Un élu RN des Bouches-du-Rhône engage un sympathisant royaliste au sein de l’Assemblée
qu’il souhaite « éliminer ».
Début septembre 2024, le nouveau député Rassemblement national (RN) des Bouches-du-Rhône Romain Tonussi pose sous les moulures de l’Assemblée nationale en compagnie de ses collaborateurs parlementaires fraîchement nommés. À sa gauche, Ralph Atrach. /
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En octobre 2023, Ralph Atrach participait au cortège annuel de l’Action française, tenant un drapeau du mouvement tout en rendant hommage à l’auteur royaliste et antisémite Charles Maurras sur sa tombe. /
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Ralph Atrach milite depuis plusieurs années au sein du mouvement de jeunesse du Rassemblement national, le RNJ. StreetPress l’avait déjà remarqué aux côtés du député Franck Allisio et des activistes néofascistes de Tenesoun lors du forum du Sud du RNJ en 2023. Romain Tonussi aurait rencontré « durant l’été » ce militant, alors étudiant en master d’économie et impliqué dans l’Uni, le syndicat de la droite radicale. En raison de son expérience préalable « au sein du Parlement européen », le député lepéniste lui a « donné sa chance » en l’engageant comme collaborateur parlementaire en alternance.
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Ralph Atrach aurait assuré « n’avoir jamais été membre de l’Action française et être fermement opposé, non seulement à l’antisémitisme, mais aussi à toutes formes de violence en politique ». Il affirme lui-même à StreetPress n’avoir « jamais adhéré à l’Action française », ne pas avoir « de convictions royalistes » et avoir un « parcours et des engagements personnels en conformité totale avec les valeurs de la République française ». Mais alors, comment expliquer sa présence sur une photographie diffusée sur les réseaux sociaux de l’Action française, dans leur cortège annuel d’octobre 2023, où Ralph Atrach apparaît tenant un drapeau du mouvement et se recueillant sur la tombe de l’écrivain royaliste et antisémite Charles Maurras ? Relancé sur ce point, le député n’a pas réagi. Quant à Ralph Atrach, il dit n’avoir pas compris « qui était Charles Maurras ni ce que représentait l’Action française » (1).
Le recrutement d’un militant royaliste par un député du Rassemblement national s’inscrit dans une tradition bien ancrée au sein du parti lepéniste, qui recrute fréquemment ses assistants parlementaires parmi les groupes radicaux. Depuis les législatives de juin 2024, une dizaine de membres du personnel du groupe RN à l’Assemblée ont été exposés pour leurs positionnements ou leur militantisme actif dans des cercles néofascistes.
StreetPress avait déjà repéré Ralph Atrach aux côtés du député Franck Allisio et de Rafael Ferron – un militant néofasciste de Tenesoun qui a brièvement été collaborateur parlementaire du député RN Philippe Schreck en septembre dernier – durant le forum du Sud du RNJ en 2023. /
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Aux côtés d’un militant royaliste condamné pour violences
Dans une vidéo diffusée par les militants antifascistes de la Jeune Garde Aix-Marseille, Ralph Atrach est aperçu en avril 2023 à la terrasse d’un café marseillais, chantant un air de bagnards de Cayenne en compagnie d’autres membres de la section locale de l’Action française. À cette même table, on reconnaît le candidat Reconquête aux législatives dans la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône, Lorenzo Longo, ainsi que trois militants de l’Action française, parmi lesquels Paul-Antoine Schmitt, condamné en 2023 pour des actes de violence raciste et actuellement cadre de la section d’Avignon du mouvement royaliste.
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Cette vidéo a été publiée par une ancienne assistante parlementaire RN aux liens radicaux, Nina Azamberti, qui travaillait auparavant pour le député de la 15ème circonscription des Bouches-du-Rhône, Romain Baubry, tout en militant au sein des néofascistes de Tenesoun et parmi les fémonationalistes de Némésis. Elle a été finalement renvoyée après un litige avec son employeur, sans rapport, cependant, avec ses positions extrêmes. Le sort du collaborateur royaliste sera-t-il similaire ?
(1) Le militant royaliste précise être arrivé en France fin 2022, venant du Liban en tant qu’étudiant international. Il affirme n’avoir pas su dans quoi il s’engageait au moins d’avril à octobre 2023. « Dès lors, j’ai exprimé clairement mon désaccord avec les idéologies prônées par ce mouvement » et nie avoir jamais été militant, même si une photographie l’immortalise brandissant un drapeau. Quant à la vidéo d’avril, il justifie sa présence par le fait qu’il s’agissait « du buffet précédant la cérémonie de baptême » d’une personne « connue à l’université ».
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