Comment ne pas mourir dans la Silicon Valley
Voici ce que font les magnats de la Silicon Valley pour vaincre la mort.
Voici ce que font les magnats de la Silicon Valley pour vaincre la mort.
À une vingtaine de kilomètres de Paris, au milieu d’un vaste local dans la zone industrielle de Sartrouville, trône une petite cabane en bois. A l’intérieur, un entrelacs de métal, de fils, d’écrans, de brume et de lasers. Nous avons passé la porte de la Cellule de contact, le fruit de 30 ans de travail des membres de l’IFRES, l’Institut français de recherche et d’expérimentations spirites. C’est ici, dans les volutes de vapeur produites par une machine à fumée, qu’apparaissent les visages et les messages que les entités « venues de l’autre monde » transmettent à l’association. La session d’aujourd’hui a lieu un dimanche après-midi, comme d’habitude. Elle est rediffusée en direct sur Zoom, pour les curieux qui ne peuvent pas faire le déplacement jusqu’à Sartrouville, et l’équipe s’affaire pour être prête. La pièce est plongée dans une pénombre inquiétante. Catherine Kosmala, la trésorière de l’association, est mise à contribution : elle pompe pour faire fonctionner la machine à fumée, tandis que Joël Ury et Laurie Dutoit ajustent précautionneusement contraste, balance des blancs et saturation afin d’obtenir des images bien claires des apparitions. « Un peu moins de bruit s’il vous plaît, sinon on ne va jamais y arriver », grogne Laurie à l’adresse des visiteurs venus participer à l’expérience. À un rassemblement de spirites, il y a quelques années, une dame s’exclame : « Je vois un trait sanguinolent sur votre gorge ! » D’après elle, une des anciennes incarnations de Joël a été décapitée pendant la Révolution française. Joël Ury et Laurie Dutoit sont les co-présidents de l’IFRES. Laurie porte un perfecto en cuir rouge et des Converses. Quand elle rencontre Joël, dans les années 1980, elle est très perturbée : une odeur d’œuf pourri la suit partout depuis plusieurs mois. Lui, qui est déjà médium, lui en explique la cause : le cadavre d’un homme avec qui Laurie a partagé…
Le premier Rainbow Gathering s’est tenu pour la première fois en 1972 dans le Colorado. Parmi les 20 000 participants, des militants pacifistes issus de la classe moyenne blanche éduquée, des vétérans de la guerre du Vietnam et divers groupes libertaires et spirituels. Tous animés par le même « désir sincère de vivre en paix et en harmonie sur terre », pouvait-on lire dans The Rainbow Oracle – le livret papier énonçant l’intention et les détails pratiques de ce rassemblement pionnier. Parmi les règles édictées – et encore d’actualité : pas d’alcool, pas de drogue, pas d’échange monétaire, pas de chefs, pas de viande, pas de technologie ni d’électricité, et une empreinte minimale sur la nature. Ce qui devait a priori être une one-shot essaimera finalement aux quatre coins du monde et plusieurs pays européens célèbrent désormais leur propre rassemblement national annuel. Lorsque l’un se termine, un nouveau commence dans un pays voisin. Il existe aussi une édition européenne, de taille plus importante – celle-là même pour laquelle nous nous hissons en camionnette au milieu des conifères avec ma partenaire de vagabondage, car l’European Gathering se tient sur le versant français des Pyrénées entre les nouvelles lunes de juillet et d’août cette année. Après une demi-heure de chemin carrossable, on arrive au parking. L’ascension se poursuit à pieds, on croise des personnes souriantes qui nous gratifient de chaleureux « welcome home » et « welcome brothers and sisters ». Vingt minutes de marche plus tard, les tentes se font de plus en plus nombreuses en lisière de chemin. Autour de nous des gens vont et viennent dans la forêt. Beaucoup sont pieds-nus, certains nus tout court. Des mères portent leurs enfants en écharpe dans leur dos et des groupes ont l’air de décamper : il ne reste plus que trois jours de rassemblement et la météo…
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