Lucie Castets : « La gauche doit mettre au cœur du débat politique les préoccupations des classes populaires »

ECONOMIE

Lucie Castets : « La gauche doit mettre au cœur du débat politique les préoccupations des classes populaires »

La victoire de Donald Trump face à Kamala Harris lors des élections présidentielles américaines, ainsi que celle des républicains « MAGA » (« Make America Great Again ») plus extrêmes que jamais contre le parti démocrate au Congrès suscite de nombreuses interrogations : pourquoi les démocrates ont-ils été abandonnés par les « blue collars » d’Amérique alors que Joe Biden avait mis en place une politique censée répondre à leurs besoins économiques ? Quelles répercussions l’inflation a-t-elle eu sur la vie quotidienne des classes populaires ? Quels impacts a générés la propagande identitaire des républicains ?

Autant de points de réflexion pour la gauche française alors que l’échéance de la prochaine élection majeure approche dans moins de trois ans, à moins que d’autres élections ne se précipitent avant. Premières pistes de réponses avec Lucie Castets, que les dirigeants du Nouveau Front populaire souhaitaient voir devenir Première ministre, et qui se veut le « trait d’union » entre les différentes composantes.

Donald Trump a non seulement remporté l’élection présidentielle, mais a également gagné le vote populaire, le Sénat et potentiellement la Chambre des représentants. Quelles sont vos réactions face à cette défaite significative du parti démocrate et quelles leçons peut-on en tirer pour la gauche française, qui a également perdu une grande partie des voix des classes populaires ?

Lucie Castets : À mon avis, ce qui est le plus marquant dans la victoire de Donald Trump, c’est l’écart de voix avec Kamala Harris, qui dépasse les cinq millions à l’heure actuelle. Cela devrait nous interroger en France, non seulement à gauche mais également pour l’ensemble du camp démocrate, car aux États-Unis, ce parti va bien au-delà de la conception de la gauche que nous avons ici. De plus, le trumpisme semble peu résonner de ce côté-ci de l’Atlantique, et de nombreux électeurs de droite, y compris du Rassemblement national, exprimaient le souhait de voir Harris l’emporter sur Trump !

Une des clés de ce résultat réside dans les classes populaires, qui ont été désapprises à défendre leurs intérêts économiques en étant mobilisées sur des peurs morales largement construites. Cela a permis à Donald Trump de s’imposer dans la « rust belt », où les ouvriers, majoritairement des hommes blancs de la classe moyenne, ont opté pour le vote républicain.

Cependant, je ne pense pas qu’il faille renoncer aux mobilisations sur des questionnements sociétaux, car celles-ci sont nécessaires pour combattre ces peurs morales, mais il est essentiel de recentrer nos discussions sur les enjeux économiques, les intérêts de classe. Quels intérêts sont actuellement lésés par les politiques publiques en cours ? Qui a tout à gagner d’une politique fiscale plus redistributive ? Qui profiterait de politiques industrielles et écologiques plus audacieuses ?

Il est impératif de replacer ces enjeux économiques et sociaux au cœur de nos débats politiques, en mettant notamment en avant les intérêts des classes populaires.

Les démocrates auraient pu jouer un rôle prédominant sur ces thématiques économiques et sociales. Ils auraient donc dû orienter leur campagne dans cette direction.

Les Démocrates avaient pourtant un bilan économique solide, grâce à la relance initiée par Joe Biden pour répondre aux aspirations de la classe moyenne : réindustrialisation via d’importants investissements, protectionnisme, réduction du chômage…

L. C. : Bien que Joe Biden ait connu un succès économique réel, il a beaucoup souffert de l’inflation, contre laquelle il a pourtant lutté avec une certaine détermination. Cependant, pour les Américains défavorisés, cette inflation a duré trop longtemps et a été suffisamment violente pour qu’ils aient du mal à reconnaître qu’ils se trouvent dans une position meilleure aujourd’hui qu’il y a quatre ans, à la fin du dernier mandat de Trump.

En conséquence, le récit démocrate a été contrecarré par l’offensive identitaire des républicains, avec le discours très viril de leur candidat, qui demeure par ailleurs assez creux. À la fin de la campagne, il était toujours flou sur ses véritables intentions. Cela a fonctionné parce que le débat a été détourné des enjeux réels, comme celui de la répartition des richesses générées par l’économie.

Donald Trump a centré sa campagne sur la lutte contre l’immigration. En France, l’extrême droite ainsi que les droites en général investissent également ce thème. La question de l’immigration est évidemment instrumentalisée, mais elle trouve néanmoins un écho auprès des électeurs populaires. Comment, au cours des deux prochaines années, le NFP peut-il l’aborder ?

L. C. : En 2019 – ce n’est pas si loin –, lors du Grand Débat post-gilets jaunes, pratiquement aucune contribution manuscrite des cahiers de doléances n’évoquait l’immigration ou la sécurité, contre 16 % sur la transition écologique, et énormément de propositions relatives à la fiscalité, y compris le rétablissement de l’ISF. Vincent Tiberj, dans son récent ouvrage sur la prétendue « droitisation de la France », a démontré comment le gouvernement Macron-Borne avait construit une demande fictive venant de l’opinion populaire pour justifier sa loi immigration-intégration [promulguée en janvier 2024, NDLR]. La récente enquête du CESE montre que la préoccupation principale des Français demeure la santé, loin devant les questions migratoires.

Effectivement, l’immigration est bien instrumentalisée, comme en témoigne déjà la préparation de la prochaine loi Retailleau, qui ne proposera pas de véritables solutions. Son principal objectif semble être d’augmenter les taux de retour des migrants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), alors même qu’on sait qu’il y a peu de marge de progression à ce niveau, la France se situant déjà en tête du nombre de reconduites…

Pourtant, je pense que la gauche n’aborde pas suffisamment la question de l’immigration, ne met pas assez en avant ce qu’elle apporte à l’économie française, même en prenant appui sur l’exemple paradoxal de Giorgia Meloni, qui, après avoir été élue avec la promesse d’expulser les migrants au-delà de la Méditerranée, a changé de discours sous l’influence du patronat italien qui a révélé que certains secteurs de l’économie ne pourraient fonctionner sans travailleurs immigrés. Les patrons français de la restauration ou du bâtiment affirment d’ailleurs la même chose.

Nous devons avoir un discours de vérité et établir une politique migratoire claire. Une politique concertée doit se construire en tenant compte de la réalité actuelle, car même avec un taux de chômage de 7 %, certains secteurs – restauration, bâtiment, services à la personne – dépendent des immigrés ; et il est essentiel de considérer l’avenir, car nous savons que notre démographie évolue et que nos besoins en main-d’œuvre vont croître.

Mais la politique migratoire actuelle est insatisfaisante et son résultat le plus évident est la présence de migrants sans-abri qui attendent que l’administration prenne en compte leur situation…

L. C. : C’est un enjeu qu’il est crucial d’aborder, en commençant par rétablir une politique d’accueil digne de ce nom. Nous observons actuellement des personnes qui, en attendant un rendez-vous en préfecture pour renouveler leurs documents, se retrouvent en situation irrégulière. C’est une mécanique qui produit des sans-papiers ! En empêchant ces personnes de s’intégrer, l’État va à l’encontre des principes qu’il prétend défendre. Et au-delà de la justification de la régularisation des sans-papiers par le travail, les considérations humanitaires et de solidarité doivent être prises en compte.

Mais l’économie – sur laquelle la gauche, pas seulement aux États-Unis, peut légitimement revendiquer une réflexion et un savoir-faire accru – peut-elle tout résoudre ? Éradiquer ce que l’on nomme les paniques morales ? Par exemple, satisfaire le désir de sécurité en s’attaquant à un véritable défi que représente le narcotrafic dont la violence se propage jusque dans les villes moyennes ?

L. C. : Sans aller jusqu’à affirmer que tout se résout par une question budgétaire, il est clair qu’ignorer l’aspect économique peut conduire à des illusions et à l’échec. C’est le cas de la lutte contre le narcotrafic, qui a souffert d’un sous-investissement politique structurel visible dans le financement de la lutte contre la criminalité financière au sens large.

Nous avons ainsi constaté que les effectifs de police et de gendarmerie ont été augmentés pour lutter contre le trafic de stupéfiants, tandis qu’aucune réflexion n’a été engendrée sur sa contrepartie financière, entraînant une réduction des effectifs dédiés aux enquêtes complexes sur le blanchiment d’argent, qui nécessitent des personnels très qualifiés. L’État a sous-investi. Résultat : l’accent est mis sur les maillons faibles du trafic – les consommateurs et les petites mains, aux dépens de ceux qui orchestrent le trafic. La cohérence de l’action publique est altérée, ce qui impacte son efficacité.

Nous avons appris début septembre que le déficit de l’État serait beaucoup plus important que prévu, s’établissant à 6,4 % au lieu des 4,4 % initialement anticipés. Cette annonce a-t-elle pris au dépourvu l’ancienne membre de la direction du Trésor ?

L. C. : Oui. Je me mets à la place de mes anciens collègues de bureau, attachés à la défense des intérêts de l’État, et je me dis que ce moment doit être assez inconfortable pour eux… Avec des auditions prévues au Sénat et à l’Assemblée nationale, il sera intéressant de découvrir les avertissements contenus dans les notes que l’administration a envoyées antérieurement aux politiques.

Ce qui m’interpelle, c’est l’irresponsabilité de la politique qui a été menée. Rappelons-nous qu’il a fallu annuler 10 milliards de crédits quelques semaines seulement après l’adoption de la loi de finances 2024. Qui fait ça, sinon des personnes peu expérimentées ? Si la gauche avait commis un dixième de cette erreur, elle aurait été accusée d’incompétence.

Bruno Le Maire aurait-il dû démissionner lorsque Emmanuel Macron et Gabriel Attal lui ont refusé une loi de finances rectificative au printemps 2024 ?

L. C. : La question était effectivement légitime.

La situation des finances publiques étant, hélas, ce qu’elle est, Michel Barnier n’avait-il pas d’autre choix que d’adopter un budget d’austérité ?

L. C. : Oui, il existait bien d’autres alternatives, et cela demeure le cas. Je pense que les différents gouvernements se sont enfermés dans une stratégie dogmatique de rejet du levier fiscal. Au cours de la dernière décennie, on a abandonné entre 50 et 60 milliards d’euros de recettes annuelles. À tel point qu’ils en ont oublié qu’il était possible de mobiliser la fiscalité pour réduire le déficit public, en se concentrant uniquement sur les dépenses. En résumé, le gouvernement s’appuie énormément sur le volet dépenses, redirigeant les maigres recettes supplémentaires vers le désendettement.

La proposition du gouvernement Barnier de toucher marginairement à l’outil fiscal est cependant un tournant idéologique de la part d’un exécutif à tendance LR qui n’a pas été suffisamment souligné. Cette dynamique entraîne d’ailleurs une débâcle par la macronie, accroquée par son refus des impôts, donc sur sa droite ! C’est un aspect intéressant sur le plan idéologique. La droite est en train de perdre toute crédibilité en matière économique, car selon l’OFCE, la contraction budgétaire planifiée par Michel Barnier coûtera 0,8 point de PIB en 2025.

En revanche, le NFP a présenté en ouverture du débat sur la loi de finances 2025 dix mesures susceptibles de générer 50 milliards d’euros. C’est une approche plus responsable car d’une part, elle ne nuira pas à l’activité alors que la croissance est faible [lire ici l’analyse d’Anne-Laure Delatte, NDLR]. Nous pensons que notre plan soutiendrait l’économie et – j’insiste là-dessus – tout en réduisant progressivement l’endettement.

Nous arrivons à la fin de la discussion sur les recettes. Alors que les échanges sont peu clairs à l’Assemblée nationale, quel bilan tirez-vous du plan que vous avez présenté avec les parlementaires du NFP ?

L. C. : Tout le monde considérait le NFP comme mort. Cependant, nous avons su travailler en commun pour proposer des éléments cohérents visant à rendre le budget plus juste et efficace. La plupart de nos amendements ont été adoptés en commission des finances, et certains dans l’Hémicycle. Ainsi, nous avons pu constater qu’il existe à l’Assemblée une demande pour une justice fiscale et un rétablissement de l’équité fiscale.

La cacophonie ne provient pas de la gauche, qui a même restreint le nombre de ses amendements, mais de la compétition au sein du bloc central et du gouvernement qui semble vouloir s’en servir pour faire passer son projet en recourant à l’article 49.3 de la Constitution. Il a d’ailleurs déjà ignoré les votes des députés concernant le projet de loi de financement de la sécurité sociale en soumettant sa propre version au Sénat.

Une dissolution sera à nouveau envisageable à partir de juin 2025. Le NFP ne doit-il pas utiliser cette période pour réajuster son programme, dont on sait qu’il a été élaboré dans la hâte d’une part, et s’adapter à la dégradation de la situation économique et géopolitique ?

L. C. : Pour moi, la dissolution n’est pas la perspective la plus probable, même si le gouvernement Barnier pourrait falloir. Pour approfondir les positions du NFP, nous avons déjà travaillé durant tout l’été sur des sujets significatifs : l’éducation, la santé, les services publics, le pouvoir d’achat, l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires, du Smic, et le dialogue avec les partenaires sociaux. 

La conjoncture économique peut nécessiter des ajustements, mais je réaffirme l’importance d’une logique cohérente : restaurer la justice fiscale et abolir les aberrations fiscales anti-économiques, les niches fiscales inutiles, ainsi que les dépenses fiscales mal ciblées qui entraînent des effets d’aubaine pour des entreprises qui n’en ont pas besoin. Il est donc nécessaire de mettre en place une réforme fiscale précise qui vise à récupérer de l’argent là où il se trouve sans impact excessif sur l’activité économique et sans conséquences sur les catégories populaires, afin d’aider à réduire le déficit et à financer les services publics, etc. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de revoir totalement le programme du NFP.

Vous souhaitiez être candidate du NFP lors de l’élection législative partielle en Isère, mais les luttes internes ont rendu cela impossible. Le fait qu’une coalition politique ne laisse pas de place à la personnalité qu’elle avait envisagée comme sa future Première ministre ne remet-il pas en question sa solidité ?

L. C. : Quand on s’intéresse à la chose publique, il est normal de vouloir obtenir la légitimité des suffrages de ses concitoyens. En Isère, la France Insoumise n’était pas prête à céder une député qui siégerait dans son groupe. J’ai tenu à conserver ma liberté. Cela a été fait de manière cordiale.

Si une autre circonscription se libérait, j’y réfléchirais à nouveau. À condition que je puisse demeurer un trait d’union entre les partis du NFP, ce qui m’interdit de siéger dans l’un ou l’autre de ses deux pôles, et, bien sûr, que j’obtienne l’accord des militants locaux.

Huissiers, injures et dents fracturées : des résidents d’un bourg du Lot-et-Garonne font état de harcèlement racial.

CULTURE

Huissiers, injures et dents fracturées : des résidents d’un bourg du Lot-et-Garonne font état de harcèlement...

« Toi l’arabe, tu vas découvrir ce que je vais te faire ! » Tels sont les propos rapportés par Sami Jabel dans sa plainte pour « coups et blessures en réunion » et « acte de racisme en réunion ». Le rugbyman âgé de 32 ans aurait été violemment frappé par ses coéquipiers lors d’un entraînement avec l’US Lavardac-Barbaste, le 13 septembre 2024. L’un des trois agresseurs, celui qui a proféré les insultes, exerce la profession de policier à Agen (47). « En quittant le terrain, il a persisté à tenir des propos racistes, affirmant qu’il me connaissait parfaitement », déclare le plaignant dans son procès-verbal. Ce sportif pesant 125 kilos présente de nombreuses blessures, des dents brisées et a eu huit jours d’incapacité totale de travail. Le président du club a rejeté l’idée que l’« accrochage » ait un caractère raciste dans La Dépêche du Midi. Pour le Franco-Marocain originaire d’Aiguillon, un petit village de 4.000 habitants dans le Lot-et-Garonne, cette altercation est la résultante de rumeurs malveillantes à son encontre.

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Sami Jabel a été en incapacité totale de travail pendant huit jours. /
Crédits : StreetPress

Fermetures d’entreprises, commerçante exclue du marché, voitures saccagées, blagues islamophobes… Depuis que Christian Girardi, maire de droite, a été élu en 2021 après plus de vingt ans de gestion socialiste, l’atmosphère dans cette localité est devenue toxique. StreetPress a échangé avec une dizaine d’habitants d’Aiguillon qui attestent des discriminations, du harcèlement et des insultes racistes. Âgé de 71 ans, le maire, également vice-président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, est un membre influent de la Coordination rurale, un syndicat agricole proche de l’extrême droite. Joint par StreetPress, l’élu rejette les accusations formulées par ses administrés :

« Je suis un fils d’immigré italien, on ne va pas me faire passer pour un raciste ! »

Des entrepreneurs d’origine marocaine en difficulté

« C’est une rafle orchestrée, tous les commerces liés aux musulmans sont ciblés », affirme Sami Jabel lors de notre rencontre dans ses locaux à Aiguillon. Accompagné de deux membres de l’association SOS Racisme, qui le soutiennent, cet homme imposant, au discours rapide, travaille au secteur du BTP après plusieurs années dans le bâtiment. En 2017, l’Aiguillonnais lance sa propre entreprise de BTP, SJ Construction, ainsi que d’autres sociétés. De quoi faire honneur à son père, ancien ouvrier agricole venu de Casablanca à 18 ans, afficheur pour le Parti socialiste (PS).

Cependant, suite au changement politique à la mairie, il subit « une pluie de lettres d’huissiers ». Le matin du 12 mai 2023, un policier municipal, quatre gendarmes et un huissier défoncent son portail pour entrer, en son absence et sans mandat, dans son magasin de déstockage. Ils remplacent les serrures et saisissent ses biens afin de couvrir une dette, qu’il affirme appartiendrait à l’ancien propriétaire. Ses caméras ont filmé cette intrusion. Les démarches légales freinent ses opérations :

« Je me retrouve dans une situation désespérée, avec des chantiers laissés à l’abandon et d’autres en cours, toutes les attaques provenant d’Aiguillon. »

Suite à un énième contrôle, en octobre 2023, SJ Construction est placée en redressement. Un mois plus tard, l’administrateur décide de liquider son entreprise principale (2).

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Un des nombreux courriers de la mairie d’Aiguillon (47) reçu par Sami Jabel. /
Crédits : StreetPress

Les rumeurs et l’excès du zèle policier

« J’ai réalisé que le maire disait aux gens que j’étais un escroc, un délinquant », raconte Sami Jabel, visiblement en colère. Ses voisins le traitent d’une manière agressive. Ses pneus sont perforés. Il retrouve l’un de ses deux malinois battu à mort. Du matériel agricole lui est volé, dont deux bennes évaluées entre 10.000 et 15.000 euros chacune. Ses frères et sœurs ainsi que ses parents sont également pris à partie dans des commerces comme la boulangerie ou le salon de coiffure.

Plus étrange encore, le 11 février 2023, la maison de la secrétaire de Sami Jabel a été vandalisée. Sa voiture a été couverte d’insultes sexistes ainsi que du prénom de son patron. Le gendarme intervenu le jour du cambriolage aurait refusé d’enregistrer sa plainte. StreetPress a pu se procurer la plainte de la jeune femme adressée à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN).

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Le 11 février 2023, la voiture de la secrétaire de Sami Jabel a été vandalisée. /
Crédits : StreetPress

« J’ai perdu énormément d’argent, et aussi des amis », confie Sami Jabel. « Ils vous isolent aussi de votre entourage. » Le jeune père de famille, connu pour sa bonne humeur, a tenté de se suicider à trois reprises. La dépression a eu raison de son union. Son ex-partenaire, qui préfère garder l’anonymat, souhaite quitter Aiguillon avec leur fils. « Les couples mixtes, ici, ne sont pas bien vus », ajoute le rugbyman.

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Le magasin de déstockage de Sami Jabel, désormais saisi par la justice, et l’arrêt de la construction de sa future maison de famille. /
Crédits : StreetPress

« Je connais Sami depuis longtemps, j’ai travaillé pour lui en tant que sous-traitant et je n’ai jamais rencontré de difficultés », raconte le rugbyman Loïc Gambarotto, habitant la commune voisine de Temple-sur-Lotte et actif dans le BTP. « Je pense qu’il dérangeait certaines personnes, et c’est pourquoi il en est arrivé là. » Un médecin de la commune, qui souhaite rester anonyme, confirme : « J’ai entendu des rumeurs déplorables à propos de Sami. C’est un jeune qui travaille bien et qui ne dérange personne. Ça fait trois ans qu’on le cherche, sans trouver beaucoup d’éléments. Il suscite manifestement des jalousies. » Le généraliste fait également état d’autres entrepreneurs d’origine maghrébine souffrant de discrimination et s’inquiète du climat local :

« Ce qui arrive à certains, les gens disent : “C’est un arabe.” Avec des préjugés derrière. »

Perquisition injustifiée

Kader (1), 27 ans, a créé en 2020 une société d’achat-vente de véhicules d’occasion avec son père, ancien employé dans le secteur des pruneaux. Un an après le démarrage de son activité, il fait l’objet d’un contrôle. « Cela m’a surpris car je n’avais même pas encore de bilan », explique-t-il. Les gendarmes s’informent auprès de ses voisins pour savoir s’il emploie des salariés de manière illégale, puis rendent visite à son père et sa sœur. L’entrepreneur sera finalement convoqué à la gendarmerie de Nérac (47) en août 2022. Il passe la nuit en garde à vue pour « travail dissimulé ». « Je ne comprends pas, je n’emploie personne ! » Kader est finalement libéré, sans poursuites ni documents. Lors de la perquisition, les gendarmes ont saisi quatre véhicules, une grande partie de son stock qu’il mettra une année à retrouver :

« J’ai rencontré des soucis de trésorerie et l’image de ma société en a souffert. C’est une petite ville. Les gens croyaient que je faisais du trafic. »

L’Aiguillonnais a vécu dans l’attente d’une convocation qui n’est jamais venue : « C’était une année très difficile, au bord de la dépression. » L’un de ses amis a directement abandonné son activité :

« Il avait ouvert une boucherie halal. Il n’était même pas encore ouvert depuis cinq mois, qu’il a reçu une visite de contrôle. »

Au téléphone, Christian Girardi balaye la situation : « Il y a très peu de manifestations de racisme à Aiguillon, vraiment très peu. » Le maire peine à se souvenir de Sami Jabel : « Je vous demande simplement de vous renseigner sur cette personne auprès des habitants d’Aiguillon, sur les gens qu’il a peut-être lésés. » Sans donner plus de détails. Pour prouver qu’il n’est pas raciste, le fraisiculteur souligne qu’il est « employeur d’une main d’œuvre diverse » :

« La première fois que j’ai engagé un homme d’origine marocaine, j’avais 24 ans. J’ai une immense admiration pour ces jeunes qui viennent travailler avec nous. Les jeunes que j’ai eus chez moi étaient tellement gentils que je les ai redirigés vers d’autres producteurs de fraises. »

« Purger la ville »

Le sarkozyste Christian Girardi a perdu plusieurs élections avant d’accéder à la mairie. En juin 2020, son élection a été annulée par le tribunal administratif pour des soupçons de fraude. Un an plus tard, le 25 avril 2021, lors d’un nouveau scrutin, Christian Girardi est élu dès le premier tour. Dans la presse locale, « Kiki », comme certains l’appellent, se vante :

« Cela fait 25 ans que la mairie était dirigée par des professeurs d’histoire-géographie. J’ai un grand intérêt pour l’histoire, surtout celle de ma commune, à laquelle je suis profondément attaché, mais maintenant, nous allons travailler à redéfinir l’avenir d’Aiguillon et lui redonner ses lettres de noblesse. »

Jean-François Sauvaud, son prédécesseur du PS, commente : « Il devrait réfléchir plus avant de s’exprimer. » L’enseignant socialiste tempère les accusations de harcèlement et évoque le « racisme ordinaire » de l’agriculteur : « Nous sommes dans une époque de repli sur soi et de rejet de l’autre qui s’exprime par cette montée des discours et opinions racistes. »

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Une place à Aiguillon (47). /
Crédits : StreetPress

Une fois aux commandes, Christian Girardi s’est appliqué à « purifier la ville ». C’est en tout cas ce qu’il a déclaré à la présidente départementale des Restos du cœur, selon Sud Ouest, pour justifier l’expulsion de l’association de Coluche d’un local municipal. Le Ratel Club Confluent, populaire auprès des Marocains et des gitans locaux, est également dans le viseur du maire. La mairie a d’abord déplacé les horaires à des moments peu pratiques pour les adolescents. En 2023, le club de boxe a complètement perdu ses financements. Le coach Amine Ziani, champion du monde de boxe savate française, peut bien avoir du talent, le maire ignore ses efforts.

La crêpière sommée de vendre du couscous

En été, le stand de Malika Makdouf, embaumant le beurre et le Nutella, ne connaît plus les longues files d’attente. Les marchés gourmands, une tradition locale, se déroulent les jeudis soirs de juin, juillet et août sur la place du 14 Juillet. Malika, âgée de 47 ans, y proposait crêpes, gaufres et merveilles. Ancienne majorette, elle a toujours été active dans le tissu associatif local. Mais après l’élection de Christian Girardi, lorsqu’elle s’est présentée à la mairie pour son inscription, le nouvel élu en charge des animations lui a annoncé qu’elle ne serait pas renouvelée, « alors que cela faisait cinq ans que je participais », dit-elle. Le conseiller municipal lui aurait suggéré :

« Vous pouvez faire des couscous à la place. »

« Sur le moment, c’était très malaisant. J’étais choquée. » Face à l’insistance de la cuisinière, le conseiller ajoute : « De toute façon, vous n’êtes pas suffisamment locale. On recherche des gens du coin ici. » « Qu’est-ce que cela veut dire local ? Je suis née ici, j’ai étudié ici, j’ai sportif ici… », s’indigne Malika Makdouf. Contacté, l’élu n’a pas souhaité répondre à StreetPress. Quant à Christian Girardi, « ce ne sont que des histoires sans importance, ce sont des anecdotes ».

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Malika Makdouf, crêpière, ne pourra plus participer aux marchés gourmands. /
Crédits : StreetPress

Blague islamophobe

Des incidents similaires se répètent. Fin avril 2024, le maire dîne au restaurant Le Basilic. La serveuse Elodie Gil est de service lorsque Christian Girardi lui lance, hilare :

« Je voudrais une eau islamique ! »

L’élu mime ensuite une explosion pour illustrer une eau gazeuse. Dans son esprit, le terme islamique semble lié aux terroristes islamistes. Contacté par StreetPress, le propriétaire du restaurant, Olivier Smadja, confirme l’incident : « J’ai dû lui expliquer qu’il ne pouvait pas faire ce genre de plaisanteries dans mon établissement. »

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Elodie Gil, serveuse au restaurant Le Basilic. /
Crédits : StreetPress

Elodie Gil tranche : « C’est rempli de racistes ici. » Son ex-mari est marocain. Sa fille de six ans lui raconte que certains enfants l’appellent de « sale arabe » à l’école. Une de ses amies, assistante maternelle d’origine marocaine, aurait préféré quitter la commune :

« Elle en a tellement souffert qu’elle est partie vivre au Maroc avec ses enfants. »

L’influence de la Coordination rurale et du Rassemblement national

Dans le Lot-et-Garonne, deux circonscriptions sur trois ont été gouvernées par le Rassemblement national (RN) de 2022 à 2024. Cela semble ravir Christian Girardi. Enregistré chez Les Républicains, il reçoit fréquemment la députée vice-présidente du RN, Hélène Laporte, l’élue de sa circonscription (3). En 2022, le maire a apporté son soutien à la candidature présidentielle d’Eric Zemmour.

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Serge Bousquet-Cassagne, à la Coordination rurale Lot-et-Garonne, et le maire d’Aiguillon, Christian Girardi. /
Crédits : Capture d’écran.

Le maire est particulièrement proche de Serge Bousquet-Cassagne, dirigeant de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne. Fondée en 1991, la CR est un puissant syndicat agricole, proche de l’extrême droite et sceptique vis-à-vis de l’écologie. Serge « Castagne » s’est récemment distingué en empêchant la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, de participer à une manifestation contre les méga-bassines. Contacté par StreetPress, il confirme ses liens avec le maire d’Aiguillon :

« Nous sommes comme des frères dans le combat. Christian partage des valeurs que je défends, que ce soit dans le football, la gestion d’entreprise ou la gestion d’une communauté. »

Depuis 2013, Serge-Bousquet-Cassagne est président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, un des trois départements où la CR est majoritaire, tandis que Christian Girardi en est le deuxième vice-président. La Cour des comptes a récemment sévèrement critiqué la gestion financière de la chambre, la jugeant opaque et entachée d’irrégularités. Lorsque StreetPress aborde « Kiki » au sujet de son ami de la CR, il se montre brusque :

« On va s’arrêter là, je n’apprécie pas vos méthodes. »

(1) Le prénom a été modifié.

(2) Le 3 mai 2024, le parquet du tribunal judiciaire d’Agen a requis une mesure de faillite personnelle accompagnée d’une interdiction de diriger et de gérer une entreprise commerciale pour une durée de 15 ans à l’encontre de Sami Jabel. Son avocat Laurent Latapie déclare à StreetPress : « Le seul reproche qui lui est fait est celui d’un manque de coopération alors que nous avons prouvé qu’il a bien collaboré avec les instances de la procédure collective. Le procureur de la République s’oppose à toute demande de renvoi et semble très déterminé à punir ce chef d’entreprise en l’excluant de la vie économique. »

(3) Edit le 12 novembre : Nous avions précédemment affirmé que l’élue RN Hélène Laporte n’était pas la députée de la circonscription d’Aiguillon. C’est effectivement le cas.

HERAULT NEWS

Il déplace le véhicule des malfaiteurs dans le ravin, un bûcheron appelé à comparaître devant le tribunal à...

Des vols de fruits, de légumes, de matériel ou même de carburant : ce phénomène connaît une hausse en France, provoquant la colère des agriculteurs à cause des répétitions et du préjudice significatif que cela engendre. “Les plaintes n’aboutissent pas toujours, cela suffit“, dénoncent les agriculteurs.

Ce mardi matin, environ quarante professionnels venus de tout le département de l’Hérault se sont rassemblés devant le tribunal judiciaire de Béziers pour soutenir l’un des leurs. Mathieu est soupçonné d’avoir poussé en mai 2024 dans le fossé la voiture des voleurs, composés de deux femmes et un homme, qui étaient venus siphonner du carburant sur son exploitation forestière.

Il est accusé de violences avec arme suite à la plainte déposée par ceux qui l’ont volé. Cet ancien agent de l’ONF a fondé son entreprise en 2023 à Saint-Gervais-sur-Mare, près de Bédarieux. Son entreprise emploie un salarié et un apprenti et se spécialise dans la production de piquets pour vignes et clôtures pour chevaux, vaches et moutons, ainsi que dans la vente de bois de chauffage.

Depuis deux ans, il ne cesse de porter plainte à la gendarmerie pour des vols

“Vous savez, confie Mathieu à France Bleu Hérault, j’ai été victime de nombreux vols. Je continue de porter plainte depuis la création de mon entreprise. Vols de carburant et de matériel. J’ai fourni suffisamment de preuves aux gendarmes, ayant installé des caméras sur ma propriété.

“Il est vrai qu’en mai dernier, j’ai été informé grâce aux caméras que des intrus avaient une nouvelle fois pénétré illégalement sur ma propriété, j’y suis allé et j’ai croisé les voleurs. J’ai pris ma voiture pour les suivre tout en alertant les gendarmes. Dans un virage, c’était sombre, je n’ai pas vu leur voiture, je les ai heurtés, ils ont fini dans le fossé, mais ce n’était pas intentionnel“.

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“Je crois en la justice, mais sur le terrain, ce n’est pas perçu de la même manière”

“On a l’impression d’être abandonné“, déclare Alexandre Boudet. Ce viticulteur à Saint-Pargoire a également été victime d’un vol de matériel d’irrigation. Le préjudice s’élève à 300 euros. “Nous en avons ras-le-bol de ces vols incessants. On a l’impression que ces gens-là sont impunis. Donc, à un moment, la colère éclate vraiment. Je crois à la justice, mais sur le terrain, ça ne se ressent pas de la même façon. La récurrence des vols est insupportable. Évidemment, il est bien plus simple d’entrer chez les gens que d’acheter des choses.

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“C’est une aberration,  déclare Rémi Dumas, président des Jeunes agriculteurs de l’Hérault. Comme trop souvent, c’est la victime du vol qui se retrouve au tribunal pour s’être défendue. Les voleurs ont porté plainte, il est crucial que les vols cessent”.

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“La justice avec les agriculteurs” © Radio France
Stéfane Pocher

Les voleurs portent plainte contre le bûcheron le jour même des faits

“Faites-vous cambrioler à maintes reprises, vous en aurez sûrement assez”,  dit Evan, jeune viticulteur à Lieuran-lès-Béziers. “Il est essentiel d’être là ce matin pour le soutenir car nous sommes tous des victimes de vols. Nous l’avons été deux fois. Du matériel d’irrigation. Cela coûte cher. C’est du temps de perdu, car il faut tout recommencer, déposer plainte.”

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“Je comprends pleinement cette exaspération”, poursuit Cyril, voisin et ami proche de Mathieu. “C’est un accident. Ce n’était vraiment pas intentionnel. J’étais présent ce jour-là, dans la voiture avec Mathieu. Ils ont freiné dans un tournant sur une route humide. Il faisait sombre. Je ne me rappelle pas que leur voiture avait des phares. Nous les avons percutés et ils ont été bloqués sur le côté.

“Ensuite, ils ont porté plainte le jour même du vol. Nous avions pourtant des preuves de leurs actes. Ils étaient bien visibles sur les images des caméras de surveillance. On les voyait en train de voler, et nous avons retrouvé sur place le bidon et le tuyau. Mathieu a subi un préjudice conséquent, et malgré ses 1m98, c’est quelqu’un de calme !”

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Mathieu a été condamné à 1.000 euros d’amende avec sursis. La peine ne figurera pas à son casier judiciaire. Une cagnotte a été créée pour le soutenir sur le site Leetchi afin de l’aider à faire face à son préjudice.

Quant aux plaignants, ils ont été déclarés coupables de vols en réunion en septembre 2024  par le tribunal correctionnel. Ce trio (deux hommes et une femme) a été  condamné à une amende et s’est vu interdire l’accès à l’Hérault pendant deux ans. Malgré la clémence du jugement, les accusés ont fait appel de la décision.

  • Témoin d’un événement, une info à transmettre, appelez le 04.67.06.65.42

“On va droit dans le mur”  – Les agriculteurs devant le tribunal de Béziers

“On va droit dans le mur” – devant le tribunal de Béziers © Radio France
Stéfane Pocher

Mobilisation d'agriculteurs devant le tribunal de Béziers
Mobilisation d’agriculteurs devant le tribunal de Béziers © Radio France
Stéfane Pocher

“On meurt écrasé sous les charges” – Action des agriculteurs ce mardi matin à Béziers

Action des agriculteurs (34) ce mardi matin à Béziers
Action des agriculteurs (34) ce mardi matin à Béziers
Jeunes agriculteures

Action des agriculteurs à Béziers
Action des agriculteurs à Béziers
Jeunes agriculteurs (34)

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Gendarme, mon rêve de gosse que je partage sur Twitter – BLOG

CARRIÈRE – 26 décembre 1994. Je ne suis qu’un enfant et pourtant mon attention ne peut-être détournée de cet écran de télévision allumé dans le salon de mes grands-parents. C’est le jour de l’assaut où des hommes vêtus de noir neutralisent les terroristes du vol AF 8969. Ces héros en noir, ce sont des gendarmes. Je ne sais pas très bien qui ils sont, mais ils viennent de sauver des dizaines d’otages. Ils viennent de faire “le bien”. C’est ce jour-là que devenir gendarme m’est apparu comme une évidence à la limite de l’obsession. Elle ne m’a plus lâché. Lire aussi sur les gendarmes: Évidemment, mon attrait modéré pour le sport, mon tempérament et ma culture accrue au fil du temps sur l’arme m’ont fait affiner mes ambitions. Si le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie National (GIGN) est prestigieux, si ses missions sont passionnantes, je n’ai pas la prétention de vouloir intégrer à tout prix cette unité d’élite. Je veux devenir militaire de la gendarmerie et mon adolescence, mon parcours personnel et scolaire ne seront orientés que par cet objectif. Ma mère m’encourage. Elle sait que mes études ne seront pas des plus longues. Au début des années 2000, aucun diplôme n’est exigé pour présenter sa candidature. Je ne suis pas un cancre mais j’attends patiemment ma majorité. Ce matin de septembre, contrairement à la plupart de mes potes, je ne suis pas pressé de souffler mes 18 bougies ou de faire une fête énorme. Je passe le permis de conduire le matin même. A 14 heures, c’est donc tout fier et au volant de ma petite citadine que je me présente devant le commandant de la brigade de gendarmerie locale. C’est un vieil adjudant qui supporte assez bien le poids des années. Il voit très vite en moi la…

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En Gironde, un officier de gendarmerie relevé de son commandement pour refus de vaccination

MARTIN BUREAU / AFPUn officier de gendarmerie a été relevé de son commandement pour refus de vaccination. (photo d’illustration) GIRONDE – Un chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Langon, en Gironde, a été relevé de son commandement opérationnel et muté “sur un poste” sans “contact avec le public” pour un refus de vaccination contre le Covid-19, a-t-on appris ce vendredi 3 décembre auprès de la gendarmerie. À la tête d’un effectif de 150 gendarmes, cet officier supérieur de 32 ans a été d’abord sanctionné de dix jours d’arrêt puis muté vers la Direction générale de la gendarmerie à Paris, “sur un poste où il n’est plus en contact avec le public” a indiqué la gendarmerie en Gironde, confirmant une information du journal Sud Ouest. Cette sanction liée à un refus de vaccination est “un événement rare” dans la gendarmerie car celle-ci est “peu confrontée au problème”, a ajouté la même source. Depuis le 15 septembre, les gendarmes affectés sur le terrain ou au contact du public doivent être complètement vaccinés contre le Covid-19, selon une note de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) consultée par l’AFP. Selon Sud Ouest, une nouvelle cheffe d’escadron de la compagnie de Langon a été nommée et prendra ses fonctions début janvier. À voir également sur Le HuffPost: Véran ouvre la troisième dose de vaccin anti-Covid pour tous les adultes Source

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Le mari de Delphine Jubillar devant les juges d’instruction

FRED SCHEIBER via Getty ImagesCédric Jubillar participant à une battue organisée par les gendarmes pour retrouver sa femme Delphine Jubillar à Milhars, le 23 décembre 2020. FAITS DIVERS – Un interrogatoire décisif ou le brouillard persistera-t-il? Dix mois après la disparition de Delphine Jubillar, son mari Cédric sera présenté aux juges d’instruction ce vendredi 15 octobre et interrogé sur le fond du dossier, une première depuis son interpellation en juin. Après deux jours en garde à vue, il avait été mis en examen le 18 juin pour “homicide volontaire par conjoint” et incarcéré après des déclarations contradictoires dans son récit sur la disparition de sa femme dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Le corps de celle-ci n’a pas été retrouvé. Le dossier soulève plusieurs questions: pourquoi son podomètre n’affiche que 40 pas au compteur alors que Cédric Jubillar affirme avoir recherché Delphine avant l’arrivée des gendarmes? Pourquoi avoir lancé une machine à laver avec la couette de sa femme à 5h du matin? Trois demandes de remise en liberté rejetées  Cédric Jubillar assurait aussi que la séparation du couple, en instance de divorce, se passait “de manière non-conflictuelle”. Des déclarations encore contredites par les éléments de l’enquête dépeignant un homme “brutal, grossier, agressif y compris envers ses enfants”, avait déclaré le procureur de la République de Toulouse Dominique Alzear. Le plaquiste-peintre de 34 ans clame néanmoins son innocence et a demandé à trois reprises sa remise en liberté. Une requête invariablement rejetée par la justice. Pendant ce temps, l’enquête piétine. Depuis des mois, les fouilles pour retrouver l’infirmière de 33 ans se poursuivent aux alentours de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, où habitait le couple avec ses deux enfants. Une équipe de spéléologues de la gendarmerie a même été dépêchée pour mener des recherches en sous-sol le 6 octobre….