“Romance familiale : John Singer Sargent et les Wertheimers,” Critique
Asher Wertheimer était un tycoon juif qui a demandé à John Singer Sargent de le peindre. Les résultats sont étranges, glissants—et certaines des meilleures œuvres de l’artiste.
Asher Wertheimer était un tycoon juif qui a demandé à John Singer Sargent de le peindre. Les résultats sont étranges, glissants—et certaines des meilleures œuvres de l’artiste.
Le débat sans fin sur la question de savoir si la fin de la Cinquième Symphonie du compositeur représente une capitulation aux exigences soviétiques ou un désaccord secret obscurcit une possibilité plus séduisante.
“Je trouve tout cela très difficile,” a déclaré l’artiste britannique d’origine allemande, décédé, et peu de peintres ont autant œuvré pour montrer la lutte de l’effort créatif.
Affaire marquant la première fois qu’une personne trans a réussi à contester l’utilisation de telles pratiques de conversion dans le paysUne femme transgenre en Chine a obtenu un montant record de compensation d’un hôpital qui l’a soumise à plusieurs séances de pratiques de conversion par électrochocs sans son consentement.Le tribunal populaire du comté de Changli à Qinhuangdao, une ville du Hebei, a approuvé une indemnité de 60 000 yuans (6 552 £) pour Ling’er, une artiste de performance de 28 ans qui a été enregistrée comme homme à la naissance mais s’identifie comme une femme. Les activistes LGBTQ+ ont décrit l’indemnité, approuvée le 31 octobre, comme une victoire pour les droits des trans en Chine. Continue reading…
“Je me bats depuis sept ans pour mettre au jour la vérité et obtenir justice. J’ai sollicité de nombreux organismes pour dénoncer ce que je considère comme une appropriation abusive de l’héritage de mon défunt mari. Je suis épuisée” confie Marjorie à France Bleu Hérault. Cette habitante d’Agde, âgée de 59 ans, est veuve depuis novembre 2017. Son époux a été retrouvé décédé dans le coffre de son véhicule professionnel derrière la gare d’Agde après avoir mis fin à ses jours.
Le jour même de la mort de leur père, selon elle, ses deux enfants d’un premier mariage auraient vidé les comptes de ce dernier. Nous avons en effet constaté 13 virements sur les comptes en notre possession. Ces transactions réalisées en trois jours s’élèvent à 15.000 euros.
“J’ai alerté le notaire que nous avions en commun pour obtenir des explications de la part des enfants. J’ai reçu un refus catégorique” déclare Marjorie.
Le jour du décès, les enfants seraient venus au domicile du couple (à Agde) pour saisir les documents professionnels et personnels de leur père. “Ils sont entrés chez nous sans rien me demander. J’étais écrasée par la perte de mon mari, je les ai laissés faire. Ils ont pris ce qu’ils désiraient, y compris les comptes bancaires, sa carte de crédit, et ses papiers d’identité. Ils ont également pris le téléphone de leur père. Grâce à ça, ils ont pu effectuer les virements qu’ils souhaitaient” se désole Marjorie. “Mon mari avait plusieurs comptes à la Caisse d’Épargne de Pézenas.”
Le 27/07/2023 EXCLU – Notaire suspecté d’escroqueries près de Béziers : le fisc rattrape les enfants de sa complice décédée
Dans une lettre datant de décembre 2018 en notre possession, le notaire indique qu’il n’a pas été averti des retraits effectués sur les comptes bancaires. “Les seules informations dont je dispose concernent les avoirs à la Caisse d’Epargne au moment du décès“.
Étant donné l’ouverture d’une information judiciaire, nous avons choisi de ne pas révéler le nom de ce notaire ni l’emplacement de son étude, tout en préservant l’identité de la plaignante.
Le notaire en charge de la succession aurait été prévenu par lettre recommandée des fonds présumés détournés selon la victime. Ce dernier ne se serait donc pas intervenu et n’aurait pas tenu compte des virements réalisés. La déclaration de succession n’en fait pas mention. “Aucune déclaration rectificative de succession n’a été faite ultérieurement, ni le partage des fonds détournés” se plaint Marjorie.
Une première plainte a été déposée en décembre 2020 auprès du parquet de Béziers pour spoliation et recel successoral. Les cibles sont le notaire du Pays d’Agde et les deux beaux-fils, dont l’un réside au nord de Montpellier et l’autre à Annemasse en Haute-Savoie. Une seconde plainte a été déposée en septembre 2022 auprès du procureur de la République de Montpellier contre la Caisse d’Épargne du Languedoc-Roussillon pour négligence, suite aux virements non autorisés.
Une troisième plainte a été déposée auprès du tribunal judiciaire de Thonon-les-Bains (74), du fait du domicile de l’un des enfants du défunt. Au cours de l’année 2024, la veuve envisage de se constituer partie civile en saisissant le doyen des juges d’instruction au tribunal de Béziers pour faux en écriture, chantage et intimidation visant à la faire renoncer à son droit viager au logement.
Le 09/07/2023 Un notaire suspecté d’escroqueries dans le secteur de Béziers sous les verrous
“Comprenez mon angoisse, je n’avais pas de nouvelles des précédents recours, cela m’inquiétait. C’est légitime. J’avais le sentiment de ne pas être prise au sérieux, que mes dénonciations n’avaient aucune importance. Il y a un réel problème de dysfonctionnement”.
Selon nos informations, la plainte pour escroquerie est bien instruite après un passage rapide au commissariat d’Agde. Elle aurait été ensuite transmise, selon une personne proche du dossier, à une gendarmerie territorialement compétente pour auditionner l’un des suspects potentiels.
La multiplication des plaintes dans différents lieux a sans nul doute compliqué les enquêtes.
Les enfants du défunt auraient avancé au notaire avoir prêté 50.000 euros à leur père pour l’achat de la maison où le couple résidait depuis 2016.“Ils ne présentent aucun document pour justifier un tel prêt” déplore la plaignante. “Le notaire ne peut pas me fournir de preuves. J’ai de sérieux doutes. Leur père ne m’a jamais en parlé”.
Marjorie accuse également le notaire de ne pas vouloir signer son droit viager au logement du conjoint survivant tant que la dette n’a pas été remboursée, alors que conformément à l’article 764 du Code civil, elle est en droit d’en bénéficier.
Le 28/11/2022 Un notaire héraultais dénoncé pour comportements inappropriés et pour avoir retardé une succession depuis huit ans
Marjorie avait dans un premier temps (début 2019) pris la décision de vendre la maison de son mari mais a renoncé quelques mois plus tard. La maison d’un étage, 90m² au sol, située au bord de l’Hérault, a été acquise en espèces par le défunt en mars 2017.
Elle a découvert qu’un compromis de vente de 240.000 euros avait été signé par une agence immobilière d’Agde, mais sans son approbation. Elle a stoppé la transaction à la dernière minute étant donné qu’elle détient un quart en pleine propriété. Le montant du compromis a suscité l’étonnement de son entourage en raison de l’emplacement, avec 800m² de terrain, dans un quartier résidentiel. Le bien est aujourd’hui estimé à plus de 320.000 euros.
Marjorie réside toujours dans la maison. Sous antidépresseurs, elle est actuellement suivie, étant affaiblie depuis la perte de son mari.
Cette habitante d’Agde avait déjà subi la perte de son premier époux en 2011. Elle doit être entendue début décembre par le juge d’instruction.
Une femme sur deux affirme avoir été exposée à des violences sexistes et sexuelles dans le secteur médical. C’est le constat préoccupant d’une étude réalisée par le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom), publiée le 20 novembre. Une réalité souvent ignorée, mais qui, à travers cette recherche, émerge avec une inquiétante clarté.
L’enquête, qui a recueilli les confidences de 21.140 médecins, montre que près de 29 % des médecins en activité rapportent avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles au cours de leur formation ou de leur carrière. Parmi ces individus, une majorité écrasante de victimes sont des femmes : 54 % des femmes médecins en activité affirment avoir subi de telles violences, par rapport à seulement 5 % des hommes.
Ces agissements ne se limitent pas à des cas ponctuels, mais s’inscrivent dans un panorama beaucoup plus large, où les violences prennent de multiples formes : 49 % des femmes signalent des insults sexistes et sexuels, 18 % évoquent des cas de harcèlement sexuel, 9 % des agressions sexuelles, et 2 % des viols. Un autre chiffre dérangeant : environ un médecin sur cinq interrogé confie avoir subi ces violences de la part d’un confrère. Là encore, les femmes sont principalement touchées, avec près d’une femme médecin sur deux étant concernée, contre 3 % des hommes.
L’enquête met également en lumière un manque significatif de connaissances concernant les dispositifs d’assistance et les sanctions associées aux violences sexistes et sexuelles. Seuls 28 % des médecins savent à qui s’adresser pour obtenir de l’aide. Trois médecins sur quatre considèrent qu’ils manquent d’informations sur la disponibilité de ces ressources.
Malgré la gravité de la situation, les signalements demeurent rares. L’enquête souligne les freins persistants à la dénonciation des violences. Parmi les obstacles identifiés, on retrouve la peur de ne pas être cru, la crainte des conséquences professionnelles, ainsi que la honte. Moins de 3 % des victimes sont conscientes que l’Ordre a été averti des violences subies.
À cela s’ajoute la perception par les victimes que dénoncer ces actes pourrait entraîner des discriminations professionnelles, une réalité que deux médecins sur trois estiment présente dans le secteur médical. En dépit de la gravité de ces résultats, il existe toutefois une volonté de changement au sein de la communauté médicale. L’enquête indique que 62 % des médecins se déclarent en faveur d’une enquête plus exhaustive sur les discriminations professionnelles, en particulier celles touchant les victimes de violences sexistes et sexuelles.
Consulter notre dossier sur les violences sexuelles
Le Conseil national de l’ordre des médecins appelle l’ensemble des acteurs du secteur médical et institutionnel « à s’unir et à collaborer pour briser le silence et faire du milieu médical un environnement de travail sûr pour toutes et tous. » Il rappelle également sa politique de tolérance zéro.
Les poèmes créés par l’intelligence artificielle (IA) sont généralement plus appréciés que ceux composés par des humains.
Une étude récente menée par l’Université de Pittsburgh met en lumière une découverte étonnante. Les lecteurs non experts, qui ont pris part à l’étude, trouvent les poèmes d’IA plus accessibles et simples, une caractéristique qui semble faire toute la différence.
Les chercheurs ont présenté des poèmes de 10 poètes emblématiques, tels que Emily Dickinson et Shakespeare. Ils ont également inclus des poèmes imitant leurs styles, générés par ChatGPT 3.5. Les participants ont fréquemment cru que les poèmes d’IA étaient rédigés par des humains. Étonnamment, ils ont même jugé les poèmes humains comme étant moins authentiques. Cette tendance démontre la compétence de l’IA à reproduire des styles complexes tout en demeurant accessible.
La « complexité et l’opacité » des poèmes humains attirent les amateurs éclairés. Cependant, ces attributs peuvent décourager les lecteurs occasionnels. À l’opposé, les poèmes d’IA transmettent émotions et thèmes de manière plus immédiate. Grâce à cette clarté, l’IA capte l’attention des lecteurs qui désirent une lecture rapide et limpide. Ces derniers n’ont souvent ni le temps ni l’envie d’explorer un texte en détail.
Les participants ont aussi jugé les poèmes d’IA comme étant d’une meilleure qualité globale. Ce constat remet en question les idées reçues sur la poésie. Cela amène à se demander : que recherchent les lecteurs dans un poème ? La réponse varie selon leurs attentes et leur expérience littéraire.
La poétesse Joelle Taylor, récipiendaire du prix TS Eliot, a réagi à cette étude. Un poème ne consiste pas seulement en une série d’algorithmes sophistiqués. « La poésie va au-delà d’une simple logique », déclare-t-elle. Elle définit cet art comme un mélange d’émotions, de contestation et de surprises inattendues. Joelle Taylor critique également les bases de données utilisées pour former l’IA. À ses yeux, ces modèles reflètent des traditions anciennes et peu diversifiées, éloignées de la richesse de la poésie humaine contemporaine.
Les chercheurs de l’étude incitent à réfléchir sur la régulation de l’IA. Ils préconisent d’assurer une transparence concernant l’origine des textes générés. Les lecteurs doivent savoir si un écrit émane d’une machine ou d’un auteur humain. L’IA doit-elle devenir une norme en matière artistique ? Cette question complexe pousse à redéfinir la place des émotions humaines dans la création.
Je trouve cette demande des chercheurs plutôt utopique. Comment pourrait-on réellement restreindre les machines à rédiger des poèmes en toute liberté ? Si l’intention est d’attirer plus de lecteurs plutôt que de s’investir dans des récits élaborés, ils devraient plutôt standardiser leur méthode et adhérer à la simplicité des IA.
Dans sa quête incessante d’économies, le gouvernement Barnier – suivant les traces de son prédécesseur – s’attaque aux arrêts maladie. En d’autres termes, à « l’absentéisme » au sein des entreprises et des administrations, pour reprendre le jargon des ministres.
Les sommes reversées par l’Etat au titre des indemnités journalières (IJ) perçues par les personnes absentes pour des motifs de santé ont atteint 15,8 milliards d’euros en 2023. Ce qui représente une hausse de 5,4 milliards d’euros par rapport à 2015.
C’est bien trop pour le gouvernement, qui refuse d’admettre les facteurs structurels derrière l’augmentation des arrêts maladie et le coût associé pour les finances publiques. La liste est cependant longue : le vieillissement de la population, la dégradation des conditions de travail et l’allongement de la durée de travail entraînent des arrêts, mais l’augmentation du Smic, qui sert de base au calcul des indemnités journalières, ainsi que l’intégration des travailleurs indépendants et des professions libérales au régime général contribuent également à alourdir la note.
Une étude de la Dares met d’ailleurs en avant l’un de ces éléments. Elle souligne le lien entre une exposition accrue aux risques physiques et psychosociaux (RPS) et les absences pour maladie. Entre 2013 et 2016, le nombre de jours d’arrêt maladie pour une personne soumise à toujours plus de RPS a par exemple triplé.
Mais pour l’exécutif, l’augmentation des arrêts maladie est forcément due à des abus. Du moins en grande partie.
C’est pourquoi pour mettre un terme à cette « dérive », exprimée par Guillaume Kasbarian, le ministre de la Fonction publique, plusieurs options sont envisagées dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), débattu cette semaine au Parlement. Et il n’est pas question de faire de jaloux, les propositions de l’exécutif concernent aussi bien les agents du secteur public que les employés du privé.
La première mesure défendue par le gouvernement consiste à étendre le délai de carence en cas d’arrêt maladie des fonctionnaires à trois jours, contre un seul jour actuellement. Comme nous l’évoquions déjà dans cet article, cet allongement repose sur une comparaison entre le public et le privé qui ne prend pas en compte les spécificités des fonctionnaires, qui comptent plus de femmes et de seniors et qui sont davantage exposés aux métiers difficiles. A caractéristiques équivalentes, cet écart entre le taux d’absentéisme du privé et celui du public se réduit quasiment à néant.
Malheureusement pour le gouvernement, le rapport sur la fonction publique, publié la semaine dernière, révèle que le nombre d’absences pour raison de santé en 2023 chez les agents… est en baisse (12 jours en moyenne en 2023, contre 14,5 en 2022).
Cependant, ces résultats ne ralentissent pas l’exécutif, qui souhaite mener son projet à terme. Même si cette mesure pourrait se révéler contre-productive et coûter plus cher à la Sécurité sociale. Les recherches menées par divers experts (comme nous l’expliquions ici) montrent que l’ajout de jours de carence peut certes réduire le nombre d’arrêts de courte durée, mais accroître ceux de longue durée. Ces derniers étant les plus coûteux pour l’assurance maladie.
« De plus, une telle mesure pourrait encourager le présentéisme, soit le fait de travailler tout en étant malade, met en garde Thomas Coutrot, économiste du travail. Cela aurait des effets négatifs sur la santé à long terme. »
Du côté du secteur public, le gouvernement ne prévoit pas de s’arrêter là. Guillaume Kasbarian a également annoncé son intention de diminuer la rémunération versée aux agents en cas d’arrêt de travail : « Aujourd’hui, dans le public, cela est pris en charge à 100 %. Cela passera à 90 %. »
Comme pour le délai de carence, établi à trois jours dans le secteur privé, le ministre justifie son assertion en comparant les règles du secteur public à celles du secteur privé, plaidant pour un alignement. Toutefois, il omet certains détails : près de 70 % des salariés du privé ont accès à un accord de branche ou d’entreprise qui maintient leur salaire à 100 % dès le premier jour d’arrêt maladie.
Ces deux mesures entraîneraient également une perte de pouvoir d’achat significative pour les agents publics. En tenant compte de l’augmentation du nombre de jours de carence et de la réduction à 90 % du taux de remplacement, le think tank Sens public a calculé qu’un arrêt maladie de 5 jours, par exemple pour une grippe, engendrerait une perte de 215 euros (pour un agent de catégorie C) et de 320 euros (pour un agent de catégorie A).
Ces deux changements affecteraient en particulier les femmes, qui représentent 63 % des effectifs de la fonction publique, ainsi que les seniors, 36 % étant âgés de plus de 50 ans. De plus, cela réduirait l’attractivité de la fonction publique, déjà compromise ces dernières années.
Pourtant, le gouvernement espère économiser 1,2 milliard d’euros (289 millions d’euros pour les jours de carence et 900 millions pour la diminution de la prise en charge). Cette décision est inacceptable pour les syndicats (CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, FA-FP), qui ont appelé à une grève le 5 décembre.
Les employés du privé peuvent se « rassurer », le gouvernement Barnier ne les oublie pas. Dans sa lutte contre les arrêts maladie, l’exécutif a annoncé vouloir réduire le plafond des indemnités journalières. Ce dernier devrait passer de 1,8 Smic (3 180 euros bruts mensuels) à 1,4 Smic (2 473 euros bruts mensuels) en 2025.
Pour rappel, actuellement, la Sécu couvre 50 % de la rémunération d’un individu arrêté pour des raisons de santé, dans la limite de 1,8 fois le Smic mensuel. Son employeur complète alors pour un maintien de salaire d’au moins 90 %. Souvent, la prise en charge est même plus élevée, grâce à des accords internes ou des conventions collectives.
Cependant, réduire le plafond des IJ versées par la Sécu pénalisera ceux qui ne bénéficient pas de cette couverture.
« Cette mesure pourrait donc exacerber les inégalités, reprend Thomas Coutrot. Les personnes avec une santé plus fragile et celles travaillant dans des conditions plus difficiles seraient les plus affectées. »
Ce point est également dénoncé par la CGT, qui détaille dans un communiqué :
« Une telle réforme affectera de manière significative les salarié·es des TPE-PME qui ne sont que très rarement protégés par des accords, de même que les salarié·es de particuliers employeurs tels que les aides à domicile et les assistantes maternelles, certains intérimaires, les intermittents ou encore les demandeurs d’emploi. »
Cependant, cette proposition ferait principalement économiser 600 millions d’euros à la branche maladie. Mais ce qui est le plus choquant, selon Thomas Coutrot :
« C’est que toutes ces initiatives sont une façon de refuser d’aborder les conditions de travail et de s’attaquer aux véritables causes des arrêts maladie. On impose aux individus ce qui relève de la responsabilité des dirigeants tout en restant à la surface des choses. C’est un peu comme administrer de l’aspirine à un patient atteint d’un cancer. »
Les cartes des récents incendies dans la région ressemblent à celles de la Californie en août, avec des centaines de points rouges.
Maripasoula, Parc amazonien de Guyane (973) – À travers les hublots du petit avion à hélices reliant le littoral à la ville de Maripasoula, située au sud de la Guyane, un océan de nuances de vert se déploie à perte de vue. Après une heure de vol, les premières maisons de cette commune, intégrée au vaste Parc amazonien, deviennent visibles, nichées au creux d’un méandre du fleuve Maroni. Ce cours d’eau constitue la frontière avec le Suriname et sert de chemin vers l’océan Atlantique – à plus de 300 kilomètres en aval. « D’habitude, on voit toujours des pirogues arriver avec des marchandises », indique Jonathan Abienso, à la tête d’une entreprise de fret fluvial dans cette enclave urbaine entourée par l’Amazonie.
En parcourant le « dégrad » de Maripasoula – le terme utilisé ici pour désigner un embarcadère – l’entrepreneur évoque qu’après 18 mois de sécheresse, alors que l’année 2024 s’annonce comme l’une des plus chaudes jamais mesurées par Météo France, cette voie essentielle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le niveau de l’eau est si bas que de nombreux rochers obstruent désormais le passage des personnes et des biens. À certains endroits, il serait presque faisable de traverser à pied les 500 mètres séparant les deux pays. Il ajoute :
« Cela fait deux semaines que personne n’ose remonter le fleuve, devenu trop dangereux. »
La gravité de cette sécheresse est attribuée à la double influence d’El Niño, un phénomène océanique répétitif qui se manifeste par un réchauffement des eaux du Pacifique, ainsi qu’au changement climatique, dont l’une des manifestations en Guyane est la diminution des précipitations.
Les habitants de Maripasoula réclament une « route du fleuve » pour se connecter au littoral. /
Crédits : Enzo Dubesset
À Maripasoula, l’aérodrome et sa seule piste en latérite – cette roche rougeâtre et aride – sont les derniers liens entre les 10.000 résidents et le reste du monde.
« La vie a toujours été difficile et coûteuse, mais la situation actuelle est bien pire », remarque Charles Aloïke. À la conduite de sa filong, ces motos importées d’Asie via le Suriname, principal moyen de transport sur les routes poussiéreuses de Maripasoula, il affirme que les habitants ressentent le poids de l’isolement depuis longtemps, bien avant le dérèglement climatique.
La commune, qui s’étend sur une superficie équivalente à celle de la Nouvelle-Calédonie, a connu un développement significatif suite à la découverte de nouveaux gisements d’or dans les années 1990, attirant de nombreux chercheurs d’or, exploitant les filons de manière plus ou moins légale. Cependant, les infrastructures n’ont pas suivi ce boom démographique. En 2023, la fermeture de la compagnie aérienne pendant cette sécheresse – déjà – avait isolé la ville durant plusieurs mois, entraînant une flambée des prix des denrées, qui n’ont depuis cessé d’augmenter. Charles Aloïke, le motard, exprime son inquiétude :
« Le prix de l’essence a atteint quatre euros le litre. Ça grimpe chaque jour, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir. »
Charles Aloïke, sur sa filong. /
Crédits : Enzo Dubesset
L’année précédente, c’étaient les interruptions fréquentes de l’électricité dues à la faible capacité et à l’isolement du réseau qui suscitaient de vives critiques de la part de la population.
Comme la plupart des résidents, Rosiane Agésilas, une infirmière, se rend régulièrement chez les « Chinois » d’Albina 2. Ces commerces, établis sur la côte surinamaise, constituent la base de l’économie informelle de la région tout en proposant des marchandises détaxées à bas prix. Ces supermarchés sur pilotis, où l’on peut payer en euros ou au gramme d’or, sont bien plus fréquentés que les épiceries françaises. Toutefois, eux aussi doivent se procurer leurs produits par avion, augmentant ainsi leurs tarifs :
« Il n’y a plus une différence claire dans les prix. Même en allant de l’autre côté, mon chariot de courses a augmenté de 80 à 150 euros par semaine. C’est intenable. »
La soignante est engagée dans le collectif Apachi qui, depuis 2023, dénonce les effets dévastateurs de l’enclavement. « Nous faisons des sacrifices et nous ne pouvons plus nous nourrir correctement. Cela va poser des soucis de santé publique. » Elle alerte que les bouteilles d’eau, ainsi que les œufs, le riz ou le gaz commencent à faire défaut.
Les commerces surinamais sont au cœur de l’économie informelle de la région. /
Crédits : Enzo Dubesset
L’augmentation des prix a un impact d’autant plus fort sur les migrants venus du Guyana, d’Haïti ou du Brésil, attirés par l’espoir d’un emploi sur le sol français. « Je gagne 200 euros par mois pour un emploi à temps partiel et j’ai trois enfants », explique Maria (1). La citoyenne guyanaise est vendeuse dans l’une des boutiques du centre :
« Comme je ne possède pas les papiers nécessaires, je ne peux bénéficier d’aucune aide. Si mon mari ne m’assistait pas, je ne pourrais plus me nourrir. »
L’économie générale, déjà peu développée, en est complètement affectée. Les entreprises subissent désormais le coût élevé de la vie et des transports, amplifié par la pénurie de denrées. C’est le cas de la seule boulangerie de la commune. « Je n’arrive plus à trouver de farine. J’ai dû réduire ma production de pain, mais je crains de devoir fermer bientôt », témoigne Dewane Roger, le propriétaire.
À Maripasoula, le prix de l’essence a explosé. /
Crédits : Enzo Dubesset
Les effets de la sécheresse sont encore plus évidents dans les nombreux « kampus », des hameaux accessibles après plusieurs heures de pirogue depuis Maripasoula. L’accès aux services, déjà instable à cause des distances, est rendu encore plus compliqué.
Plusieurs écoles primaires ont dû fermer : le transport scolaire en pirogue étant impossible, de nombreux élèves sont désormais forcés de suivre les cours du collège à distance, lorsque la connexion internet le permet. Dans le kampu d’Antecume Pata, le dispensaire fonctionne comme une pharmacie et un cabinet médical, capable de fournir les premiers soins urgents. Ce centre, qui donne accès gratuitement aux soins pour près d’un millier de personnes, a dû réduire la fréquence de ses permanences. D’une visite hebdomadaire, le médecin n’intervient maintenant que quelques heures toutes les deux semaines, par le biais d’un hélicoptère affrété depuis Cayenne.
Dans plusieurs de ces hameaux, l’eau potable est extraite de nappes dont le niveau fluctue selon celui du Maroni. De nombreux forages sont complètement à sec. D’autres sources ne permettent d’accéder à l’eau que quelques heures par jour, souvent trouble et impropre à la consommation. Dans toute la Guyane, plusieurs milliers de personnes sont touchées et, bien que des solutions d’urgence aient été mises en place comme l’envoi de fontaines atmosphériques – des générateurs qui produisent de l’eau à partir de l’humidité ambiante – les habitants concernés estiment que c’est très insuffisant.
En réponse à la crise, la préfecture a activé un plan Orsec Eau le 29 octobre dernier. Cette mesure d’urgence inclut notamment la création d’un pont aérien par l’armée pour fournir en eau potable, nourriture, essence ou médicaments Maripasoula et d’autres communes isolées de Guyane – au total, près de 40.000 personnes. La collectivité territoriale de Guyane (CTG), de son côté, a annoncé qu’elle allait doubler les capacités de fret aérien de la compagnie privée, en charge des vols vers l’intérieur du territoire, pour augmenter également les capacités de ravitaillement.
Le niveau d’eau étant si bas, des amas rocheux bloquent maintenant le passage. /
Crédits : Enzo Dubesset
Bien que le coût de ce fret aérien subventionné ait été fixé en dessous des prix moyens du transport fluvial, les tarifs demeurent pour l’instant relativement similaires. La majorité des Maripasouliens continuent de s’approvisionner au Suriname. « Ni la mairie, ni la collectivité, ni l’État ne nous ont intégrés aux discussions », déplore Patrick Valiès, président de l’association des commerçants de Maripasoula. Certains avouent d’ailleurs ne pas être informés du fonctionnement des dispositifs étatiques ni de la manière de bénéficier de ces aides :
« Cela fait des mois que nous demandons la constitution de stocks. Nous avons déjà connu la sécheresse l’année passée. Tout cela aurait pu être mieux préparé collectivement. »
La préfecture, quant à elle, souligne avoir organisé, en collaboration avec la CTG, des réunions pour discuter des besoins des commerces. L’administration assure travailler à l’instauration d’un dispositif de régulation des prix, englobant des contrôles préventifs visant à empêcher les commerçants locaux de profiter de cette aide exceptionnelle sans justifier une baisse de leurs prix.
Plutôt que de perpétuelles mesures d’urgence, les Maripasouliens demandent – souvent sans grand espoir – la construction d’une « route du fleuve » pour les relier au littoral. Ce projet colossal, au cœur des discussions politiques locales depuis 20 ans, a été amorcé. Mais il reste encore 150 kilomètres de forêt dense à ouvrir, pour l’instant sans financements.
La sécheresse est perceptible partout à Maripasoula. /
Crédits : Enzo Dubesset
En 2022, Emmanuel Macron en avait fait une promesse, mais a finalement annoncé un remodelage de la route en « piste améliorée » – sans donner plus de détails – lors de sa visite en Guyane, en mars.
À la suite de ce changement de cap, l’armée a reçu la mission de réaliser une étude sur la faisabilité d’une telle piste. Le rapport, finalisé depuis des mois, a été remis à la CTG et au gouvernement, mais n’a pas encore été rendu public. « La route est la seule solution viable pour sortir de l’isolement », affirme Rosiane Agésilas :
« Ce serait le début d’une nouvelle ère et un engagement pour le développement de Maripasoula. »
Cela pourrait également représenter l’une des solutions pour prévenir les sécheresses à venir : selon les prévisions du rapport scientifique GuyaClimat, publié en 2022, le territoire devrait connaître un réchauffement d’environ 2,5 à 4,5 degrés et une diminution des précipitations de 15 % à 25 % d’ici 2100.
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