Charles Ives, Connaisseur du Chaos
Célébration du cent cinquantième anniversaire du compositeur, lors d’un festival à Bloomington, Indiana.
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The Diplomat, Heartstopper et Hellbound ne sont que quelques-unes des émissions que vous devez regarder sur Netflix ce mois-ci.
La campagne de Trump a dépeint le père du Vice-Président comme un marxiste. Il insiste sur le fait qu’il a été caricaturé.
Les écouteurs Bose QuietComfort sont la nouvelle offre abordable de la marque, au prix de 179 $. Nous avons passé trois semaines avec eux pour voir comment ils se comparent à d’autres écouteurs haut de gamme.
Chaque samedi, Alternatives Economiques vous présente une sélection de livres dignes d’intérêt. Cette semaine, nous vous recommandons : Les valeurs du travail, par Olivier Galland ; Le service public empêché, par Nadège Vezinat ; et Vieux cons. Pistes de conversations pour les générations en transition, par Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin.
Il s’agit d’un thème récurrent de notre époque : évoquer la prétendue crise de la valeur travail sans jamais préciser ce qu’elle impliquerait. Cependant, il existe de nombreuses enquêtes sur les valeurs, incluant plusieurs questions touchant précisément à l’importance que les individus donnent à tel ou tel aspect du travail. En s’appuyant sur ces éléments, le sociologue Olivier Galland propose une réflexion plus approfondie sur nos relations au travail.
Il souligne notamment des relations nationales variées, en classant les pays en trois groupes selon l’importance que leurs citoyens attribuent au travail dans leur vie, à sa dimension vocationnelle et à sa normativité. Ainsi, contre les idées reçues, les citoyens des pays anglo-saxons et asiatiques entretiennent généralement une relation distanciée au travail, ceux de certains pays méditerranéens ou d’Europe de l’Est le perçoivent d’abord comme un investissement matériel, tandis que les Français et les Scandinaves l’envisagent comme une vocation.
De nombreuses autres variables sont examinées, avec un accent particulier sur la situation en France, où l’auteur déconstruit également l’idée reçue d’un désintérêt supposé des jeunes à l’égard du travail.
Igor Martinache
Les valeurs du travail, par Olivier Galland, Coll. Sécuriser l’emploi, Presses de Sciences Po, 2024, 150 p., 9 €.
La demande sociale pour le service public semble plus forte que jamais, mais l’acceptation de le financer semble affaiblie. Pour mieux comprendre la situation, la sociologue Nadège Vezinat commence par définir la notion de service public, soulignant les zones d’incertitude qui persistent concernant son périmètre et sa nature.
Ensuite, elle explique comment le service public est entravé, limité et contesté, du point de vue de ses bénéficiaires, de son personnel et de ses décideurs. Sous l’effet d’un mouvement triple d’européanisation, de marchandisation et de privatisation, qui est lui-même plus complexe qu’il n’y paraît, le service public, malgré la diversité de ses secteurs, est pris dans un cercle vicieux dont il semble urgent de sortir.
Car c’est effectivement la cohésion sociale qui est en jeu. Ce diagnostic précis constitue un bon point de départ pour alimenter le débat public nécessaire.
I. M.
Le service public empêché, par Nadège Vezinat, PUF, 2024, 368 p., 24 €.
Devenir considéré comme de vieux cons aux yeux des jeunes générations : c’est le risque qui nous guette en vieillissant ! Conscients de cette réalité, les deux auteurs, un géographe et un docteur en économie, ne se résignent pas pour autant à renier leur passé d’enfance et d’adolescence vécu entre les années 1960-80, bien avant l’ère d’Internet et des smartphones.
À la manière d’un catalogue à la Prévert, ils partagent leurs souvenirs. Tout y est : des événements marquants (Coupe du monde de football, sécheresse de 1976…), l’impact des pratiques religieuses, les longs repas familiaux, les séries télévisées, les objets iconiques, la R5 et compagnie.
Bien que l’un soit originaire de Lorraine et l’autre de Bretagne, c’est d’une France commune qu’ils parlent. Un sentiment renforcé par leur choix de passer sans transition d’un « je » à l’autre. Si tout cela évoque des images d’Épinal et de la nostalgie, ils ne tombent pas pour autant dans le « c’était mieux avant ». C’était simplement différent, estiment-ils. À tel point qu’il est possible de mesurer de manière implicite les bouleversements causés par la mondialisation, l’expansion de la société de consommation, l’urbanisation, etc.
Sylvain Allemand
Vieux cons. Pistes de conversations pour les générations en transition, par Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin, Fyp, 2024, 224 p., 21 €.
«C’est une élection d’un genre que nous n’avons jamais vu auparavant dans l’histoire américaine», a déclaré l’historien, lors du Festival The New Yorker le 26 octobre.
Moins de cinq jours avant le jour des élections aux États-Unis, la plupart des gens ne peuvent s’empêcher de consulter les nouvelles—ou TikTok ou X—mais ce qu’ils voient peut aggraver leur anxiété. Il y a une raison à cela.
Dans ses 公告, Kamala Harris marche sur une ligne entre l’illumination des problèmes et la reconnaissance de la folie historique de son adversaire ; Donald Trump cible sa base.
Nintendo a fait son entrée dans le monde du streaming musical avec la nouvelle application Nintendo Music, mais il y a un piège.
Montpellier (34), 1er juin 2024, 22h30 – Malik (1) se promène paisiblement lors de la fête des fanfares. Cet événement annuel, qui se déroule dans le quartier des Beaux-Arts, est en pleine effervescence depuis plusieurs heures. Tout à coup, une petite dizaine d’hommes, souvent masqués, fait irruption. La suite, il la relatera dans Mediapart quelques jours plus tard :
« Quelqu’un m’a saisi par l’épaule et m’a asséné un violent coup au visage. »
Bilan : une dent endommagée et 42 jours d’ITT. Dans sa plainte, il prétend avoir identifié deux militants d’extrême droite, dont Ongwé L. G. Un témoin, qui a tenté d’intervenir durant l’altercation, a corroboré sa présence. Et le voilà, ce 31 octobre, sur le banc des accusés, mortifié dans une veste de costume bleu marine. Ce jeune homme de 24 ans est membre du Bloc montpelliérain, un groupe qui aspire, depuis le début de l’année, à organiser une mouvance nationaliste-révolutionnaire – des néofascistes – à Montpellier. Il y a un mois, ce groupe a diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux – retirée 24 heures après, mais que StreetPress a pu examiner – illustrée par des extraits d’articles de presse relatant l’agression de Malik. Cela semble s’apparenter à une revendication de l’exaction, qui prend une dimension politique pour la victime en raison de son engagement syndical.
À la barre, Ongwé L. G. se défend tant bien que mal, mais souvent de manière incohérente. Bien qu’il reconnaisse avoir été présent sur le lieu de l’agression, il conteste toute implication. Il aurait été convié par un ami rencontré « par le sport » à « se joindre à un groupe d’ultra-droite lors de cette soirée ». Un ami qui l’aurait « perdu de vue » au moment de l’agression. « J’ai été écarté par ce groupe en raison de mon identité », déclare même le jeune homme métisse, qui ne se serait pas senti « à l’aise » avec eux. Une déclaration étrange, car Ongwé L. G. a échangé et quitté l’audience en compagnie de Martial Roudier, un identitaire particulièrement violent de la Ligue du Midi – il a purgé une peine de prison après avoir poignardé un antifasciste mineur. Le procureur n’est pas dupe :
« Si vous en avez été écarté, cela signifie que vous avez fait partie de ce groupe à un moment donné, non ? »
Né en janvier dernier sur les cendres de Jeunesse-Saint-Roch, – groupe dont Ongwé L. G. était déjà membre –, le Bloc montpelliérain se fixe pour objectif de structurer une mouvance nationaliste-révolutionnaire à Montpellier. Un phénomène relativement récent dans le panorama des groupuscules d’extrême droite locaux, longtemps dominé par les identitaires de la Ligue du Midi, vieillissante à cause de l’âge de ses membres.
Alors que Jeunesse Saint-Roch se réfère à un mélange de royalisme et de nazisme, de catholicisme traditionnel et de paganisme, la ligne idéologique du Bloc se veut plus unifiée : en témoigne les conférences portant sur « les bases du nationalisme-révolutionnaire » ou « l’anticapitalisme national » que le groupe organise dans des établissements publics. Rapidement, des stickers « Montpellier, c’est l’Allemagne », ornés d’un char Panzer « Tigre » de l’armée nazie, commencent à se disséminer dans l’espace public.
Les membres ont vite commencé à se manifester dans les rues : le 26 janvier dernier, pendant une mobilisation d’agriculteurs mécontents, Dorian M. enfile sa cagoule en plein milieu d’un groupe s’efforçant de chasser un militant communiste du cortège. Suite au désistement des victimes, il a été relaxé ce 30 octobre pour ces actes de violence. Ce même Dorian M. a également procédé à des intimidations envers les journalistes Samuel Clauzier et Ricardo Parreira durant la manifestation. Dans des images dévoilées par Le Poing, média indépendant montpelliérain, muni de gants renforcés, il se fait entendre asséner :
« En réalité, ici, ce sont les blancs. »
À ses côtés, Ongwé L. G. parle des « Français de souche ».
“Ici c’est les blancs” Le poing a reçu ces images de la manifestation montpellieraine des #AgriculteurEnColere où l’on voit des militants nationalistes du bloc montpellierain intimider le journaliste RicardParreir, article à venir pic.twitter.com/tk997Phzt6
— Le Poing – Montpellier (lepoinginfo) January 26, 2024
Le 3 mars, le canal Telegram Ouest Casual met en ligne une vidéo en provenance de Montpellier montrant un jeune homme portant un t-shirt « Action antifasciste Marseille » se faire agresser par des hommes masqués. La vidéo est accompagnée de leur célèbre slogan : « Montpellier, c’est l’Allemagne ». Entre deux entraînements de boxe avec des membres d’Active Club, un autre groupe d’extrême droite violent, les militants du Bloc ont participé à la manifestation parisienne du C9M, où se rassemblent tous les néofascistes de France. Ils ont également concentré leurs attaques sur une autre cible centrale de leur mouvance : les artistes drags. En juin 2024, le Bloc montpelliérain et la Ligue du Midi ont, par exemple, incité leurs abonnés sur les réseaux à faire des « réservations » pour une lecture pour enfants animée par des drags-queens à la librairie Sauramps lors du mois des Fiertés. Face aux menaces et à la vague de haine en ligne, la librairie a dû abandonner l’événement.
À LIRE AUSSI : « Ici c’est comme l’Allemagne nazie » : un homme roué de coups par des militants d’extrême droite à Mâcon
Mais à l’audience, en écoutant maître Mathieu Sassi, l’avocat d’Ongwé L.G., on apprend que c’est bien son client qui serait victime « d’une campagne de diffamation orchestrée par l’extrême gauche locale ». Il a réclamé l’acquittement du militant d’extrême droite ainsi qu’un complément d’information sur l’enquête. Le procureur, quant à lui, a demandé 12 mois de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibilité, une interdiction de port d’arme et un an d’interdiction d’accès au centre-ville de Montpellier. Le jugement sera prononcé le 7 novembre.
(1) Le prénom a été modifié.
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