangères », ajoute encore Anne Chauchat.
Le choix de la coopérative répond à plusieurs objectifs : valoriser des métiers souvent dévalorisés ; offrir des perspectives d’évolution professionnelle, avec l’apprentissage de compétences entrepreneuriales, puisque les sociétaires d’une Scop doivent superviser la gestion ; améliorer les conditions de travail ; et répondre à une demande de clients prêts à payer davantage pour des salariés traités avec plus de considération.
« Lors d’une première visite chez les clients, nous examinons le matériel proposé », explique Anne Chauchat. Nous recommandons d’utiliser uniquement du vinaigre blanc et du liquide vaisselle. Un client qui voudrait imposer de l’eau de javel par exemple, c’est non. »
Idem pour les aspirateurs muraux légers : « À l’usage, ils entraînent des tendinites. »
Les employés sont rémunérés au Smic ou au-dessus, en fonction de leur expérience. Le salaire est annualisé, avec un nombre d’heures fixes comptées dans le mois, afin d’assurer une sécurité tout en tenant compte des annulations de dernière minute. Sur le marché des particuliers, la prestation est facturée 33 euros de l’heure + 4 euros de frais de déplacement. « C’est la fourchette haute, mais nous l’assumons », souligne Anne Chauchat.
Sur le plan financier, la Scop se porte bien, même si elle ne génère pas « des marges énormes », précise encore la sociétaire. Elle investit beaucoup dans la formation aux métiers et les parcours d’intégration pour devenir associé. Tout cela sans bénéficier des aides d’une association ou celles d’une structure d’insertion par l’activité économique. Toutefois, elle est en partie soumise à la convention des services à la personne, ce qui permet à sa clientèle de particuliers de profiter d’un crédit d’impôt de 50 %.
Véry’fiable a reçu en 2021 le prix national de la Fondation du crédit coopératif et, en 2023, le prix régional Pays-de-la-Loire de l’économie sociale et solidaire.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Le débat « A-t-on renoncé à lutter contre la pauvreté ? », le samedi 30 novembre à 9 h 45 aux Journées de l’économie autrement, à Dijon. Consultez le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.
Comment concilier apocalypse et échéance financière ?
La bataille contre le changement climatique ne pourra se faire sans une diminution des inégalités. C’est avec cette conviction que diverses structures de l’économie sociale et solidaire s’efforcent d’harmoniser la fin du monde et la fin du mois. Le Geres fait partie de cette démarche.
« L’association a vu le jour en 1976 suite au choc pétrolier, fondée par des chercheurs de l’université marseillaise engagés dans des projets d’énergie renouvelable », raconte Hasna Oujamaa, en charge du mécénat et des partenariats au Geres. Ils ont estimé qu’investir dans de tels projets ne devait pas uniquement profiter aux populations aisées et qu’il fallait donner la possibilité aux personnes en situation précaire d’y accéder. »
Le Geres, dont l’acronyme signifie « Groupe énergies renouvelables environnement et solidarité », agit ainsi depuis plus de quarante ans pour honorer cet engagement.
S’adapter au contexte local
Active dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, essentiellement dans la métropole d’Aix-Marseille, l’association lutte contre la précarité énergétique dans le secteur résidentiel.
« Nous soutenons les ménages afin qu’ils puissent diminuer leurs factures d’énergie et effectuer la transition énergétique de leurs logements », explique Hasna Oujamaa. Cela inclut aussi les habitations soumises aux chaleurs estivales pouvant frôler les 45 degrés. »
Les solutions offertes à ces ménages précaires vont des interventions d’urgence, comme la réparation d’un carreau brisé ou le remplacement d’ampoules incandescentes par des modèles plus économes en énergie, jusqu’à des rénovations plus importantes.
« Nous accédons aux logements afin de mieux comprendre leurs caractéristiques et identifier les points d’intervention, et nous guidons les personnes dans l’accès aux financements publics pour réaliser les travaux », poursuit Hasna Oujamaa.
L’ONG, dont le siège est à Aubagne (13), emploie environ quarante personnes en France, mais a un effectif total de 176 salariés, répartis dans plusieurs bureaux à l’international : Bamako (Mali), Oulan-Bator (Mongolie), Douchanbé (Tadjikistan), Phnom Penh (Cambodge)…
En Mongolie, le Geres a aussi un programme dédié à la rénovation énergétique des habitations. L’ONG applique diverses techniques en s’adaptant aux matériaux localement disponibles et au climat, afin d’identifier les solutions les plus efficaces et acceptées.
« Nous adoptons une approche filière, en essayant de créer un équilibre sur le marché en collaborant avec les banques et les organismes de microfinance, ainsi qu’avec les compétences locales en construction, tout en offrant des formations en autoconstruction et autorénovation », précise Hasna Oujamaa.
Le Geres aborde aussi des enjeux purement énergétiques. Au Bénin, il collabore, par exemple, avec des petites entreprises situées aux abords des villes qui n’ont pas accès à l’électricité, qu’il s’agisse de boulangeries, d’artisans ou de salons de coiffure.
Les solutions peuvent varier : créer une zone d’activités électrifiée en regroupant plusieurs structures, les connecter à un mini-réseau, ou déployer un kit solaire pour produire un peu d’électricité. « L’accompagnement inclut aussi l’aspect économique, car passer à une énergie électrifiée pour un boulanger qui pétrissait auparavant à la main modifie son modèle économique », explique Hasna Oujamaa.
Les bénéfices recherchés ne se limitent pas à l’aspect économique, mais englobent également des dimensions environnementales et sanitaires, car certaines énergies utilisées pour la cuisson peuvent être polluantes et néfastes pour la santé.
Un village pour le réemploi
Associer des publics en situation précaire à des activités économiques orientées vers l’écologie est une méthode explorée par de nombreuses structures de l’économie sociale et solidaire depuis plusieurs années, notamment dans les domaines de l’insertion et du réemploi. Le projet Ikos à Bordeaux en est un exemple. Cette société coopérative d’intérêt collectif (Scic) regroupe neuf organisations de réemploi solidaire pour créer un village du réemploi.
« Ce projet a vu le jour en 2017 dans l’esprit de cinq directeurs de structures de réemploi solidaire à Bordeaux », raconte Marion Besse, anciennement à la tête de Relais Gironde, qui collecte et réutilise le textile, et aujourd’hui PDG d’Ikos. Nous avons réalisé que nous étions confrontés aux mêmes défis et qu’en nous unissant, nous pourrions y faire face. »
Ces organismes partagent effectivement des locaux souvent restreints, limitant ainsi le volume de produits traités et pouvant altérer les conditions de travail. « À cette époque, nous avons aussi constaté l’émergence d’acteurs du réemploi avec une approche purement commerciale, tels que Vinted ou Leboncoin, et nous avons conclu qu’avec nos structures, nous avions atteint les limites d’un modèle ; que nous avions de nécessaires petites adresses avec des horaires parfois complexes. »
Parmi les neuf structures fédérées aujourd’hui par Ikos, on trouve Le Relais Gironde, Envie Gironde, entreprise d’insertion reconditionnant des appareils électroménagers, Replay, qui retape des jouets, les Compagnons bâtisseurs, qui collectent des matériaux et équipements de bâtiment, Le livre vert, structure d’insertion qui récupère des livres pour les remettre en circulation ou recycler, ou encore la Recyclerie sportive, qui réemploie du matériel sportif.
Après plusieurs années de travail et de recherche, un terrain a été identifié en 2021. Les travaux devraient commencer l’année prochaine, avec une ouverture au public programmée pour le printemps 2027. Ce village Ikos s’étendra sur 12 000 m2, dont 2 000 m2 seront consacrés à une galerie marchande :
« Nous proposerons une offre globale de réemploi, avec presque tous les domaines de consommation pour les particuliers : mode, mobilier, décoration, jouets, électroménager, culture, épicerie antigaspi, articles de bricolage et de jardinage, ainsi que du matériel sportif », avance Marion Bresse.
Ce lieu offrira principalement 8 000 m2 pour stocker et trier, ce qui permettra aux différentes structures de passer d’une capacité de collecte de 8 000 à 13 000 tonnes par an. De plus, il devrait générer 100 emplois nets, portant le total des postes sur le site à 320, dont la moitié seront en insertion.
L’activité de la Scic Ikos, petite structure comptant quelques employés, consistera à animer ce lieu où les structures de réemploi solidaire poursuivront et développeront leurs activités. Cela démontre que ces projets ne sont pas uniquement des alternatives écologiques et sociales, mais également économiques.
Pour aller plus loin :
Le débat « Transition écologique : comment avancer par vents contraires ? », le vendredi 29 novembre à 16 h 30 aux Journées de l’économie autrement, à Dijon. Voir le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.
Deux moteurs de recherche émergents s’associent pour défier Google
L’IA générative et de nouvelles règles visant les géants de la technologie donnent à Ecosia et Qwant les moyens de défier Google et Microsoft et de développer un index web pour l’Europe.
Pourquoi les Grammys ont besoin d’évoluer, avec le PDG Harvey Mason Jr.
Image : The Verge ; Photo de Rebecca Sapp / Getty Images pour l’Académie des Grammy Awards Réinitialiser le roster de membres, diffuser le spectacle en ligne — est-ce suffisant à l’ère de l’IA ? Aujourd’hui, je dialogue avec Harvey Mason Jr. Il est à la tête de l’Académie des Grammy Awards, une organisation à but non lucratif qui coordonne les Grammy Awards — les distinctions les plus reconnues dans le domaine musical — et administre la fondation MusiCares, qui soutient les artistes en difficulté. Harvey est une personne captivante — en tant que musicien et producteur, il a collaboré avec des artistes comme Destiny’s Child, Britney Spears, Michael Jackson, Girls’ Generation, entre autres, et a également produit des bandes-son de films tels que Pitch Perfect et Straight Outta Compton. Harvey a eu un emploi du temps chargé depuis qu’il a pris son poste de PDG de l’Académie des Grammy Awards en janvier 2020 — son prédécesseur ayant été évincé seulement cinq mois après son arrivée en raison de divers scandales. Les Grammy Awards — tout comme les Emmy et les Oscars — ont été confrontés à un examen minutieux des inégalités raciales et de genre dans la répartition des prix. En outre, l’industrie musicale a connu un coup d’arrêt complet pendant la pandémie de covid-19, avec l’annulation des concerts en direct et des remises de prix, rendant MusiCares plus nécessaire que jamais. Harvey a donc été très occupé ces dernières années. Actuellement, le secteur musical est en plein essor, avec quelques-unes des plus grandes tournées de l’histoire et une nouvelle génération d’artistes émergents. Les nominations pour les Grammy Awards de 2025 viennent d’être révélées, et vous pouvez constater que des artistes tels que Chappell Roan et Sabrina Carpenter figurent dans la liste pour l’Album de l’année aux côtés de…
Donald Trump et la politique de l’inflation
Le bilan solide de Joe Biden en matière d’emplois et la promesse de Kamala Harris de réduire le coût de la vie n’ont pas pu empêcher les démocrates de succomber à une vague mondiale d’antivote contre les sortants.
Pourquoi le retour de Trump représente un danger pour l’économie mondiale
Il revient. Quatre ans après son tumultueux retrait de la Maison-Blanche, Donald Trump est devenu le 47e président des Etats-Unis. L’homme d’affaires, qui a su rassembler son électorat tout en grignotant des voix chez sa rivale démocrate Kamala Harris, s’installera au bureau ovale en janvier, bénéficiant d’une victoire indiscutable puisqu’il a remporté à la fois le vote des grands électeurs et le vote populaire, contrairement à son premier mandat.
Malheureusement pour les Etats-Unis et surtout pour le reste du monde, son retour en puissance pourrait s’avérer particulièrement nuisible, avec des mesures fiscales inéquitables, des politiques destructrices pour le climat, une guerre commerciale mondiale et des déstabilisations géopolitiques.
De plus, cette fois-ci, Donald Trump devrait bénéficier des « pleins pouvoirs » : le Sénat est déjà acquis à sa cause, la Chambre des représentants pourrait suivre, et un grand nombre de juges lui sont plus favorables qu’entre 2016 et 2020.
Dans ce contexte, nous avons analysé cinq domaines où le retour de Donald Trump devrait être le plus marquant et préoccupant.
1/ En économie, un triple danger financier
Si Donald Trump met en œuvre son programme économique, le déficit budgétaire sera amené à croître… d’approximativement 8 000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années ! C’est en effet l’estimation du Committee for a responsible federal budget, un think tank bi-partisan.
Cette aggravation est principalement due à de vastes réductions d’impôts, dépassant les 10 000 milliards, en faveur des plus riches et des sociétés. Elles seraient légèrement compensées par une diminution de certaines dépenses et des recettes supplémentaires générées par la mise en place de tarifs douaniers. Par conséquent, la dette publique américaine pourrait passer de 100 % du produit intérieur brut (PIB) aujourd’hui à plus de 140 % d’ici 2035.
Premier souci : une telle demande de financement devrait entraîner une hausse des taux d’intérêt dans la décennie à venir. Le taux d’emprunt à 10 ans, actuellement aux alentours de 4,5 %, pourrait être amené à diminuer à court terme grâce à la politique monétaire de la banque centrale, qui est en phase de baisse des taux. Cependant, le besoin massif d’argent de Trump devrait plutôt, toutes choses égales par ailleurs, conduire à une montée des coûts d’emprunt (et donc des taux d’intérêt) à moyen et long terme.
Ce problème interne aux Etats-Unis ne se limitera pas à leurs frontières. La dette américaine agira comme un aspirateur sans précédent de l’épargne mondiale. Alors que le reste du monde est déjà endetté et doit investir massivement dans la transition énergétique, l’innovation, la santé et les retraites, sans oublier la défense face à une Amérique qui se replie, la lutte pour l’épargne mondiale sera acharnée. Cela entraînera des tensions financières régulières.
Ces tensions risquent encore de se transformer en crises bancaires, puisque Donald Trump devrait adopter une politique de déréglementation financière ainsi que de fortes pressions politiques sur la banque centrale. Même un Jamie Dimon, le PDG de J.P. Morgan, qui a longtemps soutenu que de bonnes régulations renforçaient la solidité des bilans bancaires, appelle désormais à une baisse des réglementations.
Nul doute que le Royaume-Uni en profitera pour suivre la même voie afin que la City conserve ses avantages compétitifs. De même, les banques du Vieux continent profiteront de la situation pour demander moins de règles.
Deux scénarios apparaissent désormais possibles. Dans le premier, Donald Trump parvient à appliquer son programme. Les Etats-Unis se trouveraient alors dans une situation semblable aux années 1920 et à la crise de 2007-2008, deux périodes marquées par une triple convergence : des inégalités fortes et croissantes, des banques peu régulées, et au final, une crise financière d’ampleur historique.
Dans le second scénario, les Républicains conservateurs en matière de budget freinent les baisses d’impôts que souhaite Trump (par exemple à hauteur de 5 000 milliards de dollars, comme en 2017).
C’est la tendance ressentie chez les analystes de marchés après l’annonce de la victoire de Donald Trump. Selon un adage américain, il pourrait « aboyer plus fort qu’il ne mord ». Mais quand la première puissance économique mondiale mord, même légèrement, elle a tout de même le potentiel de causer des dommages à tout le monde.
Christian Chavagneux
2/ La guerre commerciale sera bien au rendez-vous
Il est difficile de reprocher à Donald Trump le manque de clarté de ses intentions. Celui qui prendra ses fonctions en janvier prochain a promis un renforcement significatif de la guerre commerciale. Il souhaite porter les droits de douane à 10 % (contre 3 % actuellement) sur tous les produits importés. La Chine, pour sa part, aura un traitement défavorable avec un taux de 60 %.
L’augmentation des droits de douane sur certains produits n’est pas nouvelle, tant les tensions commerciales sont vives depuis des années. Mais le durcissement du protectionnisme américain promis par Donald Trump est d’un tout autre niveau : la dernière fois qu’une telle hausse des tarifs douaniers a été observée aux Etats-Unis remonte aux années 1920.
Si un taux de 10 % peut sembler modeste, il est en réalité très conséquent, sachant que le droit de douane moyen dans le monde est de 3,9 % et qu’aux Etats-Unis, il est même légèrement inférieur (3 %). L’ampleur de la mesure est d’autant plus importante qu’elle touchera tous les pays du monde et tous les produits.
Si les fabricants étrangers et les distributeurs américains ne modifient pas leurs marges, à court terme, ces hausses de tarifs devraient être répercutées sur le consommateur américain. Mais les conséquences ne se limiteront pas aux Etats-Unis, car ce durcissement du protectionnisme de la part de la première puissance économique mondiale risque de bouleverser les flux commerciaux internationaux.
En ciblant très spécifiquement la Chine, avec un taux de 60 %, les exportations de Pékin vers les Etats-Unis devraient mécaniquement diminuer. Une récente étude du Cepii anticipe une réduction de 80 % des exportations chinoises vers Washington si Donald Trump met en œuvre ses promesses. Les capacités de production chinoises étant telles, ce que Pékin n’exporte plus aux Etats-Unis sera vraisemblablement redirigé ailleurs. À commencer par l’Europe, qui pourrait être inondée de Made in China dans ses magasins.
Justin Delépine
3/ Social : une stratégie fiscale indifférente aux inégalités
Rebelote ! Donald Trump n’a pas seulement été réélu, il a également l’intention de renforcer les inégalités aux Etats-Unis. Son programme économique prévoit déréglementation et baisses d’impôts, les mêmes politiques ayant contribué à enrichir les plus riches et à appauvrir les moins chanceux depuis les années 1980.
Le Républicain va reconduire les réductions d’impôts instaurées en 2017 et arrivant à expiration l’an prochain. Ces allégements fiscaux aux plus riches et aux entreprises n’ont pas eu l’effet d’un « ruissellement » sur la classe moyenne comme il l’affirmait. Le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités de revenus, a augmenté après la mise en place de ces réductions d’impôts, atteignant son niveau le plus élevé depuis 1967 avec 0,494 en 2021.
Ce n’est pas de nature à préoccuper l’ancien homme d’affaires, qui veut aller encore plus loin. Il envisage ainsi de faire baisser le taux d’imposition des sociétés. Celui-ci, déjà réduit de 35 % à 21 % en 2017, devrait bientôt passer à 15 %. Le Président promet aussi de nouvelles exonérations fiscales sur le revenu. Des mesures qui bénéficieront uniquement à ceux suffisamment riches pour être imposés.
Selon les calculs du think tank Tax Foundation, cette politique fiscale, couplée à l’augmentation des droits de douane qui alourdira le prix des biens importés, réduira le revenu net des 40 % des Américains les plus pauvres d’ici 2034. Ainsi, les 20 % des ménages les plus pauvres verront leur revenu diminuer de 0,6 %, tandis que le deuxième quintile (les ménages se situant entre les 20 % les moins riches et les 60 % les plus riches) connaîtra une baisse de 0,4 %.
Quant aux 20 % les plus riches, ils devraient bénéficier d’une augmentation de 3,1 % de leur revenu après impôts. De quoi exacerber les inégalités déjà profondes qui prévalent dans ce pays.
Juliette Le Chevallier
4/ Une menace climatique à retardement
« One of the greatest scams of all time » (traduction : « une des plus grandes arnaques de tous les temps ») . Voilà comment Donald Trump qualifie le réchauffement climatique. À quel point donc devrions-nous nous inquiéter de ses perspectives en matière climatique ?
À l’international, Donald Trump a déclaré qu’il ferait à nouveau sortir l’Amérique de l’accord de Paris sur le climat. C’est un coup de tonnerre semblable à celui de 2016, mais amplifié, car l’urgence est telle que tout retard dans les politiques de décarbonation représente une véritable bombes climatique.
À court terme, les négociations de la COP 29 qui débutent la semaine prochaine en Azerbaïdjan, déjà mal engagées, sont plus que jamais compromises. Leur principal enjeu sera d’accroître les financements des pays riches en faveur des nations en développement. Mais si l’acteur mondial principal (en termes d’émissions historiques de gaz à effet de serre) se retire, il sera très compliqué de progresser vers un accord.
Sans financements additionnels significatifs, on craint que les pays émergents et en développement n’acceptent pas d’élever leurs engagements climatiques à court terme. Cela sera d’autant moins probable que les pays riches, à commencer par les Etats-Unis, n’intensifient pas leurs efforts pour diminuer leurs propres émissions de gaz à effet de serre.
De surcroît, l’Europe, dont la détermination climatiques a notablement faibli à cause de la montée des droites dure, pourrait être encore moins encline à maintenir son cap si son concurrent américain choisit de faire un pas en arrière. L’élévation des engagements nationaux (et leur mise en œuvre), au Sud comme au Nord, demeure pourtant une condition essentielle pour s’aligner sur l’objectif vital de rester bien en dessous de 2 °C. Pour référence, les politiques en cours conduisent vers un réchauffement global de + 3 °C.
Sur le plan intérieur, le second mandat de Donald Trump devrait avoir un impact climatique et environnemental bien plus désastreux que le premier. Il est difficile de dire si le nouveau Président va annuler – et dans quelle mesure – les subventions massives accordées aux industries vertes sous Joe Biden dans le cadre de l’Inflation Reduction Act. En effet, ces mesures favorisent le « made in America », ce qui réjouit les dirigeants républicains du secteur. Cet héritage pourrait donc demeurer intact.
En revanche, Donald Trump sera en mesure de modifier considérablement les normes environnementales, bien plus facilement que lors de son premier mandat. Cela pourrait accentuer la prospection et la production de combustibles fossiles, la construction automobile (thermique) et les industries polluantes, ou encore faciliter l’exploitation des centrales électriques à charbon et à gaz.
Au cours de ses quatre premières années au pouvoir, il avait œuvré à supprimer une centaine de réglementations environnementales, dont celles limitant les émissions des véhicules et des centrales électriques. Cependant, ses équipes avaient été confrontées à une fonction publique réticente et à des recours devant la justice fédérale, qui ont souvent annulé ses réformes jugées illégales et mal préparées. De plus, ce qui avait été abrogé sous Trump a pu être facilement rétabli et même renforcé sous Biden.
Depuis, les collaborateurs de Donald Trump ont tiré des leçons de leurs erreurs passées. Ils vont procéder à un nettoyage approfondi au sein des administrations, notamment dans la puissante Agence de protection de l’environnement (EPA) et dans les instances de recherche. Ils s’assureront que les réformes futures soient juridiquement solides et difficilement annulables par la suite.
Donald Trump devrait être soutenu par un congrès désormais majoritairement républicain et par les nombreux juges nommés durant son premier mandat, dont trois à la Cour suprême, qui est majoritairement conservatrice.
Antoine de Ravignan
5/ International : l’Ukraine affaiblie, Israël renforcé
L’Ukraine endure. Dans son message de félicitations à Donald Trump, le président Volodymyr Zelensky a rappelé que son pays fait « d’un soutien fort, continu et bipartisan » dépendre de l’aide des Etats-Unis. Or, celle-ci pourrait diminuer, le camp trumpiste ayant critiqué à plusieurs reprises la politique de livraison d’armes à l’Ukraine initiée par Joe Biden.
Le candidat Trump a promis de mettre fin à la guerre en moins de vingt-quatre heures, sans préciser comment il s’y prendrait. « Il y a beaucoup d’incertitudes sur ce dossier : pourrait-il trouver un accord avec Poutine ? Va-t-il suspendre les livraisons d’armes ? », questionne Adrien Schu, maître de conférences en science politique à l’Université de Bordeaux.
Cependant, le chercheur souligne qu’entre les Républicains modérés et les Démocrates, le Congrès maintiendra toujours une majorité transpartisane en faveur du soutien à l’Ukraine.
« Cette majorité sera-t-elle suffisante pour contraindre l’action présidentielle ? Pour l’instant, nous ne le savons pas », ajoute-t-il.
Concernant le conflit israélo-palestinien, le milliardaire devrait poursuivre la ligne de son prédécesseur, c’est-à-dire un soutien militaire et politique au gouvernement de Benyamin Netanyahou. Ce dernier s’est réjoui sur X (ex-Twitter) : le retour de Trump à la Maison-Blanche « offre un nouveau départ pour l’Amérique et un réengagement puissant en faveur de la grande alliance entre Israël et les Etats-Unis ».
Bibi – surnom du Premier ministre israélien – sait que le prochain Président ne devrait plus dénoncer la « crise humanitaire » (terme utilisé par les démocrates) à Gaza ni inciter verbalement Israël à faire preuve de retenue, comme l’a fait Biden.
« Lors de son premier mandat, Donald Trump avait entouré de Républicains traditionnels issus de l’establishment. Ceux-ci ne partageaient pas forcément la même vision que lui et ont agi comme des contre-pouvoirs internes. Mais il s’est séparé de ces personnes et la loyauté sera le principal critère pour former sa prochaine administration », ajoute Adrien Schu.
En résumé, Trump pourra décider seul de sa politique étrangère qui semble promettre d’être encore moins atlantiste, moins multilatérale, et davantage axée sur le bilatéralisme et la compétition.
Eva Moysan
Pourquoi Kamala Harris a échoué, et 3 autres infographies à ne pas manquer
Chaque semaine, Alternatives Economiques vous propose une sélection de quatre graphiques qui offrent une perspective différente sur l’actualité.
Dans ce nouveau graphorama : le parti démocrate a vu ses voix diminuer chez presque toutes les catégories d’électeurs entre les deux élections présidentielles américaines ; avant de fermer des ateliers, Michelin avait déjà réduit ses effectifs en France ; les demandes de HLM augmentent à un rythme bien plus soutenu que celui du nombre de logements disponibles ; la dépendance commerciale de la Georgie envers la Russie et ses alliés.
1/ La chute de Kamala Harris parmi quasiment toutes les catégories d’électeurs
Jeunes, âgés, ruraux, citadins, latinos, blancs, aisés, modestes… Récemment, l’analyse de la sociologie électorale américaine est approfondie pour comprendre comment Donald Trump est devenu le 47e président des Etats-Unis. Comme dans toutes les situations précédentes, il est crucial de croiser les critères sociologiques pour appréhender les nuances du vote. Par exemple, en ne considérant que l’âge, on méconnaît l’impact de l’origine ethnique ou du niveau d’éducation des votants, et vice versa.
Les sondages « sortie des urnes » aux Etats-Unis – très détaillés – permettent de mieux comprendre l’analyse. Ils révèlent que les principaux équilibres de 2024 n’ont pas beaucoup évolué par rapport aux élections antérieures. On observe une tendance au vote démocrate plus forte chez les jeunes, les diplômés, les citadins, les immigrants, ou les femmes. À l’inverse, les hommes, les blancs, les personnes âgées ou les non-diplômés sont plus enclins à voter républicain.
Mais alors, qui a causé la défaite de Kamala Harris ? En fait, presque tous les groupes sociaux ! Le constat principal de cette élection est en effet celui d’un recul notable du vote démocrate dans chacun de ses groupes d’électeurs. À l’exception de quelques sous-groupes comme les femmes blanches diplômées, la candidate démocrate a reculé presque partout, bien que l’intensité de ce recul varie selon les groupes.
Cette régression s’observe également sur le plan territorial, touchant presque tous les Etats (48 sur 50), qu’ils soient des bastions démocrates ou des swing states. Pour de nombreux analystes américains, cette régression quasi uniforme s’explique par le bilan économique de Joe Biden, perçu négativement, notamment en raison de l’inflation. Une dynamique puissante que ni la campagne de Kamala Harris ni les sous-groupes qui lui sont traditionnellement favorables, ni les hésitants ou les républicains modérés n’ont réussi à renverser.
Vincent Grimault
2/ Fermetures d’usines : Michelin avait déjà abaissé ses effectifs français de 30 % en sept ans
Alors que les discours sur la réindustrialisation se multiplient, Michelin a annoncé en début de semaine la fermeture de deux de ses usines en France, à Cholet et Vannes, entraînant ainsi la suppression de 1 254 emplois. La justification ? La concurrence croissante des pneus à bas coûts, principalement provenant de fabricants asiatiques, qui grignotent sans cesse des parts de marché aux marques premium telles que Michelin.
Sur une période de dix ans, la part de marché des fabricants dits premium a chuté de 10 points de pourcentage au profit des pneus d’entrée de gamme, selon Michelin pour soutenir sa décision. Cependant, cette fermeture suscite autant de questions, car malgré une concurrence intense qui impacte le modèle économique de Michelin, l’entreprise n’est pas en difficultés financières. L’industriel clermontois a réalisé près de 2 milliards d’euros de bénéfices l’année passée, dont plus d’un milliard a été redistribué à ses actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats d’actions.
En examinant de plus près, l’entreprise améliore sa santé financière tout en réduisant progressivement sa présence industrielle en France. En sept ans, les effectifs de Michelin dans l’Hexagone ont diminué de 30 %, et les employés français ne représentent plus que 14 % du personnel mondial. Avec un marché français ne représentant qu’une faible portion des ventes (8,8 %), Michelin abandonne encore un peu plus l’Hexagone. Un autre exemple du rôle déterminant des « champions nationaux » dans le processus de désindustrialisation.
Justin Delépine
3/ Sans soutien public, le parc HLM peine à absorber les demandes
C’est un record : les demandes de logements sociaux en France ont franchi le cap des 2,7 millions, selon l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui signale une montée en puissance au premier semestre 2024, sur l’ensemble du territoire. La hausse du nombre total de logements dans le parc HLM, passant de 4,5 millions en 2016 à 4,7 millions en 2023, est largement insuffisante pour résoudre l’engorgement.
Le nombre d’attributions a ainsi chuté de 6 % par rapport à 2022, selon l’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols). Ce dernier observe également un allongement des délais d’attente, atteignant 743 jours en moyenne (soit 3 ans et 7 mois en zone tendue). Alors que les demandes et renouvellements explosent, les radiations pour attribution et non-renouvellement diminuent.
Au-delà des conséquences de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, les bailleurs sociaux pointent du doigt la réduction des objectifs de production de l’État, le gel des fonds pour rénover le parc social par le précédent gouvernement, et la diminution de l’aide personnalisée au logement (APL) que l’État impose depuis 2018.
En prenant en compte l’augmentation du taux du livret A à 3 % – engendrant une hausse des taux d’intérêt pour les bailleurs et alourdissant leur dette – et la montée du taux de TVA sur le logement social de 5,5 % à 10 %, l’USH estime à 14 milliards d’euros le montant des financements retranchés depuis 2017. Elle exprime une préoccupation croissante pour l’avenir, d’autant plus que le budget 2025 laisse présager de nouvelles coupes.
Jérôme Latta
4/ L’équilibre géorgien entre l’Europe et la Russie perturbé par les élections
Les élections législatives en Géorgie ont été officiellement remportées par le parti au pouvoir Rêve géorgien, le 27 octobre. Cependant, la victoire de cette formation pro-russe est largement contestée, tant par l’opposition pro-européenne que par de nombreuses ONG indépendantes, observateurs internationaux, et même par l’UE et les États-Unis.
La présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, refuse de reconnaître le résultat du scrutin et accuse la Russie d’ingérence électorale et de « guerre hybride » contre son pays, dont une partie du territoire est occupée par la Russie depuis 2008, rappelons-le.
Bien qu’une majorité significative de la population géorgienne se revendique pro-européenne, comme le révèlent les sondages, le pays du Caucase maintient des liens solides avec Moscou, notamment sur le plan économique et commercial : la Russie étant son quatrième fournisseur après l’UE, la Turquie, et les États-Unis.
La Communauté des Etats indépendants, regroupant d’anciennes républiques soviétiques restées dans l’orbite de Moscou, demeure également un partenaire commercial de premier plan pour la Géorgie. À l’exception de la Russie, elle est la principale destination des exportations géorgiennes, suivie par l’UE et la Russie. Tbilissi a longtemps su jongler habilement entre ses deux grandes voisines. Ces élections pourraient marquer un tournant décisif vers Moscou, en dépit de la volonté populaire.
Eva Moysan
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