La gabapentine, le médicament controversé qui m’a sauvé la vie
Illustration : Ceara Coleman À la fin de ma première semaine sous gabapentine, je me suis réveillée les fesses à l’air, face contre terre, un collier en diamants autour du cou. La veille, j’avais fêté l’anniversaire d’une amie dans un salon lounge secret situé au-dessus d’un club de strip-tease londonien, où des femmes étaient enveloppées dans des serpents vivants. « On dirait une fête où les Kennedy auraient pu être photographiés », ai-je écrit à mon copain. Publicité Le plus étrange dans cette soirée, c’était ma présence. Tout au long de l’année écoulée, j’avais été à peine capable de fonctionner. J’étais sujette à des expériences extracorporelles et à des paralysies qui me provoquaient tant de douleur et de fatigue que j’avais dû abandonner l’université pour suivre un programme de rééducation physique. Le fait d’assister à une fête et de m’endormir tranquillement après, m’était étranger. On m’a prescrit de la gabapentine en 2013, alors que j’étais hospitalisée dans un centre de traitement des troubles du sommeil. Le médecin a observé que je me réveillais 17 fois par heure et a diagnostiqué des douleurs neuropathiques, un effet secondaire de mes nombreux autres troubles musculo-squelettiques. Apparemment, les hallucinations et les paralysies que je vivais étaient symptomatiques d’un manque de sommeil extrême. Le médicament, m’a expliqué le médecin, était habituellement prescrit pour traiter l’épilepsie. On me proposait donc un usage non conforme, en insistant sur le fait qu’il pouvait ne pas fonctionner, et que si c’était le cas, on ne saurait pas pourquoi. Quelques semaines après avoir commencé le traitement, mes hallucinations et mes paralysies s’étaient calmées. Je n’avais plus besoin d’étirer excessivement mes jambes avant de me coucher, alors qu’avant, il me fallait entre une et trois heures de physiothérapie pour soulager les crampes. Fin 2013, mon énergie retrouvée m’a permis de retourner à l’université…