La Chine va rencontrer des difficultés à se défaire du dollar.
La concurrence actuelle entre les États-Unis et la Chine ne se limite pas à la technologie, elle englobe aussi le domaine financier. L’Empire du Milieu adopte une approche progressive pour internationaliser sa monnaie, visant à en faire, à terme, un concurrent sérieux au dollar.
Cependant, la finance chinoise dépend encore considérablement aujourd’hui de l’accès à la devise américaine. Selon une récente analyse de Robert Greene, chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, cette tendance est loin d’être sur le point de changer.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a suscité de nombreuses sanctions économiques, notamment le gel des réserves du pays. Vladimir Poutine avait pourtant anticipé cette situation en diminuant la proportion de la monnaie américaine dans les réserves officielles. Néanmoins, début 2024, on estimait que près de 350 milliards de dollars de réserves russes étaient gelés, dont 65 milliards de devises américaines.
Si la Banque centrale de Chine devait entamer un processus similaire de désengagement de ses réserves officielles en dollars, elle serait confrontée à des défis bien plus conséquents : alors que la Russie possédait 125 milliards de réserves en dollars en 2019, la Chine en détenait 1 900 milliards à la fin 2023, soit quinze fois plus. Remplacer de tels montants n’est pas une mince affaire.
Diversification complexe
Il est vrai que la détention de bons du Trésor américain par la Chine est en déclin. Cependant, en septembre dernier, le pays en possédait encore pour 772 milliards, demeurant le deuxième créancier international de la dette publique américaine, juste derrière le Japon.
De plus, comme le souligne Robert Greene, ces données officielles ne tiennent pas compte des réserves en dollars que la Banque centrale chinoise détient en dehors des États-Unis, que ce soit en Europe ou dans des centres financiers offshore, ni l’acquisition de dette d’entreprises publiques américaines.
Enfin, l’ambition de diversification des réserves officielles chinoises se heurte à une contrainte structurelle : il n’existe pas d’alternative solide au dollar. L’euro et le yen ne présentent pas de marchés aussi vastes et liquides que ceux du dollar.
Un système financier lié au dollar
L’intérêt de l’étude réside dans le fait qu’au-delà de la Banque centrale chinoise, une grande partie du système financier du pays est connectée au dollar. Les banques locales sont les plus importantes au monde en termes d’actifs. Elles se financent majoritairement en dollars pour mener à bien leurs activités internationales et, ces dernières années, elles ont souvent dû faire face à un niveau de dettes supérieur à celui de leurs actifs en dollars. Beaucoup des financements liés au projet de nouvelles routes de la soie ont été effectués en dollars, rappelle Robert Greene.
De plus, des fonds d’investissement non américains opérant en dollars jouent un rôle quant à la finance de startups chinoises qui alignent avec l’objectif du gouvernement de promouvoir des technologies avancées. Les données révèlent également qu’entre 2018 et 2023, entre 20 % et 50 % des fonds de capital-risque en Chine ont été cotés sur les marchés américains.
Les autorités chinoises ont signalé aux entreprises qu’il serait préférable, à l’avenir, de privilégier des introductions en Bourse en dehors des États-Unis, notamment à Hong Kong. Mais sur le marché boursier de cette île, les transactions sont réalisées en dollar de Hong Kong. Il est à noter que cette devise locale est liée par un taux de change fixe à la monnaie américaine. Comme le met en lumière une étude de la Banque de France, « Hong Kong reste un maillon clé pour l’intégration financière internationale de la Chine », suggérant que ce lien de dépendance entre la monnaie locale et le dollar américain est destiné à perdurer.
De plus, la région administrative spéciale dispose d’un système local pour le règlement de transactions en dollar, le CHAT (Clearing House Automated Transfer System), auquel sont connectés environ trente établissements financiers de Chine continentale et qui gère des transactions mensuelles totalisant 2 000 milliards. Il est difficile de renoncer à cette autoroute de flux de capitaux.
La Chine a certes établi de nouvelles routes financières surtout avec des pays émergents, pour faciliter les transactions internationales en renminbi. Ces opérations de capitaux englobent aujourd’hui environ 1 400 établissements financiers qui doivent passer par un peu plus de 150 grandes institutions appartenant à des groupes financiers dont certaines filiales sont fortement intégrées au système financier américain.
Bien que la part du dollar dans les flux de capitaux internationaux de la Chine ait considérablement diminué et soit désormais surpassée par la monnaie chinoise, cela est davantage dû aux achats par des acteurs économiques en Chine continentale de titres financiers en renminbi à Hong Kong.
Quoi qu’il en soit, le système bancaire et financier chinois se révèle étroitement lié à son homologue américain. Une rupture brutale de ce lien engendrerait des conséquences significatives sur le fonctionnement de l’économie réelle. Étant donné l’ampleur des transactions en jeu, une rupture progressive prendrait des décennies.
Face à l’absence d’une devise clé alternative au dollar, le seul moyen pour la monnaie chinoise de gagner en puissance réside dans sa capacité à persuader le reste du monde de l’adopter de manière plus significative. Cela reste encore un chemin long à parcourir aujourd’hui.
Dans l’attente à la sous-préfecture, « nous sommes aiguillés vers le marché noir »
Sous-préfecture de Saint-Denis (93) – « Laissez-moi passer ! » Sous son voile rose délicat, Samah, 42 ans, gesticule, anxieuse et en colère, à travers les grandes grilles bleues de la sous-préfecture. L’Algérienne appelle les agents de sécurité. « Mon contrat a été interrompu ! » Cela fait 20 ans qu’elle réside en France. Cadre en management depuis 17 ans, mère de trois enfants, sa vie bien ordonnée est soudainement chamboulée par la difficulté de renouveler son titre de séjour. Ce processus, qui devrait être une simple formalité, doit être effectué tous les 10 ans. Elle a passé presque toute sa semaine à attendre devant l’énorme bâtiment de Seine-Saint-Denis, espérant régulariser rapidement sa situation. « Pas de rendez-vous, pas d’entrée ! », lui lance, de manière agressive, un des agents de sécurité. Depuis 2021, les prises de rendez-vous sont obligatoirement faites en ligne, via la plateforme Administration numérique pour les étrangers en France (ANEF). Samah s’écrie :
« Sauf qu’il n’y a pas de rendez-vous disponibles ! »
Chaque jour, qu’il pleuve ou qu’il vente, des centaines de personnes se massent devant la préfecture pour finaliser ou renouveler leur titre de séjour. Depuis la dématérialisation des démarches, la prise de rendez-vous est pratiquement impossible. Ainsi, l’administration laisse entrer quelques chanceux sans rendez-vous à très petite dose. « Une trentaine », selon l’un des agents de sécurité. Certains sont accompagnés de leurs bébés, d’autres prennent des jours de congé ou s’organisent pour se libérer. Beaucoup, désespérés, pleurent, fulminent et s’inquiètent. Carrière, mariage, enfants, et parfois même petits-enfants, toute leur existence en France dépend de ce précieux document administratif.
Chaque jour, des centaines de personnes s’agglutinent devant la préfecture. /
Crédits : Elisa Verbeke
Cette année, environ 50 % des personnes en attente de régularisation ont vu leurs droits à la Caf, à France Travail et/ou à l’emploi annulés en raison de l’impossibilité d’obtenir des rendez-vous en raison des dysfonctionnements de la plateforme ANEF, selon une récente étude de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) sur 485 participants. Si leurs documents ne sont pas renouvelés à temps, ces personnes risquent une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).
« Tellement de gens se retrouvent avec des dettes »
« Il faut passer par ce portail de l’ANEF. Je les appelle tous les jours depuis deux mois. » Fazou, 30 ans, explose. « À chaque fois, un message automatique me demande de patienter ! » Les larmes lui montent aux yeux tandis qu’elle raconte la suspension de son contrat le 13 octobre dernier. Pourtant, elle a effectué toutes les démarches requises. Mais rien n’avance. À sa droite, sous sa grande paire de lunettes de soleil, Jacqueline se fâche. C’est sa cinquième visite cette semaine. Son dossier est bloqué en Normandie et, depuis un an, elle ne peut pas renouveler ses documents sans rendez-vous. Cette quadragénaire a travaillé pendant plus de 15 ans dans une grande chaîne d’hôtels à Caen, insiste-t-elle. La Camerounaise reçoit l’allocation aux adultes handicapés (AAH) en raison de graves infections pulmonaires qui ont failli lui coûter la vie :
« C’est ce travail qui m’a détruite. J’ai besoin de mes papiers pour mes médicaments, mes médecins et l’AAH. »
Depuis 2022, les demandes liées aux droits des étrangers et aux dysfonctionnements de l’ANEF sont la principale raison de saisine du Défenseur des droits. Cette année-là, plusieurs associations ont interpellé le Conseil d’État face aux difficultés rencontrées par les usagers. En réponse, un arrêté a été adopté pour que les préfectures instaurent de nouveaux dispositifs d’accompagnement. Deux outils dématérialisés ont été créés : le Centre de contact citoyen, qui propose notamment une aide par téléphone, et le Point d’accès numérique – accessible uniquement si le Centre de contact citoyen n’a pas pu aider –, où un agent assiste les usagers dans leurs démarches en ligne et la constitution de leurs dossiers. 82 % des personnes ayant utilisé ces dispositifs n’ont reçu « aucune aide concrète ». Si ces deux recours n’ont pas suffi, les exilés ont désormais le droit de déposer leur dossier physique à la préfecture ou dans une boîte postale. Cependant, l’enquête de la FAS révèle que la plupart des préfectures « n’ont pas respecté leur obligation d’accès aux guichets », ce qui a eu de lourdes conséquences sur les droits des personnes étrangères.
Un collectif de riverains organise des permanences devant la sous-préfecture. /
Crédits : Elisa Verbeke
« C’est ainsi que de nombreuses personnes se retrouvent avec des dettes ! Ils perdent leur job et leur salaire », s’écrie Diangou Traore. La Dionysienne a récemment aidé à la formation d’un collectif de riverains qui organise tous les vendredis (et parfois d’autres jours) des « piquets de veille ». Ces permanences – avec café, thé et brioche devant la sous-préfecture – offrent un soutien juridique, administratif et moral aux personnes dans des situations similaires à celles de Samah, Fazou ou Jacqueline. Diangou Traore a découvert cet été l’angoisse à la sous-préfecture en aidant un voisin à renouveler son titre de séjour :
« J’étais vraiment choquée : les deux trottoirs de la rue étaient remplis de monde. Des gens venaient avec des seaux pour s’asseoir, ils pleuraient, coincés là car ils ne parvenaient pas à obtenir un rendez-vous. »
Violences administratives
La bruine matinale d’octobre contraste avec le manteau rouge de Madame Diallo, assise à côté de Samah, sur le muret de la sous-préfecture. À 67 ans, son visage fin est à peine ridé. Après 30 ans en France à travailler comme femme de ménage dans des collèges, elle aspire à retourner un peu au Mali et honorer la mémoire de sa mère récemment disparue. Toutefois, son titre de séjour de 10 ans expire le mois prochain. Partir représente le risque de ne pas pouvoir revenir. La préfecture l’a récemment sollicitée par l’envoi d’un SMS contenant un lien sur son téléphone à clavier qui ne dispose pas d’accès à Internet : « Merci de prendre rendez-vous sur le site de la préfecture. » Lorsqu’elle parvient à se connecter, elle se retrouve sur une page qui affiche constamment « aucun créneau disponible ». Devant elle, Mehmet hoche la tête comme pour indiquer son assentiment. À 63 ans, l’ancien chauffeur de taxi est lui en retraite anticipée. Il perd la vue et va bientôt être aveugle. « La dématérialisation est très compliquée pour les personnes âgées, malades, qui ne savent ni lire ni écrire ou qui n’ont pas accès à Internet », souffle une riveraine retraitée participant au piquet de veille aujourd’hui.
Il est très difficile d’obtenir un rendez-vous à la sous-préfecture. /
Crédits : Elisa Verbeke
À ces journées kafkaïennes s’ajoute le comportement méprisant des agents de sécurité, qui servent de filtre entre la foule et l’administration. « Ils traitent les gens comme des animaux ! », s’indigne Linda, 52 ans, en France depuis l’âge de 24 ans. Écartée brutalement par un agent, elle est aux prises avec les larmes. L’assistante maternelle pousse une poussette avec à son bord un enfant blond aux yeux bleus. « Je suis forcée d’amener mon travail ici ! », proteste-t-elle. Elle attend son titre de séjour depuis six mois. Elle a même dû annuler ses vacances en famille :
« Personne ne te traite bien. Un homme diabétique est tombé la dernière fois. Les pompiers ont été appelés, mais ils s’en fichent. »
Marché noir et arnaques
Pour maximiser leurs chances, certains plus rusés trouvent des solutions astucieuses en établissant, par exemple, leur domiciliation dans d’autres régions. Le bouche-à-oreille laisse entendre que les démarches y seraient plus rapides. « Vous vous rendez compte jusqu’où on est prêts à aller juste pour trouver du travail ? », fulmine Diangou Traore. Selon elle, le problème des rendez-vous toucherait toutes les préfectures du pays. Sur son compte TikTok, où elle partage ses actions à Saint-Denis, « les commentaires de personnes vivant des situations semblables proviennent de partout ».
Mamadou, cuisinier à Paris depuis 2011, s’est orienté vers l’achat de rendez-vous sur le marché noir. D’après les témoignages recueillis par StreetPress, le prix varie entre 150 et 800 euros dans les taxiphones, ces petits commerces de téléphonie où se vendent des cartes prépayées. Il a déboursé 250 euros pour le sien dans le 18e arrondissement : « Je n’ai pas le choix, sinon je ne peux plus travailler. » Monsieur Sow, chauffeur de VTC, envisage cette option : « Cela fait un an que je passe mes journées à rafraîchir la page des rendez-vous, sans succès. La prochaine fois, j’en achèterai un ! » C’en est trop pour lui :
« C’est eux qui nous poussent vers le marché noir ! »
L’administration serait en connaissance de cause, selon un article du Parisien de 2019. L’ancien préfet de Seine-Saint-Denis, Pierre-André Durand, y expliquait que ce serait « un système, soit géré par des robots, soit par des petites mains, qui prennent des rendez-vous pour les revendre ». (1)
Les dysfonctionnements liés à la dématérialisation sont également profitables aux escrocs. Sur TikTok, il suffit de commenter une vidéo sur le sujet pour être contacté par des comptes tels que « Préfecture du 69 » ou « Rendez-vous Préfecture ». Mehmet, l’ancien chauffeur de taxi menacé par la cécité, a failli tomber dans le piège. Un jour, après avoir posté dans un groupe Facebook dédié, il reçoit un message en privé lui proposant de prendre rendez-vous à la préfecture. En appelant, on lui demande 400 euros. Il se rend vite compte de la supercherie et raconte l’anecdote en riant :
« J’ai immédiatement compris que c’était une arnaque : la préfecture ne répond jamais au téléphone aussi rapidement. »
Tous les prénoms des personnes en voie de régularisation ont été modifiés.
(1) Contacté, le sous-préfet de Saint-Denis Vincent Lagoguey n’a pas répondu à nos demandes d’informations.
Illustration de Une de Léa Taillefert.
Sénégal : le récit de la Casamance à l’ombre de la lutte électorale
EnEn Afrique tout comme en Europe, les livres d’histoire n’atteignent que rarement les unes des journaux. Cependant, c’est ce qui s’est produit en octobre avec l’ouvrage d’une historienne française, Séverine Awenengo Dalberto, L’Idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal, fraîchement publié par l’éditeur Karthala.
L’assistance au développement mise en péril par sa financiarisation
Les allocations de développement destinées aux nations les plus démunies répondent-elles réellement à leurs attentes ? Un récent rapport annuel de l’OCDE propose une réponse nuancée à cette question majeure.
En particulier concernant l’aide multilatérale, qui, contrairement à l’aide bilatérale (d’État à État), transite essentiellement par les Nations unies ou diverses banques de développement – la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou celles des Brics – chargées de les acheminer vers les pays bénéficiaires. Cette modalité d’aide représente les deux tiers du soutien au développement.
Malgré une augmentation des besoins, notamment face au changement climatique, trois tendances récentes remettent en question la capacité des donateurs à s’acquitter de leurs responsabilités auprès des pays en développement.
Augmentation des financements, mais insuffisants
La première tendance est celle de la financiarisation de l’aide, favorisée par diverses réformes des modalités de financement des banques de développement mises en place depuis 2021. En raison de la stabilité des apports des pays donateurs, les banques se voient désormais encouragées à « faire plus avec des ressources financières similaires, voire moindres ».
En d’autres termes : elles ont désormais la possibilité de prêter plus avec le même montant de capital, augmentant ainsi leur « effet de levier ». Cela peut atteindre jusqu’à 30 %, permettant de générer 400 milliards de dollars d’ici 2032. Bien que ce soit une augmentation significative, elle reste inférieure aux fonds nécessaires pour réaliser les objectifs de développement durable, qui sont estimés à 750 milliards de dollars d’ici 2030.
De plus, cette financiarisation se traduit par un accroissement des prêts non concessionnels. Cela signifie qu’ils deviennent plus onéreux pour les bénéficiaires, afin d’assurer le retour sur investissement nécessaire pour ces opérations qualifiées « d’optimisation de bilan ».
« Ce problème est particulièrement préoccupant compte tenu des risques accrus associés à l’endettement des pays en développement », souligne le rapport de l’OCDE. Cela est particulièrement vrai en Afrique.
« Cette financiarisation pourrait négliger certains secteurs comme l’éducation ou le social, tout en favorisant celui des infrastructures », illustre Olivier Cattanéo, l’un des auteurs.
Bien que la financiarisation du système « a permis d’accroître la capacité de financement des banques multilatérales de développement », reconnaît l’OCDE, celle-ci « ne sera pas suffisante pour mettre en œuvre des mandats multilatéraux élargis englobant notamment la lutte contre le changement climatique, tout en maintenant les actions dans les domaines essentiels comme la réduction de la pauvreté ».
En d’autres termes, cela ne sera pas réalisable sans une augmentation parallèlement des contributions des pays donateurs.
Orientations des fonds et fragmentation de l’aide
Une autre tendance inquiétante est la part croissante des dons « fléchés » par les pays donateurs, illustrant une forme de microgestion de leur part. Contrairement aux contributions « de base » distribuées aux banques multilatérales, ces fonds fléchés sont alloués à des objectifs spécifiques, tels que des besoins humanitaires lors de crises ponctuelles, la lutte contre le Covid-19 ou, plus récemment, l’assistance à l’Ukraine.
Ces dons fléchés ont crû de plus de 400 % au cours de la dernière décennie, contre seulement 43 % pour les contributions classiques. En conséquence, ces fonds ciblés représentent désormais 49 % de l’aide multilatérale, contre 30 % il y a dix ans.
« On pourrait penser que ce fléchage est bénéfique car il permet de répondre rapidement aux crises. Cependant, certaines études montrent qu’il peut en fait retarder la réponse qui aurait été plus rapide en utilisant les fonds pluriannuels de base disponibles pour les donateurs », explique Lisa Chauvet, économiste et spécialiste du financement du développement à l’université Paris 1.
Par ailleurs, « Ils engendrent une distorsion en faveur des objectifs qui servent les intérêts des bailleurs, et vers des projets à court terme dont les résultats sont plus faciles à mesurer », ajoute la chercheuse. Ils augmentent également les coûts de gestion, de reporting, de levée de fonds, etc., pour les bailleurs. »
En revanche, les contributions de base « permettent aux organisations multilatérales la flexibilité nécessaire pour allouer des fonds en fonction de l’évolution des besoins des pays bénéficiaires », souligne l’organisation.
Enfin, le rapport souligne la fragmentation croissante de l’aide au développement, avec l’avènement de pays émergents. En tête, la Chine, suivie par des pays comme l’Inde ou l’Arabie saoudite.
À noter : « Ces nouveaux donateurs offrent une bien plus grande latitude aux organisations multilatérales, en se servant moins de contributions fléchées », observe Olivier Cattanéo.
Cependant, la multiplicité des donateurs soulève plusieurs défis pour l’architecture mondiale du développement, ce qui implique, par exemple, une révision du cadre de restructuration des dettes des pays bénéficiaires, dont les nouveaux donateurs ne font pas partie pour le moment.
En opposition à ces défis, le gouvernement français a décidé, après plusieurs années d’augmentation, de réduire son budget d’aide au développement : celui-ci a été diminué de 1,3 milliard d’euros dans son projet de loi de finances pour 2025.
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