Claude monte en compétence : découvrez comment activer l’analyse PDF dès à présent

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Claude monte en compétence : découvrez comment activer l’analyse PDF dès à présent

Suite à la mise en ligne de la version bêta de Claude 3.5 Haiku, l’agent conversationnel d’Anthropic reçoit une fonctionnalité d’analyse de PDF. Grâce à cette fonction, Claude est à même d’interpréter efficacement les éléments visuels d’un fichier PDF, y compris les diagrammes et graphiques qu’il contient. Cela permet une compréhension plus approfondie du contenu sans qu’il soit nécessaire de décrire ces éléments manuellement.

Cependant, il est impératif de déclencher cette fonction d’analyse avant de pouvoir en profiter pleinement.

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Pour commencer, il vous faut vous connecter sur l’interface en ligne de Claude AI en vous rendant sur son site officiel.

Ensuite, vous devrez entrer votre identifiant, c’est-à-dire l’adresse email associée à votre compte Claude.

Une fois connecté à votre compte, l’interface devrait ressembler à celle-ci. À ce moment, vous pouvez immédiatement ajouter votre PDF.

joindre et analyser un fichier PDF sur Claude AIjoindre et analyser un fichier PDF sur Claude AI

Pour cela, il vous suffit de cliquer sur l’icône en forme de trombone et de sélectionner le document PDF que vous souhaitez analyser avec Claude.

La troisième étape consiste à activer la fonction d’analyse de PDF. À ce stade, vous devrez entrer un code, car la fonction est encore en phase bêta.

Ainsi, avant de formuler votre prompt, il est nécessaire de coller ce code : anthropic-beta:pdfs-2024-09-25.

Par exemple, si vous souhaitez extraire des informations sur votre parcours professionnel à partir d’un CV, vous devriez rédiger dans la zone de saisie : « anthropic-beta:pdfs-2024-09-25, pourrais-tu me rédiger un texte descriptif de mes expériences professionnelles à partir de ce document ? »

Et voilà, c’est aussi facile que cela. Tout ce qu’il vous reste à faire, c’est de vérifier si les données fournies sont correctes.

Cet outil d’analyse prend-il en charge les fichiers de grande taille ?

La fonction d’analyse PDF de Claude accepte des fichiers allant jusqu’à 32 Mo et 100 pages, avec une consommation standard de jetons comprise entre 1 500 et 3 000 par page.

En revanche, les documents protégés par mot de passe ou cryptés ne peuvent pas être analysés.

Pour obtenir de meilleurs résultats, il est recommandé d’utiliser des fichiers dont le texte est facilement lisible.

De plus, pour les PDF comportant plusieurs pages, vous avez la possibilité de spécifier dans votre prompt le numéro de page à analyser avec Claude. Cela s’applique aux documents juridiques, rapports financiers, ainsi qu’aux documents de traduction.

Côté accessibilité, cette nouvelle fonctionnalité est disponible via l’interface web et l’API de Claude AI.

Personnellement, je trouve que cette fonctionnalité est très pertinente. Qu’en pensez-vous ? Partagez votre avis en commentaire.

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Les 5 meilleures certifications en machine learning qui feront de votre CV un véritable aimant à recruteurs

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Les 5 meilleures certifications en machine learning qui feront de votre CV un véritable aimant à recruteurs

Pour 2025, découvrez les certifications en machine learning ou apprentissage automatique que les entreprises convoiteront. Une véritable aubaine pour propulser votre carrière ou amorcer une reconversion professionnelle !

Les certifications en machine learning connaissent une demande croissante de la part des entreprises technologiques investissant dans l’intelligence artificielle. Ces savoir-faire permettront d’optimiser la productivité, de faciliter les prises de décision et d’implémenter l’automatisation. Par conséquent, si vous êtes développeur web ou data scientist et que vous souhaitez profiter des opportunités qui se présentent, ces compétences sont la clé qui ouvre presque toutes les portes. Voici donc, sans plus attendre, les certifications en machine learning à envisager pour enrichir votre CV !

Pourquoi les experts en machine learning sont si recherchés, surtout en 2025 ?

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Avec l’augmentation des besoins des entreprises dans le domaine de l’IA, les experts en machine learning sont très demandés. Ces professionnels sont capables de transformer des données brutes en éléments précieux, notamment pour la reconnaissance d’images, la détection de fraudes, et même le traitement du langage naturel.

Leur expertise leur permet de déc développer des algorithmes et des modèles capables d’extraire des informations utilisables à partir des données brutes. Cela permet aux sociétés de prendre des décisions stratégiques, d’améliorer leurs produits, et de personnaliser leurs services grâce à l’IA.

Les certifications les plus prometteuses d’ici 2025 !

Vous savez maintenant pourquoi les experts en machine learning sont très recherchés dès l’année prochaine. Si vous souhaitez donc élargir vos compétences, voici les formations les plus adaptées pour obtenir ces certifications.

L’AWS Certified Machine Learning – Specialty

Amazon Web Services (AWS) offre cette certification pour attester de l’expertise dans la conception, l’entraînement et le déploiement de modèles de machine learning sur le cloud AWS. Elle s’adresse aux développeurs possédant de l’expérience dans les tâches liées au deep learning, avec au moins deux ans de pratique recommandée.

La Databricks Certified Machine Learning Professional

Cette certification vise les spécialistes désireux d’exploiter Databricks pour orchestrer des expériences avancées de machine learning en production. Elle couvre la gestion et le suivi des modèles ainsi que la mise en œuvre de solutions de supervision pour détecter le « data drift ».

Le Google Cloud Professional Machine Learning Engineer

Le programme de Google Cloud certifie des ingénieurs en machine learning capables de traiter d’importants ensembles de données, tout en intégrant des pratiques responsables d’IA et de justice algorithmique dans leurs projets. Les candidats doivent savoir créer des solutions évolutives pour des applications reposant sur le machine learning.

Le Microsoft Certified: Azure Data Scientist Associate

Destinée aux data scientists, cette certification aborde la préparation de données, l’entraînement de modèles et leur déploiement sur Azure. Elle garantit que les candidats maîtrisent l’environnement Azure Machine Learning et peuvent gérer efficacement des charges de travail relatives au machine learning.

La Machine Learning Specialization de Stanford (via Coursera)

Conçu pour les débutants, ce programme en ligne est accessible sur Coursera. Elaboré par Stanford, il aborde les fondamentaux du machine learning, y compris les modèles supervisés et non supervisés. En outre, il permet de développer des compétences pratiques en Python et TensorFlow, en mettant l’accent sur l’innovation IA au sein de la Silicon Valley.

Les certifications en machine learning constituent aujourd’hui un atout concurrentiel essentiel pour les professionnels, alliant compétences techniques et expérience concrète. En obtenant l’une de ces certifications, vous serez en mesure d’accéder à des opportunités dans le secteur de l’intelligence artificielle. Vous pouvez ainsi démontrer vos compétences auprès des recruteurs et propulser votre carrière. Alors, n’hésitez plus à saisir cette chance dans un domaine en pleine expansion !

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Recrutement 2025 : l’intelligence artificielle s’impose, êtes-vous préparé ?

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Recrutement 2025 : l’intelligence artificielle s’impose, êtes-vous préparé ?

En 2025, l’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus de recrutement atteindra des sommets inédits. Près de 65 % des employeurs prévoient de recourir à l’IA pour filtrer et éliminer les candidatures sans intervention humaine.

L’IA dans le recrutement : bénéfices et inconvénients

Les entreprises adoptent de manière croissante l’IA pour améliorer l’efficacité de leurs méthodes d’embauche. Les outils d’IA examinent les CV, évaluent les candidats et analysent les profils en ligne. Cela permet aux recruteurs de bénéficier de gains de temps appréciables. D’ici 2025, environ 83 % des employeurs devraient se servir de l’IA pour la révision des CV, tandis que 69 % l’utiliseront pour interpréter les résultats des tests.

https://twitter.com/bindureddy/status/1770953231033942522

Néanmoins, cette automatisation soulève une question essentielle : les algorithmes d’IA peuvent comporter des biais significatifs. Ces préjugés peuvent conduire à discriminer les candidats en fonction de l’âge, du sexe ou de l’origine. De surcroît, 56 % des recruteurs craignent que l’IA ne passe à côté de candidats compétents. Cela limite la diversité et la richesse des talents sélectionnés.

Des enjeux pour les candidats et les recruteurs

L’usage croissant de l’IA dans le processus de recrutement modifie la dynamique pour les candidats. Les systèmes de suivi des candidatures (ATS) réalisent un filtrage basé sur des mots-clés. Cette innovation incite d’ailleurs à élaborer des CV de manière plus stratégique. En outre, des chatbots prennent en charge les premières interactions, réduisant ainsi le contact humain dès le début du parcours de candidature.

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Cependant, les responsables du recrutement s’inquiètent aussi de l’effet sur l’expérience des candidats. Environ 21 % des participants à l’enquête estiment que l’IA pourrait porter atteinte à cette expérience. Cela rend notamment le processus moins humain. Malgré ces préoccupations, l’adoption de l’IA continuera d’évoluer, les employeurs désireux d’optimiser leur processus d’embauche.

Pour les candidats, il est vital de s’adapter aux nouvelles normes des systèmes de recrutement automatisés. Recourir aux outils d’IA pour se préparer aux entretiens et améliorer son CV peut faciliter le passage des premiers filtres. Des applications comme Teal fournissent des modèles de CV conçus pour les ATS. Cela augmente les chances de réussite.

https://twitter.com/vivianmshen/status/1783882489221783702

Le réseautage demeure un atout précieux face à l’IA. En tissant des relations avec des professionnels du secteur, les candidats peuvent accéder au marché caché de l’emploi. Les recommandations personnelles peuvent faire la différence en contournant les filtres automatisés. Tester des approches innovantes, comme l’envoi de candidatures non sollicitées, peut également offrir un avantage concurrentiel.

Conserver l’humain au centre du recrutement

Bien que l’IA présente de nombreux avantages, il est crucial d’assurer un processus juste et inclusif. Les entreprises doivent trouver un équilibre entre l’efficacité de l’IA et l’intervention humaine pour éviter les discriminations. D’ici 2025, il sera primordial de veiller à ce que la technologie et l’éthique avancent conjointement. Ceci afin de maintenir l’équité dans le recrutement et d’offrir à chaque candidat des chances équitables d’être retenu.

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Dites adieu aux CV ordinaires et élaborez le vôtre avec l’IA Générative pour vous démarquer !

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Dites adieu aux CV ordinaires et élaborez le vôtre avec l’IA Générative pour vous démarquer !

Comment tirer parti de l’IA générative pour élaborer votre CV et augmenter vos chances de succès ? Voici quelques conseils simples et efficaces que vous pourrez mettre en pratique !

Tout le monde s’accorde à le dire, trouver un emploi peut parfois s’avérer être un réel défi, notamment si vous vous aventurez dans un secteur très concurrentiel. Donc, si vous souhaitez maximiser vos chances, n’hésitez pas à utiliser l’IA générative pour concevoir un CV qui saura intéresser le recruteur. Cependant, pour que cela fonctionne, il est essentiel de maîtriser les techniques pour créer un CV qui se démarque réellement. À l’inverse, vous pourriez vous retrouver avec un document banal, ce qui diminuerait vos chances d’être contacté. Voici donc sans tarder les étapes à suivre pour un CV percutant grâce à l’IA générative !

1-    Faites appel à l’IA générative pour décortiquer les offres d’emploi

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Pour élaborer votre CV avec l’IA générative, je vous recommande d’exploiter cet outil afin de décrypter les exigences des offres d’emploi auxquelles vous aspirez. Pour ce faire, il vous suffit de copier-coller la description du poste dans un logiciel d’IA pour en extraire les compétences et termes clés. Par la suite, utilisez l’IA pour saisir et analyser la culture de chaque entreprise. Gardez à l’esprit que le générateur d’IA que vous employez vous donnera l’occasion de comprendre les valeurs et l’environnement professionnel de l’entreprise.

2-    Élaborez le CV sur une base solide

Une fois que vous avez dégagé les valeurs de l’entreprise où vous envisagez de postuler, vous pouvez à présent élaborer un CV personnalisé. Expérimentez avec différentes requêtes pour peaufiner le contenu. Rectifiez les erreurs éventuelles produites par l’IA. Gardez à l’esprit que plus vos requêtes sont précises, meilleurs seront les résultats obtenus. Pour les prompts, utilisez cette liste :

– « Rédige un CV pour un poste de [TITRE] basé sur cette description. »
– « Écris un CV pour le poste de [TITRE] chez [ENTREPRISE] en tenant compte de mes expériences [DÉCRIRE EXPÉRIENCE]. »

3- Améliorez le CV généré en ayant recours à des prompts efficaces

<pVotre outil d’IA générative vous a désormais fourni un CV que vous pouvez optimiser. Par exemple, vous pouvez utiliser ces prompts :

– « Modifie ce CV pour le poste de [TITRE] chez [ENTREPRISE]. »
– « Identifie les compétences clés à mettre en avant dans mon CV. »

Avec l’IA générative, élaborer un CV remarquable devient un véritable jeu d’enfants. En suivant ces étapes, vous serez en mesure de produire un CV sur mesure qui vous distingue des autres. En plus du CV, sachez que le réseautage et la préparation aux entretiens sont également cruciaux pour réussir votre quête d’emploi. Je vous souhaite donc bonne chance !

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Dans le Nord, le récit des travailleuses sacrifiées de Camaïeu

CULTURE

Dans le Nord, le récit des travailleuses sacrifiées de Camaïeu

Roubaix, Nord (59) – Cela fait déjà deux ans que les machines de l’entrepôt de la marque de vêtements Camaïeu, située sur l’avenue Jules Brame, ne résonnent plus. La vaste allée de platanes, autrefois empruntée par les ouvriers pour se rendre au parking, est aujourd’hui oubliée et encombrée de déchets emportés par le vent. Les stocks et les murs ont été cédés à bas prix aux opportunistes tandis que « les employés se retrouvent en difficulté », déplore Sophie (1), les yeux plissés par le vent. Elle a consacré plus de trois ans de sa vie à cette usine textile, recevant la marchandise avant de l’expédier vers les magasins à travers la France. Mais le fleuron roubaisien de la mode féminine, qu’elle a tant chérie, est désormais disparu:

« Ce ne sont pas seulement 2.600 employés qu’ils ont licenciés, mais aussi toutes leurs familles. »

Derrière elle, son compagnon Christophe (1) l’écoute sans l’interrompre. « Pourquoi ressasser le passé ? Mon destin est déjà scellé », semble indiquer son visage triste. Le quinquagénaire laisse sa femme narrer à sa place son parcours en tant qu’employé logistique dans le quartier des Trois-Ponts à Roubaix, son licenciement inattendu en septembre 2022 et, depuis, les multiples rendez-vous à France Travail, où se multiplient les entretiens d’embauche infructueux :

« Nous sommes désormais deux au chômage. Ils ont plongé mon mari dans la galère et nos enfants aussi. »

Les heures de gloire des usines textiles de Roubaix semblent révolues. La Redoute, les 3 Suisses, Damart, et Phildar font partie de ces marques de prêt-à-porter emblématiques de la région. Aujourd’hui, les célèbres « mille cheminées » des manufactures ne fument plus et les enseignes en lettres capitales disparaissent peu à peu des façades de briques rouges. La liquidation judiciaire de Camaïeu marque la fin d’une ère. Les ouvrières – pour la plupart des femmes attirées par cette marque qui leur ressemblait – estiment que cette chute a été précipitée par les manigances irresponsables d’un seul actionnaire : Michel Ohayon, l’ex-propriétaire de l’enseigne, classé 104ème fortune de France en 2022. « Nous étions ses petits playmobils. Le jour où il ne souhaitait plus jouer, il s’est débarrassé de nous pour passer à une autre marque », s’insurge Cathy (1), l’une des leaders de la contestation qui a amené le milliardaire devant les prud’hommes.

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La liquidation judiciaire de Camaïeu marque la fin d’une ère. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

« Une faillite orchestrée »

« J’espère que chacun d’entre nous réussira à retrouver un travail dans lequel il se sentira bien. Car pour nous, la retraite, ce n’est pas encore pour maintenant », écrit une ancienne employée dans le groupe Facebook « des anciens de Camaïeu ». Ce groupe réunit environ 800 salariés nostalgiques. Depuis la fermeture, les messages de soutien affluent, accompagnés d’offres d’emploi et de conseils juridiques dénichés sur Internet. Cathy a quant à elle transformé son appartement en permanence administrative pour ses collègues aux prises avec les nombreuses démarches suite à leurs licenciements : demandes d’aides au reclassement, inscriptions aux formations et contrats de sécurisation professionnelle, calcul des indemnités… « Pour ma part, je me suis vite relevée. J’avais l’intérim dans le sang. Mais les plus expérimentés ont eu plus de mal à tourner la page », explique la syndicaliste de 40 ans, tirant distraitement sur sa cigarette électronique :

« Certains avaient 30 ans de boîte et ne savaient plus comment rédiger un CV ou une lettre de motivation. »

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Aujourd’hui, les célèbres « mille cheminées » des manufactures ne fument plus et les lettres capitales des enseignes ont disparu des façades de briques rouges. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

Cette solidarité a débuté bien plus tôt, se remémore Louisa, une autre ancienne de l’usine Camaïeu. « Nous avons tenu deux mois ensemble devant le siège après l’annonce de la liquidation en 2022. Ceux qui se sont retrouvés seuls chez eux ont sombré dans la dépression. » La sexagénaire a été licenciée après 28 années de service. « Un soir, un ancien collègue m’a même appelés pour dire qu’il envisageait de mettre fin à ses jours », s’émeut-elle.

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Plus de la moitié des ouvriers licenciés en 2022 n’auraient pas retrouvé d’emploi. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA

Un plan de sauvegarde de l’emploi a été mis en place lors de la fermeture de l’enseigne. Une procédure légale, à la charge des mandataires judiciaires, pour éviter de laisser des centaines d’ouvriers sur le carreau. « Dans ce plan, ils souhaitaient absolument me former aux métiers de l’aide à domicile ou de la main-d’œuvre. Ils ne pensaient pas un instant que je pourrais vouloir faire autre chose », se souvient Louisa avec amertume, qui a finalement réussi à obtenir une formation dans le domaine administratif. « Les postes pour le reclassement étaient situés à Toulouse (31), Bordeaux (33), Paris (75) ou Lyon (69) », ajoute Cathy, qui a rejeté les diverses offres qu’elle considère déconnectées de la réalité :

« On nous a demandé de tout quitter pour devenir femmes de ménage ou serveuses dans les hôtels d’Ohayon. »

Elle a finalement décroché un emploi de caissière dans la grande distribution de la ville. Selon la syndicaliste, plus de la moitié des employés licenciés en 2022 n’ont pas retrouvé d’emploi depuis.

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Cela fait déjà deux ans que les machines de l’entrepôt de la marque de vêtements Camaïeu ne résonnent plus. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA

Made in Roubaix

1993. Louisa enchaîne plusieurs petits boulots précaires lorsque son grand-frère lui suggère de tenter sa chance chez Camaïeu. Née en 1984, l’entreprise locale est alors en pleine expansion. « La marque ouvrait sans cesse de nouveaux magasins et jouissait d’une excellente réputation. J’habitais à proximité de l’entreprise, c’était idéal », se remémore l’ancienne employée. Embauchée dès son premier entretien, elle garde de sa carrière les plus beaux souvenirs :

« Nous étions tous solidaires et sur un même pied d’égalité. Quand de nouvelles personnes arrivaient, nous faisions tout pour les accueillir. »

Jean-Pierre Torck, PDG de l’époque, mise sur le circuit court pour contrer les délocalisations, devenues monnaie courante dans le domaine textile. Il résume sa stratégie avec la formule « 80 % de la production dans un périmètre de 300 km autour de Roubaix » – soutenu par les subventions de la municipalité et de la préfecture du Nord. L’homme d’affaires fonde Camaïeu avec trois autres dirigeants de l’empire Mulliez, une famille influente dans le Nord qui possédait déjà plus d’une centaine de magasins Auchan à l’époque. Les quatre jeunes entrepreneurs des années suivant la récession souhaitaient également profiter de la success-story roubaisienne et entendaient « relancer une nouvelle industrie textile » en s’adressant aux femmes de la classe moyenne. Une collection tendance mais accessible, promettant à la clientèle de se vêtir de la tête aux pieds. « Le vrai bonheur est fait de petits bonheurs », résume leur slogan.

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En 2008, la marque ouvre 116 nouveaux magasins et enregistre un chiffre d’affaire de 709 millions d’euros. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA

Les jours heureux

Le concept fonctionne et Camaïeu connaît son heure de gloire. Rien qu’en 2008, la marque ouvre 116 nouveaux magasins et affiche un chiffre d’affaires de 709 millions d’euros. C’est durant cette période de succès que Cathy rejoint avec fierté la « famille Camaïeu », devenue une icône du prêt-à-porter féminin en Europe. Après un divorce difficile et de nombreuses missions intérimaires, elle signe son premier CDI en tant qu’employée logistique. Avec les 200 salariés de Roubaix, elle est chargée de réceptionner les marchandises, d’emballer les vêtements, de les étiqueter, avant de les envoyer aux magasins. « Je ne souhaitais pas porter des charges jusqu’à ma retraite, mais j’ai rapidement compris que mon poste n’était pas figé. Il n’y avait aucune limite si l’on souhaitait s’investir », se souvient-elle, charmée par cette organisation du travail fondée sur la participation des ouvriers.

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Jean-Pierre Torck a fondé Camaïeu avec trois autres cadres de l’empire Mulliez. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

Le début du nouveau millénaire coïncide avec la montée de l’e-commerce. Les dirigeants manquent le coche et le marché est grignoté par Primark, Zalando et d’autres précurseurs de la vente en ligne. Camaïeu accumule les dettes aussi vite que les conditions de travail de ses employés se détériorent. « Lors de chaque réunion mensuelle, nous étions traités comme des lapins de six semaines : un directeur nous assénait des informations tirées du JT pour expliquer les soucis de l’entreprise, avant de nous rassurer », s’énerve encore Cathy :

« Nous aurions pu sauver notre peau en cherchant du travail ailleurs. Mais ils nous ont laissés poireauter jusqu’à la dernière minute. »

En 2012, une grève éclate au siège de Roubaix. Les employés logistiques, souvent obligés de recourir aux compléments RSA pour atteindre le SMIC, exigent une augmentation de salaire. Ils sont soutenus par Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, qui dénonce alors « des prédateurs qui s’enrichissent au détriment de la misère des autres ». Le député fait référence aux 23 millions d’euros de stock-options attribuées en 2008 à l’ancien PDG sortant, Jean-François Duprez. Les salariés obtiennent enfin satisfaction, mais les exigences de rendement demeurent croissantes et la gestion devient agressive. Cathy évoque « des méthodes militaires » :

« Alors, nous mettions ces managers aux machines, les laissions patauger et nous leur demandions : “Alors, c’est qui les patrons maintenant ?” Les terminators, c’est nous qui les avons mis à genoux. »

La combattante se souvient des noms donnés aux anciennes machines de l’entrepôt : Océane, Corail, Calypso, Atlantis… Elle avait même la responsabilité de leur entretien parfois. Pour réaliser des économies, les budgets de maintenance avaient été supprimés…

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Le début du nouveau millénaire correspond à l’essor du e-commerce. Les dirigeants voient leur marché grignoté par la vente en ligne. Camaïeu s’endette, les conditions de travail des ouvriers se détériorent. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA et archives municipales de Roubaix.

2016, Camaïeu cumule une dette d’un milliard d’euros. En 2018, l’entreprise est mise sous sauvegarde par le tribunal du commerce et un mandataire judiciaire est désigné. L’entreprise parvient tout de même à tenir le coup, et les actionnaires continuent à investir, parfois de manière hasardeuse. Camaïeu maintient son image face aux tempêtes : elle est élue en 2017 et 2018 « enseigne de vêtements préférée des Françaises », puis « meilleure chaîne de magasins de la catégorie Mode Femmes ». Les ouvriers de Roubaix refusent de croire en l’effondrement et s’accrochent. « Personne ne s’imaginait que cela puisse vraiment se produire. Jusqu’au bout, les collègues étaient dans le déni », se désole Louisa.

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Née en 1984, l’entreprise Camaïeu est à ses débuts en plein essor. /

La chute

En mai 2020, Camaïeu est placé en redressement judiciaire : 450 employés sont licenciés, parfois privés d’indemnités pendant plusieurs mois. Au tribunal du commerce, le patron Ohayon se manifeste. Il assure qu’il embauchera tous les salariés et investira 84 millions d’euros pour sauver l’enseigne. Le juge le sélectionne pour le rachat. Un nouvel espoir germe chez les ouvriers. « Au début, nous souhaitions lui accorder notre confiance, il avait mille projets. Et puis, nous avons commencé à ressentir que quelque chose n’allait pas », se remémore Cathy. Louisa ajoute :

« Dès la première réunion, il nous assénait de grands discours. Nous le surnommions : “La vérité si je mens”. »

Le prêt de l’État qu’Ohayon espérait pour relancer l’activité lui est refusé, et les factures continuent à s’accumuler. L’entreprise tente un ultime coup de com’ début 2022 avec une campagne en ligne représentant des femmes victimes de violences conjugales. Accusée de « glamouriser les violences », le bad buzz est immédiat.

La pandémie de Covid-19 aggrave la situation, comme partout ailleurs : jugés comme secteur non essentiel, les 511 magasins du réseau ferment durant le premier confinement. Cependant, les ouvriers de Roubaix ne cessent de lutter, raconte Cathy :

« Dès que nous avons eu la permission de reprendre le travail sur une base volontaire pendant le confinement, nous sommes retournés à l’entrepôt avec des visières et des masques. Nous faisions des journées de 10 heures non-stop. Nous ne voulions pas couler ! »

De son côté, Thierry Siwik, délégué CGT de Camaïeu, tente de solliciter de l’aide auprès du ministre du Travail de l’époque, Roland Lescure. En vain. « Nous avons même présenté un projet de sauvetage de la société avec de nouveaux fonds. Nous avons mis 30 millions sur la table qui auraient pu préserver 1.800 emplois. Ils ont refusé d’en entendre parler », soupire le syndicaliste, qui dénonce une « faillite orchestrée par les actionnaires ». Le 28 septembre 2022, l’alarme retentit. Ohayon fait son apparition au tribunal du commerce avec un plan de continuité bâclé sur une feuille A4. L’entreprise est placée en liquidation judiciaire et les 2.600 employés sont licenciés sur le champ. « On nous a laissé une demi-heure pour vider nos vestiaires. Je n’oublierai jamais les cris de désespoir de mes collègues », s’attriste Louisa.

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Le patron Sébastien Bismuth a acquis la marque pour une bouchée de pain. 11 nouveaux magasins consacrés aux collections femmes ouvrent sous une nouvelle identité : « Be Camaïeu ». /
Crédits : Archives municipales de Roubaix et Jeremie Rochas

« Un Phoenix ne renaît pas de ses cendres »

« Camaïeu va rouvrir ses portes. Un symbole de la France, quoi ! Ils visent à devenir une marque cool, créative, inclusive et surtout moderne », s’enthousiasme Léna Situation dans une vidéo sponsorisée. L’influenceuse aux 4,7 millions d’abonnés sur Instagram a été engagée par le groupe Célio, tout récent propriétaire de Camaïeu, pour annoncer la résurrection de la marque. Le patron Sébastien Bismuth a acquis la marque à bas prix, récupérant les murs et tout le reste. 11 nouveaux magasins dédiés aux collections féminines ouvrent sous une nouvelle identité : « Be Camaïeu ». Mais les centaines d’ouvrières remerciées en 2022 ne font pas partie de l’aventure. Bien que quelques postes aient été proposés dans le nouveau magasin du centre commercial de Lille (59) inauguré fin août, les recruteurs ont rapidement été recalés. « Camaïeu est mort en 2022 avec ses 2.600 salariés, laissez-nous tranquilles », rugit Cathy :

«Aujourd’hui, aucune d’entre nous ne souhaite postuler. Ce sont les valeurs de Camaïeu qui nous attiraient et elles ont disparu. »

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Des ouvrières licenciées de Camaïeu racontent la lente mort de la marque, jusqu’à sa résurrection sous la bannière de Célio… sans elles. /

Les anciennes ouvrières ont intenté plusieurs recours aux Prud’hommes pour licenciement abusif. Au tribunal de Roubaix, un petit groupe d’anciens salariés de l’entrepôt est rassemblé derrière Maître Fiodor Rilov, avocat renommé des laissés-pour-compte par les multinationales. Fidèle à son poste, il fait résonner sa voix rauque dans la petite salle d’audience des Prud’hommes :

« Nous sommes là pour faire payer les responsables de cette catastrophe sociale ! »

En février dernier, Cathy et Louisa ont également déposé plainte contre Michel Ohayon pour « abus de biens sociaux », avec 200 autres anciens employés de Camaïeu. Le propriétaire de la holding Financière immobilière bordelaise, qui regroupe plus de 150 sociétés, est accusé d’« un certain nombre d’opérations opaques, anormales et injustifiées » et d’« agissements fautifs », considérés comme « la cause première et déterminante de la faillite de l’entreprise ». En septembre 2021, un trou de 26 millions d’euros dans les comptes de la société avait été mis au jour. « Nous avons compris qu’il utilisait notre travail pour régler les factures de ses autres sociétés pendant que nous travaillions d’arrache-pied pour sauver la boîte », fulmine Cathy. Contactée par StreetPress, la société de Michel Ohayon n’a pas répondu à nos questions. Elle lutte néanmoins pour faire renvoyer l’affaire. Une situation éprouvante pour les ouvrières. Mais Cathy, pleine de détermination, ne compte rien laisser passer :

« Même si ça dure 15 ans, je serai toujours présente. Et si nous perdons, nous lui aurons au moins fait payer les frais d’avocats. »

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Les anciennes ouvrières ont engagé plusieurs recours aux Prud’hommes pour licenciement abusif. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

Les prénoms ont été modifiés.

Illustration de Une de Timothée Moreau.

Au tribunal des collaborateurs du RN, Louis Aliot en grande peine

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Au tribunal des collaborateurs du RN, Louis Aliot en grande peine

Après avoir entendu son impressionnant parcours, on pouvait s’attendre à ce que Louis Aliot offre une performance de grande envergure, ce mardi 29 octobre, devant la 11e chambre correctionnelle de Paris. Âgé de 55 ans, cet homme d’apparence robuste, titulaire d’un doctorat en droit public, a été tour à tour universitaire et avocat. Il a occupé des postes de premier plan au sein de son parti – le Front national (FN) devenu Rassemblement national (RN) – et a exercé presque tous les mandats électifs imaginables en politique (conseiller municipal, conseiller régional, maire, député et député européen).