Tchad : les cartes françaises de la répression
Ils s’appelaient Yannick Djikouloum et Eric Allahramadji. Ou encore Balam Dorsouma et Sinna Garandi. Des gamins ordinaires, 23 ans à peine pour le plus âgé, la vie devant eux. Ils ont grandi au Tchad et n’ont rien connu d’autre qu’un règne sans fin. Pendant trois décennies, le Maréchal Idriss Deby Itno a tenu son pays d’une main de fer. Jamais il n’a relâché l’étreinte sur un peuple étranglé de peur et de misère. Le Tchad est le 3e pays le plus pauvre au monde malgré sa manne pétrolière. Alors quand, le 20 avril 2021, on a annoncé à la télévision nationale que le seigneur de la guerre avait enfin passé l’arme à gauche – Idriss Deby était tombé dans des circonstances mystérieuses au front contre les rebelles : qui a vécu par l’AK-47 périra par le lance-roquettes – Yannick, Éric et Balam se sont pincés pour y croire. Mais très vite, l’espoir a cédé à la colère. Car Deby père a été aussitôt remplacé par sa miniature, son fils adoptif, qui commandait sa garde présidentielle. Mahamat Idriss Deby dit « Kaka » s’est emparé du pouvoir par un bon vieux coup d’état des familles. Aidé par un quarteron de généraux, il a dissous le gouvernement, la constitution, le parlement et tout ce qui se dressait sur son chemin. La France, l’ancien colon, le parrain de toujours, n’a pas mouffeté. La patrie des droits de l’Homme en a laissé un s’arroger tous les droits. Les milliers de soldats français présents au Tchad, officiellement pour lutter contre le terrorisme au Sahel, sont restés l’arme au pied. Quatre jours après le putsch, Emmanuel Macron s’est même précipité à Ndjamena, la capitale tchadienne, pour enterrer Deby et adouber son fils : Le roi est mort, vive le roi. Paris s’était vite rassuré et la Francafrique avait encore de…