The Economic Philosophy of Donald Harris
La campagne de Trump a dépeint le père du Vice-Président comme un marxiste. Il insiste sur le fait qu’il a été caricaturé.
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Chaque samedi, Alternatives Economiques vous présente une sélection de livres dignes d’intérêt. Cette semaine, nous vous recommandons : Les valeurs du travail, par Olivier Galland ; Le service public empêché, par Nadège Vezinat ; et Vieux cons. Pistes de conversations pour les générations en transition, par Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin.
Il s’agit d’un thème récurrent de notre époque : évoquer la prétendue crise de la valeur travail sans jamais préciser ce qu’elle impliquerait. Cependant, il existe de nombreuses enquêtes sur les valeurs, incluant plusieurs questions touchant précisément à l’importance que les individus donnent à tel ou tel aspect du travail. En s’appuyant sur ces éléments, le sociologue Olivier Galland propose une réflexion plus approfondie sur nos relations au travail.
Il souligne notamment des relations nationales variées, en classant les pays en trois groupes selon l’importance que leurs citoyens attribuent au travail dans leur vie, à sa dimension vocationnelle et à sa normativité. Ainsi, contre les idées reçues, les citoyens des pays anglo-saxons et asiatiques entretiennent généralement une relation distanciée au travail, ceux de certains pays méditerranéens ou d’Europe de l’Est le perçoivent d’abord comme un investissement matériel, tandis que les Français et les Scandinaves l’envisagent comme une vocation.
De nombreuses autres variables sont examinées, avec un accent particulier sur la situation en France, où l’auteur déconstruit également l’idée reçue d’un désintérêt supposé des jeunes à l’égard du travail.
Igor Martinache
Les valeurs du travail, par Olivier Galland, Coll. Sécuriser l’emploi, Presses de Sciences Po, 2024, 150 p., 9 €.
La demande sociale pour le service public semble plus forte que jamais, mais l’acceptation de le financer semble affaiblie. Pour mieux comprendre la situation, la sociologue Nadège Vezinat commence par définir la notion de service public, soulignant les zones d’incertitude qui persistent concernant son périmètre et sa nature.
Ensuite, elle explique comment le service public est entravé, limité et contesté, du point de vue de ses bénéficiaires, de son personnel et de ses décideurs. Sous l’effet d’un mouvement triple d’européanisation, de marchandisation et de privatisation, qui est lui-même plus complexe qu’il n’y paraît, le service public, malgré la diversité de ses secteurs, est pris dans un cercle vicieux dont il semble urgent de sortir.
Car c’est effectivement la cohésion sociale qui est en jeu. Ce diagnostic précis constitue un bon point de départ pour alimenter le débat public nécessaire.
I. M.
Le service public empêché, par Nadège Vezinat, PUF, 2024, 368 p., 24 €.
Devenir considéré comme de vieux cons aux yeux des jeunes générations : c’est le risque qui nous guette en vieillissant ! Conscients de cette réalité, les deux auteurs, un géographe et un docteur en économie, ne se résignent pas pour autant à renier leur passé d’enfance et d’adolescence vécu entre les années 1960-80, bien avant l’ère d’Internet et des smartphones.
À la manière d’un catalogue à la Prévert, ils partagent leurs souvenirs. Tout y est : des événements marquants (Coupe du monde de football, sécheresse de 1976…), l’impact des pratiques religieuses, les longs repas familiaux, les séries télévisées, les objets iconiques, la R5 et compagnie.
Bien que l’un soit originaire de Lorraine et l’autre de Bretagne, c’est d’une France commune qu’ils parlent. Un sentiment renforcé par leur choix de passer sans transition d’un « je » à l’autre. Si tout cela évoque des images d’Épinal et de la nostalgie, ils ne tombent pas pour autant dans le « c’était mieux avant ». C’était simplement différent, estiment-ils. À tel point qu’il est possible de mesurer de manière implicite les bouleversements causés par la mondialisation, l’expansion de la société de consommation, l’urbanisation, etc.
Sylvain Allemand
Vieux cons. Pistes de conversations pour les générations en transition, par Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin, Fyp, 2024, 224 p., 21 €.
Un récapitulatif des meilleurs films d’horreur britanniques, des comédies classiques comme “Shaun of the Dead” aux cauchemars plus récents comme “Starve Acre”.
Les chemins du camping Ty Coët à Surzur sont paisibles. C’est le début de l’automne, les vacanciers ont quitté les lieux. Tous les mobile-homes ne sont pas vides. Environ 80 personnes résident à l’année sur cet espace « entre mer et terre », localisé à une dizaine de kilomètres du golfe du Morbihan, au sud de la Bretagne.
Ils se distinguent facilement : des pergolas fleuries, du mobilier de jardin robuste, des plantes en pot, et des allées en gravier embellissent les emplacements des résidents bien établis. Guy, 78 ans, habite ce terrain depuis six ans. Avec un salon, deux chambres, une salle de bains, un WC séparé, et une climatisation réversible, son mobile home de 33 mètres carrés offre tout le confort d’un petit logement. « J’ai fait construire une terrasse couverte. Cela me donne une pièce supplémentaire pour recevoir. Avec les voisins, nous partageons des apéros et des repas. La vie est belle », affirme le retraité.
Parmi les 173 emplacements, 42 sont occupés toute l’année, tandis que 87 sont utilisés neufs mois par leurs propriétaires. « Ce sont surtout des retraités, quelques travailleurs, et des jeunes couples », précise Brigitte Moulin, gestionnaire depuis 2020. Dans son bureau à l’accueil, où des brochures mettant en avant la forêt de Brocéliande ou des excursions vers l’île d’Houat sont exposées, elle reçoit également « des ouvriers et des stagiaires qui louent un mobile-home pour quelques semaines ou mois, ainsi que des personnes en réinsertion sociale envoyées par une paroisse locale. »
En France, 100 000 personnes vivraient dans des campings, estime le sociologue Gaspard Lion. « C’est surtout le cas dans les périphéries des grandes villes, les villes étudiantes, et les zones touristiques, où les locations de courte durée et les résidences secondaires explosent. Il en est de même en milieu rural éloigné, où les prix sont raisonnables mais restent trop élevés par rapport à des revenus plus faibles », explique l’auteur de Vivre au camping, un mal-logement des classes populaires (Seuil, 2024).
Selon les gestionnaires de campings, cette tendance a augmenté depuis les années 2000.
« C’est une incarnation révélatrice de la crise du logement : les prix de l’immobilier ont dégringolé par rapport aux revenus. De plus en plus de personnes se heurtent à des difficultés pour se loger, même en dehors d’une situation de précarité. Cela peut arriver après un déménagement ou une séparation », observe Gaspard Lion.
Simultanément, les campings et les mobile-homes se sont diversifiés. Pour certains, le camping résidentiel devient une solution pour accéder à la propriété.
Guy a toujours été propriétaire. Ses précédentes résidences ont été acquises avec ses anciennes partenaires. Désormais seul, ses 1 400 euros de revenus mensuels ne lui permettent pas d’investir dans un logement qui pourrait lui convenir. « C’est cher ici », remarque-t-il. À Surzur, le prix médian d’une maison est de 3 682 euros le mètre carré. La commune est à l’entrée de la presqu’île de Rhuys, où les prix ont grimpé de 55 % en cinq ans.
Guy a préféré investir une part de ses économies – 45 000 euros – dans un mobile-home flambant neuf et une terrasse. « J’ai de l’espace et je ne paie pas d’impôts fonciers », se réjouit-il. Néanmoins, il doit verser 300 euros chaque mois aux gérants pour le loyer de l’emplacement.
« C’est calme, nous avons un petit potager », ajoutent Charles* et Marie*. Il y a trois ans, ce couple retraité a dépensé 33 000 euros pour un mobile-home d’occasion de 40 mètres carrés, également pourvu d’une climatisation réversible. Cette option est temporaire. Ils attendent de vendre leur maison en Occitanie pour en acquérir une ici. Ils figurent également sur une liste d’attente pour obtenir un logement social. Cependant, ils ne cherchent pas n’importe où. « Il ne faut pas que ce soit une ruine », prévient Marie. « Je ne pourrais pas vivre en appartement », ajoute Charles.
Pour eux, la vie en mobile-home est une alternative plaisante. Pour d’autres, c’est le signe d’un déclassement. « Dans les campings peu prisés, certaines personnes subissent cette réalité et ressentent de la honte. Elles investissent moins d’argent dans leur habitat et vivent dans des conditions médiocres », explique Gaspard Lion.
« Je pensais qu’il y aurait plus de personnes en difficulté », avoue Sophie, 53 ans. Cette ancienne résidente de Lorient a dû acheter un mobile-home « par nécessité ». Lorsqu’elle est arrivée à Surzur en mars 2024, elle était en période d’essai et n’avait pas les garanties requises pour le marché locatif privé. Actuellement en recherche d’emploi, elle craint qu’« une adresse au camping n’interpelle certains employeurs. Sur les sites de rencontre, on m’a déjà qualifiée de cassos ».
Apprécié ou ressenti comme une contrainte, le camping résidentiel demeure illégal. Il est clairement stipulé dans le règlement intérieur de Ty Coët : « Nul ne peut y élire domicile ». « La législation précise que le camping est destiné à une occupation saisonnière ou temporaire pour des loisirs. Ce n’est pas explicitement formulé que “il ne faut pas y résider”, mais cela se comprend implicitement », explique Gaspard Lion. Brigitte Moulin hausse les épaules :
« Les autorités ferment les yeux car il y a une pénurie de logements, il faut bien trouver une solution. »
Contactée, la maire de Surzur préfère ne pas commenter ce sujet.
Hormis un rappel à l’ordre, les gérants n’encourent pas de grandes sanctions. Les résidents, pour leur part, se retrouvent dans une « précarité statutaire », souligne le sociologue :
« Ils tombent sous la réglementation du tourisme plutôt que celle du logement. Les protections sont bien moins robustes. Ils n’ont aucune durée garantie, pas de reconduction tacite, donc le gestionnaire peut rompre le contrat à tout moment sans justification. »
Les résidents ne peuvent bénéficier d’aides au logement et ne profitent pas de la trêve hivernale. En cas d’expulsion, ils ne reçoivent aucune indemnisation ni relogement.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que la mise en vente imminente du camping Ty Coët suscite des préoccupations. Les tarifs vont-ils monter ? Les nouveaux propriétaires vont-ils annuler les contrats à l’année ? « Nos contrats de location devaient être renouvelés en septembre… C’est d’autant plus stressant que je suis au chômage », note Sophie. « On ne sait pas comment les choses vont tourner », conclut Guy. Avec quelques voisins, ils tentent de former un collectif pour s’entraider.
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes.
Le Samaïn Fest, qui se tient du 24 au 26 octobre près de Rennes afin de soutenir une école bretonne du réseau Diwan, programme en tête d’affiche Deströyer 666, une formation de metal australienne connue de longue date pour ses discours de haine.
Les progrès de la science apporteront un éclairage sans précédent sur les complexités de l'océan et un appel renouvelé aux humains pour le protéger.
Le Grand Pardon de Sainte-Anne-la-Palud a lieu chaque année le dernier week-end du mois d’août dans la chapelle du même nom. Des centaines de pèlerins se retrouvent pour plusieurs jours de célébrations mélangeant « sacré et profane » – un enchevêtrement de mythes armoricains et de rites catholiques qui rappellent autant la christianisation de la région que la nécessité d’un remake breton de The Wicker Man. Le photographe Romain Ruiz s’est rendu dans la commune de Plonévez-Porzay le 27 août dernier pour assister à la cérémonie au milieu des croix en néon, des bannières brodées en l’honneur des saints et des fidèles en quête d’indulgence. D’ordinaire, après une messe solennelle et un exercice de circumambulation autour du lieu de culte, le cortège se dirige vers le sommet de la dune qui surplombe la baie de Douarnenez. « On est loin des processions religieuses plus classiques comme celle du Puy-en-Velay. Ici, la moyenne d’âge est beaucoup plus élevée – les seuls jeunes présents sont des scouts – et la ferveur s’exprime de manière très différente », raconte Romain à VICE. « C’est une cérémonie profondément reliée à la nature. On est sur la pointe du Finistère où les paysages, tantôt brumeux, rocheux ou lunaires donnent à l’ensemble un aspect surnaturel. » « On peut se rendre à un pardon des motards, des camping-caristes ou des surfeurs. C’est un évènement polymorphe qui prend un sens très différent selon qu’il se déroule ici ou là. » Il existe en Bretagne plus de 2 000 pardons pendant lesquels le pratiquant tente d’obtenir une rémission totale des peines encourues pour ses péchés. Celui de Sainte-Anne-la-Palud aurait été établi vers l’an 500, ce qui en fait un des plus anciens et des plus importants de la région. « Il existe des pardons très variés. Certains sont à destination des pêcheurs, d’autres dédiés à la terre,…
Au-delà de son drapeau, la Bretagne est connue pour deux trucs et la photographe Julie Hascoët a depuis longtemps mis le doigt dessus : « On a effectivement beaucoup de bunkers et de teufs le long du littoral », rigole-t-elle. Ici cohabitent les fortifications érigées par la Wehrmacht pour empêcher tout débarquement allié et les free parties, teknivals ou autres sound systems éphémères. « Ce sont deux manières d’occuper le territoire et mon environnement que j’avais envie de confronter par la photographie ». L’une, pétrifiée, à peine remise en cause par l’érosion ou l’ensevelissement, l’autre, insaisissable et tirée vers l’illégalité depuis la loi sur la sécurité quotidienne votée en 2001. Ce territoire, Julie Hascoët le connaît comme sa poche. Née en 1989 à Douarnenez, elle parcourt depuis presque dix ans la région au fil des fêtes technos spontanées qu’elle documente dans un projet tentaculaire. À travers plusieurs fanzines autopubliés, la photographe aborde ce qu’est une « teuf », sa géographie et ceux qui la composent. Dernière pierre apportée à cet imposant édifice ; un livre, Murs de l’Atlantique, sorti avant l’été aux Éditions Autonomes. « Pour les free parties, les images qu’on a l’habitude de voir sont celles qui sortent dans la presse locale et qui servent les éléments de langage de la préfecture de police », confie Hascoët à VICE. « Ce qui m’intéressait, c’était de faire un pas de côté ». Et d’installer un dialogue entre ces murs. « D’un côté, un agglomérat hyper démontable de caissons, de camions et de bâches qui se déplacent comme une opération guérilla, de l’autre, une architecture de guerre et un patrimoine super lourd. Pourtant, il y a des choses que l’on peut relier : l’imaginaire militaire, le motif camouflage qui revient… » Ces fêtes, que Julie Hascoët décrit dans son ouvrage comme un « nous informe et désœuvré, passablement…
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