La folie d’Hanatarash, ce groupe japonais qui jouait avec des bulldozers sur scène
Tokyo, 1985. Après avoir fait signer une décharge à son public afin de se dédouaner des éventuels dégâts matériels et humains qui vont suivre, Yamantaka Eye, le leader des fous furieux Hanatarash, débarque sur scène juché sur une gigantesque pelleteuse et détruit méthodiquement la salle de concert. Mais alors qu’il s’apprête nonchalamment à balancer un cocktail molotov sur les quelques décombres qui subsistent de la scène, il est fort heureusement stoppé dans son élan. Peu après cet évènement qui aurait pu virer au drame, les autorités japonaises vont prendre alors la mesure des évènements : Hanatarash est interdit de concert. Effectivement, on peut se dire a posteriori qu’il s’agissait, au bas mot, d’une sage décision : après avoir découpé un chat mort puis envoyé ce qu’il en restait dans le public, après avoir failli s’amputer accidentellement une jambe avec une scie électrique sur scène, ou encore avoir balancé dans la foule des bouts de verre et/ou de machinerie détruite sur scène, on peut raisonnablement dire qu’il était peut-être temps pour “Eye” (appelons le ainsi, l’homme ayant changé de patronyme autant de fois qu’il est permis d’en dénombrer) comme l’aurait dit sans doute plus simplement Jean-Pierre Bacri, d’y aller peut-être “un peu mollo sur le destroy”. L’art du bruit Il serait néanmoins un peu vain de résumer Hanatarash à ces seuls faits d’armes folkloriques et pittoresques. Car on ne comprendrait effectivement pas grand-chose à un tel déluge de chaos et de destruction si on ne se penchait pas un peu sur ce qui en découlait artistiquement. Si l’on considère quelques instants le creuset dans lequel se fond l’oeuvre performative (mais aussi discographique) d’Hanatarash, à savoir tout ce qui regroupe le vaste champ de ce qu’on appelle plus communément la noise, alors toutes leurs petites incartades permettent d’être remises un tant soit…