The Northeast Is Becoming Fire Country
Les cartes des récents incendies dans la région ressemblent à celles de la Californie en août, avec des centaines de points rouges.
Les cartes des récents incendies dans la région ressemblent à celles de la Californie en août, avec des centaines de points rouges.
Maripasoula, Parc amazonien de Guyane (973) – À travers les hublots du petit avion à hélices reliant le littoral à la ville de Maripasoula, située au sud de la Guyane, un océan de nuances de vert se déploie à perte de vue. Après une heure de vol, les premières maisons de cette commune, intégrée au vaste Parc amazonien, deviennent visibles, nichées au creux d’un méandre du fleuve Maroni. Ce cours d’eau constitue la frontière avec le Suriname et sert de chemin vers l’océan Atlantique – à plus de 300 kilomètres en aval. « D’habitude, on voit toujours des pirogues arriver avec des marchandises », indique Jonathan Abienso, à la tête d’une entreprise de fret fluvial dans cette enclave urbaine entourée par l’Amazonie.
En parcourant le « dégrad » de Maripasoula – le terme utilisé ici pour désigner un embarcadère – l’entrepreneur évoque qu’après 18 mois de sécheresse, alors que l’année 2024 s’annonce comme l’une des plus chaudes jamais mesurées par Météo France, cette voie essentielle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le niveau de l’eau est si bas que de nombreux rochers obstruent désormais le passage des personnes et des biens. À certains endroits, il serait presque faisable de traverser à pied les 500 mètres séparant les deux pays. Il ajoute :
« Cela fait deux semaines que personne n’ose remonter le fleuve, devenu trop dangereux. »
La gravité de cette sécheresse est attribuée à la double influence d’El Niño, un phénomène océanique répétitif qui se manifeste par un réchauffement des eaux du Pacifique, ainsi qu’au changement climatique, dont l’une des manifestations en Guyane est la diminution des précipitations.
Les habitants de Maripasoula réclament une « route du fleuve » pour se connecter au littoral. /
Crédits : Enzo Dubesset
À Maripasoula, l’aérodrome et sa seule piste en latérite – cette roche rougeâtre et aride – sont les derniers liens entre les 10.000 résidents et le reste du monde.
« La vie a toujours été difficile et coûteuse, mais la situation actuelle est bien pire », remarque Charles Aloïke. À la conduite de sa filong, ces motos importées d’Asie via le Suriname, principal moyen de transport sur les routes poussiéreuses de Maripasoula, il affirme que les habitants ressentent le poids de l’isolement depuis longtemps, bien avant le dérèglement climatique.
La commune, qui s’étend sur une superficie équivalente à celle de la Nouvelle-Calédonie, a connu un développement significatif suite à la découverte de nouveaux gisements d’or dans les années 1990, attirant de nombreux chercheurs d’or, exploitant les filons de manière plus ou moins légale. Cependant, les infrastructures n’ont pas suivi ce boom démographique. En 2023, la fermeture de la compagnie aérienne pendant cette sécheresse – déjà – avait isolé la ville durant plusieurs mois, entraînant une flambée des prix des denrées, qui n’ont depuis cessé d’augmenter. Charles Aloïke, le motard, exprime son inquiétude :
« Le prix de l’essence a atteint quatre euros le litre. Ça grimpe chaque jour, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir. »
Charles Aloïke, sur sa filong. /
Crédits : Enzo Dubesset
L’année précédente, c’étaient les interruptions fréquentes de l’électricité dues à la faible capacité et à l’isolement du réseau qui suscitaient de vives critiques de la part de la population.
Comme la plupart des résidents, Rosiane Agésilas, une infirmière, se rend régulièrement chez les « Chinois » d’Albina 2. Ces commerces, établis sur la côte surinamaise, constituent la base de l’économie informelle de la région tout en proposant des marchandises détaxées à bas prix. Ces supermarchés sur pilotis, où l’on peut payer en euros ou au gramme d’or, sont bien plus fréquentés que les épiceries françaises. Toutefois, eux aussi doivent se procurer leurs produits par avion, augmentant ainsi leurs tarifs :
« Il n’y a plus une différence claire dans les prix. Même en allant de l’autre côté, mon chariot de courses a augmenté de 80 à 150 euros par semaine. C’est intenable. »
La soignante est engagée dans le collectif Apachi qui, depuis 2023, dénonce les effets dévastateurs de l’enclavement. « Nous faisons des sacrifices et nous ne pouvons plus nous nourrir correctement. Cela va poser des soucis de santé publique. » Elle alerte que les bouteilles d’eau, ainsi que les œufs, le riz ou le gaz commencent à faire défaut.
Les commerces surinamais sont au cœur de l’économie informelle de la région. /
Crédits : Enzo Dubesset
L’augmentation des prix a un impact d’autant plus fort sur les migrants venus du Guyana, d’Haïti ou du Brésil, attirés par l’espoir d’un emploi sur le sol français. « Je gagne 200 euros par mois pour un emploi à temps partiel et j’ai trois enfants », explique Maria (1). La citoyenne guyanaise est vendeuse dans l’une des boutiques du centre :
« Comme je ne possède pas les papiers nécessaires, je ne peux bénéficier d’aucune aide. Si mon mari ne m’assistait pas, je ne pourrais plus me nourrir. »
L’économie générale, déjà peu développée, en est complètement affectée. Les entreprises subissent désormais le coût élevé de la vie et des transports, amplifié par la pénurie de denrées. C’est le cas de la seule boulangerie de la commune. « Je n’arrive plus à trouver de farine. J’ai dû réduire ma production de pain, mais je crains de devoir fermer bientôt », témoigne Dewane Roger, le propriétaire.
À Maripasoula, le prix de l’essence a explosé. /
Crédits : Enzo Dubesset
Les effets de la sécheresse sont encore plus évidents dans les nombreux « kampus », des hameaux accessibles après plusieurs heures de pirogue depuis Maripasoula. L’accès aux services, déjà instable à cause des distances, est rendu encore plus compliqué.
Plusieurs écoles primaires ont dû fermer : le transport scolaire en pirogue étant impossible, de nombreux élèves sont désormais forcés de suivre les cours du collège à distance, lorsque la connexion internet le permet. Dans le kampu d’Antecume Pata, le dispensaire fonctionne comme une pharmacie et un cabinet médical, capable de fournir les premiers soins urgents. Ce centre, qui donne accès gratuitement aux soins pour près d’un millier de personnes, a dû réduire la fréquence de ses permanences. D’une visite hebdomadaire, le médecin n’intervient maintenant que quelques heures toutes les deux semaines, par le biais d’un hélicoptère affrété depuis Cayenne.
Dans plusieurs de ces hameaux, l’eau potable est extraite de nappes dont le niveau fluctue selon celui du Maroni. De nombreux forages sont complètement à sec. D’autres sources ne permettent d’accéder à l’eau que quelques heures par jour, souvent trouble et impropre à la consommation. Dans toute la Guyane, plusieurs milliers de personnes sont touchées et, bien que des solutions d’urgence aient été mises en place comme l’envoi de fontaines atmosphériques – des générateurs qui produisent de l’eau à partir de l’humidité ambiante – les habitants concernés estiment que c’est très insuffisant.
En réponse à la crise, la préfecture a activé un plan Orsec Eau le 29 octobre dernier. Cette mesure d’urgence inclut notamment la création d’un pont aérien par l’armée pour fournir en eau potable, nourriture, essence ou médicaments Maripasoula et d’autres communes isolées de Guyane – au total, près de 40.000 personnes. La collectivité territoriale de Guyane (CTG), de son côté, a annoncé qu’elle allait doubler les capacités de fret aérien de la compagnie privée, en charge des vols vers l’intérieur du territoire, pour augmenter également les capacités de ravitaillement.
Le niveau d’eau étant si bas, des amas rocheux bloquent maintenant le passage. /
Crédits : Enzo Dubesset
Bien que le coût de ce fret aérien subventionné ait été fixé en dessous des prix moyens du transport fluvial, les tarifs demeurent pour l’instant relativement similaires. La majorité des Maripasouliens continuent de s’approvisionner au Suriname. « Ni la mairie, ni la collectivité, ni l’État ne nous ont intégrés aux discussions », déplore Patrick Valiès, président de l’association des commerçants de Maripasoula. Certains avouent d’ailleurs ne pas être informés du fonctionnement des dispositifs étatiques ni de la manière de bénéficier de ces aides :
« Cela fait des mois que nous demandons la constitution de stocks. Nous avons déjà connu la sécheresse l’année passée. Tout cela aurait pu être mieux préparé collectivement. »
La préfecture, quant à elle, souligne avoir organisé, en collaboration avec la CTG, des réunions pour discuter des besoins des commerces. L’administration assure travailler à l’instauration d’un dispositif de régulation des prix, englobant des contrôles préventifs visant à empêcher les commerçants locaux de profiter de cette aide exceptionnelle sans justifier une baisse de leurs prix.
Plutôt que de perpétuelles mesures d’urgence, les Maripasouliens demandent – souvent sans grand espoir – la construction d’une « route du fleuve » pour les relier au littoral. Ce projet colossal, au cœur des discussions politiques locales depuis 20 ans, a été amorcé. Mais il reste encore 150 kilomètres de forêt dense à ouvrir, pour l’instant sans financements.
La sécheresse est perceptible partout à Maripasoula. /
Crédits : Enzo Dubesset
En 2022, Emmanuel Macron en avait fait une promesse, mais a finalement annoncé un remodelage de la route en « piste améliorée » – sans donner plus de détails – lors de sa visite en Guyane, en mars.
À la suite de ce changement de cap, l’armée a reçu la mission de réaliser une étude sur la faisabilité d’une telle piste. Le rapport, finalisé depuis des mois, a été remis à la CTG et au gouvernement, mais n’a pas encore été rendu public. « La route est la seule solution viable pour sortir de l’isolement », affirme Rosiane Agésilas :
« Ce serait le début d’une nouvelle ère et un engagement pour le développement de Maripasoula. »
Cela pourrait également représenter l’une des solutions pour prévenir les sécheresses à venir : selon les prévisions du rapport scientifique GuyaClimat, publié en 2022, le territoire devrait connaître un réchauffement d’environ 2,5 à 4,5 degrés et une diminution des précipitations de 15 % à 25 % d’ici 2100.
Le drame de la solidarité féminine de Payal Kapadia, grand lauréat à Cannes, rend un hommage radieux à une ville et à ses habitants.
Le plaisir de regarder cette jeune équipe invaincue réside dans le sentiment de possibilité qu’elle projette.
Séverine réside au troisième étage de l’immeuble Val de Croze 4, situé à Montpellier. Avec ses trois enfants, elle occupe un logement social depuis 10 ans, qui a tellement souffert des infiltrations qu’elle désire ardemment en partir. Dans toutes les pièces, on trouve de la moisissure au plafond et des dalles de sol qui se décollent. Dans le couloir, un tissu à motifs rouge, semblable à un rideau, dissimule un trou béant dans le mur. “Il est gorgé d’eau, ça goutte à chaque pluie ou lorsque les voisins utilisent leurs sanitaires. Tout s’effondre peu à peu, le mur se dégrade et il y en a partout”, déplore la mère de famille.
Dans la salle de bain, le lavabo, obstrué, est hors d’usage depuis trop de temps et la famille est contraite de faire sa toilette dans la cuisine. “On m’a dit que c’était à moi de déboucher le lavabo, et je sais le faire, mais ils ont scellé le pied, donc je n’ai pas accès à la tuyauterie”, se défend-elle. En levant les yeux, on remarque que des plaques sont prêtes à céder, juste au-dessus de la baignoire, qui elle-même a fini par pencher à cause de l’humidité.
Cela fait six ans que Séverine désire quitter cet appartement, mais ses requêtes auprès d’ACM, son bailleur, n’ont reçu aucun retour. Elle assure qu’elle n’a pas de dettes même si parfois, elle est légèrement en retard pour payer le loyer. “Ils me contactent par SMS et par téléphone, me réclamant de payer sous peine de voir la CAF stopper les APL”. À chaque fois, Séverine profite de l’occasion pour s’enquérir de l’avancement de son relogement et se heurte à un “silence complet”.
On lui a maintes fois conseillé d’attendre, de patienter jusqu’à la fin des travaux du tramway qui s’accompagnent d’un vaste programme de réhabilitation des logements du quartier.
Actuellement, la famille est à bout. “Ils pourraient couvrir cet appartement de diamants, nous voulons simplement partir !” affirme Séverine, qui se plaint d’avoir le moral à zéro, tout comme ses enfants. Sans oublier les problèmes de santé récurrents : asthme, allergies, irritation des yeux, au point que leur médecin généraliste a recommandé un déménagement d’urgence. C’était il y a plus de quatre ans…
Encore plus ancienne, une enquête de 2016 du service communal d’hygiène et de santé, notait déjà que “l’ensemble du logement présente un développement significatif de moisissures”. À l’époque, “seule la salle de bain échappait à ce problème”.
Contacté par France Bleu Hérault, le bailleur admet qu’il y a eu “un raté” dans le suivi de la demande de Séverine. “Il semble que la commande de travaux soit effectuée et que la réhabilitation des lieux soit prévue”, précise-t-il. Tout en rappelant que les mouvements dans le parc de logements sociaux sont peu fréquents, le président d’ACM assure “qu’une ou deux propositions” seront faites dans l’est de la métropole de Montpellier.
Les pays désertiques comme les Émirats arabes unis cherchent des moyens de faire pleuvoir. Les nouvelles technologies pourraient rendre cela possible, mais à quel prix ?
La vague de chaleur historique qui a frappé les États-Unis début juillet a vu certaines parties du Nord-Ouest battre des records de température. Et les autorités se sont préparées à des risques d’incendies de forêt. On attribue désormais à ces températures extrêmes des centaines de décès dans la région. La chaleur peut donner un sentiment d’apocalypse, et les scientifiques étudient de plus en plus les conditions de chaleur et d’humidité à partir desquelles certaines personnes meurent de manière soudaine, un phénomène de plus en plus courant en raison des conditions météorologiques extrêmes dues au changement climatique. Ce phénomène a été remarquablement illustré par une étude publiée l’année dernière dans Sciences Advances, sous le titre alarmant « L’apparition de conditions de chaleur et d’humidité trop extrêmes pour l’être humain ». Publicité À l’origine, selon les modèles climatiques, de telles conditions n’étaient pas attendues avant la deuxième moitié du 21e siècle. Mais, voilà, nous sommes en avance sur le calendrier. Pour cette étude, Radley Horton, chercheur à l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty de l’Université de Columbia, et ses co-auteurs ont examiné les données recueillies par des stations météorologiques du monde entier, entre 1979 et 2017. Et ils ont trouvé plus de 7000 cas de conditions de « wet bulb » qui peuvent entraîner la mort chez un être humain. La température au thermomètre-globe mouillé, « wet bulb » en anglaise, est le moment où l’humidité et la chaleur atteignent un point où l’évaporation due à la sueur ne suffit plus à refroidir le corps d’une personne. La plupart de ces situations de « wet bulb » étaient concentrées dans le Sud de l’Asie, sur le littoral du Moyen-Orient et dans le Sud-Ouest de l’Amérique du Nord (des zones indiquées en rouge et en orange sur la carte ci-dessous créée par Horton et ses collègues). Ces conditions ne sont pas si…
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