Entre harcèlement et sexisme, le quotidien des livreuses à vélo
Comme presque chaque soir de la semaine aux alentours de 19 heures, elle quitte son appartement du 7ème arrondissement de Marseille, tout près de la plage des Catalans, avec sur le dos, son sac et sa veste turquoise, estampillés Deliveroo. Depuis un peu plus de 6 mois, Julie*, 22 ans, exerce comme coursière pour la plateforme britannique de livraison de repas à domicile. Le rituel est toujours le même. L’étudiante enfourche un vélo électrique en libre-service, lance l’application et rejoint ses dizaines de collègues qui tournent déjà dans les rues de la ville. La soirée commence, et pendant une poignée d’heures, elle transportera à peu près tout ce qui existe comme type de cuisine. Longtemps, elle a hésité à se lancer. Pas par peur de mal faire ou de ne pas être à la hauteur. Plutôt par anticipation d’être exposée encore davantage au harcèlement que les femmes vivent déjà au quotidien dans l’espace public : « On voit que des mecs faire ce boulot, ça ne donne pas envie. On se demande si on va être à l’aise, si on ne va pas se faire emmerder. » « Il ne faut pas être une athlète pour livrer des McDo… Je m’en sors très bien » – Julie Difficile de trouver des chiffres précis du nombre de femmes qui pratiquent cette activité. L’entreprise Uber, s’appuyant sur une étude quelle a mené avec l’institut de sondage Ipsos, annonce que « 92 % des personnes qui utilisent l’application sont des hommes ». Un taux corroboré par l’étude dirigée en avril 2021 par une équipe de chercheurs de l’Université Gustave Eiffel sur les livreurs du nord-est de Paris. Celle-ci indique que les femmes représentent environ 7 % des coursiers. Une proportion qui augmenterait d’année en année. Le même enquête réalisée en 2020 recensait seulement 2…