“Bergé, énorme benne à ordures” Hanouna, Apathie, Cnews : ils ont de nouveau menti pour s’attaquer...
Cette édition récente de « L’oeil de Moumou » s’ouvre sur une nouvelle plutôt positive, celle de la sanction infligée par l’Arcom à la chaîne CNews d’un montant de 150 000 euros. Il est également question de la disparition inattendue de Thomas Guénolé, qui avait pourtant sollicité et accepté de participer à l’émission du Média TV, avant de décider de ne plus y être, juste après son retour dans l’émission de Cyril Hanouna. Le premier « Top » est attribué à l’INA, qui diffuse régulièrement des vidéos percutantes en lien avec l’actualité. Par exemple, une vidéo sur le racisme anti-arabe au sein de la fédération de tennis israélienne datant de 1991. Ensuite, Eric Coquerel, le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, se voit également mis en avant pour sa réponse sarcastique à une Apolline de Malherbe particulièrement hautaine. Nos collègues Marine Turchi et Pauline Bock sont également saluées pour leur critique fondée du manque de rigueur journalistique de Léa Salamé sur le plateau de « Quelle époque ! » face à Jordan Bardella. Les « flops » sont, sans grande surprise, attribués à BFMTV, à TPMP, ainsi qu’au docteur des plateaux TV Michel Cymès, qui énonce des idioties concernant les relations entre le sport et la politique. Son « Microscope » se concentre sur l’incapacité des journalistes français à admettre leurs erreurs, voire leurs mensonges, illustrée par l’exemple frappant des Grandes gueules de RMC qui ont sombré dans le déni en relayant une fausse information accusant La France insoumise de soutenir un élu fictif et antisémite. Le même souci est observé chez Yves Thréard, le journaliste politique très à droite, qui sait mentir sur les résultats de l’élection présidentielle. Finalement, c’est Cyril Hanouna qui a pris ses responsabilités en présentant des excuses concernant les propos erronés attribués au député Sébastien Delogu. Son « Coup de coeur » est décerné à…
“Ce n’est pas de l’information” : investigation sur les médias détenus par des milliardaires...
Le média indépendant OFF Investigation fait forte impression avec son nouveau documentaire intitulé “Média de haine : objectif guerre civile”… Entretien avec Gauthier Mesnier et Jean-Baptiste Rivoire Le média indépendant OFF Investigation fait forte impression avec son récent documentaire intitulé “Média de haine : objectif guerre civile”. Réalisé par Emma Feyzeau et Gaultier Mesnier, ce long métrage, véritable choc journalistique, a déjà accumulé plus de 500 000 vues en seulement deux jours. Une réussite qui illustre l’appétit croissant du public pour des analyses médiatiques approfondies et frappantes. Retour sur une enquête qui met en lumière le rôle des médias dans l’augmentation de la haine et la désinformation en France. Depuis mai 2017, un changement majeur a eu lieu au sein des principales chaînes d’information françaises. Selon Jean-Baptiste Rivoire, créateur d’OFF Investigation, les médias contrôlés par des groupes milliardaires ont abandonné leur mission d’information pour servir des intérêts politiques et économiques. L’objectif ? Promouvoir une politique pro-business tout en marginalisant certaines populations : étrangers, immigrés, et plus récemment, les musulmans. Le documentaire se concentre notamment sur CNEWS, une chaîne qui a été critiquée pour avoir adopté une ligne éditoriale clairement xénophobe. À travers l’analyse d’une journée type de diffusion, le 18 septembre 2023 – alors que des milliers de migrants arrivaient sur l’île de Lampedusa – le film illustre comment des discours alarmistes sont orchestrés pour diriger l’attention vers l’immigration et en faire un enjeu central. Hervé Brusini, président du Prix Albert Londres, caractérise cette stratégie avec des mots percutants : “Nous ne sommes plus dans le cadre du journalisme, nous sommes dans la négation des faits. C’est mortifère.” Jean-Baptiste Rivoire et Gauthier Mesnier étaient les invités de Nadiya Lazzouni, mercredi 13 novembre.
La démythification de la droitisation française, et 3 autres recommandations de lecture
Chaque samedi, Alternatives Economiques met en avant des livres qui méritent votre attention. Cette semaine, nous vous suggérons : La droitisation française, par Vincent Tiberj ; Le jardin et la jungle, par Edwy Plenel ; Quand les travailleurs sabotaient, par Dominique Pinsolle ; Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle, par un collectif de chercheurs.
1/ « La droitisation française. Mythe et réalités », par Vincent Tiberj
A l’époque où Cnews triomphe, le Rassemblement national (RN) affiche des résultats historiques et Bruno Retailleau devient ministre de l’Intérieur, il est difficile de penser que la France ne s’oriente pas vers la droite. Pourtant ! Dans son dernier livre, Vincent Tiberj démontre, en utilisant un indicateur statistique inédit – les indices longitudinaux de préférence –, que les citoyens sont de plus en plus culturellement ouverts, de moins en moins xenophobes, et qu’ils ne deviennent pas plus libéraux.
Comment peut-on alors expliquer les résultats électoraux, clairement en faveur de la droite ? En s’appuyant sur ses études sur l’abstention électorale, le sociologue met en évidence les faiblesses de la démocratie française. Il décrit une « grande démission » des citoyens qui, loin d’être apolitiques, rejettent le système institutionnel et partisan. Une bonne nouvelle pour la gauche, ces citoyens de plus en plus progressistes sont bien présents.
Cependant, des réformes institutionnelles et politiques profondes seront nécessaires pour persuader ces électeurs de retourner aux urnes par choix, et non par obligation quand la situation l’exige.
Vincent Grimault
La droitisation française. Mythe et réalités, par Vincent Tiberj, PUF, 2024, 310 p., 15 €.
2/ « Le jardin et la jungle. Adresse à l’Europe sur l’idée qu’elle se fait du monde », par Edwy Plenel
Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, a comparé l’Europe à un jardin et le reste du monde à une jungle, ce qui a choqué Edwy Plenel, journaliste et cofondateur de Mediapart. En rappelant à quel point la violence est une composante essentielle de l’histoire européenne, à travers la colonisation, les guerres mondiales, les génocides perpetrés sur le continent ou encore la répression des étrangers, l’auteur remet en question l’idée que le Vieux Continent serait un espace de sérénité.
Face à l’humanité sélective des dirigeants européens, Edwy Plenel propose le droit international comme guide. On ne peut pas défendre le peuple ukrainien tout en ignorant les droits du peuple palestinien, car ce sont les mêmes principes en jeu. En négligeant les droits des Palestiniens, on renforce l’extrême droite et les fascistes, qui sont les principaux opposants à l’égalité des droits.
Le livre, qui aborde en profondeur la question du colonialisme et fait quelques allusions à la Nouvelle-Calédonie, propose une analyse très pertinente des relations entre l’Europe et le reste du monde.
Eva Moysan
Le jardin et la jungle. Adresse à l’Europe sur l’idée qu’elle se fait du monde, par Edwy Plenel, La Découverte, 2024, 216 p., 18 €.
3/ « Quand les travailleurs sabotaient. France, Etats-Unis (1897-1918) », par Dominique Pinsolle
Il fut un temps où la CGT avait envisagé d’intégrer la pratique du sabotage dans ses méthodes d’action. Ici, le sabotage est à entendre comme un mauvais travail intentionnel : une lenteur excessive, laisser tomber ses outils dans la machine, etc., tout ce que la classe ouvrière pouvait imaginer comme « ruses de guerre » contre les capitalistes pour améliorer leurs conditions. Bien que ce phénomène ait été observé en Écosse dès 1889, il a été théorisé en France par l’anarchiste Emile Pouget. Cette pratique a traversé l’Atlantique pour se retrouver dans l’IWW, un syndicat révolutionnaire américain.
Le livre présente de nombreuses théories, mais la pratique est demeurée limitée, même si les adversaires des syndicats ont souvent exagéré cette question pour l’assimiler à la violence, la destruction et le crime. Les réflexions de Taylor sur l’organisation scientifique du travail ont émergé de cette problématique : comment éviter tout ce qui pourrait ralentir la production. Dès la fin des années 1910, l’idée même tombe en désuétude. Une partie méconnue de l’histoire économique.
Christian Chavagneux
Quand les travailleurs sabotaient. France, Etats-Unis (1897-1918), par Dominique Pinsolle, Agone, 2024, 455 p., 25 €.
4/ « Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle », par un collectif de chercheurs
S’il existe un domaine à l’interface de la sociologie et de l’histoire qui a connu un essor considérable récemment et où le débat est particulièrement vif, c’est celui des études décoloniales. Ce néologisme un peu particulier a établi une doxa selon laquelle il serait nécessaire de décoloniser tous les domaines (l’art, la connaissance, le droit…) au motif que les imaginaires et la culture occidentale sont fondamentalement coloniaux et donc porteurs de logiques racistes.
Comme le souligne Mikaël Faujour dans la préface de ce précieux livre collectif (écrit par des contributeurs d’Amérique latine) : « Bien que la théorie décoloniale se soit développée à partir de la spécificité de l’Amérique, considérant 1492 comme un tournant dans l’histoire, elle a dès son origine vocation à être transposée dans d’autres contextes géographiques et culturels, offrant ainsi un cadre d’analyse plus large du monde contemporain […]. »
De nos jours, il est évident que les thèses décoloniales sont de plus en plus acceptées par les jeunes et les étudiants militants. Ce livre, grâce à ses multiples éclairages puisant aux racines de ces théories, facilite la compréhension de leurs linéaments, de leurs complexités et des raisons de leur popularité dans presque toutes les régions du monde.
Christophe Fourel
Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle, par Collectif, Coll. Versus, L’échappée, 2024, 255 p., 19 €.
Parler haut, agir rapidement : la technique Retailleau confrontée aux circulations
« Pas« Pas de bla-bla inutile s’il vous plaît. » Lors de sa première réunion avec ses ministres, le 23 septembre, Michel Barnier souligne sa philosophie : « Agir davantage que communiquer et agir avant de communiquer. » En face de lui, Bruno Retailleau a bien intégré le message. Quelques heures plus tard, il accorde sa première interview au Figaro avant d’apparaître au « 20 heures » de TF1 puis à la matinale de CNews le lendemain matin.
« Il devrait recevoir le prix Nobel de la paix » : pourquoi les chroniqueurs de Cnews encensent Donald Trump
Dans le « Préambule » de cette nouvelle édition de « L’œil de MouMou », le journaliste indépendant Mourad Guichard a salué Perrine Storme, une collègue qui se distingue fréquemment par son professionnalisme. Son premier « Top » a été attribué à Frédéric Sergent, un enseignant du Loiret qui a interpellé l’Arcom suite à des déclarations racistes prononcées par Frédéric Hazizia et Yvan Attal sur les ondes de Radio J. La réponse de l’autorité est tout simplement stupéfiante. D’autre part, il a également rendu hommage à l’association de critique des médias Acrimed pour son analyse des connexions étroites entre les Éditions de l’Observatoire et les experts en plateau TV. Les « Flop » ont été distribués à deux chroniqueurs d’extrême droite qui, tel un passage du film « La chute », ont nié l’Apartheid subi par la population palestinienne et ont imaginé un lien entre un député LFI et les actes terroristes du 7 octobre. Le journaliste indépendant a en outre exprimé sa surprise face à l’attitude de Thomas Guénolé, un intellectuel de gauche souvent présent sur les plateaux de l’émission populiste TPMP, qui subit fréquemment les moqueries de Cyril Hanouna, l’animateur égocentrique et légèrement paranoïaque. Il s’est également demandé sur l’efficacité des journalistes de BFMTV capables d’interroger un maire de droite sur les violences urbaines sans évoquer son propre passif judiciaire. La présence d’un « médium » sur le plateau de CNews a aussi suscité l’intérêt de notre chroniqueur. La rubrique « Au microscope » a examiné la manière dont les chaînes de Bolloré ont couvert la campagne de la présidentielle américaine. Événement remarquable : Mourad Guichard a loué un éditorial de Pascal Praud. Les « Coups de cœur » ont été attribués à Clara Magazine, au talent des internautes et à la collection des Éditions du Croquant avec le dernier livre de Claude Calame et Ludivine Bantigny.
Le nouveau conseiller chargé de la citoyenneté a bien demandé aux médias d’extrême droite de supprimer ses...
Vincent Tiberj : « La France ne se droitise pas par en bas, mais par en haut »
Dans son dernier livre, le sociologue Vincent Tiberj observe une déconnexion entre les valeurs des citoyens et l’offre politique. De quoi révéler un dysfonctionnement démocratique profond aux conséquences incertaines.
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