Les employés en grève seront-ils prochainement substitués par des robots dotés d'intelligence artificielle ?

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Les employés en grève seront-ils prochainement substitués par des robots dotés d’intelligence artificielle ?

Vous envisagez de faire grève contre vos employeurs ? Prenez un moment pour y réfléchir, car votre employeur pourrait remplacer les employés par des IA en cas de mouvement social !

Alors que l’essor de l’IA continue de redéfinir le paysage professionnel, une interrogante émerge : l’IA pourrait-elle être utilisée pour remplacer les travailleurs durant une grève ? Le cas échéant, quelles seraient les implications ? Un récent conflit impliquant les employés techniques du New York Times offre une vision troublante de cette problématique. Décryptage !

Des employés en grève remplacés par l’IA : un conflit révélateur ?

Lors d’un mouvement de grève des employés techniques du New York Times avant les élections américaines, le PDG du journal, AG Sulzberger, a exprimé ses inquiétudes quant à l’impact de cette action sur la capacité du site à gérer le flux de trafic généré par les résultats électoraux.

Bien que le site n’a finalement pas été affecté par des problèmes techniques, la situation a pris un tournant surprenant. En effet, Aravind Srinivas, directeur de l’entreprise d’IA Perplexity, a suggéré sur X (anciennement Twitter) d’offrir un soutien technique via son IA pour maintenir le site opérationnel. En d’autres termes, remplacer les employés en grève par l’IA !

Cette proposition, perçue par beaucoup comme une tentative de contourner le pouvoir syndical, a engendré une controverse immédiate. Certains utilisateurs ont traité Srinivas de « scab », un terme désignant une personne qui remplace des grévistes.

L’IA pourrait-elle être un cadeau empoisonné pour les travailleurs ?

YouTube video
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L’intervention de Srinivas soulève un dilemme majeur. Si l’IA peut apporter des solutions techniques rapides en cas de grève, cela soulève des inquiétudes quant à la capacité de cette technologie à compromettre les droits des travailleurs.

En théorie, les IA comme celles suggérées par Perplexity ne remplaceraient pas directement les compétences humaines. Cependant, en période de grève, elles viendraient « assurer la continuité » des opérations au sein de l’entreprise. Malheureusement, cela n’éveille pas la confiance des travailleurs !

Il est à noter que les travailleurs grévistes du New York Times n’étaient pas des journalistes, mais des experts en infrastructure numérique. Ce sont eux qui maintiennent le site lors de moments cruciaux tels que les élections.

En suggérant de prendre la place des employés en grève avec de l’IA, Srinivas a ouvert un débat plus large sur l’influence de la technologie sur les relations de travail. Si des machines peuvent remplacer les grévistes à tout moment, leur capacité à négocier des conditions de travail équitables pourrait en pâtir gravement. 

Des régulations nécessaires pour l’IA dans le secteur professionnel !

Pour empêcher des abus, il devient essentiel de réfléchir à des régulations spécifiques concernant l’utilisation de l’IA lors de grèves. Cela pourrait inclure des lois prohibant explicitement l’utilisation de solutions automatisées pour remplacer temporairement des travailleurs en grève. De plus, les syndicats doivent également adapter leurs strates en considérant ces nouvelles réalités technologiques dans leurs revendications.

Il faut le reconnaître, si l’IA est mal intégrée, elle pourrait affaiblir la valeur des grèves en tant qu’outil de négociation. En attendant, elle va remodeler les dynamiques entre employeurs et employés, nuisant ainsi aux droits de ces derniers. Êtes-vous en faveur du remplacement d’employés en grève par l’IA ou pensez-vous que cette technologie pourrait nuire aux droits des travailleurs ? Partagez votre position dans les commentaires afin de discuter de ce sujet avec la communauté.

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Jessica Boyer, secrétaire départementale du SNALC 34

HERAULT NEWS

Jessica Boyer, secrétaire départementale du SNALC 34

Hier, plusieurs syndicats d’enseignants se sont rassemblés devant le rectorat de Montpellier pour célébrer la journée des droits de l’enfant. Ces syndicats dénoncent le manque de nombreux postes dédiés à l’école inclusive, notamment les AESH, Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap.

Dans l’Hérault, les syndicats exigent l’embauche de 200 AESH de plus pour répondre aux besoins croissants.
Le SNALC, le syndicat majoritairement présent dans cette profession, a récemment mené une importante enquête auprès des AESH de l’Hérault.
Cela vise à mieux comprendre leurs conditions de travail ainsi que les besoins sur le terrain.

Nous en discuterons ce matin avec Jessica Boyer, secrétaire départementale du SNALC 34.

Les soutiens des enfants en situation de handicap à l'école expriment leur mécontentement devant le rectorat de Montpellier en chantant.

HERAULT NEWS

Les soutiens des enfants en situation de handicap à l’école expriment leur mécontentement devant le rectorat...

C’est de la maltraitance“, s’insurge Nassima, qui travaille comme accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH) depuis 15 ans. Bien qu’elle soit passionnée par son travail, elle se sent néanmoins épuisée, tout comme une vingtaine d’autres AESH et enseignants rassemblés devant le rectorat de l’académie de Montpellier, ce mercredi 20 novembre. Ils exigent un statut de fonctionnaire, le recrutement urgent d’au moins 200 AESH supplémentaires ainsi qu’une augmentation de leur rémunération.

Changer d’élève du jour au lendemain

Le récit de leur quotidien est difficile à entendre. Nassima relate qu’elle a récemment dû déplacer un élève gravement handicapé, sur le sol, sous le regard de tous. Elle n’a plus l’impression de prendre soin de ces enfants de manière digne. “Parfois, ils font des crises, nous lancent des objets, nous crachent dessus, nous insultent“, décrit Nassima. Des situations stressantes qu’elle arrive à comprendre. “Ils sont frustrés, tout comme nous, certains n’ont même pas de notions de langage, donc ils s’expriment par la violence“, souligne l’AESH.

Ce personnel se plaint également de l’organisation de leurs missions. Depuis quelques années, avec la mise en place des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnements localisés), les emplois du temps peuvent changer soudainement. Ces modifications compliquent la vie d’enfants qui ont besoin de stabilité. Anita, AESH depuis près de 10 ans, déclare : “Nous arrivons dans des classes où nous ne connaissons personne, avec des enfants dont nous ignorons tout, même leur handicap, et le fonctionnement de l’enseignant“. De plus, elle explique qu’elle doit laisser les élèves qu’elle accompagne depuis plusieurs mois. “C’est compliqué, car un lien de confiance pédagogique se crée, et des émotions nous lient aussi. Nous les aimons et ils nous aiment“, insiste-t-elle.

Des salaires minimalistes et une précarité alarmante

Parmi les 2.500 AESH de l’Hérault, la majorité sont des femmes, mais quelques hommes exercent également ce métier. Jamel, en poste depuis 2009, est tout aussi engagé dans son travail mais souligne la faiblesse des salaires de ses collègues. “Je suis en 30 heures, donc je parviens à toucher un SMIC, mais la plupart ne dépassent pas les 1.000 euros par mois“, précise-t-il.

Pour toutes ces raisons, les syndicats FO et le SNALC demandent un recrutement urgent d’au moins 200 AESH. Ils souhaitent obtenir un statut de fonctionnaire, non seulement pour échapper à la précarité, mais aussi pour attirer de nouveaux profils. Ils désirent être reconnus et ne plus être “considérés comme des serpillières“.

Après avoir chanté sous les fenêtres du rectorat la “chanson des AESH en colère”, ces deux syndicats ont été reçus par des représentants de la DASEN de l’académie de Montpellier.

chanson “aesh en colère”

Arrêts de travail : le resserrement du gouvernement pourrait aggraver les inégalités

ECONOMIE

Arrêts de travail : le resserrement du gouvernement pourrait aggraver les inégalités

Dans sa quête incessante d’économies, le gouvernement Barnier – suivant les traces de son prédécesseur – s’attaque aux arrêts maladie. En d’autres termes, à « l’absentéisme » au sein des entreprises et des administrations, pour reprendre le jargon des ministres.

Les sommes reversées par l’Etat au titre des indemnités journalières (IJ) perçues par les personnes absentes pour des motifs de santé ont atteint 15,8 milliards d’euros en 2023. Ce qui représente une hausse de 5,4 milliards d’euros par rapport à 2015.

C’est bien trop pour le gouvernement, qui refuse d’admettre les facteurs structurels derrière l’augmentation des arrêts maladie et le coût associé pour les finances publiques. La liste est cependant longue : le vieillissement de la population, la dégradation des conditions de travail et l’allongement de la durée de travail entraînent des arrêts, mais l’augmentation du Smic, qui sert de base au calcul des indemnités journalières, ainsi que l’intégration des travailleurs indépendants et des professions libérales au régime général contribuent également à alourdir la note.

Une étude de la Dares met d’ailleurs en avant l’un de ces éléments. Elle souligne le lien entre une exposition accrue aux risques physiques et psychosociaux (RPS) et les absences pour maladie. Entre 2013 et 2016, le nombre de jours d’arrêt maladie pour une personne soumise à toujours plus de RPS a par exemple triplé.

Mais pour l’exécutif, l’augmentation des arrêts maladie est forcément due à des abus. Du moins en grande partie.

C’est pourquoi pour mettre un terme à cette « dérive », exprimée par Guillaume Kasbarian, le ministre de la Fonction publique, plusieurs options sont envisagées dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), débattu cette semaine au Parlement. Et il n’est pas question de faire de jaloux, les propositions de l’exécutif concernent aussi bien les agents du secteur public que les employés du privé.

Augmentation des jours de carence

La première mesure défendue par le gouvernement consiste à étendre le délai de carence en cas d’arrêt maladie des fonctionnaires à trois jours, contre un seul jour actuellement. Comme nous l’évoquions déjà dans cet article, cet allongement repose sur une comparaison entre le public et le privé qui ne prend pas en compte les spécificités des fonctionnaires, qui comptent plus de femmes et de seniors et qui sont davantage exposés aux métiers difficiles. A caractéristiques équivalentes, cet écart entre le taux d’absentéisme du privé et celui du public se réduit quasiment à néant.

Malheureusement pour le gouvernement, le rapport sur la fonction publique, publié la semaine dernière, révèle que le nombre d’absences pour raison de santé en 2023 chez les agents… est en baisse (12 jours en moyenne en 2023, contre 14,5 en 2022).

Cependant, ces résultats ne ralentissent pas l’exécutif, qui souhaite mener son projet à terme. Même si cette mesure pourrait se révéler contre-productive et coûter plus cher à la Sécurité sociale. Les recherches menées par divers experts (comme nous l’expliquions ici) montrent que l’ajout de jours de carence peut certes réduire le nombre d’arrêts de courte durée, mais accroître ceux de longue durée. Ces derniers étant les plus coûteux pour l’assurance maladie.

« De plus, une telle mesure pourrait encourager le présentéisme, soit le fait de travailler tout en étant malade, met en garde Thomas Coutrot, économiste du travail. Cela aurait des effets négatifs sur la santé à long terme. »

Diminution des rémunérations

Du côté du secteur public, le gouvernement ne prévoit pas de s’arrêter là. Guillaume Kasbarian a également annoncé son intention de diminuer la rémunération versée aux agents en cas d’arrêt de travail : « Aujourd’hui, dans le public, cela est pris en charge à 100 %. Cela passera à 90 %.  »

Comme pour le délai de carence, établi à trois jours dans le secteur privé, le ministre justifie son assertion en comparant les règles du secteur public à celles du secteur privé, plaidant pour un alignement. Toutefois, il omet certains détails : près de 70 % des salariés du privé ont accès à un accord de branche ou d’entreprise qui maintient leur salaire à 100 % dès le premier jour d’arrêt maladie.

Ces deux mesures entraîneraient également une perte de pouvoir d’achat significative pour les agents publics. En tenant compte de l’augmentation du nombre de jours de carence et de la réduction à 90 % du taux de remplacement, le think tank Sens public a calculé qu’un arrêt maladie de 5 jours, par exemple pour une grippe, engendrerait une perte de 215 euros (pour un agent de catégorie C) et de 320 euros (pour un agent de catégorie A).

Ces deux changements affecteraient en particulier les femmes, qui représentent 63 % des effectifs de la fonction publique, ainsi que les seniors, 36 % étant âgés de plus de 50 ans. De plus, cela réduirait l’attractivité de la fonction publique, déjà compromise ces dernières années.

Pourtant, le gouvernement espère économiser 1,2 milliard d’euros (289 millions d’euros pour les jours de carence et 900 millions pour la diminution de la prise en charge). Cette décision est inacceptable pour les syndicats (CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, FA-FP), qui ont appelé à une grève le 5 décembre.

Le secteur privé aussi affecté

Les employés du privé peuvent se « rassurer », le gouvernement Barnier ne les oublie pas. Dans sa lutte contre les arrêts maladie, l’exécutif a annoncé vouloir réduire le plafond des indemnités journalières. Ce dernier devrait passer de 1,8 Smic (3 180 euros bruts mensuels) à 1,4 Smic (2 473 euros bruts mensuels) en 2025.

Pour rappel, actuellement, la Sécu couvre 50 % de la rémunération d’un individu arrêté pour des raisons de santé, dans la limite de 1,8 fois le Smic mensuel. Son employeur complète alors pour un maintien de salaire d’au moins 90 %. Souvent, la prise en charge est même plus élevée, grâce à des accords internes ou des conventions collectives.

Cependant, réduire le plafond des IJ versées par la Sécu pénalisera ceux qui ne bénéficient pas de cette couverture.

« Cette mesure pourrait donc exacerber les inégalités, reprend Thomas Coutrot. Les personnes avec une santé plus fragile et celles travaillant dans des conditions plus difficiles seraient les plus affectées. »

Ce point est également dénoncé par la CGT, qui détaille dans un communiqué :

« Une telle réforme affectera de manière significative les salarié·es des TPE-PME qui ne sont que très rarement protégés par des accords, de même que les salarié·es de particuliers employeurs tels que les aides à domicile et les assistantes maternelles, certains intérimaires, les intermittents ou encore les demandeurs d’emploi. »

Cependant, cette proposition ferait principalement économiser 600 millions d’euros à la branche maladie. Mais ce qui est le plus choquant, selon Thomas Coutrot :

« C’est que toutes ces initiatives sont une façon de refuser d’aborder les conditions de travail et de s’attaquer aux véritables causes des arrêts maladie. On impose aux individus ce qui relève de la responsabilité des dirigeants tout en restant à la surface des choses. C’est un peu comme administrer de l’aspirine à un patient atteint d’un cancer. »

Pourquoi l'Algérie envisage-t-elle de punir Macron et la France - Le RN s'apprête-t-il à censurer Barnier ?

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Pourquoi l’Algérie envisage-t-elle de punir Macron et la France – Le RN s’apprête-t-il à censurer...

Nous sommes le mardi 19 novembre 2024. Au programme de votre Toujours debout présenté par Fabrice Wuimo : Nous commençons, comme à l’accoutumée, par un résumé de l’actualité du jour, avec la présentation par Aude Cazorla ce soir. Dans l’actualité aujourd’hui aussi, le gouvernement de Michel Barnier rencontre de grandes complications dans les négociations concernant le projet de loi de finances 2025. Alors que la possibilité d’un 49.3 se profile, la menace d’une motion de censure est également envisagée. “Le gouvernement Barnier s’achemine vers une motion de censure”, a déclaré Jordan Bardella hier soir sur le plateau de BFMTV. De quoi rendre les prochaines séances parlementaires plutôt agitées. Cet après-midi, nos journalistes Lisa Lap et Andreï Manivit ont tendu le micro aux députés afin de comprendre les stratégies en place, en particulier celle du parti qui évoque la possibilité d’une motion de censure. Nous donnerons ensuite la parole à l’avocate Jennifer Cambla qui reviendra sur les OQTF, les Obligations de Quitter le Territoire Français… Un sujet régulièrement mis en avant par l’extrême droite, surtout lors de faits divers impliquant des étrangers. Jennifer Cambla nous éclairera sur le fonctionnement concret de cette mesure et sur les raisons pour lesquelles elle est instrumentalisée par l’Extrême droite. Et toujours dans la première partie de cette émission, nous aborderons une autre montée de mécontentement social, en parallèle à celle des agriculteurs. Les VTC intensifient leurs actions ces derniers jours pour mettre en lumière leur statut et leurs conditions de travail, une mobilisation qui illustre une fois de plus les difficultés de l’uberisation, avec des travailleurs soumis à une précarisation croissante causée par les plateformes telles qu’Uber, Deliveroo ou Lyft. Pour en discuter, nous aurons avec nous Brahim Ben Ali, le secrétaire national du syndicat INV VTC. Enfin, dans la seconde partie de l’Émission, nous reviendrons…

Crise agricole : "Pas de crainte, la passion prime avant tout" avouent des étudiants du lycée agricole Bonne-Terre de Pézenas

HERAULT NEWS

Crise agricole : “Pas de crainte, la passion prime avant tout” avouent des étudiants du lycée agricole...

Depuis environ dix ans en France, la mal-être dans le secteur agricole est fortement médiatisé et pourtant, des jeunes continuent de s’engager chaque année dans ce domaine, même si leur nombre a diminué depuis 2019. Certains souhaitent reprendre l’exploitation familiale, tandis que d’autres partent de zéro. La seule motivation pour leur parcours scolaire est la passion du métier, malgré la crise que vivent les professionnels.

Qui sont ces jeunes ? Quelle vision ont-ils de la crise agricole ? C’est ce qu’a souhaité découvrir France Bleu Hérault, alors que les agriculteurs prévoient à nouveau de se mobiliser en début de semaine prochaine, particulièrement à Montpellier et à la frontière espagnole. Les professionnels désirent faire entendre leur voix alors que le G20 s’ouvre au Brésil.

Nous avons visité le lycée agricole Bonne-Terre de Pézenas, un établissement privé qui accueille 400 élèves et offre des formations agricoles et viticoles dès la classe de quatrième jusqu’au BTS, ainsi que des cursus en service à la personne et commercialisation. Un quart de ces élèves suit des formations agricoles.

“La crise agricole, sans crainte”

De nombreux jeunes tendent à se diriger vers des secteurs qu’ils jugent plus modernes, avec de meilleures conditions de travail et une rémunération supérieure. Ceux qui choisissent l’agriculture sont avant tout des passionnés, comme Eliot et Baptiste. Ces deux amis, âgés de 20 et 21 ans, adorent le rugby et le bon vin. L’agriculture est leur passion commune. “La crise agricole, sans crainte”, affirment-ils, étudiants en BTS viticulture-œnologie à Pézenas.

Baptiste, étudiant en alternance, part de rien : une mère qui travaille dans le secteur social à Béziers et un père décédé. Son grand-père était viticulteur à Pouzolles, ce qui lui a donné envie de suivre ses traces. Eliot, quant à lui, est immergé dans la viticulture depuis son enfance. Il se prépare à reprendre l’exploitation de son père à Mont-Blanc lorsque le moment sera venu. Son grand-père était également agriculteur.

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Une baisse de 50% des inscriptions en bac pro gestion exploitation viti-vinicole

Les inscriptions à ces formations ont tendance à diminuer ces dernières années, selon Christophe Lavit, le chef d’établissement : “Auparavant, nous avions autant d’élèves de familles d’agriculteurs que de jeunes sans lien. Aujourd’hui, la proportion de la seconde catégorie a augmenté, tandis que celle de la première a baissé. Nous avons plus d’élèves non issus du secteur agricole. Je pense que c’est parce que les parents vivant de l’agriculture peuvent décourager leurs enfants d’emprunter cette voie, car ils vivent les difficultés du métier au quotidien.

Ces dernières années, nous avons également constaté une chute de l’ordre de 50% des inscriptions, en particulier en bac pro de gestion de l’exploitation vitivinicole, poursuit-il. Est-ce en lien avec la crise ? Probablement, mais cela pourrait également dissuader les élèves d’opter pour ces formations.

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D’après un sondage réalisé à la fin de 2023 par Ipsos, 48% des agriculteurs expriment un pessimisme quant à l’avenir de l’agriculture et de leur exploitation pour la prochaine décennie. La concurrence internationale est leur principale préoccupation. Les contraintes réglementaires représentent le principal frein à la sérénité.

“Avec des moyens et de la volonté, nous pouvons réussir”

“Mon père, qui est vigneron, m’a transmis sa passion“, raconte André, 15 ans, fils de viticulteur à Montbazin, élève en classe de sciences et technologies de l’agronomie. “Le lien avec la nature et l’environnement, je réalise que le vin se venda mal, c’est la raison pour laquelle nous nous rebellons, organisons des grèves, etc. C’est compliqué, mais j’ai confiance en notre capacité à surmonter ces défis.”

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Selon la Mutualité Sociale Agricole (MSA), l’âge moyen des agriculteurs est de 51 ans en France. Seulement 7% des chefs d’exploitation ont moins de 35 ans. L’absence d’engagement de la part des jeunes pourrait évidemment compromettre l’avenir du secteur agricole.

Louane, 16 ans, a pris la décision de s’orienter vers l’élevage. Elle fait partie de ceux qui commencent de rien. “J’ai un lien particulier avec les animaux. Je ne peux pas vraiment l’expliquer. Mais c’est ce que je désire faire. Lorsque j’ai découvert qu’il existait un CAP, je n’ai pas hésité. Mes parents m’ont soutenue, ils disent que “tant que tu fais ce qui te plaît, c’est ce qui importe”. Ils étaient ravis de constater que j’étais la seule fille de la famille à choisir cette voie.”

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Le travail dans l’agriculture est souvent perçu comme difficile, mal rémunéré, et peu attrayant : 85% des Français estiment que les agriculteurs ne sont pas suffisamment payés.

Aujourd’hui, le nombre d’agriculteurs est bien inférieur à celui de 2010, et ils sont en moyenne beaucoup plus âgés. Environ 50% des exploitations devront changer de main d’ici 2026, à condition de trouver des repreneurs.

  • Témoin d’un événement, une info à transmettre, appelez le 04.67.06.65.42
Lycée agricole privé Bonne Terre à Pézenas
Lycée agricole privé Bonne Terre à Pézenas © Radio France
Stéfane Pocher

Au cœur des nuisibles et des déjections, le Collectif féministe contre le viol reste constamment disponible pour les victimes.

CULTURE

Au cœur des nuisibles et des déjections, le Collectif féministe contre le viol reste constamment disponible pour les...

Casque audio placé sur les oreilles, Louise est plongée dans le récit d’une personne ayant subi des violences sexuelles, qui s’exprime pour la première fois. « Vous n’êtes pas en faute. Le fait de ne pas être capable de dire non ne signifie pas que vous ayez donné votre consentement », lui affirme calmement l’écoutante du Collectif féministe contre le viol (CFCV). De manière automatique, Louise écrase un cafard qui grimpe sur son bureau avec un cahier, tout en continuant de rassurer la personne en détresse au bout du fil. À la fin de l’appel, la travailleuse sociale fait un débriefing :

« Les cafards sont devenus si quotidien qu’on n’y prête plus attention. On les retrouve même dans le café. »

Basé dans des bureaux au sud de Paris, le Collectif féministe contre le viol écoute les témoignages de victimes et leur offre un soutien à travers sa ligne d’écoute anonyme et gratuite (1) – le 0 800 05 95 95, la seule spécifiquement consacrée aux violences sexuelles. Une mission de service public que l’État transfère aux associations, sans toutefois leur fournir un soutien proportionné à l’ampleur de la tâche, alertent les organisations par divers moyens. Ces derniers mois, les infiltrations d’eau et la dégradation progressive des locaux du CFCV ont altéré leurs conditions de travail, déplore Sophie Lacombes, responsable de mission :

« Notre travail sauve des milliers de femmes, mais il se fait au milieu des cafards, des fuites d’eaux usées et des odeurs insupportables… »

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Le Collectif féministe contre le viol écoute la parole des victimes. /
Crédits : Pauline Gauer

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Des morceaux de scotch ont été utilisés pour limiter la propagation accrue des cafards. /
Crédits : Pauline Gauer

Que se passe-t-il ?

Depuis sa fondation en 1985, le collectif loue ses bureaux à la mairie de Paris : quelques pièces dans un immeuble datant des années 1960, dont l’état s’est détérioré au fil des ans. « Il y avait quelques cafards avant, mais c’était supportable », juge Sophie Lacombes. « Aujourd’hui, ce n’est plus supportable. » Fréquemment, les toilettes de l’immeuble débordent à l’étage du CFCV à cause d’une des cuvettes du palier, entraînant des inondations désagréables.

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Le Collectif féministe contre le viol souffre de problèmes d’inondation depuis plusieurs mois. /
Crédits : Pauline Gauer

Les sols sont abîmés, les plinthes sont déformées. « Nous avons dû ajuster les portes gonflées puisqu’elles devenaient difficiles à ouvrir », indique la responsable de mission. Des morceaux de scotch ont été utilisés pour calfeutrer l’ancien vide-ordures et réduire la prolifération des cafards, à cause des déjections. « Avec le temps, on sait où placer nos affaires pour ne pas ramener de cafards à la maison ! » Elle ajoute, sérieuse :

« Il arrive qu’on se retrouve les pieds dans l’inondation et qu’on soit même obligées de réorganiser rapidement nos activités. »

Quatre fois depuis cet été, les toilettes ont tellement débordé que le personnel a dû quitter les locaux. Si les écoutantes continuent leurs appels, le reste de l’équipe tente de gérer les dégâts des eaux pour protéger les archives précieuses. Elles compilent tous les témoignages reçus depuis la création du collectif. « Les victimes peuvent nous les demander afin de les utiliser comme preuve lors de procès », précise Sophie Lacombe. « Nous avons rapidement écrit sur un post-it aux collègues en ligne de ne pas accepter d’appels supplémentaires », s’émeut Louise, l’écoutante :

« C’est déchirant : pendant plusieurs heures, le temps de passer au télétravail ou d’appeler une entreprise en urgence, la ligne d’écoute reste muette et des victimes demeurent sans réponse. »

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Sophie Lacombes, responsable de mission au Collectif féministe contre le viol. /
Crédits : Pauline Gauer

Continuer le travail

Depuis 2017 et le mouvement MeToo, le CFCV a enregistré une augmentation de 10 % à 20 % des appels chaque année. « Nous parvenons encore à répondre à toutes les demandes des victimes, mais la ligne est débordée », s’inquiète Sophie Lacombes. Malgré des subventions de l’État jugées insuffisantes par le collectif, il a réussi à établir trois nouveaux postes ainsi qu’une nouvelle ligne d’écoute en 2021 : celle consacrée aux violences sexuelles dans l’enfance (2), en plus des deux équipes de six écoutantes pour le service historique dédié aux victimes de violences sexuelles. « Nous les avons placées dans la salle où nous mangions auparavant », s’indigne Sophie Lacombes. « La seule pièce inutilisée reste dans l’obscurité, ses volets électriques ne fonctionnant plus… »

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En 2021, le collectif a lancé une ligne d’écoute pour les violences sexuelles dans l’enfance. /
Crédits : Pauline Gauer

Pour le plus grand soulagement de l’équipe, aucune inondation ne s’est produite en présence de femmes venues participer à un groupe de parole ou à un entretien individuel avant un procès. Cependant, la dégradation des bureaux et des conditions de travail requiert une énergie additionnelle de la part des salariées, en plus de leur mission d’assistance aux victimes.

Consciente de la situation, la direction du Logement de la Mairie de Paris a assuré par email qu’elle « était activement à la recherche d’une solution de relogement au sein de son patrimoine ». Mais, elle se dégage de sa responsabilité :

« Minoritaire dans cette copropriété, la mairie de Paris sollicite régulièrement le syndic pour résoudre les problèmes. »

Quelques propositions de relogement ont été faites au CFCV depuis l’été. « Soit elles dépassaient notre budget, soit elles ne répondaient pas aux exigences de notre mission, telles qu’un accès discret et sécurisé pour accueillir les victimes », précise Sophie Lacombes. En attendant, le CFCV fait appel aux dons pour assurer sa pérennité financière (3) et continue de répondre aux appels entrants. « Aider les victimes à sortir de la violence vaut bien tous les cafards du monde », tente de minimiser Louise.

(1) « Viol Femmes Informations », ligne gratuite et anonyme, disponible du lundi au vendredi de 10h à 19h : 0 800 05 95 95

(2) « Violences Sexuelles dans l’Enfance », ligne gratuite et anonyme, accessible du lundi au vendredi de 10h à 19h : 0 805 802 804

(3) Une cagnotte en ligne est présente ici

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Ces coopératives qui font face à l’ubérisation de l’emploi

ECONOMIE

Ces coopératives qui font face à l’ubérisation de l’emploi

En dépit de l’opposition de la France, une directive européenne qui prévoit une présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes est en voie d’être adoptée. Reste à déterminer comment elle sera intégrée dans les législations nationales. En attendant, la résistance continue de s’organiser sur le terrain.

Dans le domaine de la livraison à vélo, de nombreuses coopératives de cyclistes ont vu le jour çà et là : en France, Sicklo à Grenoble, Fast and Curious au Havre, Les Coursiers de Metz dans la ville éponyme… Au total, on dénombre environ quarante coopératives de cyclistes livreurs et logisticiens dans le pays, toutes affiliées à la fédération CoopCycle.

Le principe : ces coopératives embauchent les livreurs et ont collaboré au développement d’une application de mise en relation. « Nous sommes à la fois livreurs, logisticiens, gestionnaires et mécaniciens (…) Nous ne désirons pas travailler dans une économie ubérisée, nous créons nos propres coopératives », souligne le site de CoopCycle.

En Seine-Saint-Denis, la démarche des chauffeurs VTC est différente. Plus de 500 d’entre eux se sont regroupés au sein d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), Maze. L’objectif : offrir « une alternative à l’entrepreneuriat fictif des plateformes », précise Brahim Ben Ali, le fondateur et directeur général. Contrairement aux livreurs à vélo, les chauffeurs de Maze ne sont pas salariés de la Scic. Ils demeurent indépendants, étant chacun propriétaires de leur véhicule.

Quels sont alors les atouts de la coopérative ? « Elle négocie des protections sociales, les tarifs des assurances des véhicules et les véhicules eux-mêmes », énumère Brahim Ben Ali. Il s’agit donc d’assurances individuelles, mais négociées collectivement. L’idée est malgré tout de garantir une uniformité dans le service fourni : par exemple, un code vestimentaire sur lequel les chauffeurs se sont mis d’accord.

Des décisions prises collectivement

De manière générale, fini le lien de subordination : les décisions sont prises de manière collective. Maze est constitué de cinq collèges regroupant différentes catégories d’associés, qui participent aux votes : deux collèges « chauffeurs », selon qu’ils comptent plus ou moins de trois ans d’ancienneté, un collège d’utilisateurs bénéficiaires (la part sociale s’élève à 50 euros), un collège d’institutions publiques, incluant l’intercommunalité Plaine Commune et le département de Seine-Saint-Denis, et enfin, un collège « bénévoles ».

Comme pour les VTC des grandes plateformes, et en accord avec la loi Thévenoud de 2014, il est interdit pour les chauffeurs de Maze de proposer des courses « à la volée ». Les clients doivent s’inscrire via une plateforme de réservation, qui a coûté à la jeune entreprise un investissement de 300 000 euros.

Pour une nuit « normale » dans la métropole parisienne, il faut compter environ 3 000 chauffeurs. Avec ses quelque 500 « chauffeurs-sociétaires », Maze est encore loin du nombre requis. C’est pourquoi l’idée est de se lancer d’abord sur le marché professionnel, le B2B, à Lille et Paris. L’entreprise vise également les collectivités. « Il faut roder la bécane », résume Brahim Ben Ali.

Pour un trajet Lille centre-aéroport, un chauffeur Maze percevra 29 euros, auxquels s’ajoute une commission (15 % sur la gamme économique, 20 % sur les berlines et vans) qui va au pot commun et est redistribuée sous forme de bénéfices.

Sur le plan économique, l’incertitude demeure. L’argent reste un enjeu crucial. « Nous n’avons bénéficié d’aucune aide de l’Etat », déplore le PDG. Mi-octobre, Maze a lancé un financement participatif, espérant collecter entre 1,5 et 2 millions d’euros d’ici février prochain. Avis aux intéressés !

Une approche différente du nettoyage

Une autre ville, un autre secteur, un autre modèle. À Nantes, Véry’fiable offre depuis douze ans des services de nettoyage et de ménage pour les entreprises et les particuliers. Bien qu’il n’y ait pas de plateforme d’intermédiation dans ce domaine, la précarité y est omniprésente.

« À l’origine, il y a un groupe de cinq personnes travaillant pour une grande entreprise qui ont décidé de fonder leur propre société », résume Anne Chauchat, qui vient de devenir sociétaire après un parcours d’intégration de deux ans. La Scop compte 35 employés, dont seuls 9 ont été transformés en sociétaires après avoir suivi le célèbre parcours.

Véry’fiable emploie de nombreuses personnes initialement éloignées de l’emploi. « Nous collaborons avec des structures d’insertion et des organismes d’accompagnement pour les personnes étrangères », ajoute encore Anne Chauchat.

Le choix de la coopérative répond à plusieurs objectifs : valoriser des métiers souvent dévalorisés ; offrir des perspectives d’évolution professionnelle, avec l’apprentissage de compétences entrepreneuriales, puisque les sociétaires d’une Scop doivent superviser la gestion ; améliorer les conditions de travail ; et répondre à une demande de clients prêts à payer davantage pour des salariés traités avec plus de considération.

« Lors d’une première visite chez les clients, nous examinons le matériel proposé », explique Anne Chauchat. Nous recommandons d’utiliser uniquement du vinaigre blanc et du liquide vaisselle. Un client qui voudrait imposer de l’eau de javel par exemple, c’est non. »

Idem pour les aspirateurs muraux légers : « À l’usage, ils entraînent des tendinites. »

Les employés sont rémunérés au Smic ou au-dessus, en fonction de leur expérience. Le salaire est annualisé, avec un nombre d’heures fixes comptées dans le mois, afin d’assurer une sécurité tout en tenant compte des annulations de dernière minute. Sur le marché des particuliers, la prestation est facturée 33 euros de l’heure + 4 euros de frais de déplacement. « C’est la fourchette haute, mais nous l’assumons », souligne Anne Chauchat.

Sur le plan financier, la Scop se porte bien, même si elle ne génère pas « des marges énormes », précise encore la sociétaire. Elle investit beaucoup dans la formation aux métiers et les parcours d’intégration pour devenir associé. Tout cela sans bénéficier des aides d’une association ou celles d’une structure d’insertion par l’activité économique. Toutefois, elle est en partie soumise à la convention des services à la personne, ce qui permet à sa clientèle de particuliers de profiter d’un crédit d’impôt de 50 %.

Véry’fiable a reçu en 2021 le prix national de la Fondation du crédit coopératif et, en 2023, le prix régional Pays-de-la-Loire de l’économie sociale et solidaire.

POUR ALLER PLUS LOIN :

Le débat « A-t-on renoncé à lutter contre la pauvreté ? », le samedi 30 novembre à 9 h 45 aux Journées de l’économie autrement, à Dijon. Consultez le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.

Comment concilier apocalypse et échéance financière ?

ECONOMIE

Comment concilier apocalypse et échéance financière ?

La bataille contre le changement climatique ne pourra se faire sans une diminution des inégalités. C’est avec cette conviction que diverses structures de l’économie sociale et solidaire s’efforcent d’harmoniser la fin du monde et la fin du mois. Le Geres fait partie de cette démarche.

« L’association a vu le jour en 1976 suite au choc pétrolier, fondée par des chercheurs de l’université marseillaise engagés dans des projets d’énergie renouvelable », raconte Hasna Oujamaa, en charge du mécénat et des partenariats au Geres. Ils ont estimé qu’investir dans de tels projets ne devait pas uniquement profiter aux populations aisées et qu’il fallait donner la possibilité aux personnes en situation précaire d’y accéder. »

Le Geres, dont l’acronyme signifie « Groupe énergies renouvelables environnement et solidarité », agit ainsi depuis plus de quarante ans pour honorer cet engagement.

S’adapter au contexte local

Active dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, essentiellement dans la métropole d’Aix-Marseille, l’association lutte contre la précarité énergétique dans le secteur résidentiel.

« Nous soutenons les ménages afin qu’ils puissent diminuer leurs factures d’énergie et effectuer la transition énergétique de leurs logements », explique Hasna Oujamaa. Cela inclut aussi les habitations soumises aux chaleurs estivales pouvant frôler les 45 degrés. »

Les solutions offertes à ces ménages précaires vont des interventions d’urgence, comme la réparation d’un carreau brisé ou le remplacement d’ampoules incandescentes par des modèles plus économes en énergie, jusqu’à des rénovations plus importantes.

« Nous accédons aux logements afin de mieux comprendre leurs caractéristiques et identifier les points d’intervention, et nous guidons les personnes dans l’accès aux financements publics pour réaliser les travaux », poursuit Hasna Oujamaa.

L’ONG, dont le siège est à Aubagne (13), emploie environ quarante personnes en France, mais a un effectif total de 176 salariés, répartis dans plusieurs bureaux à l’international : Bamako (Mali), Oulan-Bator (Mongolie), Douchanbé (Tadjikistan), Phnom Penh (Cambodge)…

En Mongolie, le Geres a aussi un programme dédié à la rénovation énergétique des habitations. L’ONG applique diverses techniques en s’adaptant aux matériaux localement disponibles et au climat, afin d’identifier les solutions les plus efficaces et acceptées.

« Nous adoptons une approche filière, en essayant de créer un équilibre sur le marché en collaborant avec les banques et les organismes de microfinance, ainsi qu’avec les compétences locales en construction, tout en offrant des formations en autoconstruction et autorénovation », précise Hasna Oujamaa.

Le Geres aborde aussi des enjeux purement énergétiques. Au Bénin, il collabore, par exemple, avec des petites entreprises situées aux abords des villes qui n’ont pas accès à l’électricité, qu’il s’agisse de boulangeries, d’artisans ou de salons de coiffure.

Les solutions peuvent varier : créer une zone d’activités électrifiée en regroupant plusieurs structures, les connecter à un mini-réseau, ou déployer un kit solaire pour produire un peu d’électricité. « L’accompagnement inclut aussi l’aspect économique, car passer à une énergie électrifiée pour un boulanger qui pétrissait auparavant à la main modifie son modèle économique », explique Hasna Oujamaa.

Les bénéfices recherchés ne se limitent pas à l’aspect économique, mais englobent également des dimensions environnementales et sanitaires, car certaines énergies utilisées pour la cuisson peuvent être polluantes et néfastes pour la santé.

Un village pour le réemploi

Associer des publics en situation précaire à des activités économiques orientées vers l’écologie est une méthode explorée par de nombreuses structures de l’économie sociale et solidaire depuis plusieurs années, notamment dans les domaines de l’insertion et du réemploi. Le projet Ikos à Bordeaux en est un exemple. Cette société coopérative d’intérêt collectif (Scic) regroupe neuf organisations de réemploi solidaire pour créer un village du réemploi.

« Ce projet a vu le jour en 2017 dans l’esprit de cinq directeurs de structures de réemploi solidaire à Bordeaux », raconte Marion Besse, anciennement à la tête de Relais Gironde, qui collecte et réutilise le textile, et aujourd’hui PDG d’Ikos. Nous avons réalisé que nous étions confrontés aux mêmes défis et qu’en nous unissant, nous pourrions y faire face. »

Ces organismes partagent effectivement des locaux souvent restreints, limitant ainsi le volume de produits traités et pouvant altérer les conditions de travail. « À cette époque, nous avons aussi constaté l’émergence d’acteurs du réemploi avec une approche purement commerciale, tels que Vinted ou Leboncoin, et nous avons conclu qu’avec nos structures, nous avions atteint les limites d’un modèle ; que nous avions de nécessaires petites adresses avec des horaires parfois complexes. »

Parmi les neuf structures fédérées aujourd’hui par Ikos, on trouve Le Relais Gironde, Envie Gironde, entreprise d’insertion reconditionnant des appareils électroménagers, Replay, qui retape des jouets, les Compagnons bâtisseurs, qui collectent des matériaux et équipements de bâtiment, Le livre vert, structure d’insertion qui récupère des livres pour les remettre en circulation ou recycler, ou encore la Recyclerie sportive, qui réemploie du matériel sportif.

Après plusieurs années de travail et de recherche, un terrain a été identifié en 2021. Les travaux devraient commencer l’année prochaine, avec une ouverture au public programmée pour le printemps 2027. Ce village Ikos s’étendra sur 12 000 m2, dont 2 000 m2 seront consacrés à une galerie marchande :

« Nous proposerons une offre globale de réemploi, avec presque tous les domaines de consommation pour les particuliers : mode, mobilier, décoration, jouets, électroménager, culture, épicerie antigaspi, articles de bricolage et de jardinage, ainsi que du matériel sportif », avance Marion Bresse.

Ce lieu offrira principalement 8 000 m2 pour stocker et trier, ce qui permettra aux différentes structures de passer d’une capacité de collecte de 8 000 à 13 000 tonnes par an. De plus, il devrait générer 100 emplois nets, portant le total des postes sur le site à 320, dont la moitié seront en insertion.

L’activité de la Scic Ikos, petite structure comptant quelques employés, consistera à animer ce lieu où les structures de réemploi solidaire poursuivront et développeront leurs activités. Cela démontre que ces projets ne sont pas uniquement des alternatives écologiques et sociales, mais également économiques.

Pour aller plus loin :

Le débat « Transition écologique : comment avancer par vents contraires ? », le vendredi 29 novembre à 16 h 30 aux Journées de l’économie autrement, à Dijon. Voir le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.

Cédric Goyer, représentant syndical UNSA au sein de Kéolis Méditerranée

HERAULT NEWS

Cédric Goyer, représentant syndical UNSA au sein de Kéolis Méditerranée

Les employés de Kéolis entrent de nouveau en grève à partir de ce mardi. Un désaccord social qui a débuté en septembre mais qui avait été suspendu pendant les vacances scolaires. Et les transports scolaires pourraient encore être fortement affectés jusqu’à la fin du mois.

La mobilisation a été lancée en septembre. Après une interruption durant les vacances de la Toussaint, le personnel a choisi de relancer la grève avec les mêmes demandes : augmentations de salaires, amélioration des conditions de travail….

Les parents d’élèves sont vraiment contrariés et ont d’ailleurs décidé de mettre en circulation une pétition qui a déjà rassemblé plus de 200 signatures. Des parents lassés de devoir se réorganiser.

On en discute ce matin avec Cédric Goyer, représentant syndical UNSA chez Kéolis Méditerranée.