Traverser l’Atlantique pour dénicher des groupes qui n’ont pas encore décollé
Quand j’ai commencé à écrire de façon plus approfondie (et plus publique), je l’ai fait pour l’amour de la musique. Jamais je ne pensais un jour devenir journaliste. Dans le journalisme musical, ce qui me titillait, c’était surtout l’envie de parler de tracks bien violentes, d’albums ultra pervers, de genres assez niches. Que les futur·es lecteur·ices passent du bon temps, s’investissent dans le média à lire mes propres papiers plutôt que d’alimenter un cercle infernal de vidéos de bébés sur le net. Et pourtant, je n’ai jamais été un gros fan des recommandations musicales. Parce que c’est trop souvent ce pote ultra hype qui hallucine que personne n’ait Spotify Premium pour écouter ce dernier duo sorti sur le label de L’Impératrice. Ou votre tante qui vous passe un gloubi-boulga fusion à chier, sans omettre de vous agresser les tympans dans la foulée avec un strident « alors, t’en penses quoi ? » et qui se croit cool parce qu’elle vient de découvrir Omar Souleyman. Ou parce que c’est votre boss, à qui vous n’osez pas dire que c’est de la merde, en sortant un naïf « c’est gentil de partager mais c’est pas trop mon truc, le rap de Verviers ». Tant de raisons qui me poussent souvent à me faire ma petite idée moi-même et rester éloigné des recos (foireuses) des autres. Pourtant, cette année, alors que mon été s’annonçait tout pourri – je vous évite les détails, mais je ne dis pas ça à cause de la pluie –, on m’a proposé de ressortir ma vieille plume de journaliste musical pour couvrir un festival à l’autre bout du globe, qui traite justement de ça, de découverte musicale. Au Québec, le FME, ou Festival de musique émergente, se déroule chaque année à Rouyn-Noranda (42 000 habitant·es et des poussières),…