Documentaires de désaccord
“No Other Land” et “Union” sont des films que Hollywood et l’Amérique corporative ne veulent pas que vous voyiez.
“No Other Land” et “Union” sont des films que Hollywood et l’Amérique corporative ne veulent pas que vous voyiez.
Chaque samedi, Alternatives Economiques vous propose une sélection de livres dignes d’intérêt. Cette semaine, nous vous recommandons : Les normes à l’assaut de la démocratie, par Jean-Denis Combrexelle ; Le dialogue social sous contrôle, dirigé par Baptiste Giraud et Jérôme Pelisse, ainsi que La crise de l’école et les moyens d’en sortir, par Jean-Pierre Terrail.
Nous entendons sans cesse les représentants d’entreprises, certains économistes et une partie du monde politique déclarer qu’il y a un excès de normes publiques dans notre pays, et que cela freine l’économie. Jean-Denis Combrexelle, ancien haut fonctionnaire ayant occupé plusieurs postes importants dans le secteur public, soutient dans son livre qu’il est nécessaire de mettre un terme à cette inflation normative.
Cependant, il met en garde contre une mauvaise évaluation de la situation. Si l’Etat est effectivement le principal créateur de normes, celles-ci résultent en grande partie de la demande émanant de ces mêmes élites qui les critiquent !
Conséquences de l’offre
Le livre débute en présentant les diverses motivations étatiques à l’accroissement des normes. Il y a d’abord cette volonté de recenser dans les textes toutes les situations possibles, renforcée par la peur du risque d’optimisation, de fraude et des abus que pourraient engendrer les normes, ce qui a pour effet d’élargir et de complexifier la législation.
Les fonctionnaires ont également tendance à instaurer des réglementations très détaillées tout en multipliant les exceptions ! La norme est alors jugée satisfaisante dès son adoption, indépendamment des certitudes quant à son efficacité pour atteindre les résultats visés. Pourtant, des études d’impact sont censées anticiper les conséquences de ces mesures. Malheureusement, elles « sont rédigées par les services qui élaborent le texte et cherchent, en réalité, à le justifier ». C’est évident !
Les responsables politiques qui se plaignent du cadre actuel sont souvent les premiers à penser que tout changement doit passer par une nouvelle norme, surtout s’il y a moyen d’y associer leur nom ! Le manque de culture axée sur les résultats et l’évaluation des politiques publiques renforce cette dérive.
Demande et surrégulation
Il est important de noter que l’inflation normative ne découle pas seulement de l’offre, elle est également alimentée par la demande. Entre le besoin de sécurité juridique maximale et le souhait de faire reconnaître les spécificités de leur activité, « les entreprises ne sont pas le seul moteur de la simplification normative ». Au contraire, elles apparaissent comme « un puissant contributeur à l’inflation des normes ».
Au moment de la controverse sur les salaires excessifs des dirigeants des grandes entreprises, ceux qui critiquaient la norme publique exigeaient que l’Etat prenne ses responsabilités et impose des normes contraignantes !
La suite du livre illustre bien comment l’Europe contribue à la surenchère réglementaire, comment la jurisprudence des juges aggrave la situation, ainsi que les dynamiques des autorités de régulation indépendantes.
Que faire alors ? Fonder un « comité de la hache » pour se débarrasser des superflus ? Cela ne ferait que dénoncer la bureaucratie tout en minimisant la forte demande de réglementation. On pourrait proposer de créer un objectif national de limitation de la norme publique, mais sans aucune garantie de son adoption.
Il est indéniable que nos sociétés et économies de plus en plus complexes exigent des normes, et qu’avec une évolution vers le corporatisme et l’individualisme, cette demande ne fera qu’augmenter. Les solutions ne sont pas simples. Au moins, nous pouvons commencer à réfléchir sur ce thème à partir de ce livre clair et éclairant.
Christian Chavagneux
Les normes à l’assaut de la démocratie, par Jean-Denis Combrexelle, Odile Jacob, 2024, 199 p., 22,90 €.
« Dialogue social », « partenaires sociaux », ces termes fréquemment utilisés se sont en réalité imposés assez récemment dans le débat public. Cependant, ils véhiculent une idée problématique des relations entre employés et employeurs, comme le révèlent les diverses contributions de ce petit ouvrage instructif.
Malgré des apparences conciliatrices, la promotion du dialogue social a tendance à masquer les intérêts divergents et le renforcement du contrôle des employeurs permis par les récentes réformes institutionnelles, telles que la fusion des instances représentatives du personnel dans le comité social et économique sous le prétexte de simplification, ou la mise en avant de la négociation au niveau de l’entreprise plutôt qu’au niveau de la branche.
De plus, les dispositifs d’expression direct des salariés, parfois mis en place, ne parviennent pas réellement à libérer la parole. Au contraire, cela semble souvent renforcer les contraintes. Une lecture enrichissante.
Igor Martinache
Le dialogue social sous contrôle, Baptiste Giraud et Jérôme Pelisse (dir.), La Vie des idées-PUF, 2024, 112 p., 11 €.
Il y a peu, ceux qui annonçaient une chute générale du niveau scolaire pouvaient être contredits par des statistiques. Mais aujourd’hui, ces chiffres semblent leur donner raison. Pire encore, les inégalités issues de l’origine sociale continuent de se creuser.
Ayant posé ce constat, le sociologue Jean-Pierre Terrail démontre pourquoi, selon lui, les solutions élitistes, « concurrentielles-conservatrices », comme il désigne les réformes entreprises sous la présidence Macron, ainsi que les approches « compassionnelles » testées sous le mandat Hollande, sont vouées à l’échec.
Il plaide pour une école de l’exigence pour tous, avec un tronc commun obligatoire jusqu’à 18 ans, s’inspirant du célèbre plan Langevin-Wallon. Une façon de redonner du sens à l’ambition, souvent galvaudée en matière de politiques éducatives.
I. M.
La crise de l’école et les moyens d’en sortir, par Jean-Pierre Terrail, Coll. L’enjeu scolaire, La Dispute, 2024, 106 p., 12 €.
Six ans après Crazy Rich Asians, Jon M. Chu s'apprête à sortir son adaptation de l'une des plus grandes comédies musicales de Broadway. Depuis une table du célèbre restaurant chinois de sa famille, il se confie sur son enfance parmi les titans de la technologie et explique pourquoi les cinéastes ne devraient pas avoir peur de l'IA.
L’époque actuelle place le narcissisme non plus comme un défaut, mais plutôt comme un trait social souhaitable. Dès notre plus jeune âge, la société nous fait comprendre que l’autopromo est le moyen le plus sûr de réussir dans la vie. Elle nous incite à profiter de la moindre opportunité et à devenir des entrepreneurs néolibéraux aux dents longues. Nos idoles ? Des escrocs influents qui vendent du vide joliment emballé. Les politiques que la majorité a choisi d’élire aux plus hautes fonctions ? Des imposteurs sans vergogne comme Boris Johnson ou Donald Trump. Et pendant ce temps, nous sommes trop occupés à admirer nos selfies filtrés sur Instagram pour remarquer que tout autour de nous, le monde entier s’effondre. Si tout ça ne donne pas une image très encourageante de la société, elle est pourtant assez juste. Ceux à qui tout semble réussir se comportent comme des narcissiques. D’ailleurs, vous pensez peut-être que pour arriver à quelque chose dans la vie, il vous faut adopter cette attitude. Eddie Brummelman, chercheur et professeur associé de psychologie du développement à l’université d’Amsterdam, a récemment écrit un livre sur le sujet, « Admire Me ! How to Survive a Narcissistic World », disponible uniquement en néerlandais pour le moment. Selon lui, l’individualisme n’a cessé de croître dans de nombreux endroits du monde. « Cela signifie que nous avons commencé à accorder plus de valeur à notre moi [individuel] qu’aux groupes dont nous faisons partie, qu’il s’agisse de nos amis, de notre famille ou de nos collègues », a-t-il déclaré. « Le travail sur soi-même et la connaissance de soi sont devenus très importants ». Des recherches ont révélé qu’entre les années 1970 et la crise financière de 2008, les traits de personnalité narcissiques ont augmenté parmi la population américaine, pour atteindre un pic…
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