Le Nouveau Manuel Pro-Vie
Sous Trump, une nouvelle vision de la politique familiale conservatrice est en pleine ascension.
Sous Trump, une nouvelle vision de la politique familiale conservatrice est en pleine ascension.
Le bilan solide de Joe Biden en matière d’emplois et la promesse de Kamala Harris de réduire le coût de la vie n’ont pas pu empêcher les démocrates de succomber à une vague mondiale d’antivote contre les sortants.
En 2022, Benoît Wuzyk projette d’acquérir un appartement. Cependant, à Rueil-Malmaison (92), les tarifs, avoisinant les 8 000 € le m², sont hors de portée pour lui. Il découvre alors qu’il peut bénéficier du bail réel solidaire (BRS). Grâce à ce dispositif, il réussit à obtenir, pour lui et sa famille, un 5 pièces dans son quartier, à 398 000 €, soit 4 200 € le m².
Benoît n’est propriétaire que des murs de son appartement. Le terrain sur lequel son immeuble est bâti appartient à un office foncier solidaire (OFS), à qui le Francilien verse une « redevance » mensuelle de 190 euros. En plus du prix d’achat réduit, le nouvel acquéreur était éligible, au moment de l’achat, à un prêt à taux zéro (PTZ) pour une partie de son emprunt. De quoi diminuer le coût de l’opération financière.
D’après le dernier rapport élaboré par le groupement « Réseau Foncier Solidaire », 1 012 logements en BRS étaient présents en France fin 2022. Qu’ils soient des appartements ou des maisons individuelles, la majorité d’entre eux sont neufs. En dissociant le foncier du bâti, cette structure immobilière assure des prix nettement inférieurs à ceux du marché « libre », offrant ainsi aux ménages plutôt modestes l’opportunité d’accéder à leur propre logement. À la fin de l’année 2022, le revenu fiscal de référence moyen d’un couple avec deux enfants était de seulement 29 507 €.
Les propriétaires BRS doivent occuper leur bien en tant que résidence principale, ce qui contribue à limiter le développement des résidences secondaires dans les zones où ils sont établis. Un autre objectif du dispositif est de lutter contre la spéculation. Les preneurs du bail ne peuvent pas revendre leur bien à n’importe quel prix. Ce dernier est plafonné au prix d’achat initial, augmenté d’une éventuelle plus-value limitée aux travaux d’amélioration. Le foncier, lui, échappe également à la guerre des prix, puisqu’il n’est pas revendu, mais conservé par l’OFS.
Le BRS a d’abord été instauré « dans les zones touristiques et les zones tendues des métropoles », précise Hélène Morel, autrice d’un mémoire-action sur les OFS. Le mécanisme a rapidement conquis les régions Nouvelle-Aquitaine, Bretagne et Normandie, qui à elles seules représentent les trois quarts des opérations.
« Si l’on peut acquérir sur le marché libre à 3 000 € le m², opter pour le BRS à 2 400 € avec une redevance à verser, ce n’est pas forcément attractif. Ce produit a moins de sens en Auvergne qu’en Île-de-France », souligne Jean-Emile Barra, directeur du développement et des relations institutionnelles chez Runimmo, une direction commerciale déléguée pour le compte de promoteurs et de bailleurs.
Cependant, le BRS n’est pas uniquement destiné aux milieux urbains, d’autant qu’il rencontre parfois des difficultés à se développer dans les zones les plus tendues.
L’engagement des collectivités locales se révèle alors un facteur clé de succès. Celles-ci agissent notamment pour favoriser l’accès au foncier pour les OFS, en mettant à disposition des « biens immobiliers appartenant à la collectivité », indique Suzanne Brolly, vice-présidente en charge de l’urbanisme de l’Eurométropole de Strasbourg.
Dans les départements de Vendée et Charente-Maritime, l’OFS Terra Noé « n’achète pas directement au prix du marché », confirme Michaël Jungers, directeur général de cette organisation.
« Nous accédons au foncier grâce aux volontés municipales : ce sont soit des terrains bradés, soit les maires réussissent à convaincre les propriétaires privés de vendre à des prix abordables. »
Certaines collectivités interviennent plus directement : « Notre plan local de l’habitat stipule que dans toute opération de construction de plus de 15 logements, une part doit être réservée aux BRS », souligne Nathalie Demeslay, responsable du service habitat de la métropole de Rennes. L’OFS « Rennes Foncier Solidaire », entièrement financé par Rennes Métropole, rachète alors des logements à l’aménageur responsable de l’opération.
En l’absence d’aides publiques, d’autres OFS font appel à des emprunts de très longue durée auprès de la Caisse des dépôts. Ces prêts sont ensuite remboursés grâce à la célèbre redevance facturée aux ménages. « Plus le foncier est coûteux, plus la redevance sera élevée », observe Jean-Emile Barra. À l’inverse, les OFS qui ne recourent pas à l’emprunt réussissent à proposer des redevances très faibles – 0,15 € / m² à Rennes par exemple.
Arnaud Portier, directeur de l’EPFL Pays basque, met en garde contre les effets négatifs potentiels de ce système :
« Certains promoteurs en tirent parti pour faire grimper les prix du foncier, conscients que les collectivités s’aligneront pour pouvoir produire du BRS ». Pour cette raison, son OFS évite d’inclure des collectivités en son sein : « Nous ne souhaitions pas faire face à la pression d’élus désireux d’entreprendre des opérations en BRS, ce qui nous aurait contraints à racheter des terrains acquis par des promoteurs privés à des prix déconnectés de la réalité. »
Face à ces dérives potentielles, plusieurs OFS assument un rôle de régulateur, qu’ils aient recours ou non à l’emprunt. Certains fixent des prix plafonds pour l’achat de leur foncier. « Nous établissons nos prix d’achat sur la base d’une redevance se situant entre 1 et 1,50 € le m² », explique alors Mickaël Jungers.
Cette rigueur empêche parfois le développement de BRS dans des zones très tendues, où les prix demeurent trop élevés, d’autant plus sans soutien politique. « L’OFS ne peut pas à lui seul réguler les prix du foncier, c’est le rôle des collectivités », défend Juliette Grenier, chargée de mission à la Fédération des Coopératives HLM.
La montée des taux d’intérêt et des coûts de construction ces dernières années a poussé les autorités publiques à augmenter les plafonds de revenus des ménages éligibles aux BRS pour pouvoir proposer des biens à des prix plus élevés. Même si les prix réels des logements restent en dessous des plafonds légaux, cette révision pourrait exclure les accédants les plus modestes.
Selon les projets et le nombre de demandes, certains OFS établissent donc des critères additionnels : priorité aux familles monoparentales, aux primo-accédants… Le montant de la redevance influe également sur les profils des acquéreurs, explique Hélène Morel :
« Elle a le potentiel d’être solvabilisatrice : lorsqu’un bien propose une redevance très élevée et un prix de vente très bas, cela permet d’attirer des ménages avec une faible capacité d’endettement. »
Malgré ces garde-fous, d’autres facteurs risquent potentiellement d’exclure à long terme certains accédants modestes, comme le souligne Jean-Emile Barra. « Un ménage qui souhaite racheter un logement en BRS à un premier acquéreur devra être éligible au dispositif, mais n’aura ni accès au PTZ, ni aux autres avantages fiscaux », rappelle-t-il.
Par ailleurs, certains observateurs s’inquiètent de la situation des revendeurs qui pourraient se retrouver « bloqués à vie » dans des BRS puisqu’ils ne peuvent réaliser de plus-value à la revente et, par conséquent, s’aligner sur des prix de marché, qui ont souvent considérablement augmenté entretemps.
Face à tous ces défis et à la grande flexibilité permis par la loi de 2014, les OFS demeurent les garants d’une application réfléchie du dispositif. Bien qu’ils semblent accomplir leur mission de manière satisfaisante, certains peinent à développer de nombreuses opérations faute de soutien politique ou bancaire. De plus, à ce jour, le BRS reste encore peu connu des ménages.
Chaque semaine, Alternatives Economiques vous propose une sélection de quatre graphiques qui offrent une perspective différente sur l’actualité.
Dans ce nouveau graphorama : le parti démocrate a vu ses voix diminuer chez presque toutes les catégories d’électeurs entre les deux élections présidentielles américaines ; avant de fermer des ateliers, Michelin avait déjà réduit ses effectifs en France ; les demandes de HLM augmentent à un rythme bien plus soutenu que celui du nombre de logements disponibles ; la dépendance commerciale de la Georgie envers la Russie et ses alliés.
Jeunes, âgés, ruraux, citadins, latinos, blancs, aisés, modestes… Récemment, l’analyse de la sociologie électorale américaine est approfondie pour comprendre comment Donald Trump est devenu le 47e président des Etats-Unis. Comme dans toutes les situations précédentes, il est crucial de croiser les critères sociologiques pour appréhender les nuances du vote. Par exemple, en ne considérant que l’âge, on méconnaît l’impact de l’origine ethnique ou du niveau d’éducation des votants, et vice versa.
Les sondages « sortie des urnes » aux Etats-Unis – très détaillés – permettent de mieux comprendre l’analyse. Ils révèlent que les principaux équilibres de 2024 n’ont pas beaucoup évolué par rapport aux élections antérieures. On observe une tendance au vote démocrate plus forte chez les jeunes, les diplômés, les citadins, les immigrants, ou les femmes. À l’inverse, les hommes, les blancs, les personnes âgées ou les non-diplômés sont plus enclins à voter républicain.
Mais alors, qui a causé la défaite de Kamala Harris ? En fait, presque tous les groupes sociaux ! Le constat principal de cette élection est en effet celui d’un recul notable du vote démocrate dans chacun de ses groupes d’électeurs. À l’exception de quelques sous-groupes comme les femmes blanches diplômées, la candidate démocrate a reculé presque partout, bien que l’intensité de ce recul varie selon les groupes.
Cette régression s’observe également sur le plan territorial, touchant presque tous les Etats (48 sur 50), qu’ils soient des bastions démocrates ou des swing states. Pour de nombreux analystes américains, cette régression quasi uniforme s’explique par le bilan économique de Joe Biden, perçu négativement, notamment en raison de l’inflation. Une dynamique puissante que ni la campagne de Kamala Harris ni les sous-groupes qui lui sont traditionnellement favorables, ni les hésitants ou les républicains modérés n’ont réussi à renverser.
Vincent Grimault
Alors que les discours sur la réindustrialisation se multiplient, Michelin a annoncé en début de semaine la fermeture de deux de ses usines en France, à Cholet et Vannes, entraînant ainsi la suppression de 1 254 emplois. La justification ? La concurrence croissante des pneus à bas coûts, principalement provenant de fabricants asiatiques, qui grignotent sans cesse des parts de marché aux marques premium telles que Michelin.
Sur une période de dix ans, la part de marché des fabricants dits premium a chuté de 10 points de pourcentage au profit des pneus d’entrée de gamme, selon Michelin pour soutenir sa décision. Cependant, cette fermeture suscite autant de questions, car malgré une concurrence intense qui impacte le modèle économique de Michelin, l’entreprise n’est pas en difficultés financières. L’industriel clermontois a réalisé près de 2 milliards d’euros de bénéfices l’année passée, dont plus d’un milliard a été redistribué à ses actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats d’actions.
En examinant de plus près, l’entreprise améliore sa santé financière tout en réduisant progressivement sa présence industrielle en France. En sept ans, les effectifs de Michelin dans l’Hexagone ont diminué de 30 %, et les employés français ne représentent plus que 14 % du personnel mondial. Avec un marché français ne représentant qu’une faible portion des ventes (8,8 %), Michelin abandonne encore un peu plus l’Hexagone. Un autre exemple du rôle déterminant des « champions nationaux » dans le processus de désindustrialisation.
Justin Delépine
C’est un record : les demandes de logements sociaux en France ont franchi le cap des 2,7 millions, selon l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui signale une montée en puissance au premier semestre 2024, sur l’ensemble du territoire. La hausse du nombre total de logements dans le parc HLM, passant de 4,5 millions en 2016 à 4,7 millions en 2023, est largement insuffisante pour résoudre l’engorgement.
Le nombre d’attributions a ainsi chuté de 6 % par rapport à 2022, selon l’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols). Ce dernier observe également un allongement des délais d’attente, atteignant 743 jours en moyenne (soit 3 ans et 7 mois en zone tendue). Alors que les demandes et renouvellements explosent, les radiations pour attribution et non-renouvellement diminuent.
Au-delà des conséquences de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, les bailleurs sociaux pointent du doigt la réduction des objectifs de production de l’État, le gel des fonds pour rénover le parc social par le précédent gouvernement, et la diminution de l’aide personnalisée au logement (APL) que l’État impose depuis 2018.
En prenant en compte l’augmentation du taux du livret A à 3 % – engendrant une hausse des taux d’intérêt pour les bailleurs et alourdissant leur dette – et la montée du taux de TVA sur le logement social de 5,5 % à 10 %, l’USH estime à 14 milliards d’euros le montant des financements retranchés depuis 2017. Elle exprime une préoccupation croissante pour l’avenir, d’autant plus que le budget 2025 laisse présager de nouvelles coupes.
Jérôme Latta
Les élections législatives en Géorgie ont été officiellement remportées par le parti au pouvoir Rêve géorgien, le 27 octobre. Cependant, la victoire de cette formation pro-russe est largement contestée, tant par l’opposition pro-européenne que par de nombreuses ONG indépendantes, observateurs internationaux, et même par l’UE et les États-Unis.
La présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, refuse de reconnaître le résultat du scrutin et accuse la Russie d’ingérence électorale et de « guerre hybride » contre son pays, dont une partie du territoire est occupée par la Russie depuis 2008, rappelons-le.
Bien qu’une majorité significative de la population géorgienne se revendique pro-européenne, comme le révèlent les sondages, le pays du Caucase maintient des liens solides avec Moscou, notamment sur le plan économique et commercial : la Russie étant son quatrième fournisseur après l’UE, la Turquie, et les États-Unis.
La Communauté des Etats indépendants, regroupant d’anciennes républiques soviétiques restées dans l’orbite de Moscou, demeure également un partenaire commercial de premier plan pour la Géorgie. À l’exception de la Russie, elle est la principale destination des exportations géorgiennes, suivie par l’UE et la Russie. Tbilissi a longtemps su jongler habilement entre ses deux grandes voisines. Ces élections pourraient marquer un tournant décisif vers Moscou, en dépit de la volonté populaire.
Eva Moysan
Les électeurs modifient leurs constitutions d’État pour protéger la liberté reproductive—et découvrent les limites de ces mesures à l’ère post-Dobbs.
Séverine réside au troisième étage de l’immeuble Val de Croze 4, situé à Montpellier. Avec ses trois enfants, elle occupe un logement social depuis 10 ans, qui a tellement souffert des infiltrations qu’elle désire ardemment en partir. Dans toutes les pièces, on trouve de la moisissure au plafond et des dalles de sol qui se décollent. Dans le couloir, un tissu à motifs rouge, semblable à un rideau, dissimule un trou béant dans le mur. “Il est gorgé d’eau, ça goutte à chaque pluie ou lorsque les voisins utilisent leurs sanitaires. Tout s’effondre peu à peu, le mur se dégrade et il y en a partout”, déplore la mère de famille.
Dans la salle de bain, le lavabo, obstrué, est hors d’usage depuis trop de temps et la famille est contraite de faire sa toilette dans la cuisine. “On m’a dit que c’était à moi de déboucher le lavabo, et je sais le faire, mais ils ont scellé le pied, donc je n’ai pas accès à la tuyauterie”, se défend-elle. En levant les yeux, on remarque que des plaques sont prêtes à céder, juste au-dessus de la baignoire, qui elle-même a fini par pencher à cause de l’humidité.
Cela fait six ans que Séverine désire quitter cet appartement, mais ses requêtes auprès d’ACM, son bailleur, n’ont reçu aucun retour. Elle assure qu’elle n’a pas de dettes même si parfois, elle est légèrement en retard pour payer le loyer. “Ils me contactent par SMS et par téléphone, me réclamant de payer sous peine de voir la CAF stopper les APL”. À chaque fois, Séverine profite de l’occasion pour s’enquérir de l’avancement de son relogement et se heurte à un “silence complet”.
On lui a maintes fois conseillé d’attendre, de patienter jusqu’à la fin des travaux du tramway qui s’accompagnent d’un vaste programme de réhabilitation des logements du quartier.
Actuellement, la famille est à bout. “Ils pourraient couvrir cet appartement de diamants, nous voulons simplement partir !” affirme Séverine, qui se plaint d’avoir le moral à zéro, tout comme ses enfants. Sans oublier les problèmes de santé récurrents : asthme, allergies, irritation des yeux, au point que leur médecin généraliste a recommandé un déménagement d’urgence. C’était il y a plus de quatre ans…
Encore plus ancienne, une enquête de 2016 du service communal d’hygiène et de santé, notait déjà que “l’ensemble du logement présente un développement significatif de moisissures”. À l’époque, “seule la salle de bain échappait à ce problème”.
Contacté par France Bleu Hérault, le bailleur admet qu’il y a eu “un raté” dans le suivi de la demande de Séverine. “Il semble que la commande de travaux soit effectuée et que la réhabilitation des lieux soit prévue”, précise-t-il. Tout en rappelant que les mouvements dans le parc de logements sociaux sont peu fréquents, le président d’ACM assure “qu’une ou deux propositions” seront faites dans l’est de la métropole de Montpellier.
Une baignoire que l’on remplace par une douche, un ascenseur devenu essentiel pour accéder à son habitation… Les intervenants du logement social doivent s’ajuster au vieillissement de leurs résidents. « En tout, 13 % des ménages locataires du parc social [soit environ 600 000, NDLR] affirment avoir besoin d’aménagements spécifiques dans leur logement suite à une perte d’autonomie, que ce soit en raison du vieillissement ou du handicap », soulignait un rapport de l’Ancols (Agence nationale de contrôle du logement social) publié en août 2024.
En réponse à ce constat, les bailleurs sociaux ont déjà commencé à transformer leurs biens de manière significative. En 2022, 36 000 logements ont été adaptés à la demande des ménages. Le souci, c’est que ces aménagements coûtent cher (entre 5 000 et 10 000 euros par logement en moyenne) et que les organismes n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour les mettre en œuvre.
Les situations diffèrent d’un organisme à l’autre et selon le territoire où ils se trouvent. C’est ce qu’indique Cécile Belard du Plantys, directrice générale de Paris Habitat, l’organisme public de logement parisien. « Nous avons la chance de bénéficier d’un fort soutien de la ville », se félicite-t-elle. Mais la responsable est consciente que « ce n’est pas le cas de tous les bailleurs dans toutes les zones ». Certains reçoivent peu de soutien, limitant ainsi leur agir.
Les options d’adaptation ne dépendent toutefois pas uniquement des ressources financières disponibles, mais également d’autres facteurs, comme la nature des bâtiments. De fait, avec 40 000 logements sur 126 000 construits au début du 20e siècle et une population dans laquelle 38 % ont plus de 65 ans, Paris Habitat doit réaliser davantage d’efforts d’adaptation que d’autres organismes. Un défi confirmé par Thierry Asselin, directeur des politiques urbaines et sociales à l’Union sociale pour l’habitat (USH) :
« Un bailleur possédant un patrimoine plutôt ancien aura proportionnellement plus de personnes âgées et de logements non adaptés. »
Heureusement, certains territoires sont moins touchés par ce problème, comme certaines villes de Normandie. C’est ce qu’affirme Sébastien Coeuret, responsable handicap et vieillissement de la CDC Habitat dans les zones de Caen, Rouen et Le Havre. Dans cette région, l’organisme gère un total de 20 000 logements, plus récents. Il confie qu’il répond à « 60 demandes d’adaptation par an avec un budget de 300 000 euros, ce qui, pour le moment, ne pose pas de difficultés ».
Cependant, même dans ces territoires, la question du financement va inévitablement surgir, compte tenu du vieillissement démographique. Actuellement, le principal mécanisme financier en place est le dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB). Ceci permet aux bailleurs de bénéficier d’une exonération de taxe foncière équivalente au coût des travaux réalisés. « Dans de nombreux cas, cela couvre l’intégralité de la dépense », explique Cécile Belard du Plantys. Cependant, le logement doit être soumis à la taxe foncière, ce qui exclut ceux construits il y a moins de 25 ans.
Dans ces situations, les bailleurs doivent trouver d’autres sources de financement. « Cela peut être la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) qui, via la Prestation de compensation du handicap (PCH), finance une partie des travaux, généralement à hauteur de 60 % », précise Sébastien Coeuret.
La CDC Habitat peut compenser le reste avec ses propres fonds, mais ce n’est pas le cas pour tous les bailleurs. « À ce moment-là, c’est souvent le locataire qui doit avancer le coût, ce qui constitue un obstacle évident. »
Le vieillissement de la population met en péril cet équilibre déjà fragile. « Les personnes âgées représentent déjà plus d’un tiers de nos locataires, met en lumière Florian Maillebuau, directeur des politiques sociales de Paris Habitat. Et nous prévoyons une augmentation de 20 % d’ici 2030. » Cela implique un besoin de financement accru. En Normandie, « il faudra clairement, dans les années à venir, ajuster le budget pour faire face à l’augmentation des demandes », renchérit Sébastien Coeuret.
Face à ce challenge, certains bailleurs semblent mieux préparés que d’autres. Les organismes les plus armés, comme Paris Habitat, sont déjà « assistés par une convention avec la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), ainsi que par des partenariats avec la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) », souligne Cécile Belard du Plantys. D’autres, plus modestes, affichent des ressources humaines plus limitées et pourraient avoir plus de difficultés à obtenir ce type de soutien.
Ces incertitudes sont d’autant plus vives que les bailleurs ont de plus en plus de mal à puiser dans leurs fonds propres. Ceux-ci ont en effet été considérablement réduits suite à la baisse des APL (Aide personnalisée au logement) votée en 2017 sous Emmanuel Macron. En effet, pour compenser cette baisse, les bailleurs doivent acquitter la Réduction de loyer de solidarité (RLS), une diminution de leurs loyers qui représente une perte de revenus de 1,3 milliard d’euros par an.
Ces fonds propres sont pourtant essentiels pour les bailleurs, car les aides à l’adaptation des logements ne suffisent pas à elles seules. « Le dégrèvement de la TFPB est un outil important, mais qui ne suffit pas à lui seul », souligne Thierry Asselin. Dans le cas où le logement ne peut être adapté, les bailleurs ont deux options : reloger la personne dans un autre bien, à court terme, ou, à plus long terme, construire de nouveaux logements adaptés.
La création de nouveaux logements constitue donc une partie de la solution. Cependant, celle-ci est en difficulté : elle est passée d’environ 120 000 logements en 2016 à 82 000 en 2023. Les raisons en sont la diminution des revenus des bailleurs, ainsi que l’explosion des prix du foncier et l’inflation, qui a fait grimper le coût des matériaux. Ces contraintes poussent les bailleurs à privilégier l’adaptation des logements existants.
« Pourtant, il est également nécessaire de construire de nouveaux logements de petite taille, adaptés aux besoins des demandeurs », affirme Thierry Asselin.
Face à la difficulté de construire, les bailleurs les plus solides choisissent de racheter directement des biens privés déjà existants. La CDC Habitat a ainsi acquis, il y a deux ans, l’équivalent de 30 000 logements à l’échelle nationale. Paris Habitat agit de la même manière, avec la ville de Paris qui « préempte de l’existant et nous le revend à un prix inférieur », explique Cécile Belard du Plantys. Cependant, même pour les organismes « solides », la facture devient de plus en plus élevée.
Au congrès HLM d’octobre 2023, les bailleurs sociaux avaient obtenu de l’État un engagement d’1,2 milliard d’euros sur trois ans pour la rénovation thermique. Les bailleurs espéraient ainsi faire d’une pierre deux coups, en utilisant les rénovations thermiques pour adapter les logements.
Toutefois, l’enveloppe a été réduite à 350 millions pour 2 ans, selon l’Union sociale pour l’habitat, qui considère cette baisse comme « inacceptable ». La fédération des organismes HLM déplore aussi « l’absence de mesures budgétaires de relance » dans le Projet de loi de finances pour 2025, malgré « l’ampleur de la crise du logement ».
En ce lundi 4 novembre 2024, c’est l’entame de la période de trêve hivernale. C’est-à-dire, jusqu’au 31 mars, les locataires ne pourront plus être expulsés de leurs appartements. Une législation qui existe depuis 1956, instaurée suite à l’appel de l’abbé Pierre en 1954, et qui vise à protéger les personnes susceptibles de se retrouver à la rue pour des raisons financières.
Cependant, cela peut engendrer des conséquences pour certains propriétaires, qui se retrouvent parfois avec des locataires ne s’acquittant pas de leurs loyers. C’est le cas de Sandrine. Cette Montpelliéraine a de plus découvert son appartement dans un état déplorable. Dans son volumineux dossier locatif, les images sont éloquentes. “Voici la cuisine, il y a des déchets éparpillés sur le sol, la cuisinière était neuve, le lave-linge aussi, mais ce n’est pas tenable.”
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Elle a loué cet espace à un individu qui ne lui a rien versé durant près de trois ans, avançant un logement insalubre. “Cela représente plus de 45.000 euros, sans compter les factures pour remettre tout en état. Financier, c’est ardu, moralement, c’est délicat. Je dois avouer que nous avons passé des nuits blanches, nous avons été menacés. Personnellement, j’ai suivi un traitement pendant deux ans, et j’ai un certificat médical pour le prouver. Nous nous croisions régulièrement car l’appartement est assez proche.”
Depuis, Sandrine a déposé plainte, envisageant même de vendre son bien. “Cela a engendré une telle source de tracas moraux et financiers que l’on se demande si cela en vaut vraiment la peine. Je soutiens l’idée de louer un appartement à quelqu’un qui en prend soin, en général, cela se passe assez bien. Mais là, nous ne nous attendions pas à une telle situation.”
Le locataire a depuis été condamné à rembourser l’intégralité du loyer, mais en raison de son manque de ressources, il a fait appel. Selon son avocat, Maître Philippe Calafell, Sandrine pourra récupérer tout de même six à sept mois de loyer sur les trois années perdues. Également président de l’Andpi (l’association nationale de défense de la propriété immobilière) à Montpellier, Philippe Calafell estime que la loi est fréquemment en faveur des locataires, au détriment parfois des propriétaires. “
Nous avons une mauvaise réputation. L’avocat de l’assureur ou du propriétaire est souvent perçu à tort. Pourtant, la majorité des propriétaires sont des personnes ayant investi pour leur retraite, ayant parfois hérité d’un petit patrimoine, ou ayant économisé. Et lorsqu’ils subissent un impayé, cela peut être très difficile pour eux. Pour les logements sociaux comme ACM Habitat, les impayés ne sont pas trop préoccupants, car cela est amorti par le collectif. Mais pour les particuliers, la situation est complexe. En cas d’impayés, de non-paiement de charges ou de dégradations, cumulativement, cela entraîne des pertes considérables.”
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L’avocat rappelle que la grande majorité des locataires honorent leurs loyers et qu’en général, les conflits se résolvent à l’amiable. Pour discuter de la trêve hivernale du point de vue des locataires, nous accueillons ce lundi matin Simone Bascoul, présidente de la CLCV pour l’Occitanie, l’association pour la consommation, le logement et le cadre de vie. Elle est notre invitée à 7h45.
Malgré le bon départ de Kamala Harris, la course est maintenant incertaine. Quoi qu’il arrive, un bilan sobre des limites de sa campagne est essentiel pour les démocrates à l’avenir.
Une série de défis juridiques pourrait radicalement désarmer le Conseil national des relations du travail—et d’autres agences administratives—peu importe qui contrôle le Congrès ou la Maison Blanche.
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