« J’ai saigné pendant trois mois » : un état des lieux des violences obstétricales en France
Laura* a vécu un accouchement violent et traumatisant. « J’ai cru que j’allais mourir de douleur », dit-elle. Au lieu de procéder à la césarienne recommandée par l’équipe médicale, la gynécologue a appuyé de toutes ses forces sur l’estomac de Laura, brisant la clavicule du bébé au passage. Elle a ensuite recousu le vagin de Laura avant même que l’anesthésie locale ne fasse effet. « Elle m’a fait huit points de sutures à l’intérieur et huit à l’extérieur. Je criais tellement qu’elle a demandé aux aides-soignants de me tenir les pieds sur la table, dit-elle. J’en fais encore des cauchemars. » L’expérience de Laura est d’autant plus choquante qu’elle a eu lieu l’année dernière en France. Pour rappel, notre pays compte parmi les plus riches et consacre 11,3 % de son PIB aux dépenses de santé. En 2000, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a même décerné à la France le prix de meilleur système de soins au monde. Et le mois dernier, Emmanuel Macron a annoncé un investissement de 7 milliards d’euros pour l’innovation en santé à la suite de la pandémie de Covid-19. « On dirait que dès que vous êtes enceinte, vous n’avez plus de droits, plus de cerveau. » Pourtant, beaucoup de femmes en France subissent des violences gynécologiques et obstétricales pendant la grossesse ou l’accouchement. Même si les conditions se sont améliorées au cours de la dernière décennie, les experts et les activistes affirment que la culture patriarcale de la médecine conduit à une maltraitance systémique. Les hommes représentent 74 % des membres du bureau du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, mais seulement 49 % des praticiens. La méthode qui consiste à appuyer sur l’estomac de la patiente pendant l’accouchement, comme cela a été le cas pour Laura, a soi-disant été interdite par la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2007. Le « sexisme…