La Belgique a déboulonné des statues de Léopold II. Et maintenant ?
Suite au décès de George Floyd, alors que les manifestations de Black Lives Matter battaient le pavé dans le monde entier, des dizaines de milliers de personnes ont fait de même en Belgique. Et dans le plat pays, la rue demandait au gouvernement de regarder en face son terrible héritage colonial. Les manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays, avec plus de 15 000 personnes dans les rues de Bruxelles, étaient une réaction à l’un des chapitres si ce n’est le chapitre le plus sombre de l’histoire de la colonisation européenne. Des manifestants BLM en Belgique l’année dernière. Photo : Jonathan Raa/Nurphoto via Getty Images Les politiques meurtrières mises en place par le roi Léopold II lorsque la Belgique régnait sur ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo, au 19e siècle, étaient si cruelles qu’elles révoltaient même les colonisateurs européens de l’époque. Léopold avait appelé ce territoire de 5 fois la taille de la Belgique l’État indépendant du Congo. Il le dirigeait comme son fief personnel sans y avoir jamais mis les pieds, comme une entreprise privée, dans le seul et unique but de s’enrichir grâce aux ressources locales. Entre 1885 et 1908, il a réduit en esclavage des millions de personnes qui vivaient là, les forçant à extraire du caoutchouc des plantes locales pour alimenter le marché florissant du pneu au niveau mondial. Une grande partie de la gestion des forces de travail, des populations esclaves, était confiée à des entreprises privées. Ces compagnies avaient ordre de tuer quiconque refuserait de travailler, mais elles devaient également présenter aux autorités une main coupée pour chaque personne tuée, ceci afin de prouver qu’elles respectaient leur part de ce sanglant marché et qu’elles n’allaient pas gaspiller les balles en parties de chasse. « Pendant les 52 années qu’a duré la colonisation…