Bateau-espion russe escorté loin de la zone avec des câbles critiques dans la mer d'Irlande

ACTUALITÉS

Bateau-espion russe escorté loin de la zone avec des câbles critiques dans la mer d’Irlande

Le navire de renseignement Yantar a été vu en train d’utiliser des drones dans une zone contenant des infrastructures énergétiques et internet sous-marines.Un navire espion russe a été escorté hors de la mer d’Irlande après être entré dans les eaux contrôlées par l’Irlande et avoir patrouillé dans une zone contenant des pipelines et des câbles sous-marins critiques pour l’énergie et internet.Il a été repéré jeudi à l’est de Dublin et au sud-ouest de l’île de Man, mais les marines et services de défense aérienne norvégiens, américains, français et britanniques l’ont initialement observé escortant un navire de guerre russe, l’Amiral Golovko, à travers la Manche le week-end dernier. Continue reading…

Cécile Duflot : « Lutte pour le climat et justice sociale, c'est une seule et même lutte »

ECONOMIE

Cécile Duflot : « Lutte pour le climat et justice sociale, c’est une seule et même lutte »

Oxfam a déclaré dans un rapport, publié juste avant la dernière conférence mondiale sur le climat, que le budget carbone mondial serait épuisé en moins de deux jours si l’ensemble de la population vivait comme les 50 individus les plus riches du monde. Les plus pauvres seraient les premières victimes du réchauffement climatique.

Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, souligne que l’engagement des ressources nécessaires pour réaliser le « zéro carbone » et éviter une situation ingérable passe par la lutte contre les inégalités qui alimentent la pauvreté. C’est une question à la fois économique et éthique, et désormais politique, avec la montée du débat sur la taxation des riches sous la pression des mouvements citoyens.

Augmenter les impôts des plus riches, tant pour les ménages que pour les entreprises, marque une rupture avec la politique menée en France depuis 2017. Oxfam en rêvait, la droite le réalise-t-elle ?

Cécile Duflot : Si cela se produit, c’est sous la contrainte d’une situation budgétaire désastreuse, conséquence des choix opérés au cours des sept dernières années, notamment les coupes drastiques dans les dépenses publiques, tout cela sans obtenir de résultats économiques satisfaisants. « Je n’exclus pas plus de justice fiscale » avait déclaré Michel Barnier avant d’annoncer son budget. Cette déclaration est presque d’ordre psychanalytique : elle révèle en creux l’injustice de notre système fiscal et le fait que des limites ont été atteintes.

D’autres rapports, en plus de ceux d’Oxfam, montrent que la politique appliquée jusqu’à présent a particulièrement avantagé les plus riches. L’Insee a récemment publié son rapport 2024 sur les revenus et patrimoines des ménages : sur deux décennies, le patrimoine des 10 % des Français les moins fortunés a été divisé par deux, tandis que celui des 10 % les plus riches a doublé. De nombreux signaux convergent depuis un certain temps vers la nécessité de les taxer davantage, notamment pour financer la transition urgente des énergies fossiles, comme le souligne le rapport Pisani-Mahfouz, entre autres.

Ainsi, ce changement fiscal était inévitable. Faut-il féliciter Michel Barnier ? Non, car c’est bien trop insuffisant. Son projet de loi de finances a prévu 20 milliards d’euros de recettes, dont 10 milliards provenant des très grandes entreprises et des très grandes fortunes, de manière exceptionnelle.

Quel niveau de recettes et de dépenses est nécessaire pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux ?

C. D. : Avant d’aborder le budget 2025, nous avons actualisé notre manifeste fiscal, qui est juste, vert et féministe. Nous pensons que la France pourrait générer 101 milliards d’euros de recettes supplémentaires – et non 20 – notamment grâce à une fiscalité écologique cohérente et la taxation des superprofits et des grandes successions. Et cela devrait être fait pour restaurer et améliorer les services publics, réduire les inégalités et effectuer les grands investissements nécessaires pour réussir la transition écologique… sans aggraver le déficit public.

Plus de 100 milliards d’impôts supplémentaires : êtes-vous en phase avec la réalité ?

C. D. : Le principe de réalité impliquerait d’abord d’intégrer le coût de l’inaction climatique dans nos réflexions sur les impacts économiques du budget. Pendant cette interview, des crèches et des écoles sont fermées dans les Alpes-Maritimes à cause des inondations. Cela a un coût, et ce n’est que le début des conséquences si nous poursuivons dans cette direction. J’aimerais que les discussions budgétaires deviennent un moment où le principe de réalité s’impose dans le débat public.

Les Français vous suivraient-ils pour de telles augmentations d’impôts ?

C. D. : C’est une proposition que nous soumettons au débat. Nous ne pensons pas qu’il faille uniquement demander un effort aux riches, mais plutôt établir des prélèvements proportionnés aux capacités de chacun. Dans notre manifeste, nous affirmons que les ménages gagnant, par exemple, moins de 2 500 euros nets pour une personne seule ou 5 000 pour un couple sans enfants ne seraient pas concernés, soit 70 % de la population.

Bien entendu, il est possible de ne pas être d’accord avec toutes ces propositions, mais est-ce un sujet de débat ? Ce qui compte, c’est de faire émerger des idées communes sur la base d’une large concertation. C’est ce que nous faisons avec l’Alliance écologique et sociale et le Pacte du pouvoir de vivre, qui rassemblent un large éventail d’organisations de la société civile.

À cet égard, je suis fière du rapport que nous avons publié cet automne sur les super-héritages. C’est un brise-glace sur la banquise idéologique qui paralyse le débat public. De nombreux parlementaires ou médias insistent sur le fait qu’une augmentation de la fiscalité sur les successions nuirait aux Français et que ces derniers s’y opposent with force. En réalité, neuf Français sur dix n’ont pas à payer de droits de succession. Ce discours protège surtout les 1 pour 1 000 qui héritent d’une moyenne de 13 millions d’euros.

Nous avons effectué un test : si l’on demande aux individus « Etes-vous pour une augmentation des droits de succession ? », ils répondent non. Mais si l’on pose la question suivante « Etes-vous pour une augmentation des droits de succession pour ceux qui reçoivent plus de 13 millions d’euros ? », alors ils répondent oui.

Vous prônez des dépenses quoi qu’il arrive ?

C. D. : Non. L’efficacité de la dépense publique est essentielle. Cependant, je pense que cette critique souvent adressée à la gauche doit être retournée. Par exemple : accorder une réduction de 15 centimes sur le carburant à la pompe, comme l’a fait le gouvernement début 2022, est-ce une dépense judicieuse ? Cela subventionne les émissions de CO2 et profite de manière indiscriminée à la personne qui part en vacances dans son SUV et à celle qui prend sa petite voiture pour se rendre au travail.

D’accord, mais que répondez-vous à ceux que vous qualifiez de « gens sérieux » qui soulèvent le niveau déjà élevé de la dépense publique et la charge de la dette ?

C. D. : Concernant la dette, j’ai déjà évoqué la nécessité d’augmenter les recettes pour accroître les dépenses, ainsi que notre aveuglement face aux coûts de l’inaction climatique. Notre politique budgétaire souffre toujours du même problème : la vision à court terme. C’est devenu dramatique. Nous aurions besoin d’une loi de programmation des dépenses pour la transition écologique aussi solide que notre loi de programmation militaire.

En ce qui concerne le niveau des prélèvements obligatoires, l’objection n’a pas de sens. Il est essentiel de regarder ce qu’ils financent. Dans notre situation, il s’agit principalement des retraites, de la santé, de l’éducation… Si vous privatisez ces services : cela réduira les prélèvements obligatoires, mais ce ne sera que transférer ces dépenses aux ménages, entraînant une diminution d’accès à des services de qualité et une augmentation des inégalités, comme aux États-Unis ou dans les pays du Sud.

Lorsque, grâce à l’impôt, vous avez accès gratuitement aux services de base tels que l’éducation et la santé, c’est très différent que de devoir tout payer vous-même. La lutte contre les inégalités passe aussi par le développement des services publics.

Le plaidoyer d’Oxfam contre les inégalités au Nord, au Sud, et entre les deux, a-t-il des résultats ?

C. D. : Au début des années 2000, le discours des agences d’aide au développement se concentrait sur la lutte contre la pauvreté. Évoquer les inégalités mondiales et les inégalités, en tant que facteurs sous-jacents à la pauvreté, était réservé aux contre-sommets altermondialistes. Puis les inégalités sont devenues le thème du G7 en 2019 à Biarritz. Cela témoigne de l’impact de cette question sur le débat public. Oui, la lutte mondiale contre les inégalités dans laquelle nous sommes engagés, comme d’autres, a fait avancer les discussions.

Dans cette lutte, je pense que notre rapport sur les inégalités, publié chaque année depuis 2014 à l’occasion du forum de Davos, a joué un rôle clé. Winnie Byanyima, l’ancienne directrice internationale d’Oxfam, avait eu cette idée astucieuse : « Allons parler là où se regroupent les plus riches. » Cela a été efficace. Depuis, de nombreux travaux, y compris des études menées par la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, ont prouvé que pour réduire la pauvreté, il est impératif de combattre les inégalités. Et inversement, quand les inégalités se creusent, la pauvreté s’aggrave, comme le montre la situation actuelle en France.

Vous avez gagné des points dans la bataille intellectuelle. Et en termes pratiques ?

C. D. : Je constate des évolutions, notamment dans l’aide publique au développement. Les programmes de l’Agence française de développement, qui risquent d’être affectés par des coupes budgétaires, tiennent désormais compte de ces enjeux mieux qu’auparavant.

Un autre exemple : la taxation des plus riches. En France, c’est clairement un sujet qui prend de l’ampleur, comme le montrent les discussions autour de la loi de finances. Cela figure également à l’ordre du jour du G20. Bien que cela n’ait pas encore été concrétisé, rappelons que le G20 a progresser sur les paradis fiscaux et l’idée d’établir un minimum de base imposable, alors qu’auparavant cela était considéré comme une idée d’activistes altermondialistes.

Le plaidoyer, en d’autres termes, l’action politique, est-il la suite logique d’une activité initialement cantonnée à l’humanitaire ?

C. D. : Non, et c’est ce qui rend l’histoire d’Oxfam fascinante : les actions sur les conséquences ont toujours été liées à celles sur les causes. L’Oxford Committee for Famine Relief a été créé en 1942 en Grande-Bretagne. À l’époque, un blocus allié sur les îles grecques affame plus la population civile que les nazis. Des enseignants et des étudiants d’Oxford collectent des fonds pour fournir médicaments et nourriture par le biais de la Croix-Rouge. Mais simultanément, ils interpellent les autorités et parlementaires britanniques pour qu’ils changent de cap. L’assistance humanitaire à Gaza ou les projets de développement soutenus par Oxfam dans différents pays s’inscrivent dans cette même logique : solidarité sur le terrain mais également pression politique.

Notre engagement envers les causes et pas seulement les résultats nous a, au fil des années, amenés à nous pencher sur les inégalités. Par la suite, nous nous sommes également intéressés à la question climatique, reconnaissant que tous nos efforts pour lutter contre la pauvreté, en particulier le soutien à l’agriculture familiale dans le Sud, seront écrasés par les conséquences du changement climatique. Ces deux enjeux, inégalités et climat, sont indissociables et au cœur du combat d’Oxfam, comme le résume notre slogan : « Future is equal ».

Le débat politique se polarise davantage autour de l’immigration que de l’urgence climatique. Comment dialoguer avec ceux qui craignent pour leur emploi et souhaitent fermer les frontières ?

C. D. : En leur exposant la vérité. La réalité est que la grande majorité des migrations se font localement : à l’intérieur même d’un pays ou dans la région. En ce qui concerne les migrants internationaux, il faut leur rappeler que beaucoup travaillent, légalement ou non. Ils prennent le risque d’émigrer loin parce qu’ils voient des perspectives d’emploi. En fait, ils occupent des emplois que les nationaux refusent : aides-soignants, ouvriers agricoles ou du bâtiment. Sans eux, combien de restaurants à Paris seraient encore en activité ? Ils ne nous prennent pas d’emplois, mais contribuent à l’économie de nos pays vieillissants. Et enfin, il faut leur rappeler que l’accueil et l’asile sont des valeurs fondamentales de notre République.

Inversement, il est important de leur faire comprendre les répercussions négatives de notre politique de restriction des visas. Prenons l’exemple récent du Maroc. Cela a créé des tensions avec les Marocains, notamment ceux qui ont étudié en France et entretiennent des liens d’amitié ici. Les empêcher de venir passer leurs vacances chez nous est insensé. Le Maroc compte de nombreux francophones qui n’ont plus la même affinité avec la France.

Alors que nous sommes un petit pays et que nous avons besoin du monde entier, nous sommes en train de nous isoler. Ce n’est pas en nous enfermant que nous allons prospérer. Nous sommes forts lorsque nous sommes en mesure d’exporter et d’échanger.

Le fossé Nord-Sud se creuse-t-il alors ?

C. D. : Plusieurs mouvements convergent. Il existe des synergies « civilisationnelles », avec la diffusion rapide des images et des idées via Internet, les avancées dans l’émancipation des femmes, la montée en puissance des organisations de la société civile et l’exigence de démocratie dans le Sud.

En parallèle, un fossé se creuse effectivement, pour diverses raisons : le durcissement des politiques migratoires, la crise climatique, dont les effets sont plus sévères dans les pays les moins responsables, et un sentiment d’inégalités dans la gestion des conflits, comme le montre la situation actuelle en Ukraine et à Gaza… Cela donne naissance à un « Sud global » qui exige des comptes au monde occidental, non pas en termes de charité, mais de justice et de responsabilité.

Quelles conséquences opérationnelles cette émergence d’un « Sud global » a-t-elle pour une organisation comme la vôtre ?

C. D. : Une décolonisation des mentalités et des pratiques est en cours. Il y a dix ans, le siège d’Oxfam international a été déplacé à Nairobi. Les cadres expatriés sont remplacés par des personnes d’origine nationale. Chaque structure nationale d’Oxfam contrôle sa propre communication, il fut un temps où un rapport sur le Rwanda était rédigé à La Haye. Ce n’est pas encore parfait, mais en termes de financement, d’organisation interne ou de réflexion collective, nous progressons vers un avenir qui est l’égalité.

POUR ALLER PLUS LOIN :

Le grand entretien avec Cécile Duflot le samedi 30 novembre à 11 h 30 aux Journées de l’économie autrement, à Dijon. Voir le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.

La démythification de la droitisation française, et 3 autres recommandations de lecture

ECONOMIE

La démythification de la droitisation française, et 3 autres recommandations de lecture

Chaque samedi, Alternatives Economiques met en avant des livres qui méritent votre attention. Cette semaine, nous vous suggérons : La droitisation française, par Vincent Tiberj ; Le jardin et la jungle, par Edwy Plenel ; Quand les travailleurs sabotaient, par Dominique Pinsolle ; Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle, par un collectif de chercheurs.

1/ « La droitisation française. Mythe et réalités », par Vincent Tiberj

A l’époque où Cnews triomphe, le Rassemblement national (RN) affiche des résultats historiques et Bruno Retailleau devient ministre de l’Intérieur, il est difficile de penser que la France ne s’oriente pas vers la droite. Pourtant ! Dans son dernier livre, Vincent Tiberj démontre, en utilisant un indicateur statistique inédit – les indices longitudinaux de préférence –, que les citoyens sont de plus en plus culturellement ouverts, de moins en moins xenophobes, et qu’ils ne deviennent pas plus libéraux.

Comment peut-on alors expliquer les résultats électoraux, clairement en faveur de la droite ? En s’appuyant sur ses études sur l’abstention électorale, le sociologue met en évidence les faiblesses de la démocratie française. Il décrit une « grande démission » des citoyens qui, loin d’être apolitiques, rejettent le système institutionnel et partisan. Une bonne nouvelle pour la gauche, ces citoyens de plus en plus progressistes sont bien présents.

Cependant, des réformes institutionnelles et politiques profondes seront nécessaires pour persuader ces électeurs de retourner aux urnes par choix, et non par obligation quand la situation l’exige.

Vincent Grimault

La droitisation française. Mythe et réalités, par Vincent Tiberj, PUF, 2024, 310 p., 15 €.

2/ « Le jardin et la jungle. Adresse à l’Europe sur l’idée qu’elle se fait du monde », par Edwy Plenel

Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, a comparé l’Europe à un jardin et le reste du monde à une jungle, ce qui a choqué Edwy Plenel, journaliste et cofondateur de Mediapart. En rappelant à quel point la violence est une composante essentielle de l’histoire européenne, à travers la colonisation, les guerres mondiales, les génocides perpetrés sur le continent ou encore la répression des étrangers, l’auteur remet en question l’idée que le Vieux Continent serait un espace de sérénité.

Face à l’humanité sélective des dirigeants européens, Edwy Plenel propose le droit international comme guide. On ne peut pas défendre le peuple ukrainien tout en ignorant les droits du peuple palestinien, car ce sont les mêmes principes en jeu. En négligeant les droits des Palestiniens, on renforce l’extrême droite et les fascistes, qui sont les principaux opposants à l’égalité des droits.

Le livre, qui aborde en profondeur la question du colonialisme et fait quelques allusions à la Nouvelle-Calédonie, propose une analyse très pertinente des relations entre l’Europe et le reste du monde.

Eva Moysan

Le jardin et la jungle. Adresse à l’Europe sur l’idée qu’elle se fait du monde, par Edwy Plenel, La Découverte, 2024, 216 p., 18 €.

3/ « Quand les travailleurs sabotaient. France, Etats-Unis (1897-1918) », par Dominique Pinsolle

Il fut un temps où la CGT avait envisagé d’intégrer la pratique du sabotage dans ses méthodes d’action. Ici, le sabotage est à entendre comme un mauvais travail intentionnel : une lenteur excessive, laisser tomber ses outils dans la machine, etc., tout ce que la classe ouvrière pouvait imaginer comme « ruses de guerre » contre les capitalistes pour améliorer leurs conditions. Bien que ce phénomène ait été observé en Écosse dès 1889, il a été théorisé en France par l’anarchiste Emile Pouget. Cette pratique a traversé l’Atlantique pour se retrouver dans l’IWW, un syndicat révolutionnaire américain.

Le livre présente de nombreuses théories, mais la pratique est demeurée limitée, même si les adversaires des syndicats ont souvent exagéré cette question pour l’assimiler à la violence, la destruction et le crime. Les réflexions de Taylor sur l’organisation scientifique du travail ont émergé de cette problématique : comment éviter tout ce qui pourrait ralentir la production. Dès la fin des années 1910, l’idée même tombe en désuétude. Une partie méconnue de l’histoire économique.

Christian Chavagneux

Quand les travailleurs sabotaient. France, Etats-Unis (1897-1918), par Dominique Pinsolle, Agone, 2024, 455 p., 25 €.

4/ « Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle », par un collectif de chercheurs

S’il existe un domaine à l’interface de la sociologie et de l’histoire qui a connu un essor considérable récemment et où le débat est particulièrement vif, c’est celui des études décoloniales. Ce néologisme un peu particulier a établi une doxa selon laquelle il serait nécessaire de décoloniser tous les domaines (l’art, la connaissance, le droit…) au motif que les imaginaires et la culture occidentale sont fondamentalement coloniaux et donc porteurs de logiques racistes.

Comme le souligne Mikaël Faujour dans la préface de ce précieux livre collectif (écrit par des contributeurs d’Amérique latine) : « Bien que la théorie décoloniale se soit développée à partir de la spécificité de l’Amérique, considérant 1492 comme un tournant dans l’histoire, elle a dès son origine vocation à être transposée dans d’autres contextes géographiques et culturels, offrant ainsi un cadre d’analyse plus large du monde contemporain […]. »

De nos jours, il est évident que les thèses décoloniales sont de plus en plus acceptées par les jeunes et les étudiants militants. Ce livre, grâce à ses multiples éclairages puisant aux racines de ces théories, facilite la compréhension de leurs linéaments, de leurs complexités et des raisons de leur popularité dans presque toutes les régions du monde.

Christophe Fourel

Critique de la raison décoloniale. Sur une contre-révolution intellectuelle, par Collectif, Coll. Versus, L’échappée, 2024, 255 p., 19 €.

La réalité de Nader, étudiant en cinéma sous OQTF

CULTURE

La réalité de Nader, étudiant en cinéma sous OQTF

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En attendant l'activation de Siri, Apple choisit d'incorporer Gemini dans l'iPhone

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

En attendant l’activation de Siri, Apple choisit d’incorporer Gemini dans l’iPhone

A la suite de l’annonce de l’arrivée de l’Apple Intelligence en français, Google révèle qu’il va intégrer Gemini à l’iPhone. Cette nouvelle a été annoncée hier et selon Google, cette intégration donnerait aux utilisateurs accès à la fonctionnalité de génération d’images par IA ainsi qu’à son assistant vocal Gemini Live.

Le communiqué de Google précise également qu’il est désormais possible de connecter Gemini aux autres services Google tels que Gmail et YouTube grâce à la fonctionnalité « Extensions ».

En revanche, il sera nécessaire de posséder un compte Google ou Google Workspace pour accéder à Gemini Apps et Google Assistant depuis un iPhone.

De plus, Google indique que le service n’est pas encore accessible pour les comptes professionnels, ce qui constitue un avantage notable pour les utilisateurs particuliers.

Ainsi, abandonnez l’idée de bénéficier de cette nouvelle intégration si vous avez un compte Gemini Advanced ou un compte Google Workspace for Education, et encore moins pour ceux qui ont un compte géré par Family Link.

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[youtube https://www.youtube.com/watch?v=azPX_y-On_8?feature=oembed&w=662&h=372]

Gemini sur l’iPhone : la manœuvre désespérée d’Apple pour prendre la tête dans la course à l’IA

Il y a à peine deux mois, en septembre, Google a rendu Gemini Live disponible gratuitement pour tous les utilisateurs d’Android et non pour l’iPhone.

Cependant, son assistant IA était à l’origine réservé aux abonnés de Gemini Advanced lors du lancement de son nouveau smartphone, un mois auparavant.

Selon un rapport, ce déploiement renforce la concurrence entre Google et Microsoft dans la course à la suprématie de l’IA sur mobile.

De son côté, Microsoft mise beaucoup sur son assistant Copilot, que Mustafa Suleyman, PDG de Microsoft AI, qualifie de compagnon d’intelligence artificielle universel.

Google, en tant que principal concurrent de Microsoft, adopte une approche similaire avec Gemini, qui combine des fonctionnalités de commande vocale et de création d’images.

Dans tous les cas, Apple espère s’affirmer pour dominer le marché naissant des IA génératives sur mobile, surtout avec l’arrivée de l’Apple Intelligence.

https://twitter.com/GeminiApp/status/1857145138755084671

D’après les informations, la société de Cupertino pourrait lancer un nouveau produit dès mars prochain susceptible de transformer ce secteur en pleine expansion.

Les investisseurs se montrent sceptiques envers Apple, qui mise sur une collaboration avec Google

Il est vrai qu’Apple accuse un certain retard par rapport à ses rivaux dans le domaine de l’intelligence artificielle.

La marque à la pomme rencontra cependant des difficultés à développer ses propres solutions, ce qui l’oblige à se tourner vers des partenariats pour rester compétitive.

Selon les nouvelles de Bloomberg, Apple discuterait avec plusieurs acteurs du marché de l’IA, y compris OpenAI, ce qui a permis l’intégration de ChatGPT avec Siri.

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[youtube https://www.youtube.com/watch?v=tJ0rSSUhloM?feature=oembed&w=662&h=372]

En ce qui concerne les discussions avec Google, le partenariat est établi et en conséquence : Gemini est maintenant intégré dans l’iPhone.

Ce partenariat avec Google est donc d’une importance capitale pour Apple. Mais peut-on affirmer que cette collaboration pourrait calmer les inquiétudes des investisseurs concernant le déploiement lent des applications d’IA par la marque ?

Plus tôt cette année, Apple a déjà connu une chute de 10 % de ses actions et a perdu son statut d’entreprise la plus valorisée au monde.

Selon l’analyste Dan Ives, ce partenariat avec Google serait le chaînon manquant dans la stratégie d’IA d’Apple.

Et c’est peut-être la meilleure voie à suivre, d’autant plus que la version améliorée de Siri n’est attendue que pour l’année prochaine.

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PHOTOS - Rénovation des Halles gourmandes de Béziers réussie, les retours sont concordants, un franc succès.

HERAULT NEWS

PHOTOS – Rénovation des Halles gourmandes de Béziers réussie, les retours sont concordants, un franc succès.

La nouvelle Halle de Béziers a été inaugurée avec éclat ce vendredi midi, attirant une grande foule de Biterrois. Les automobilistes ayant tenté d’y accéder ont été désagréablement surpris par l’ampleur des embouteillages.

La rue de la République, qui permet d’y accéder, était étrangement congestionnée durant la pause déjeuner. Cela s’explique par la curiosité de nombreux visiteurs désireux d’admirer les nouveaux aménagements.

Les discussions dans les allées fusent et les avis sont unanimement positifs quant à cette transformation tant attendue : des Halles plus lumineuses, spacieuses, chaleureuses et accueillantes. “On se sent comme à la maison”, avouent certains.

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Un investissement de 20 millions d’euros a été réalisé, dont 1,6 million provenant de l’État. Parmi les 24 commerçants, sept étaient présents dans l’ancienne halle. Cynthia Garcia de La Maison du jambon Ibérique témoigne : “Franchement, c’est une belle réussite. Je suis enchantée d’être restée.”

“L’âme de ce bâtiment magnifique a été préservée tout en améliorant le confort de travail”

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Les nouveaux commerçants partagent également cet avis. Maria, la gérante de la Crémerie Biterroise, déclare : “C’est un très bel outil de travail. Nous avons vu la transformation. Le client peut tout voir de l’espace. Il circule entre les rayons, c’est très vaste. On n’est pas entassé. Ce n’est pas un labyrinthe.”

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Le chantier, initialement prévu pour 16 mois, a été achevé en neuf mois. L’objectif était de permettre aux commerçants de commencer leurs activités juste avant les fêtes de fin d’année 2024.

Les Halles avant la transformation

Les Halles, avant les travaux
Les Halles, avant les travaux © Radio France
Stéfane Pocher

Métamorphose réussie

Halles gourmandes de Béziers
Halles gourmandes de Béziers © Radio France
Stéfane Pocher

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La rénovation d’un bâtiment de 133 ans était incontournable. Vieillissant, chaque aspect a été réimaginé et rénové. Ce nouvel espace de 1.000 m² est beaucoup plus aéré et lumineux. “On a même l’impression que les Halles sont plus vastes“, confient certains Biterrois, avec des sols et des étals renouvelés, ainsi que l’ajout de chambres froides et de systèmes de chauffage et de climatisation pour améliorer le confort des commerçants et des clients.

Les Halles gourmandes de Béziers
Les Halles gourmandes de Béziers © Radio France
Stéfane Pocher

“Rivaliser avec les Halles de Narbonne” – Robert Ménard

“Nous avons respecté les délais” se réjouit le maire de Béziers. “Il n’y a pas de revitalisation du centre-ville sans des Halles attirantes. Et celles-ci étaient en déclin. Si aucune action n’avait été entreprise, elles auraient disparu. J’étais en effet envieux de Narbonne“, déclare Robert Ménard. “Quand je me rendais à Narbonne, je me disais à quel point elles étaient jolies. Aujourd’hui, les nôtres sont encore plus belles.”

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La ville de Béziers demeure propriétaire des lieux, cependant, la gestion a été confiée à l’entreprise basque Biltoki qui a pour objectif d’atteindre 800.000 visiteurs d’ici fin 2025. “C’est ce que nous avons réussi ailleurs, et je suis convaincu que nous respecterons nos promesses“, affirme le cofondateur Bixente Alaman.

Biltoki est renommée pour sa capacité à revitaliser les halles alimentaires en France.

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Les Halles gourmandes de Béziers
Les Halles gourmandes de Béziers © Radio France
Stéfane Pocher

Une rénovation effectuée en un temps record

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Les nouvelles Halles disposent d’horaires élargis. Le marché est ouvert de 8h à 14h, et la partie restauration de 11h à 15h et de 18h à 22h30.

  • Si vous êtes témoin d’un événement dans l’ouest héraultais ou l’arrière-pays, appelez le 04.67.06.65.42 pour partager l’information.

Trois jours de festivités sont organisés pour célébrer cette transformation

Vendredi 15 novembre

12h : Ouverture au public
12h30 : Banda Braséro avec côtes de bœuf d’Empreinte bio
De 13h à 18h : visites guidées sur les découvertes du chantier avec des archéologues
19h : concert Fuzz Braséro libanais (brochette de kefta, poulet mariné) par Destination Liban & grand cassoulet de Philomène Traiteur
21h: DJset

Samedi 16 novembre

12h : Banda Mescladis avec BBQ de Malambo : choripan (sandwich à la saucisse), brochettes de picanha, pommes de terre au charbon, entrecôte argentine
14h : groupe Apollo Fish
16h : animation maquillage pour les enfants
19h : concert Mr Team Braséro avec fromages de la crémerie biterroise : Mont d’Or et Camembert à la truffe
21h : DJset

Dimanche 17 novembre

11h : Fanfare Panda’s Cover Gang et batucada Badauê Sud
12h : Braséro coquillages et grande tartiflette de la Laiterie Fabre 12h30 : animation ballon
14h : concert Gypsy

Les Halles gourmandes de Béziers
Les Halles gourmandes de Béziers © Radio France
Stéfane Pocher

Diffusion du 15/11/2024 L’invité d’ICI matin – Bixente Alaman, cofondateur de Biltoki, le nouveau gestionnaire des Halles de Béziers


Le 04/02/2024 Modernisation des Halles de Béziers : les commerçants dénoncent une organisation chaotique


LES 24 COMMERÇANTS DES HALLES :

BOUCHERIE BONIFAS – Boucher chevalin Philippe Bonifas est présent dans les Halles de Béziers depuis 1993. Ce métier se transmet de père en fils dans sa famille : arrière-grand-père, grand-père, père, fils et fille, tous ont participé à préserver cette tradition avec passion. Il et son équipe vous accueilleront derrière le nouvel étal avec de délicieux produits.

LA RÔTISSERIE DES HALLES – Rôtisseur Présente aux Halles du Lez à Montpellier, la rôtisserie de Yves et Marc arrive à Béziers pour vous faire découvrir ses succulents produits rôtis sur place. Le poulet fermier (label rouge) est la star, à emporter ou à déguster entier, en demi ou en quartier, mais vous trouverez aussi d’autres spécialités comme des magrets de canard, cochons de lait, andouilles et joues de porc, le tout accompagné de frites et d’une sauce maison.

LA CRÉMERIE BITERROISE – Fromager Nouvelle venue dans les Halles, Maria Hernandez est engagée et passionnée. Après plusieurs années dans des fromageries réputées à Paris, elle a décidé d’intégrer les Halles pour vous offrir des fromages de haute qualité, locaux et d’ailleurs.

PHILOMÈNE TRAITEUR – Traiteur française Selon la saison et l’inspiration du jour, Sylvie et Éric, anciens commerçants des halles, prépareront leurs plats conviviaux typiques des marchés. Vous trouverez des spécialités locales comme la paëlla, le cassoulet, la macaronade, la tielle, les encornets, et les moules farcies, ainsi que des plats populaires comme la choucroute ou le couscous. Il y en aura pour toutes les papilles. LA

MAISON DU JAMBON IBÉRIQUE – Traiteur ibérique Cynthia Larroude, figure biterroise emblématique, revient avec une offre renouvelée de jambons ibériques et d’autres produits d’exception espagnols comme des charcuteries ibériques et des pintxos, à déguster sur place ou à emporter sur une grande table familiale.

L’EMPREINTE BIO – Boucher L’Empreinte bio se compose de 4 éleveurs et d’un boucher qui ont uni leurs forces pour créer cette boucherie exceptionnelle, entièrement dédiée à la viande 100% bio. Unique et sans équivalent dans un rayon de 50 km, ils militent pour la qualité et le goût tout en respectant l’environnement, avec des prix justes pour le client permettant aux éleveurs de vivre dignement de leur métier. LA POISSONNERIE

DES HALLES – Poissonnier Jeremy Gernez, jeune poissonnier talentueux et expérimenté, a été formé à Boulogne-sur-Mer. Il possède déjà une poissonnerie à Canet-en-Roussillon, à 50 minutes de Béziers, et proposera un large choix de poissons frais du jour, locaux ou provenant de partenaires réputés pour leur pêche durable.

ENTREMETS & CHOCOLATS – Pâtissier chocolatier Thomas et Bruno, deux amis ingénieurs devenus artisans par passion, ont ouvert leur première boutique à Marseillan. Ils rejoindront les halles pour le plus grand bonheur des amateurs de douceurs, proposant des gâteaux savoureux, des classiques de la pâtisserie française ainsi que des créations originales, toutes faites artisanalement avec des ingrédients de choix.

LE MAS DES FRANGINS – Producteur d’huîtres & écailler Lucas et Louis, ostréiculteurs bien connus des Biterrois, reviennent, unis par leur passion pour la mer. Ils possèdent une exploitation à l’étang de Thau et proposeront leurs huîtres, crevettes aïoli et coquillages à déguster sur place ou à emporter, accompagnés d’un bon vin blanc.

LA FERME RONGO – Producteur bio & primeur Christophe Beaudemont, producteur 100% bio situé à environ 15 km de Béziers, revient pour offrir des produits de saison au goût incomparable. Sa clientèle ne cesse de croître, tout comme sa réputation. MAISON

ALARD – Épicier Valérie et Pierre Alard, présents aux halles depuis plusieurs générations, vous proposeront une multitude d’épices et d’olives, pour un étal coloré et odorant qui rehaussera tous vos plats.

MALAMBO – Bar à viandes Augustin Bailo, chef argentin, propose des grillades maîtrisées et travaillera main dans la main avec les commerçants des halles pour cuisiner des mets savoureux à partir de matières premières locales.

BILTOKI – Bar du marché Ce café du marché, dirigé par l’équipe de Biltoki, sera un lieu de partage et de convivialité. En plus de l’offre traditionnelle d’un bar, il mettra à l’honneur les produits des commerçants et animera le marché avec des événements gastronomiques.

LAITERIE FABRE – Traiteur fromager Maxime, fils de la famille Fabre, gérera ce stand, offrant des spécialités fromagères selon les saisons, ainsi qu’une sélection de fromages à emporter ou à déguster sur place.

MANO DI PASTA – Traiteur italien Elisabeth et Éric, présents aux halles de Perpignan, fabriqueront leurs pâtes fraîches sur leur stand, proposant aussi une offre traiteur de la gastronomie italienne à déguster sur place ou à emporter.

GORGEOUS – Sandwichs gastronomiques Georges Galzy, entrepreneur en herbe, proposera un concept de sandwichs raffinés, avec le soutien du chef étoilé Clément Bonano, le tout à déguster sur place ou à emporter, selon les saisons.

LES JAJALOGUES – Caviste & bar à vins Frédérique Frances, commerçante de longue date, mettra en avant une offre de vins de qualité, accompagnée de planches généreuses à déguster sur place ou à emporter, mettant en lumière les terroirs du Languedoc et d’ailleurs.

PAINS & POTS – Fournil artisanal bio Alicia et Kevin Zuchetto, issus d’un tour de France en tant que Compagnons du Devoir, présenteront une variété de pains bio d’exception, ainsi que des pâtisseries et viennoiseries.

PIZZA MOTHY – Pizzas Timothy, jeune entrepreneur de 26 ans, apportera son expertise en fabrication de pizzas pour régaler les clients avec des créations savoureuses. ESCRIHUELA – Primeur Corinne et Julien Escrihuela, commerçants aguerris, proposeront des fruits et légumes frais sur leur stand bien achalandé.

LA BOUTIQUE DE MARIE – Fleuriste Nathalie embellira les halles avec ses fleurs fraîches et créations florales, apportant une touche de couleur et de parfum appréciée des clients.

DESTINATION LIBAN – Traiteur libanais Mona et sa fille, présentes sur les marchés de la région, proposeront des mets libanais authentiques, tels que falafels et taboulés, avec une carte renouvelée selon les saisons.

MAISON D’AMBRE – Traiteur marocain Bouchra, d’origine marocaine, proposera une sélection de spécialités de son pays, préparées à partir d’ingrédients locaux et d’épices importées directement du Maroc.

Ô HUÎTRES – Traiteur de la mer Rodolphe, déjà présent aux Halles de Frontignan, proposera une sélection de plats à base de fruits de mer, à déguster sur place ou à emporter.

Pourquoi le solide bilan économique de Joe Biden n'a-t-il pas bénéficié à Kamala Harris ?

ECONOMIE

Pourquoi le solide bilan économique de Joe Biden n’a-t-il pas bénéficié à Kamala Harris ?

Les citoyens américains résidant dans un parc de mobile homes en Californie, ou près d’une usine désaffectée dans le Michigan, et ayant voté pour Donald Trump, ont-ils manqué de compréhension ? C’est ce qu’ont insinué certains analystes pour commenter la défaite des démocrates, soulignant le paradoxe entre cet échec électoral et le bilan économique plutôt positif du président en fonction, Joe Biden.

Sa tactique, axée sur un investissement public massif, un protectionnisme réajusté pour favoriser le développement des industries écologiques, ainsi que des augmentations fiscales, semblait avoir porté ses fruits : depuis l’entrée en fonction de Biden, l’emploi a augmenté de 12 %, le salaire moyen de 19 % et le taux de chômage est tombé à 4,1 %, approchant son plus bas historique. Tout cela tout en freinant l’envolée des prix causée par la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine.

Plus qu’un simple slogan électoral, les « Bidenomics », appellation de cette stratégie économique, ont marqué un véritable changement idéologique aux États-Unis, avec le retour de l’État au cœur des préoccupations.

Pourtant, seulement un quart des personnes interrogées par CNN au lendemain des élections présidentielles estimaient que leur situation économique s’était améliorée par rapport à il y a quatre ans, les autres y voyant au mieux une stagnation, et souvent une dégradation.

Parmi ceux qui ont une vision négative de la situation économique, 70 % ont voté Trump. Comme en 2016, le magnat a reçu le soutien de la classe moyenne, que les démocrates espéraient bien récupérer.

Comment expliquer ce paradoxe apparent, entre un bon bilan macroéconomique pour Joe Biden et une désapprobation des électeurs vis-à-vis des démocrates en matière économique ?

Les attentes étaient élevées lors de l’investiture de Biden : le pays sortait d’une récession post-pandémie de Covid-19, la reprise demeurait fragile et le chômage atteignait 14,7 %. En réponse aux crises majeures, le président a débloqué des milliards de dollars en crédits d’impôts et allocations pour préserver le pouvoir d’achat des ménages et soutenir l’activité économique.

Cette approche a porté ses fruits, mais a conduit à un creusement du déficit public. Actuellement, la dette fédérale s’élève à 35 500 milliards de dollars, soit une hausse de 29 % depuis l’arrivée de Biden à la Maison Blanche.

Une somme que les Américains appréhendent de devoir rembourser, alors que l’inflation les a contraints à épuiser leur épargne accumulée pendant la période de Covid pour maintenir leur consommation, une fois les aides exceptionnelles stoppées. 37 % des ménages affirment qu’ils seraient incapables de couvrir une dépense imprévue de 400 dollars sans recourir à un endettement.

Les salaires n’ont pas suivi l’inflation

<pPourquoi les aides publiques n’ont-elles pas suffi ? Très vraisemblablement parce que les salaires n’ont pas évolué parallèlement à l’inflation. Durant la campagne, les Démocrates ont souligné que l’augmentation des prix commençait enfin à ralentir. Cependant, les électeurs n’ont pas oublié le déroulement complet de la séquence inflationniste.

En effet, même si la hausse de l’inflation est désormais moins rapide, nous sommes encore loin d’une déflation (une baisse des prix), qui permettrait d’annuler les hausses précédentes. Certaines dépenses nécessaires ont connu une forte augmentation entre l’investiture et la défaite de Biden : + 23 % pour le logement et l’alimentation, + 13 % pour le transport, + 12 % pour l’éducation et + 8 % pour la santé.

Une augmentation des prix ne constitue pas nécessairement un problème… si les salaires progressent en conséquence. Ce qui n’a pas été le cas de manière suffisante. L’économiste Lucas Chancel a récemment rappelé qu’entre 2020 et 2023, le revenu disponible avant redistribution des 50 % des Américains les moins riches a crû moins rapidement que celui de l’ensemble de la population. En revanche, entre 2016 et 2020, la moitié la plus pauvre de la population avait vu sa situation se renforcer davantage que la moyenne.

« L’inflation a sapé le pouvoir d’achat. Les salariés n’oublient pas qu’ils ont été lésés pendant la période où l’inflation était supérieure à la hausse de leur salaire », confirme François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

En tenant compte de l’inflation et de la distribution des emplois par secteur, le salaire horaire moyen a diminué de 1,54 dollar entre 2020 et 2024 aux États-Unis.

« Une grande partie du vote pour Trump est le reflet de la colère des électeurs face à cette situation : ils ont travaillé durement et ont l’impression de ne pas avoir été récompensés », indique Cécile Coquet-Mokoko, professeure en civilisation américaine à l’université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines. À tel point que dans la « Rust Belt » (« ceinture de la rouille »), un ancien bastion industriel du Nord-Est, le bleu démocrate des élections de 2020 est désormais en train de virer au rouge républicain.

Pourquoi les bons chiffres de l’emploi n’ont-ils pas agi comme un rempart contre l’inflation ? Il existe d’abord des raisons conjoncturelles : les négociations salariales, pour s’ajuster à l’augmentation des prix, prennent toujours du temps. Cela peut sembler être un lointain souvenir maintenant, car les salaires progressent plus rapidement que l’inflation. Mais pendant ce temps, la fin de mois de nombre d’employés a été délicate.

Au-delà de cet aspect temporel, des changements plus fondamentaux affectent la structure de l’emploi. Les deux législations clés du mandat de Joe Biden – l’Inflation Reduction Act (IRA) et le CHIPS and Science Act – avaient vocation à créer des « good jobs ». Cela signifie : des emplois manufacturiers bien rémunérés avec des avantages sociaux. Cependant, ces 800 000 postes tant espérés « ne suffisent pas à compenser les millions d’emplois manufacturiers perdus depuis les années 2000 », remarque François Geerolf.

S’il manque ces « good jobs », c’est, selon l’économiste Dani Rodrik, parce que les mesures de soutien actuelles à l’investissement ciblent des secteurs où la productivité dépend davantage de l’automatisation et de nouvelles technologies que de la main-d’œuvre humaine. En d’autres termes, les nouvelles usines font appel à de nombreuses machines et peu d’ouvriers.

Par exemple, l’ouverture d’une usine de puces électroniques en Arizona cette année devrait « générer à peine 6 000 emplois manufacturiers, ce qui représente plus de 10 millions de dollars investis par emploi créé », explique-t-il.

Les services, notamment l’entretien et le soin aux personnes, ont déjà été le moteur des 16 millions de postes créés en quatre ans. Cependant, la classe moyenne cherche à éviter ces emplois moins bien rémunérés.

Dans un pays où « le succès s’acquiert par le travail », selon Cécile Coquet-Mokoko, la précarisation de l’emploi est perçue comme un obstacle à l’ascension sociale. Cet mécontentement est amplifié par le fait que les aides publiques sont perçues de manière variable de l’autre côté de l’Atlantique. De son expérience aux États-Unis, elle se souvient que « l’État providence est quelque chose de mal vu dans la société américaine ; les Américains ont une répulsion à dépendre d’un État protecteur ».

Ainsi, la chercheuse ajoute que « certains votent Trump car ils admirent la figure qu’il représente, un homme qui aurait atteint le sommet grâce à son intelligence et à son audace ».

Conscient de ces éléments, le camp démocrate a proposé d’instaurer un salaire minimum fédéral de 15 dollars de l’heure. Cela reste cependant insuffisant pour endiguer le mouvement des travailleurs vers le parti de Donald Trump.

Enfin, la politique monétaire a entraîné des conséquences néfastes pour les ménages à faibles revenus. En maintenant des taux bas de 2020 à 2022, la Fed (la banque centrale américaine) a certes soutenu l’activité économique, un bénéfice pour les plus défavorisés. Mais cela a également contribué à l’augmentation des prix des actifs financiers et immobiliers, enrichissant les « Américains détenteurs d’un patrimoine confortable, souvent des seniors, dont beaucoup vivent aujourd’hui de leurs rentes », décrit l’économiste Véronique Riches-Flores.

Trump va décevoir

Pour les primo-accédants, acquérir un logement est devenu presque impossible.

« Ceux qui avaient un peu possèdent maintenant beaucoup, tandis que les autres, les défavorisés, accèdent à de moins en moins de choses », résume l’économiste.

Dans ce contexte social tendu, des formes de racisme sont faciles à attiser. « Les républicains ont appelé aux craintes et émotions de l’électorat », indique Cécile Coquet-Mokoko. En affirmant, par exemple, que les emplois créés allaient aux immigrés, Trump a rassemblé les jeunes électeurs et les Latinos. Pour cause : « les générations récemment intégrées, telles que les Latinos, ferment la porte derrière elles par crainte de perdre leurs acquis », complète François Geerolf.

Cependant, ces acquis ne seront pas mieux protégés par Donald Trump. Au contraire.

« Avec la réduction des aides sociales et un protectionnisme qui fera grimper le prix des biens, la classe moyenne risque de déchanter », avertit Véronique Riches-Flores.

Avec Trump, c’est effectivement le retour de la théorie du ruissellement, qui soutient que des baisses d’impôts pour les plus riches stimuleront la croissance au profit de tous.

Agentforce, l'intelligence artificielle de Salesforce adaptable à chaque secteur

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Agentforce, l’intelligence artificielle de Salesforce adaptable à chaque secteur

Salesforce présente le lancement d’Agentforce, sa nouvelle plateforme d’agents IA autonomes conçue pour divers secteurs. En France, cet écosystème comprend des intégrateurs et développeurs qui visent à favoriser l’adoption de cette technologie innovante, alimentée par un centre d’innovation novateur établi à Paris. La flexibilité d’Agentforce offre une personnalisation qui dépasse largement celle des agents traditionnels. Cela fait de chaque solution un atout pour les besoins spécifiques de chaque domaine d’activité. 

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Une IA spécialisée pour de nombreux secteurs

Le 6 novembre 2024, Salesforce a fait annoncer la mise à disposition d’Agentforce en France. Cet outil se veut un véritable tournant. Il propose des agents IA autonomes spécifiquement conçus pour répondre aux besoins de secteurs comme la santé, le commerce de détail ou les télécommunications. Dans le domaine des télécommunications, par exemple, ces agents prennent en charge avec efficacité le service à la clientèle. Ils permettent d’automatiser des processus complexes tels que la gestion des factures. Dans le secteur éducatif, les agents apportent une aide immédiate aux étudiants. Quant au secteur financier, ils s’occupent de litiges liés aux transactions et à l’approbation de prêts.

La distinction d’Agentforce réside dans cette capacité à personnaliser les agents par secteur. Emilie Sidiqian, PDG de Salesforce France, déclare : « Avec Agentforce, nous faisons un pas vers une nouvelle ère de l’IA, axée sur le pragmatisme et le retour sur investissement. » Cette approche pourrait révolutionner la façon dont les entreprises françaises intègrent l’IA, en leur fournissant des solutions sur mesure pour leurs enjeux particuliers.

L’écosystème Salesforce en France

Salesforce ne se lance pas dans cette aventure toute seule. La société collabore avec un réseau de plus de 300 partenaires intégrateurs et éditeurs de logiciels indépendants (ISV). Ces différents acteurs sont essentiels pour faciliter l’intégration des agents IA et maximiser l’impact de l’innovation technologique sur l’économie française. L’objectif est de rendre l’IA générative accessible, même pour des entreprises de plus petite taille.

Afin de consolider cet élan, Salesforce a également présenté sa communauté d’« Agentblazers ». Inspirée par la plateforme d’apprentissage Trailhead, cette initiative a pour but d’initier des milliers de professionnels aux outils d’Agentforce. Cela fait partie d’un projet global de développement des compétences, comprenant déjà plus de 100 000 Trailblazers en France. Le but étant de positionner la France comme un leader en IA générative, en capitalisant sur cette base solide. Un aspect solidaire est prévu avec le programme « Agents for Impact », qui a pour mission d’équiper les associations d’agents IA. Ce programme prolonge l’engagement social de Salesforce, qui soutient activement plus de 1 500 associations en France grâce à des dons et du bénévolat.

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Agentforce Experience : un espace d’innovation

Pour mettre en avant Agentforce, Salesforce a inauguré l’Agentforce Experience à Paris le 5 novembre 2024. Situé au Salesforce Innovation Center, cet espace propose des démonstrations immersives, des ateliers de création d’agents IA ainsi que des séances de co-création avec les experts de la société. Cet environnement est conçu pour offrir une immersion complète, permettant aux clients et partenaires d’expérimenter concrètement le potentiel des solutions IA. « Avec nos agents déjà configurés et adaptables, nous donnons aux entreprises françaises, quel que soit leur secteur, les moyens d’exploiter pleinement l’IA générative », précise Emilie Sidiqian. Elle souligne également la nécessité d’une collaboration entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine. Cela représente un défi majeur pour redéfinir les usages des technologies.

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Ce lancement représente donc un tournant majeur pour Salesforce. Selon une étude IDC, l’entreprise espère générer 76,5 milliards d’euros de revenus et créer 263 000 emplois d’ici 2028. Un objectif ambitieux qui illustre l’impact potentiel de l’IA sur l’économie française. Étant donné sa capacité d’adaptation à diverses réalités sectorielles, Agentforce paraît prêt à révolutionner des domaines entiers. Cela ouvre également de nouvelles pistes pour l’intelligence artificielle au sein des entreprises.

Article basé sur un communiqué de presse reçu par la rédaction.

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Au tribunal des abus policiers, « ce qui n'est pas enregistré n'apparait pas dans le dossier »

CULTURE

Au tribunal des abus policiers, « ce qui n’est pas enregistré n’apparait pas dans le dossier »

Tribunal de Bobigny (93), 7 novembre 2024 – « Je suis un citoyen français. J’ai des droits. J’ai cru que j’allais mourir. » La juge achève la lecture de la lettre à haute voix puis porte son regard sur la salle d’audience. En face d’elle, Aziz E. demeure silencieux. Ce qu’il avait à exposer, il l’a consigné dans un signalement adressé à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) il y a plusieurs années. Il y relate les abus qu’il a subis de la part de deux agents de la BAC de Seine-Saint-Denis, le 26 avril 2020, au commissariat d’Aubervilliers. À ce moment-là, le confinement dû à la pandémie de covid-19 est en vigueur et Aziz enregistre un contrôle lorsque les policiers l’arrêtent pour l’obliger à effacer les images. Il est conduit au poste pour vérification d’identité, où il accuse le chauffeur de lui avoir « tasé les parties intimes » dans le véhicule, avant de le malmener dans un couloir du commissariat. « Mon téléphone se trouve au commissariat si vous souhaitez des preuves », a-t-il noté dans la lettre, soigneusement lue par la magistrate.

Cependant, parmi l’ensemble des violences rapportées, seuls trois gestes sont retenus dans l’enquête, capturés par les caméras de surveillance à l’intérieur du poste. Comme le rappelle le procureur lors de l’audience, concernant les violences policières :

« Ce qui n’est pas filmé n’apparaît pas dans le dossier. »

Et peu importe que, lors de son audition à l’IGPN, Aziz E., âgé de 25 ans au moment des faits, ait décrit une longue série de coups, d’injures et de références à sa foi de la part des agents, depuis son arrestation jusqu’à ce qu’il cède à déverrouiller son téléphone pour faire disparaître la vidéo. Les photographies de ses blessures, jointes à son signalement, montrent des marques de piqûres sur la jambe et aux parties génitales attribuées au taser, ainsi que de nombreuses rougeurs « compatibles avec des traces de coups », selon le procureur.

Un croche-pied « regrettable »

Le rapport d’analyse des vidéos n’impute à Thomas B. qu’un coup de genou alors qu’il tirait « avec vigueur » le jeune homme, qui ne « résiste pas », du véhicule vers l’entrée du commissariat. À la barre, cet homme de 31 ans, désormais muté à la police de secours, défend l’emploi de la force « strictement nécessaire » pour conduire l’interpellé et conteste avoir porté un coup. Le jeune aurait, selon lui, simplement « perdu l’équilibre ». Il confesse en revanche un croche-pied, également filmé, alors qu’Aziz E. s’apprête à sortir du commissariat, qualifiant cela de « geste regrettable ».

S’agissant de Vincent R., il est accusé d’avoir, peu avant, armé le poing en direction d’Aziz E., dos au mur et « déboussolé » dans l’entrée du commissariat, pendant que les autres agents inspectent son téléphone. L’homme, d’une stature athlétique, ne comprend « plus pourquoi il a agi ainsi ». Comme son collègue, il admet avoir commis « un geste regrettable durant une période gênante », sans y voir pour autant une forme de violence. Sa défense est hésitante :

« Je ne connais pas le code pénal sur le bout des doigts. »

À la barre, quatre ans après les événements, la victime, un peu frêle, semble désorientée. Aziz E. a du mal à suivre les questions du tribunal. Son avocate, Maître Déborah Zubillaga, décrit son client comme une victime « particulièrement traumatisée », s’étonnant qu’il n’ait pas fait examiner ses blessures par un médecin légiste par « méfiance à l’égard de tout service collaborant avec la police ».

Comme c’est souvent le cas dans les affaires de violences collectives, les avocats de la défense ainsi que ceux de la partie civile critiquent également la portée restrictive de l’enquête. « À aucun moment, il n’a été demandé d’identifier les policiers ayant pu interagir avec lui », dénonce l’avocat de Thomas B., Maître Martin Dier, soulignant qu’aucune photo n’a été présentée à la victime. L’avocate d’Aziz E. se désole surtout du « refus des agents de témoigner contre leurs collègues ». « C’est tout un service qui se protège les uns les autres », ajoute-t-elle. L’ensemble des violences avait d’ailleurs été nié par les deux agents face aux enquêteurs, jusqu’à ce que les images leur soient montrées.

Le procureur, de son côté, défend dans son réquisitoire le « bon travail » des enquêteurs sur « un dossier ancien », ainsi que la décision du parquet d’écarter des poursuites l’intégralité de la scène de l’interpellation et du véhicule de police. Car sans l’activation des caméras piéton, pour elle :

« C’est parole contre parole, nous ne saurons jamais ce qu’il s’est réellement produit. »

Une vidéo effacée

Les véritables motivations derrière le transport d’Aziz E. au commissariat soulèvent également des questions. Car, bien que tous les policiers affirment avoir cherché à effectuer une vérification d’identité – laquelle permet de retenir une personne pendant quatre heures – celle-ci n’a finalement jamais eu lieu. Pour les agents, c’est parce qu’Aziz E. leur aurait, juste devant la cellule, montré sa carte sur son téléphone.

Ce serait d’ailleurs pour consulter sa carte que les quatre policiers auraient manipulé le téléphone à l’accueil. Une version répétée par Vincent R., qui avait pourtant admis lors de son audition avoir supprimé la vidéo « de peur qu’elle ne circule sur les réseaux sociaux ou ne tombe entre de mauvaises mains ». Cela a agacé la juge : « Nous sommes des professionnels après tout. » « Nous n’avons pas besoin de quatre personnes pour contrôler une carte d’identité », renchérit plus tard le procureur, qui rappelle aux policiers que le fait d’être filmé peut être « très désagréable, mais c’est néanmoins légal ». Mais ces actes, eux aussi, ne sont pas poursuivis. Maître Déborah Zubillaga, l’avocate d’Aziz E., dénonce quant à elle un « prétexte fallacieux » et envisage d’initier une nouvelle procédure pour « détention arbitraire ».

Pour les trois gestes poursuivis, le procureur requiert six mois d’emprisonnement avec sursis contre Thomas B, accompagnés d’une interdiction de port d’arme pendant cinq ans. Concernant son collègue Vincent R, la magistrate demande trois mois avec sursis. Le jugement est attendu le 5 décembre.

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