En Tunisie, le président Saied continue sa série de limogeages au gouvernement
CRISE – L’inquiétude grandit. Le président tunisien Kais Saied a limogé ce lundi 26 juillet le ministre de la Défense après avoir suspendu les activités du Parlement et démis le Premier ministre, projetant dans l’inconnu la jeune démocratie en crise depuis des mois. Les développements en Tunisie, seul pays rescapé du Printemps arabe, ont suscité l’inquiétude à l’étranger. La France a dit souhaiter un “retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions” et appelé à éviter toute violence tandis que les États-Unis, “préoccupés”, ont appelé au “respect des principes démocratiques”. Dimanche soir, après une journée de manifestations dans de nombreuses villes de Tunisie, notamment contre la gestion de l’épidémie de coronavirus par le gouvernement de Hichem Mechichi, Kais Saied a limogé ce dernier et annoncé “le gel” des activités du Parlement pour 30 jours. Le président, également chef de l’armée, s’est en outre octroyé le pouvoir exécutif, en annonçant son intention de désigner un nouveau Premier ministre. Lundi, le ministre de la Défense Ibrahim Bartagi et la porte-parole du gouvernement Hasna Ben Slimane, également ministre de la Fonction publique et ministre de la Justice par intérim, ont été limogés. Ennahdha, principal parti au Parlement, a fustigé ces mesures, dénonçant “un coup d’État contre la révolution et la Constitution”. En revanche, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), influente centrale syndicale, a estimé que les décisions de Kais Saied étaient “conformes” à la Constitution, tout en appelant à la poursuite du processus démocratique, plus de dix ans après le soulèvement populaire qui a mené à la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. Couvre-feu étendu, congés “Il y a un objectif de restaurer l’efficience de l’État, mais il faudra s’assurer d’impliquer un large nombre d’acteurs”, a estimé l’analyste d’International Crisis Group Michael Ayari. “On est dans…