Edith Heard et Arkunir : “L'humanité ne pourra pas subsister sans le soutien de la planète”

CULTURE

Edith Heard et Arkunir : “L’humanité ne pourra pas subsister sans le soutien de la planète”

La généticienne Edith Heard et le streamer Arkunir sont les invités de Clique. Médaillée d’or du CNRS et directrice générale du Laboratoire européen de biologie moléculaire, la scientifique partage ses travaux sur l’épigénétique. Arkunir, qui a plus d’un million de suiveurs sur X, évoque sa collecte de don du sang aux ambitions records, aux côtés de Mouloud Achour.

Edith Heard, une scientifique sur le plateau de Clique 

Edith Heard est une chercheuse éminente. Biologiste concentrée sur l’étude de l’épigénétique et du chromosome X, elle a récemment reçu la médaille d’or du CNRS. C’est la huitième femme à être honorée ainsi depuis que ce prix existe en 1954. Elle enseigne actuellement au Collège de France après des passages à l’Institut Pasteur et l’Institut Curie. “Pour comprendre le fonctionnement de la vie, il faut d’abord saisir nos origines.” Ses travaux apportent des connaissances cruciales sur le fonctionnement de l’ADN des mammifères.

En plus de ses recherches sur l’épigénétique et les chromosomes, Edith Heard est une ardente défenderesse de l’environnement et de sa sauvegarde : “Sans le soutien de notre planète, l’humanité ne pourra survivre. Nous avons le devoir de la protéger. Tout ce que nous avons, nous le lui devons.” Elle incite le public à faire confiance aux experts scientifiques et les incite à offrir des discours clairs et compréhensibles. “Au cours des 100 dernières années, notre espérance de vie a doublé. L’humanité peut être très forte si elle prend soin d’elle-même et permet à la science de progresser.

Une collecte de sang record portée par Arkunir 

En deuxième partie d’émission, Edith Heard est rejointe par Arkunir. À seulement 22 ans, le streamer donne sa première interview télé sur le plateau de Clique. Il compte déjà un million d’abonnés sur X, anciennement Twitter, où il s’est fait connaitre après avoir remporté 40 000€ suite à un défi lancé par le célèbre YouTubeur américain Mr. Beast. Cette somme a été intégralement reversée à la Fondation 30 millions d’amis. “Je souhaite utiliser ma notoriété pour faire des bonnes actions, afin que lorsque cela s’arrêtera, je puisse dire que j’ai été bénéfique.” 

Arkunir s’est associé à l’Établissement français du sang dans le cadre d’une collecte de sang visant des résultats records. Ainsi, du 28 novembre au 1er décembre 2024 à l’Hôtel de Ville de Paris, ils espèrent inciter 4 000 individus à participer. “J’ai remarqué qu’associés à des évènements comme le Z Event, on privilégie souvent les dons sur les réseaux sociaux, en négligeant des actions concrètes comme le don de sang.” Arkunir observe que les campagnes de don de sang classiques n’atteignent pas toujours les jeunes et souhaite remédier à cette problématique. 

L’interview d’Edith Heard et d’Arkunir peut être visionnée en replay sur myCANAL. 

Parcoursup : le stress est toujours là !

ECONOMIE

Parcoursup : le stress est toujours là !

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a, une fois de plus, établi un rapport très positif concernant la session 2024 de Parcoursup. Sur son site, le ministère se réjouit de « des améliorations tangibles qui répondent aux attentes des lycéens ».

En effet, 86,7 % des 945 500 candidats ont obtenu au moins une proposition d’admission dans l’une des formations pour lesquelles ils avaient exprimé des vœux sur la plateforme. De plus, 650 000 d’entre eux ont accepté une proposition d’admission, représentant 79,2 % de ceux ayant reçu une offre. Globalement, Le Monde a estimé que 68,8 % des inscrits sur la plateforme, toutes catégories confondues, se sont engagés dans un cursus qu’ils désiraient.

Cependant, on peut également noter l’aspect négatif des chiffres, qui sont en déclin par rapport à 2023, où ils étaient de 87,8 % et 69,5 % respectivement.

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Augmentation de l’offre privée

Le ministère indique également que le nombre de formations disponibles sur la plateforme est en hausse. Cela a été constaté chaque année depuis son lancement en 2018, mais cette hausse est principalement due aux établissements privés, sous ou hors contrat. Ainsi, le nombre de formations proposées par l’enseignement privé a presque doublé entre 2020 et 2024 (4 992 en 2020, contre 9 298 en 2023, soit une augmentation de 86,3 %), tandis que l’offre de l’enseignement public n’a progressé que de 15,3 % durant la même période (11 998 en 2020, contre 13 829 en 2023).

Un autre chiffre communiqué par le ministère est également frappant : malgré les avancées annoncées, 83 % des candidats trouvent la procédure stressante, tout comme l’année précédente et celle d’avant (d’après une étude d’opinion menée par l’institut de sondage CSA auprès des lycéens inscrits sur Parcoursup).

Le bilan du ministère met en avant un site d’entraînement créé pour la première fois cette année, afin d’aider les candidats « à mieux comprendre le fonctionnement de Parcoursup ». 82 % des élèves utilisateurs estiment que ce site « les a rassurés sur le fonctionnement de la phase d’admission de Parcoursup », de sorte que le ministère a annoncé que cet outil « sera promu auprès des élèves pour réduire le stress et les angoisses liés à la procédure ».

Ainsi, la réponse au stress causé par la procédure – reconnue par le ministère de l’Enseignement supérieur, qui ne peut guère faire autrement – n’est pas de réformer cette dernière pour l’améliorer et la rendre moins angoissante, mais plutôt de développer un site pour « préparer » les candidats à utiliser la plateforme.

Pas de créations de postes à l’université

<pCependant, Parcoursup a été instauré en janvier 2018 pour remplacer la procédure APB, qui nécessitait un tirage au sort afin de départager les candidats trop nombreux dans certaines filières (comme la psychologie ou la licence STAPS), ce qui semblait injuste et peu prévisible pour eux. Il ne fait aucun doute que la création de places à l’université dans ces filières aurait été moins stressante, mais cela n’était peut-être pas l'objectif…

En réalité, il n’y a pas eu de création de postes : l’augmentation du nombre de vacataires dans l’enseignement supérieur est très marquée, puisqu’ils constituent désormais plus de la moitié des enseignants dans le supérieur (plus de 60 % en 2021-2022, soit une hausse de 30 % en 7 ans), selon un rapport du collectif Nos services publics.

De plus, Parcoursup ne permettant pas de hiérarchiser ses vœux, il est difficile de savoir si les étudiants sont finalement inscrits dans une filière qui correspond à leur véritable souhait, ou à un choix par défaut, étant donné qu’ils sont encouragés à formuler dix vœux, qui ne sont pas tous leur première préférence. Et les données chiffrées du ministère ne font évidemment pas la distinction entre premier et deuxième (ou troisième, quatrième, voire dixième) choix.

Serait-il possible qu’il y ait un lien avec l’augmentation cette année (+ 3,7 %) du nombre d’étudiants déjà inscrits qui « rejouent » sur Parcoursup pour se réorienter ? Selon le ministère, il s’agit principalement de « “vœux de précaution” […] en attendant les résultats de leur première année dans la formation qu’ils suivent déjà », rapporte Le Monde.

Un moment de grande tension

Quoi qu’il en soit, la fin du lycée, avec le choix des spécialités, et l’entrée dans l’enseignement supérieur deviennent un moment de grande tension pour les futurs adultes, et Parcoursup y joue un rôle déterminant. C’est vraiment regrettable, car un stress réduit lors de la transition entre le secondaire et l’université pourrait, éventuellement, contribuer à atténuer le mal-être et le sentiment de solitude croissants chez les jeunes.

Les jeunes de 18 à 24 ans sont 62 % à se sentir souvent seuls, bien plus que la moyenne des Français (44 %), selon une étude de l’Ifop publiée en janvier 2024. De plus, 90 % de cette tranche d’âge affirme ressentir divers impacts sur leur santé mentale (pleurs, épisodes de stress, troubles du sommeil, états dépressifs et pensées suicidaires).

SOS amitié a également publié en mai un baromètre sur le mal-être qui souligne que le sentiment de solitude figure parmi les raisons des appels des jeunes (de plus en plus jeunes), ainsi que « l’anxiété face à l’avenir ». Certes, le changement climatique et les conflits en cours sont une grande partie du problème, mais il est légitime de s’interroger sur les conséquences d’une entrée dans l’âge adulte marquée par une orientation contraignante et stressante…

La majorité des études sur le mal-être et la santé mentale des jeunes rapportent un tournant avec la pandémie de Covid-19 et le confinement. La création de Parcoursup deux ans plus tôt a sans doute été un facteur préjudiciable.

Test de Neuroflash : la qualité du texte généré est-elle vraiment au rendez-vous ? - novembre 2024

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Test de Neuroflash : la qualité du texte généré est-elle vraiment au rendez-vous ? – novembre 2024

NeuroFlash est un outil de rédaction utilisé par des experts en marketing, des écrivains et des responsables de contenu. Nous avons analysé son efficacité en termes de technologie d’IA.

NeuroFlash est un rédacteur IA qui se vante de pouvoir produire des textes courts et longs de manière beaucoup plus rapide, intelligente, intuitive et efficace. Nous avons mis ce logiciel à l’épreuve pour déterminer s’il s’agit de la meilleure IA pour la rédaction. Découvrez notre retour d’expérience sur cette plateforme innovante.

Fonctionnalités techniques

  • Langues supportées : Anglais, Français, Allemand, Polonais, Néerlandais, Espagnol
  • Compatibilité : Web Support disponible : Chat, FAQ, email.
  • Méthodes d’apprentissage : formation en direct, webinaires, vidéos, documents

Neuroflash : aperçu

Vidéo YouTube
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Neuroflash est une solution de création de contenu propulsée par l’IA. Elle permet de rédiger rapidement des textes courts et longs de manière plus intelligente, intuitive et efficace. Grâce à neuroflash, la rédaction devient plus fluide et naturelle, sans temps d’arrêt.

De plus, les textes sont produits en quelques secondes. Cela nous permet de nous concentrer sur l’inspiration et le contenu. Avec plus de 100 types de textes proposés, nous pouvons choisir le format qui nous convient le mieux, comme un article de blog, une publication LinkedIn, une réécriture de texte, et bien plus encore. L’outil SEO intégré optimise chaque texte pour améliorer sa qualité et son référencement.

En outre, neuroflash propose un générateur d’images IA pour créer des images uniques et créatives en accompagnement des textes. En recourant au big data, au traitement du langage naturel et aux technologies de neuromarketing, neuroflash anticipe la performance de chaque texte. Il facilite également une communication plus efficace pour transmettre les valeurs de la marque.

Les fonctionnalités « Créer » et « Comparer » permettent de produire rapidement des textes marketing, tels que des slogans, des annonces Google, des textes Facebook ou des descriptions de produits. En résumé, neuroflash est un outil novateur qui aide à économiser du temps et à améliorer l’efficacité de la création de contenu.

Les caractéristiques

L’interface de neuroflash est conviviale, même pour les novices. Il suffit de sélectionner le type de texte désiré parmi plus de 100 choix, puis de démarrer le processus de génération. En quelques secondes, le texte est créé et prêt à être modifié et personnalisé selon vos besoins.

Nous avons été impressionnés par la diversité des textes disponibles, allant des articles de blog aux descriptions de produits en passant par les annonces. De plus, l’outil de référencement intégré permet d’optimiser directement chaque texte pour garantir une meilleure visibilité en ligne.

Un autre atout de neuroflash est son générateur d’images IA, qui permet de concevoir des images uniques pour enrichir vos textes.

Les fonctionnalités

Cette plateforme de contenu alimentée par l’IA propose plusieurs caractéristiques. Tout d’abord, L’AI-Writer de neuroflash est un véritable outil magique capable de générer plus de 100 textes dans différentes langues. Les langues disponibles incluent l’allemand, l’anglais, le français, l’espagnol, le néerlandais, l’italien et le polonais. Ce logiciel aide aussi à résumer et à réécrire des textes, ainsi qu’à vérifier la grammaire et l’orthographe grâce à Language Tool. Par ailleurs, tous les textes créés peuvent être facilement téléchargés pour des utilisations ultérieures.

La plateforme offre en outre une série d’outils additionnels pour faciliter la création de contenu. Le générateur d’images IA permet de produire des images uniques en quelques clics seulement, tandis que l’outil de prévision des performances des textes contribue à améliorer le taux d’ouverture des e-mails et à garder une longueur d’avance sur la concurrence. Les utilisateurs peuvent également créer leurs propres avatars IA pour des fonctions accrues.

Avec neuroflash, les équipes marketing peuvent écrire plus vite, plus efficacement et plus intelligemment. Grâce à la plateforme, il est possible de générer un article de blog complet en seulement trois clics. Choisissez parmi plus de 100 types de contenu ou créez simplement le vôtre avec la fonction de commande. Sélectionnez également différentes tonalités et publics cibles pour vos rédactions. Avec neuroflash, la création de contenu devient une expérience aussi créative que productive.

Comment les entreprises exploitent Neuroflash au quotidien

Neuroflash s’affirme comme un outil essentiel pour les entreprises désireuses d’optimiser leur création de contenu via l’intelligence artificielle. Les équipes marketing s’en servent pour rapidement générer des articles de blog, des newsletters et des publications sur les réseaux sociaux, facilitant ainsi une présence en ligne cohérente et engageante. Par exemple, les agences de marketing digital utilisent Neuroflash pour créer des campagnes de contenu à grande échelle, diminuant ainsi les délais de production tout en préservant une qualité élevée.

Les plateformes de e-commerce voient également en Neuroflash un partenaire précieux pour composer des descriptions de produits optimisées pour le SEO, attirant davantage de trafic organique et améliorant les taux de conversion. Les startups, souvent limitées en ressources, recourent à cet outil pour produire du contenu de lancement et des pages de destination attrayantes sans avoir à embaucher des rédacteurs externes.

De plus, les grandes entreprises internationales tirent parti des capacités multilingues de Neuroflash pour personnaliser leur contenu pour divers marchés, garantissant ainsi une communication efficace et culturellement adaptée. En intégrant Neuroflash dans leurs opérations, ces entreprises parviennent à économiser du temps, réduire les coûts et augmenter leur agilité face aux exigences fluctuantes du marché.

Neuroflash : tarifs

Neuroflash propose un plan gratuit ainsi que des options payantes. Le plan gratuit inclut 2000 mots par mois, 8 langues, 30 types de contenu, ainsi que des fonctionnalités comme la réécriture et le résumé des textes, l’ajustement de la tonalité et la prévision des performances.

Pour ceux qui nécessitent davantage,

  • le plan de base est disponible pour 29 euros par mois pour 20 000 mots par mois et toutes les fonctionnalités du plan gratuit.
  • le plan puissance coûte 59 euros par mois et propose un nombre illimité de mots par mois, ainsi que toutes les fonctions du plan gratuit.
  • le plan premium est proposé à 199 euros par mois et offre un nombre illimité de mots par mois.

Neuroflash

Une solution innovante et originale de création de contenu alimentée par l’IA


Conclusion

Neuroflash est une plateforme efficace pour les experts en marketing, les rédacteurs et les gestionnaires de contenu. Elle propose une vaste gamme d’options et une optimisation SEO intégrée. Cela permet également de gagner du temps tout en produisant des textes de grande qualité. Nous recommandons cette solution à quiconque souhaite améliorer son processus de création de contenu.


Ce qu’on apprécie

  • Plus de temps pour le contenu long
  • Facile et rapide
Ce qu’on apprécie moins

  • La version gratuite a des limitations fonctionnelles
  • Le modèle d’abonnement propose peu d’options de paiement
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Dans l'attente à la sous-préfecture, « nous sommes aiguillés vers le marché noir »

CULTURE

Dans l’attente à la sous-préfecture, « nous sommes aiguillés vers le marché noir »

Sous-préfecture de Saint-Denis (93) – « Laissez-moi passer ! » Sous son voile rose délicat, Samah, 42 ans, gesticule, anxieuse et en colère, à travers les grandes grilles bleues de la sous-préfecture. L’Algérienne appelle les agents de sécurité. « Mon contrat a été interrompu ! » Cela fait 20 ans qu’elle réside en France. Cadre en management depuis 17 ans, mère de trois enfants, sa vie bien ordonnée est soudainement chamboulée par la difficulté de renouveler son titre de séjour. Ce processus, qui devrait être une simple formalité, doit être effectué tous les 10 ans. Elle a passé presque toute sa semaine à attendre devant l’énorme bâtiment de Seine-Saint-Denis, espérant régulariser rapidement sa situation. « Pas de rendez-vous, pas d’entrée ! », lui lance, de manière agressive, un des agents de sécurité. Depuis 2021, les prises de rendez-vous sont obligatoirement faites en ligne, via la plateforme Administration numérique pour les étrangers en France (ANEF). Samah s’écrie :

« Sauf qu’il n’y a pas de rendez-vous disponibles ! »

Chaque jour, qu’il pleuve ou qu’il vente, des centaines de personnes se massent devant la préfecture pour finaliser ou renouveler leur titre de séjour. Depuis la dématérialisation des démarches, la prise de rendez-vous est pratiquement impossible. Ainsi, l’administration laisse entrer quelques chanceux sans rendez-vous à très petite dose. « Une trentaine », selon l’un des agents de sécurité. Certains sont accompagnés de leurs bébés, d’autres prennent des jours de congé ou s’organisent pour se libérer. Beaucoup, désespérés, pleurent, fulminent et s’inquiètent. Carrière, mariage, enfants, et parfois même petits-enfants, toute leur existence en France dépend de ce précieux document administratif.

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Chaque jour, des centaines de personnes s’agglutinent devant la préfecture. /
Crédits : Elisa Verbeke

Cette année, environ 50 % des personnes en attente de régularisation ont vu leurs droits à la Caf, à France Travail et/ou à l’emploi annulés en raison de l’impossibilité d’obtenir des rendez-vous en raison des dysfonctionnements de la plateforme ANEF, selon une récente étude de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) sur 485 participants. Si leurs documents ne sont pas renouvelés à temps, ces personnes risquent une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).

« Tellement de gens se retrouvent avec des dettes »

« Il faut passer par ce portail de l’ANEF. Je les appelle tous les jours depuis deux mois. » Fazou, 30 ans, explose. « À chaque fois, un message automatique me demande de patienter ! » Les larmes lui montent aux yeux tandis qu’elle raconte la suspension de son contrat le 13 octobre dernier. Pourtant, elle a effectué toutes les démarches requises. Mais rien n’avance. À sa droite, sous sa grande paire de lunettes de soleil, Jacqueline se fâche. C’est sa cinquième visite cette semaine. Son dossier est bloqué en Normandie et, depuis un an, elle ne peut pas renouveler ses documents sans rendez-vous. Cette quadragénaire a travaillé pendant plus de 15 ans dans une grande chaîne d’hôtels à Caen, insiste-t-elle. La Camerounaise reçoit l’allocation aux adultes handicapés (AAH) en raison de graves infections pulmonaires qui ont failli lui coûter la vie :

« C’est ce travail qui m’a détruite. J’ai besoin de mes papiers pour mes médicaments, mes médecins et l’AAH. »

Depuis 2022, les demandes liées aux droits des étrangers et aux dysfonctionnements de l’ANEF sont la principale raison de saisine du Défenseur des droits. Cette année-là, plusieurs associations ont interpellé le Conseil d’État face aux difficultés rencontrées par les usagers. En réponse, un arrêté a été adopté pour que les préfectures instaurent de nouveaux dispositifs d’accompagnement. Deux outils dématérialisés ont été créés : le Centre de contact citoyen, qui propose notamment une aide par téléphone, et le Point d’accès numérique – accessible uniquement si le Centre de contact citoyen n’a pas pu aider –, où un agent assiste les usagers dans leurs démarches en ligne et la constitution de leurs dossiers. 82 % des personnes ayant utilisé ces dispositifs n’ont reçu « aucune aide concrète ». Si ces deux recours n’ont pas suffi, les exilés ont désormais le droit de déposer leur dossier physique à la préfecture ou dans une boîte postale. Cependant, l’enquête de la FAS révèle que la plupart des préfectures « n’ont pas respecté leur obligation d’accès aux guichets », ce qui a eu de lourdes conséquences sur les droits des personnes étrangères.

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Un collectif de riverains organise des permanences devant la sous-préfecture. /
Crédits : Elisa Verbeke

« C’est ainsi que de nombreuses personnes se retrouvent avec des dettes ! Ils perdent leur job et leur salaire », s’écrie Diangou Traore. La Dionysienne a récemment aidé à la formation d’un collectif de riverains qui organise tous les vendredis (et parfois d’autres jours) des « piquets de veille ». Ces permanences – avec café, thé et brioche devant la sous-préfecture – offrent un soutien juridique, administratif et moral aux personnes dans des situations similaires à celles de Samah, Fazou ou Jacqueline. Diangou Traore a découvert cet été l’angoisse à la sous-préfecture en aidant un voisin à renouveler son titre de séjour :

« J’étais vraiment choquée : les deux trottoirs de la rue étaient remplis de monde. Des gens venaient avec des seaux pour s’asseoir, ils pleuraient, coincés là car ils ne parvenaient pas à obtenir un rendez-vous. »

Violences administratives

La bruine matinale d’octobre contraste avec le manteau rouge de Madame Diallo, assise à côté de Samah, sur le muret de la sous-préfecture. À 67 ans, son visage fin est à peine ridé. Après 30 ans en France à travailler comme femme de ménage dans des collèges, elle aspire à retourner un peu au Mali et honorer la mémoire de sa mère récemment disparue. Toutefois, son titre de séjour de 10 ans expire le mois prochain. Partir représente le risque de ne pas pouvoir revenir. La préfecture l’a récemment sollicitée par l’envoi d’un SMS contenant un lien sur son téléphone à clavier qui ne dispose pas d’accès à Internet : « Merci de prendre rendez-vous sur le site de la préfecture. » Lorsqu’elle parvient à se connecter, elle se retrouve sur une page qui affiche constamment « aucun créneau disponible ». Devant elle, Mehmet hoche la tête comme pour indiquer son assentiment. À 63 ans, l’ancien chauffeur de taxi est lui en retraite anticipée. Il perd la vue et va bientôt être aveugle. « La dématérialisation est très compliquée pour les personnes âgées, malades, qui ne savent ni lire ni écrire ou qui n’ont pas accès à Internet », souffle une riveraine retraitée participant au piquet de veille aujourd’hui.

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Il est très difficile d’obtenir un rendez-vous à la sous-préfecture. /
Crédits : Elisa Verbeke

À ces journées kafkaïennes s’ajoute le comportement méprisant des agents de sécurité, qui servent de filtre entre la foule et l’administration. « Ils traitent les gens comme des animaux ! », s’indigne Linda, 52 ans, en France depuis l’âge de 24 ans. Écartée brutalement par un agent, elle est aux prises avec les larmes. L’assistante maternelle pousse une poussette avec à son bord un enfant blond aux yeux bleus. « Je suis forcée d’amener mon travail ici ! », proteste-t-elle. Elle attend son titre de séjour depuis six mois. Elle a même dû annuler ses vacances en famille :

« Personne ne te traite bien. Un homme diabétique est tombé la dernière fois. Les pompiers ont été appelés, mais ils s’en fichent. »

Marché noir et arnaques

Pour maximiser leurs chances, certains plus rusés trouvent des solutions astucieuses en établissant, par exemple, leur domiciliation dans d’autres régions. Le bouche-à-oreille laisse entendre que les démarches y seraient plus rapides. « Vous vous rendez compte jusqu’où on est prêts à aller juste pour trouver du travail ? », fulmine Diangou Traore. Selon elle, le problème des rendez-vous toucherait toutes les préfectures du pays. Sur son compte TikTok, où elle partage ses actions à Saint-Denis, « les commentaires de personnes vivant des situations semblables proviennent de partout ».

Mamadou, cuisinier à Paris depuis 2011, s’est orienté vers l’achat de rendez-vous sur le marché noir. D’après les témoignages recueillis par StreetPress, le prix varie entre 150 et 800 euros dans les taxiphones, ces petits commerces de téléphonie où se vendent des cartes prépayées. Il a déboursé 250 euros pour le sien dans le 18e arrondissement : « Je n’ai pas le choix, sinon je ne peux plus travailler. » Monsieur Sow, chauffeur de VTC, envisage cette option : « Cela fait un an que je passe mes journées à rafraîchir la page des rendez-vous, sans succès. La prochaine fois, j’en achèterai un ! » C’en est trop pour lui :

« C’est eux qui nous poussent vers le marché noir ! »

L’administration serait en connaissance de cause, selon un article du Parisien de 2019. L’ancien préfet de Seine-Saint-Denis, Pierre-André Durand, y expliquait que ce serait « un système, soit géré par des robots, soit par des petites mains, qui prennent des rendez-vous pour les revendre ». (1)

Les dysfonctionnements liés à la dématérialisation sont également profitables aux escrocs. Sur TikTok, il suffit de commenter une vidéo sur le sujet pour être contacté par des comptes tels que « Préfecture du 69 » ou « Rendez-vous Préfecture ». Mehmet, l’ancien chauffeur de taxi menacé par la cécité, a failli tomber dans le piège. Un jour, après avoir posté dans un groupe Facebook dédié, il reçoit un message en privé lui proposant de prendre rendez-vous à la préfecture. En appelant, on lui demande 400 euros. Il se rend vite compte de la supercherie et raconte l’anecdote en riant :

« J’ai immédiatement compris que c’était une arnaque : la préfecture ne répond jamais au téléphone aussi rapidement. »

Tous les prénoms des personnes en voie de régularisation ont été modifiés.

(1) Contacté, le sous-préfet de Saint-Denis Vincent Lagoguey n’a pas répondu à nos demandes d’informations.

Illustration de Une de Léa Taillefert.

Derrière la nationalisation d’ASN, la lutte pour les câbles sous-marins

ECONOMIE

Derrière la nationalisation d’ASN, la lutte pour les câbles sous-marins

Les gouvernements ayant suivi Emmanuel Macron ne se sont que peu engagés dans des nationalisations. Dès lors, lorsque le ministre de l’Économie reprend le capital d’une société privée, cela signifie que le sujet revêt une certaine importance. Au début de novembre, le responsable de Bercy, Antoine Armand, a donc révélé l’achat de 80 % du capital d’ASN, avec la perspective d’atteindre, à terme, 100 %. La raison avancée : l’entreprise est « essentielle pour notre souveraineté ».

Moins connue du grand public, la société joue pourtant un rôle dans notre quotidien. ASN, pour Alcatel-Submarine-Network, est une entreprise française spécialisée dans la conception, la fabrication, l’installation et l’entretien de câbles sous-marins. Se classant parmi les leaders mondiaux du secteur, ASN a posé plus de 750 000 km de câbles sous-marins. En d’autres termes, une part significative du trafic Internet transite par une infrastructure qu’elle a déployée et maintenue.

La décision de nationaliser cette société, qui emploie 2 400 salariés, dont 1 300 en France principalement sur le site de Calais, s’est imposée car le suédois Nokia cherchait à s’en défaire. Mais cela souligne surtout que le secteur des câbles sous-marins est devenu un enjeu stratégique.

Ironiquement, c’est le président actuel de l’Elysée qui avait permis en 2015 la vente d’Alcatel-Lucent, la maison mère d’ASN, à Nokia, lorsqu’il occupait le ministère de l’Économie. Cet épisode avait précipité la chute de l’ancien conglomérat industriel omniprésent, Alcatel, dans l’Hexagone. Bien que la sensibilité et l’importance stratégique des câbles sous-marins et des réseaux télécoms ne soient pas nouvelles, elles semblent récemment acquises par les décideurs politiques. Mieux vaut tard que jamais.

Un tiers du marché mondial

ASN est l’un des grands noms de l’industrie discrète des câbles sous-marins. L’entreprise contrôle environ un tiers du marché mondial, suivie de près par l’américain Subcom, le japonais NEC et le chinois Hengtong. Le secteur français est d’ailleurs relativement solide, avec Orange Marine, la filiale du fournisseur de télécommunications, qui possède plusieurs navires câbliers aptes à poser et entretenir de longs réseaux de fibres optiques au fond des mers.

Ce domaine est crucial pour le fonctionnement d’Internet, ainsi que pour tous les dispositifs connectés (nos smartphones et ordinateurs bien sûr, mais aussi les véhicules, les systèmes d’information d’un certain nombre d’entreprises, etc.) étant donné que 99 % du trafic de données passe par ces quelque 500 câbles qui traversent la planète.

Les grandes entreprises numériques américaines ne s’y sont pas trompées, car depuis près d’une décennie, elles investissent massivement dans ces autoroutes d’Internet. Elles passent ainsi des commandes à des sociétés comme ASN pour la fabrication, la pose et l’entretien de cette infrastructure sur laquelle reposent de plus en plus de systèmes dans nos économies et sociétés.

« Depuis 2015-16, on observe une montée en puissance des grandes entreprises technologiques américaines dans la gestion des câbles sous-marins, mais elles ont également modifié le modèle économique du secteur, note Ophélie Coelho, chercheuse indépendante en géopolitique du numérique. Alors que les câbles transocéaniques étaient auparavant soutenus par des consortiums d’entreprises, Google est devenu le premier acteur capable de financer intégralement une telle installation. »

A quelques centaines de millions de dollars le coût d’un câble transatlantique, peu d’entités peuvent se permettre de s’engager seules dans une telle dépense. Les géants du contenu comme Google, Meta (la société mère de Facebook, Instagram et WhatsApp), Amazon ou Microsoft s’efforcent d’accroître leur contrôle sur l’écosystème numérique en ne se limitant pas aux logiciels ou plateformes, mais en incluant également les centres de données et le réseau. Cela relègue de plus en plus les fournisseurs d’accès Internet (comme Orange ou SFR) à un rôle secondaire, puisqu’ils ne disposent que d’une part minime du réseau.

Bien que les entreprises qui financent et exploitent ces câbles soient celles qui exercent un contrôle, la société responsable de la fabrication de la fibre optique, de son installation et de son entretien demeure un maillon essentiel. Un rappel de la matérialité de nos usages numériques : l’activité de Google & Co dépend des navires câbliers d’ASN et de ses concurrents.

Rare avantage mondial dans le monde numérique

Voilà pourquoi cette entreprise revêt un caractère stratégique.

« Nous avons tendance à sous-évaluer l’importance des nœuds stratégiques dans la chaîne de dépendance numérique, ajoute Ophélie Coelho, auteur de Géopolitique du numérique (Editions de l’Atelier, 2023). Câbles sous-marins, réseaux terrestres, centres de données, mais aussi tout l’aspect logiciel et interface, il est crucial d’évaluer cette dépendance à différentes technologies et entreprises à travers ces couches. Si nous dépendons de certaines couches technologiques, nous dépendons aussi de la politique et de la stratégie de l’entreprise ainsi que de l’État qui soutient celle-ci. Cela influence les orientations politiques, économiques et réglementaires. Ces dépendances déséquilibrent les rapports de force quand il s’agit d’imposer, par exemple, des normes numériques ou peuvent être mises en concurrence avec d’autres négociations concernant le GNL ou la défense de l’OTAN. »

L’analyse globale de cette chaîne de dépendance numérique révèle que la France et l’Europe sont largement dépendantes des grandes entreprises américaines, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Logiciels, plateformes, centres de données… : les propriétaires et gestionnaires de ces technologies sont majoritairement américains.

La production et la pose de câbles sous-marins constituent ainsi l’un des rares domaines du numérique où la France et l’Europe possèdent un acteur de premier plan. « Contrôler une entreprise comme ASN donne à la France un levier de pouvoir lors de négociations avec d’autres puissances », affirme Ophélie Coelho.

Il est important de noter que la France occupe une position unique dans la géographie des réseaux Internet. Le pays se révèle être un point de connexion significatif entre le Vieux Continent et les Etats-Unis, avec plusieurs câbles qui arrivent sur la côte atlantique. De plus, Marseille se classe parmi les grands hubs mondiaux des routes de l’Internet avec environ une quinzaine de câbles reliant l’Europe à l’Afrique, au Moyen-Orient et à l’Asie. En nationalisant ASN, la France préserve cet avantage précieux et rare au sein de l’écosystème numérique.

Michelin, Auchan, etc. : les raisons pour lesquelles la communication de Macron s'écroule

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Michelin, Auchan, etc. : les raisons pour lesquelles la communication de Macron s’écroule

C’est la débâcle pour les usines françaises et leur personnel. Michelin a décidé de fermer ses sites de Cholet et Vannes, où 1200 employés travaillent. Cette fermeture est jugée “inéluctable” par le groupe, qui évoque “la concurrence asiatique sur les pneumatiques pour camionnettes et poids lourds, ainsi que la détérioration de la compétitivité en Europe”. Les employés de Michelin font preuve d’inquiétude, de colère et de détermination, en organisant de multiples manifestations. Le groupe a déjà procédé à des suppressions de postes et de sites en France, en Europe ou en Chine, toujours au nom de la réduction de la production et de la compétitivité. “En dépit de ces fermetures, Michelin reste prospère : le groupe prévoit 3,4 milliards d’euros de bénéfices en 2024, un montant équivalent à celui de 2022”, s’insurge dans Libération Serge Allègre, secrétaire fédéral de la Fnic-CGT, le syndicat de la chimie. Ce n’est pas un cas isolé. Dans la même semaine, Auchan a annoncé la suppression de 2300 postes. Les employés de la plateforme chimique Vencorex risquent de perdre 425 postes sur les 450 actuels. Le géant automobile Stellantis suspend des commandes, entraînant ainsi la fermeture de sous-traitants comme MA France dans le 93, et à Rennes, 250 emplois temporaires sont éliminés. “Des milliers d’emplois” seront perdus “dans des secteurs en situation préoccupante”, a averti Marc Ferracci sur France Inter, samedi 9 novembre. Toute la communication autour de la politique de réindustrialisation d’Emmanuel Macron semble être un échec, analysent Thomas Porcher et Lisa Lap. C’est la conséquence directe de la politique de l’offre du gouvernement et des anciens présidents, selon l’économiste. La colère au sein du milieu agricole se ravive. Malgré les manœuvres du gouvernement l’hiver dernier, la situation des agriculteurs français ne s’est pas améliorée. La confédération paysanne intensifie ses mobilisations contre le Mercosur,…

Drapeaux de la croix gammée, symboles celtiques et fumigènes : les congés en Pologne des néofascistes français

CULTURE

Drapeaux de la croix gammée, symboles celtiques et fumigènes : les congés en Pologne des néofascistes français

Sur cette image, on peut voir une trentaine de militants d’extrême droite venus de toutes les régions de France qui se tiennent derrière leurs étendards. Cette photo, prise le 11 novembre 2024, montre une partie de l’extrême droite néofasciste tricolore : on y retrouve des Niçois d’Aquila popularis, des Savoyards de l’Edelweiss, des Auvergnats de Clermont non-conforme, ainsi que des Parisiens du Groupe union défense (GUD) et leurs camarades hooligans de la Jeunesse Boulogne. « French racist crew », écrit le néonazi Gwendal D. dans sa publication sur Instagram. Tous étaient réunis à Varsovie, la capitale polonaise, pour la marche annuelle de l’indépendance, un événement majeur célébré à travers le pays. Cela fait plusieurs années que plusieurs dizaines de néofascistes français se rassemblent dans un « black bloc nationaliste ». Ils portent des cagoules décorées de croix celtiques, exhibent des drapeaux ornés de soleils noirs – un symbole ésotérique nazi – et allument des fumigènes. Mais pourquoi cela se produit-il ?

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Sur cette image, une trentaine de militants d’extrême droite venus de toutes les régions de France se tiennent derrière leurs étendards. On y retrouve des Niçois d’Aquila popularis, des Savoyards de l’Edelweiss, des Auvergnats de Clermont non-conforme, ainsi que des Parisiens du Gud et leurs camarades hooligans de la Jeunesse Boulogne. /
Crédits : DR

Liens locaux

Ce rassemblement nationaliste est organisé depuis 2010 et attire, en plus des Français, des militants néofascistes de l’ensemble de l’Europe. Cette année, environ 100.000 personnes ont défilé dans les rues de Varsovie. Selon Przemysław Witkowski, chercheur et journaliste polonais reconnu pour son expertise sur l’extrême droite locale, les Français participent en grand nombre, notamment grâce à leurs connexions avec le magazine néofasciste en ligne Szturm.

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Avez-vous aperçu le salut nazi au centre de l’image ? /
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Szturm, lancé en 2014, promeut régulièrement dans ses colonnes les groupes nationalistes-révolutionnaires français, ainsi que ceux d’Italie, des pays scandinaves ou d’Ukraine, qui se déplacent également pour rejoindre ce « black bloc nationaliste ». Le magazine était étroitement lié au Bastion social, mouvement néofasciste éphémère dissous en 2019 par le gouvernement français, où s’étaient infiltrés Edelweiss, le GUD et les prédécesseurs de Clermont non-conforme. Szturm a également des liens importants avec son homologue italien CasaPound et le régiment ukrainien Azov, connu pour l’inclusion de néonazis parmi ses membres. Ce média vante les mérites d’un spiritualisme fasciste, voire d’un fascisme ultra-religieux, promeut la révolution islamique iranienne ou le Ku Klux Klan, et fait l’éloge du IIIème Reich… La publication « défend également les saluts nazis, l’utilisation de la croix celtique, du fasci ou de la swastika ».

Initialement orchestrée par des néofascistes, qui n’étaient que quelques centaines, la Marche de l’indépendance a gagné en ampleur durant les années 2010, avec le soutien d’une droite ultra-conservatrice qui y voit « un point de défense des “valeurs traditionnelles” », selon Przemysław Witkowski. « En Pologne, nous n’avons pas de cordon sanitaire contre l’extrême droite, et même plutôt le contraire », précise le chercheur. « Il existe une sorte de lien de transmission, où l’influence passe de blogs ultra-radicaux à des éditorialistes de droite extrême. Ces derniers ont commencé, vers 2015, à soutenir cette marche principalement par anti-communisme. »

« La marche a continué à croître, atteignant plus de 20.000 participants, engendrant un effet boule de neige. »

Cette normalisation a culminé en 2018, lors du centenaire de l’indépendance du pays. La droite populiste au pouvoir, le parti Droit et justice (le PiS), souhaitait commémorer cet anniversaire, mais appréhendait d’être éclipsée par la marche nationaliste. « Ils ont exercé des pressions sur les nationalistes les plus “modérés” pour assainir la marche, car ils ne désiraient pas de clichés de ministres aux côtés de drapeaux suprémacistes dans la presse internationale », se rappelle Przemysław Witkowski. « En 2018, le PiS a interpellé des leaders néofascistes sur la base de règles antiterroristes, afin d’empêcher la formation de leur bloc. Depuis lors, ils revendiquent l’appellation de “black bloc nationaliste”, car ils estiment que la marche n’est plus nationaliste, ou en tout cas pas assez à leur goût. » Pourtant, la majorité des slogans demeurent racistes, parfois suprémacistes. Avant l’arrivée au pouvoir du PiS en 2015, quelques confrontations avec la police avaient eu lieu en marge de la manifestation, comme le souligne Przemysław Witkowski :

« Bien qu’il ne s’agisse pas d’émeutes, les nationalistes avaient incendié des installations colorées aux couleurs de l’arc-en-ciel, agressé des véhicules de journalistes ou tenté de mettre le feu aux portes de l’ambassade russe… »

Depuis son institutionnalisation, la marche attire des centaines de milliers de manifestants à travers la Pologne. L’année dernière, StreetPress était présent à celle de Wroclaw, la troisième ville du pays, pour notre série Kop, consacrée aux supporters de football les plus radicaux.

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Ce rassemblement a permis aux néofascistes français de côtoyer leurs homologues de toute l’Europe, avec des militants d’Active club estoniens, lituaniens ou néerlandais, des groupuscules suédois ou flamands… /
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Week-end entre suprémacistes

Les néofascistes français ont profité du long week-end pour rendre visite à leurs camarades polonais, participant à des entraînements en sports de combat, des conférences et prenant des selfies avec le poing levé au cœur du bloc nationaliste. Parmi eux se trouvaient des néonazis de Clermont non-conforme, des nationalistes-révolutionnaires d’Aquila popularis (Nice), de Valyor Chambéry (anciennement Edelweiss), ainsi qu’un groupe d’Île-de-France rassemblé sous un drapeau parisien. Parmi ces militants figuraient des membres du GUD récemment dissous, des hooligans néonazis de la Jeunesse Boulogne et des Pitbulls, ainsi que des randonneurs des Baroudeurs. Quatre groupes où les militants sont fortement interconnectés et où les frontières sont floues. À la coordination, on retrouve Gwendal D., plus connu sous son pseudonyme « Kenneth », ancien membre du groupuscule néofasciste Lyon populaire, qui est allé combattre en Ukraine aux côtés du régiment Azov contre les troupes russes. Ce fut l’occasion pour ce petit milieu de se montrer entouré de symboles néonazis, mais aussi de rencontrer des néofascistes venus de toute l’Europe, ralliés avec des militants d’Active club, lituaniens ou néerlandais, et des groupuscules suédois ou flamands…

Outre les groupuscules français habitués aux violences, les Nationalistes – le parti pétainiste et néofasciste dirigé par Yvan Benedetti – avait également annoncé sa participation, comme chaque année, à ce qu’ils considèrent comme « la plus grande marche nationale d’Europe ». Le parti ne manque pas de faire l’éloge de son voyage polonais, entre conférences « sur l’avenir de l’Europe » et défilés aux côtés de militants polonais, tchèques, slovaques, italiens, hongrois, serbes, croates, grecs, lituaniens… Des éloges relayées sur le canal Telegram de Forteresse Europe, représentant sa liste pour les élections européennes portée par l’avocat prisé des néofascistes, Pierre-Marie Bonneau.

VIDÉO - "Il est essentiel que la voix de l'agriculteur soit entendue", d'après le coordinateur pour le bien-être en agriculture

HERAULT NEWS

VIDÉO – “Il est essentiel que la voix de l’agriculteur soit entendue”, d’après le...

Le secteur agricole connaît à nouveau une agitation intense. Plusieurs événements sont programmés ce lundi à travers la France. Olivier Damaisin, le coordinateur national du plan de prévention contre le mal-être en agriculture, se rendra pour sa part dans l’Hérault pour discuter avec les syndicats agricoles.

Depuis deux années, Olivier Damaisin, ancien député du Lot-et-Garonne, exerce la fonction de coordinateur national du plan sur la prévention du mal-être en agriculture. On estime qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours en France.

Il prendra part ce lundi matin, en préfecture de l’Hérault à Montpellier, à une réunion avec les porte-parole du secteur agricole dans la région.

Le secteur agricole est de nouveau en émoi. Peut-on dire que la crise en début d’année n’a servi à rien puisque nous en revenons aux mêmes préoccupations aujourd’hui ?

Je ne dirais pas qu’elle n’a eu aucun impact, bien au contraire. La première chose à mes yeux, c’est qu’elle a repositionné les agriculteurs au centre des préoccupations, soulignant leur importance dans notre pays. C’est une reconnaissance significative de leur métier. De ce point de vue, ils ont réalisé des avancées. C’était crucial pour eux.

Dans le secteur agricole, il semble que les avancées soient limitées.

Il y a eu plusieurs mesures instaurées, et d’autres sont en attente. Cependant, en discutant avec des anciens du ministère de l’Agriculture, ils m’indiquent qu’ils n’ont jamais vu autant de mesures et d’annonces en si peu de temps. Pourtant, il y avait tant de retards accumulés sur les 30 dernières années.

Pourquoi continuent-ils à manifester aujourd’hui ?

C’est principalement pour des questions de pouvoir d’achat. En outre, la revendication la plus pressante concerne le Mercosur. La Ministre a déclaré dimanche dernier que la France s’opposerait à cet accord. Michel Barnier, notre Premier ministre, s’est également rendu à Bruxelles mercredi.

Les agriculteurs constatent que la quasi-totalité des politiques, tous bords confondus, ainsi que 662 députés, ont signé une motion au Parlement européen demandant une opposition au Mercosur dans sa forme actuelle. Ils considèrent qu’il serait parfois préférable d’avoir un accord plutôt que de ne rien avoir du tout.

On va voir si cela leur apporte un peu de réconfort, surtout depuis l’annonce du président hier soir. Ils remarquent qu’ils sont soutenus par une grande majorité de responsables politiques, ce qui est rare sur n’importe quel sujet. C’est pourquoi je souligne que les Français, qu’ils soient politiques ou citoyens, ont vraiment pris conscience de l’importance de nos agriculteurs.

On affirme qu’un agriculteur se suicide en France tous les deux jours. Ce chiffre vous semble-t-il exact ?

C’est effectivement le cas, oui.

On évoque 9.000 suicides par an.

Ces statistiques sont issues des données nationales. Nous vivons dans un pays où le taux de suicide est élevé par rapport à d’autres nations européennes. Mais il est difficile d’obtenir une réelle précision sur le nombre de suicides par profession.

Quelles actions concrètes l’État mettent-il en place pour lutter contre ce fléau qui affecte l’agriculture française, en dehors des négociations concernant le Mercosur ? Car le mal-être est vaste et perdure depuis bien plus longtemps.

Effectivement, je suis d’accord. J’ai rédigé un rapport en tant que parlementaire en 2020 et l’une de mes surprises a été de découvrir que beaucoup d’agriculteurs se suicidaient en raison de l’isolement et de la solitude, plutôt qu’à cause de problèmes financiers comme je le pensais initialement.

Malheureusement, c’est le cas. En fin de compte, quand on fait face à un souci financier, on est souvent repéré par les créanciers, la MSA ou d’autres. Cependant, dans les cas d’isolement et de solitude, il est possible de ne pas avoir de problèmes financiers, et cependant, cela entraîne des actions tragiques.

Ma proposition a été de réunir autour d’une table tous les intervenants dans chaque département, avec la désignation d’un coordinateur. Jusqu’à présent, plusieurs organismes venaient en aide aux agriculteurs, mais chacun agissant de manière isolée.

C’est une situation présente dans tous les départements de France. La réunion qui va se dérouler ce matin en préfecture sera animée par Monsieur le préfet François-Xavier Lauch, qui rassemblera tous les acteurs du secteur agricole.

Est-ce suffisant de se réunir autour d’une table pour résoudre le mal-être agricole ?

C’est une étape importante. Il est essentiel que l’agriculteur soit écouté, qu’il sorte de son isolement et qu’il comprenne qu’une aide est disponible et que nous sommes là pour les soutenir, car ils sont indispensables pour nous.

Sabotage et conflits sociaux : récit d'une arme négligée | Dominique Pinsolle

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Sabotage et conflits sociaux : récit d’une arme négligée | Dominique Pinsolle

La problématique du sabotage en tant qu’instrument dans les luttes sociales a fait son retour sur le devant de la scène récemment. En 2008, le gouvernement Sarkozy imaginait une menace terroriste d’extrême-gauche en arrêtant le groupe de Tarnac, bien que la culpabilité des accusés dans le sabotage de lignes de TGV qui leur était attribué n’ait jamais pu être démontrée malgré les efforts de la police. Plus récemment, un ouvrage d’Andreas Malm a été publié sous le titre en français Comment saboter un pipe-line (2021) et le gouvernement Macron a tenté, sans succès, de dissoudre les Soulèvements de la terre en invoquant un risque d’éco-terrorisme (2023). Concrètement, certains membres de la CGT se sont engagés dans le mouvement de défense des retraites de 2023 en réalisant des coupures d’électricité. Ils renouaient ainsi avec une tradition qui, bien que interrompue, remonte aux débuts de ce syndicat, à la fin du XIXe siècle, comme l’indique l’historien Dominique Pinsolle, invité de Julien Théry pour cet épisode de La Grande H. Dans son ouvrage intitulé Quand les ouvriers sabotaient. France, États-Unis (1897-1918), publié par les éditions Agone, D. Pinsolle évoque l’apparition du sabotage comme moyen d’action syndicale d’abord en France, souvent à l’initiative du militant anarchiste Émile Pouget, puis aux États-Unis, grâce au syndicaliste Bill Hayworth, inspiré par les pratiques françaises. La CGT intègre même cette méthode dans ses statuts, et l’IWW (Industrial Workers of the World), le syndicat révolutionnaire américain, promeut activement son utilisation, symbolisée par le chat noir hérissé, associé par la suite à l’anarchisme. Avant que des mesures répressives proportionnelles à l’efficacité du sabotage et à la menace qu’il représentait pour les grands intérêts capitalistes ne s’abattent sur les militants et les organisations, les succès ont été nombreux. D. Pinsolle souligne la large gamme de formes que pouvait revêtir ce type…

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