Ne serait-il pas temps de pousser plus loin nos modes d’action politique ?
C’est dans le texte de l’Américain Henry David Thoreau que l’idée de désobéissance civile apparaît pour la première fois dans les propos d’un penseur éclairé. Dans son essai de 1849 intitulé Résistance au gouvernement civil, rebaptisé plus tard La Désobéissance civile, il explique comment il résiste lui-même au gouvernement. Trois ans plus tôt, il est arrêté et emprisonné pour avoir refusé de payer un impôt à l’État, en signe de protestation contre l’esclavage aux États-Unis et la guerre américano-mexicaine. Ce texte est un élément essentiel pour comprendre cette forme d’action non violente telle qu’on la connaît aujourd’hui. Thoreau explique que suivre une loi ne revient pas forcément à suivre une morale. En d’autres termes, enfreindre une loi peut être mauvais aux yeux de la justice, mais pas nécessairement aux yeux de l’opinion publique quand c’est fait pour des raisons morales. Thoreau voit donc le gouvernement comme quelque chose qui, bien qu’étant le « simple intermédiaire choisi par les gens pour exécuter leur volonté, est également susceptible d’être abusé et perverti avant que les gens puissent agir par lui ». Certaines actions politiques suscitent des réactions qui vont fermement condamner ces actes (sur les réseaux sociaux, dans les médias ou dans la sphère politique), jusqu’à évoquer le terme d’« écoterrorisme ». Pourtant, on peut se demander ce qui est le plus violent entre la légitime défense que représente la désobéissance civile et l’inaction climatique ou les agissements de certaines multinationales. Qu’en est-il de l’action sur les profits des grandes entreprises énergétiques ? Pourquoi rien n’est fait contre ces géants, qui connaissent depuis les années 1970 l’impact négatif de leur comportement sur le climat, la biodiversité, nos écosystèmes et maintenant le tissu social ? C’est la question que se posent les militant·es du groupe Code Rouge, qui ont choisi d’agir sous la…