Le couple franco-gabonais, reconnu coupable de mariage blanc, pourra tout de même se marier à Béziers en dépit de leurs 43 ans de différence d'âge.

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Le couple franco-gabonais.

Info France Bleu. Le tribunal de Béziers a rendu, en l’espace de cinq mois, deux décisions opposées concernant le mariage d’un couple franco-gabonais avec une différence d’âge de 43 ans. Leur désir de se marier a suscité des controverses après un signalement de la mairie de Béziers, comme l’avait rapporté France Bleu en avril 2024.

Deux mois plus tard, un ancien employé de la mairie de Béziers, âgé de 76 ans, a été inculpé et condamné à 500 euros d’amende pour tentative de mariage frauduleux. Sa compagne, originaire du Gabon et qui vient de fêter ses 33 ans, en situation irrégulière, a écopé de deux mois de prison avec sursis et d’une interdiction de séjour en France pour cinq ans. Le couple a fait appel de cette décision. La date de l’audience reste à déterminer.

Le 08/04/2024 Soumission à un soupçon de mariage frauduleux : un couple franco-gabonais avec 42 ans d’écart comparaît devant le tribunal correctionnel à Béziers


L’irrégularité de la situation n’empêche pas le mariage

En attendant l’appel, Roger et sa partenaire peuvent donc se présenter devant Monsieur le Maire, s’ils le souhaitent. Que ce soit à Béziers avec Robert Ménard ou ailleurs en France. Une décision de justice rendue au civil, par le même tribunal, leur est favorable.

Le procureur de la République de Béziers avait contesté le mariage en janvier 2024. Cela constitue un acte juridique interdisant à l’officier de l’état civil de célébrer le mariage jusqu’à ce qu’il soit levé.

Cependant, selon le Tribunal de Béziers, le Ministère public ne prouve pas de manière concluante l’absence d’intention matrimoniale. Dans son jugement du 18 novembre dernier, que France Bleu Hérault a obtenu, le juge au civil ordonne la levée de l’opposition à mariage avec exécution provisoire.

Le droit pénal et le civil examinent le dossier de manière distincte. Bien que cela puisse arriver, cela peut également surprendre. Les arguments avancés par le parquet restent inchangés. Pour l’un, la tentative de mariage est reconnue ; pour l’autre, aucun élément probant. Toutefois, le juge au civil précise, “le Procureur de la République n’a pas présenté de réquisitions écrites et n’a pas été présent à l’audience.”

Le couple vivait ensemble depuis six mois et non 15 jours, comme l’a indiqué le Ministère public, ajoute le juge. “Et la différence d’âge est une simple question de morale, et ne peut, à elle seule, susciter des doutes sur l’intention matrimoniale des futurs époux.”

Il appartient à l’opposant au mariage de prouver clairement que l’un des futurs époux poursuit uniquement un objectif étranger au mariage. Ce qui n’est pas le cas. Le couple s’est rencontré sur internet en 2018 avant de se voir en septembre 2022 et de cohabiter à partir de cette date. Une demande de mariage a été déposée à la mairie de Béziers en mars 2023,” conclut le juge.

“Les éléments étaient peu convaincants. Le juge au civil vient de le confirmer” -Me Séraphine Gonzalez

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“Il n’existe pas d’éléments probants dans ce dossier qui justifient une opposition à mariage, même pour ce mariage frauduleux dont ils sont accusés” déclare Me Séraphine Gonzalez, l’avocate du couple (Barreau de Béziers). “Le juge n’a pas pris en considération les arguments que nous avions présentés. Les preuves concernant la différence d’âge de 43 ans fournies par le Parquet n’étaient pas justifiées. Les éléments ne tenaient pas la route. Le juge au civil vient de le confirmer.”

Le couple peut se marier même si le parquet fait appel de la décision. La décision est exécutoire à titre provisoire selon Me Gonzalez. “En d’autres termes, elle est immédiate même si le parquet conteste cette décision. S’ils désirent se marier demain, la mairie de Béziers ne pourra plus faire de signalement puisque la vie commune est continue. Ils s’aiment et n’ont aucun complexe concernant cette différence d’âge.”

“Mes clients ne s’attendaient plus à cela” – Me Séraphine Gonzalez

Le couple que nous avons rencontré en avril 2024 avait partagé ses difficultés pour se marier à  Béziers. “C’est une immense satisfaction pour eux” conclut leur avocate. “Pas une victoire, mais une réelle satisfaction. Le couple peut maintenant se marier, même si le ministère public fait appel de la décision. Mes clients ne croyaient plus en cette possibilité. Je ne sais pas s’ils vont se marier. Je ne leur ai pas demandé. C’est à eux d’apprécier cette décision. Leur amour a prévalu.”

Ce jugement peut-il remettre en cause celui prononcé en pénal en juin dernier ?

“Oui, cela pourrait éventuellement le remettre en question précise Me Gonzalez. Un magistrat doit examiner les éléments de preuve justifiant l’opposition au mariage. C’est à l’opposant, donc au Ministère public, d’apporter la preuve de sa décision, la preuve de ce manque d’intention matrimoniale des futurs époux. Est-ce que la différence d’âge est en lien avec la volonté d’un individu ? Je ne le crois pas.  Est-ce que la différence d’âge est liée à l’intention matrimoniale ? Je n’en vois pas de rapport, car la différence d’âge est extérieure et l’intention matrimoniale est intérieure.

Le procès en appel est évidemment très attendu par le couple. Aucune date d’audience n’a encore été fixée.

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Neuralink obtient l'approbation pour commencer des essais humains au Canada

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Neuralink obtient l’approbation pour commencer des essais humains au Canada

Les premiers essais cliniques de Neuralink en dehors des États-Unis auront lieu au Canada. Neuralink a obtenu l’approbation de Santé Canada pour lancer des essais humains dans le pays, l’Hôpital Western de Toronto étant le “premier et unique site chirurgical” pour la procédure. L’entreprise a ouvert son registre de patients canadien en mars de cette année, mais elle est maintenant activement à la recherche de participants potentiels. “Le recrutement est désormais ouvert,” a-t-elle annoncé sur X. 
Dans le cadre de l’étude CAN-PRIME, Neuralink intégrera son implant dans le cerveau du participant afin qu’il puisse interpréter son activité neuronale. L’implant leur permettra de contrôler un ordinateur ou un smartphone avec leur cerveau sans avoir besoin de fils ni de tout type de mouvement physique. Neuralink affirme que l’étude vise à “évaluer la sécurité de [son] implant et de son robot chirurgical et à évaluer la fonctionnalité initiale de [son Interface Cerveau Ordinateur] pour permettre aux personnes atteintes de quadriplégie de contrôler des dispositifs externes par la pensée.” Ce qu’elle apprendra des essais pourrait aider l’entreprise à trouver des moyens plus sûrs de placer l’implant à l’intérieur du cerveau, ainsi qu’à améliorer les capacités de la technologie. 
Le premier patient humain de Neuralink (photo ci-dessus) a reçu son implant plus tôt cette année. Il a rencontré quelques problèmes, où les fils de l’implant se sont rétractés de son cerveau, bien qu’il semble se porter bien ces jours-ci. Sur X, il a déclaré qu’il s’apprêtait bientôt à se défier en utilisant Neuralink pendant 72 heures pour démontrer ce que la technologie peut faire. Pour son deuxième patient, Neuralink a mis en œuvre des mesures d’atténuation pour prévenir la rétraction des fils. Ce patient utilisait déjà un logiciel de conception assistée par ordinateur (CAO) quelques semaines seulement après sa chirurgie en juillet. Actuellement, Neuralink recherche spécifiquement des patients qui “ont une capacité limitée ou nulle à utiliser les deux mains en raison d’une lésion de la moelle épinière cervicale ou de la sclérose latérale amyotrophique (SLA)” pour ses essais au Canada. 
🇨🇦 Nous sommes heureux d’annoncer que Santé Canada a approuvé le lancement de notre premier essai clinique au Canada ! Le recrutement est maintenant ouvert.Si vous êtes atteint de quadriplégie en raison de la SLA ou d’une lésion de la moelle épinière, vous pouvez être éligible. Visitez notre registre de patients pour en savoir plus et postuler.https://t.co/5BySJABkkO— Neuralink (@neuralink) 20 novembre 2024
Cet article est apparu à l’origine sur Engadget à https://www.engadget.com/science/neuralink-gets-approval-to-start-human-trials-in-canada-143021769.html?src=rss

‘C'est le combat de tous’ : Vinícius appelle à plus d'aide dans la lutte contre le racisme

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‘C’est le combat de tous’ : Vinícius appelle à plus d’aide dans la lutte contre le racisme

Le Brésilien croit que les choses vont dans la bonne direction‘J’ai tant souffert et je souffre encore parfois’L’attaquant du Real Madrid, Vinícius Júnior, a parlé de son combat contre le racisme, le décrivant comme une bataille continue qu’il est heureux de mener, mais en avertissant qu’il ne peut “pas lutter contre tout ce que les Noirs ont souffert”.Le footballeur brésilien a été à l’avant-garde de la lutte contre le racisme en La Liga après avoir été victime d’abus dans plus de 10 stades espagnols. En mars, il a exposé le coût de plusieurs années d’insultes racistes, affirmant que le flot d’abus érodait son désir de jouer. Continuer la lecture…

La peur et la sympathie : petite ville irlandaise divisée sur un camp de demandeurs d'asile

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La peur et la sympathie : petite ville irlandaise divisée sur un camp de demandeurs d’asile

Un an après les émeutes anti-immigration à Dublin, un camp de tentes pour demandeurs d’asile fait face à l’hostilité tandis que certains habitants essaient de soutenir les nouveaux arrivantsDans la petite ville de Newtown Mount Kennedy, un centre d’accueil pour les personnes qui viennent d’arriver en Irlande en quête d’asile se trouve dans les bois entourant Trudder House, un ancien couvent. Le bâtiment lui-même est désaffecté et interdit d’accès. Au lieu de cela, des hommes arrivant de pays comme la Somalie, le Soudan et le Nigeria sont logés dans 12 à 16 tentes provisoires, séparées de la ville par une clôture de 3 mètres de haut recouverte de graffitis disant « Newtown dit non ».Craig Bishop, un médecin généraliste à la retraite qui fait partie de Newtown Together, un groupe de bénévoles essayant de soutenir les résidents du camp, a déclaré que la barricade créait un sentiment immédiat de « eux et nous ». « Ils viennent de si loin pour être protégés, seulement pour se retrouver derrière une clôture de 3 mètres pour être protégés de qui ? Des habitants ? » a-t-il déclaré. Continue reading…

« Plus rien sauf du protoplasme tremblant » : l’homme qui a pédalé un avion à travers la Manche

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« Plus rien sauf du protoplasme tremblant » : l’homme qui a pédalé un avion à travers la Manche

En 1979, un groupe d’hommes neurodivergents se lança dans une traversée épique, désormais immortalisée à l’écran dans The Flight of BryanBryan Allen n’est pas du genre à se vanter. Des collègues qui ne le connaissaient que comme ingénieur logiciel au Jet Propulsion Laboratory en Californie, où il travaillait sur les rovers d’exploration de Mars, tombaient parfois par hasard sur des nouvelles de ses aventures passées. « Ils disaient : “Je te connais depuis cinq ans et je viens seulement de découvrir que c’était toi avec le Gossamer et la Manche” », raconte l’homme de 72 ans depuis son domicile à Los Osos.Ce à quoi il fait référence, c’est le rôle qu’il a joué en remportant deux prix Kremer pour le vol à propulsion humaine, les deux premiers de l’histoire du prix, dans des avions légers conçus par l’ingénieur aéronautique Paul MacCready. En 1977, Allen, un pilote de deltaplane expérimenté, a piloté le Gossamer Condor de 31,75 kg (70 lb) sur un parcours en forme de huit d’un mile à Shafter, en Californie. Deux ans plus tard, c’est la puissance de ses pédales qui a permis au Gossamer Albatross, qui pesait une livre de plus, de traverser la Manche. Allen est passé à d’autres projets, établissant d’autres records en cours de route, mais l’histoire des Gossamers s’est avérée durable. Ou plutôt, volante. Continue reading…

INFO FRANCE BLEU - Un notaire d'Agde sous enquête de la justice, la Caisse d’Épargne visée par une action en justice

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INFO FRANCE BLEU – Un notaire d’Agde sous enquête de la justice, la Caisse d’Épargne visée par une...

“Je me bats depuis sept ans pour mettre au jour la vérité et obtenir justice. J’ai sollicité de nombreux organismes pour dénoncer ce que je considère comme une appropriation abusive de l’héritage de mon défunt mari. Je suis épuisée” confie Marjorie à France Bleu Hérault. Cette habitante d’Agde, âgée de 59 ans, est veuve depuis novembre 2017. Son époux a été retrouvé décédé dans le coffre de son véhicule professionnel derrière la gare d’Agde après avoir mis fin à ses jours.

Le jour même de la mort de leur père, selon elle, ses deux enfants d’un premier mariage auraient vidé les comptes de ce dernier.  Nous avons en effet constaté 13 virements sur les comptes en notre possession. Ces transactions réalisées en trois jours s’élèvent à 15.000 euros.

“J’ai alerté le notaire que nous avions en commun pour obtenir des explications de la part des enfants. J’ai reçu un refus catégorique” déclare Marjorie.

Le jour du décès, les enfants seraient venus au domicile du couple (à Agde) pour saisir les documents professionnels et personnels de leur père. “Ils sont entrés chez nous sans rien me demander. J’étais écrasée par la perte de mon mari, je les ai laissés faire. Ils ont pris ce qu’ils désiraient, y compris les comptes bancaires, sa carte de crédit, et ses papiers d’identité. Ils ont également pris le téléphone de leur père. Grâce à ça, ils ont pu effectuer les virements qu’ils souhaitaient” se désole Marjorie. “Mon mari avait plusieurs comptes à la Caisse d’Épargne de Pézenas.”

Le 27/07/2023 EXCLU – Notaire suspecté d’escroqueries près de Béziers : le fisc rattrape les enfants de sa complice décédée


“Aucun virement n’a été bloqué par la Caisse d’Épargne”

Dans une lettre datant de décembre 2018 en notre possession, le notaire indique qu’il n’a pas été averti des retraits effectués sur les comptes bancaires. “Les seules informations dont je dispose concernent les avoirs à la Caisse d’Epargne au moment du décès“.

Étant donné l’ouverture d’une information judiciaire, nous avons choisi de ne pas révéler le nom de ce notaire ni l’emplacement de son étude, tout en préservant l’identité de la plaignante.

La plaignante, mariée sous le régime de la communauté aux acquêts

Le notaire en charge de la succession aurait été prévenu par lettre recommandée des fonds présumés détournés selon la victime. Ce dernier ne se serait donc pas intervenu et n’aurait pas tenu compte des virements réalisés. La déclaration de succession n’en fait pas mention. “Aucune déclaration rectificative de succession n’a été faite ultérieurement, ni le partage des fonds détournés” se plaint Marjorie.

Quatre ans se sont écoulés depuis le premier signalement

Une première plainte a été déposée en décembre 2020 auprès du parquet de Béziers pour spoliation et recel successoral. Les cibles sont le notaire du Pays d’Agde et les deux beaux-fils, dont l’un réside au nord de Montpellier et l’autre à Annemasse en Haute-Savoie. Une seconde plainte a été déposée en septembre 2022 auprès du procureur de la République de Montpellier contre la Caisse d’Épargne du Languedoc-Roussillon pour négligence, suite aux virements non autorisés.

Marjorie accuse son notaire de chantage

Une troisième plainte a été déposée auprès du tribunal judiciaire de Thonon-les-Bains (74), du fait du domicile de l’un des enfants du défunt. Au cours de l’année 2024, la veuve envisage de se constituer partie civile en saisissant le doyen des juges d’instruction au tribunal de Béziers pour faux en écriture, chantage et intimidation visant à la faire renoncer à son droit viager au logement.

Le 09/07/2023 Un notaire suspecté d’escroqueries dans le secteur de Béziers sous les verrous


“Rien n’est clair dans cette succession” – la plaignante

“Comprenez mon angoisse, je n’avais pas de nouvelles des précédents recours, cela m’inquiétait. C’est légitime. J’avais le sentiment de ne pas être prise au sérieux, que mes dénonciations n’avaient aucune importance. Il y a un réel problème de dysfonctionnement”.

Selon nos informations, la plainte pour escroquerie est bien instruite après un passage rapide au commissariat d’Agde. Elle aurait été ensuite transmise, selon une personne proche du dossier, à une gendarmerie territorialement compétente pour auditionner l’un des suspects potentiels.

La multiplication des plaintes dans différents lieux a sans nul doute compliqué les enquêtes.

La victime soutient avoir été lésée

Les enfants du défunt auraient avancé au notaire avoir prêté 50.000 euros à leur père pour l’achat de la maison où le couple résidait depuis 2016.“Ils ne présentent aucun document pour justifier un tel prêt” déplore la plaignante. “Le notaire ne peut pas me fournir de preuves. J’ai de sérieux doutes. Leur père ne m’a jamais en parlé”.

Marjorie accuse également le notaire de ne pas vouloir signer son droit viager au logement du conjoint survivant tant que la dette n’a pas été remboursée, alors que conformément à l’article 764 du Code civil, elle est en droit d’en bénéficier.

Le 28/11/2022 Un notaire héraultais dénoncé pour comportements inappropriés et pour avoir retardé une succession depuis huit ans


Vente de la maison sans son approbation

Marjorie avait dans un premier temps (début 2019) pris la décision de vendre la maison de son mari mais a renoncé quelques mois plus tard. La maison d’un étage, 90m² au sol, située au bord de l’Hérault, a été acquise en espèces par le défunt en mars 2017.

Elle a découvert qu’un compromis de vente de 240.000 euros avait été signé par une agence immobilière d’Agde, mais sans son approbation. Elle a stoppé la transaction à la dernière minute étant donné qu’elle détient un quart en pleine propriété. Le montant du compromis a suscité l’étonnement de son entourage en raison de l’emplacement, avec 800m² de terrain, dans un quartier résidentiel. Le bien est aujourd’hui estimé à plus de 320.000 euros.

Marjorie réside toujours dans la maison. Sous antidépresseurs, elle est actuellement suivie, étant affaiblie depuis la perte de son mari.

Cette habitante d’Agde avait déjà subi la perte de son premier époux en 2011. Elle doit être entendue début décembre par le juge d’instruction.

Au cœur de l'Amazonie, une commune française souffre d'un manque d'eau et de nourriture en raison du changement climatique.

CULTURE

Au cœur de l’Amazonie, une commune française souffre d’un manque d’eau et de nourriture en raison...

Maripasoula, Parc amazonien de Guyane (973) – À travers les hublots du petit avion à hélices reliant le littoral à la ville de Maripasoula, située au sud de la Guyane, un océan de nuances de vert se déploie à perte de vue. Après une heure de vol, les premières maisons de cette commune, intégrée au vaste Parc amazonien, deviennent visibles, nichées au creux d’un méandre du fleuve Maroni. Ce cours d’eau constitue la frontière avec le Suriname et sert de chemin vers l’océan Atlantique – à plus de 300 kilomètres en aval. « D’habitude, on voit toujours des pirogues arriver avec des marchandises », indique Jonathan Abienso, à la tête d’une entreprise de fret fluvial dans cette enclave urbaine entourée par l’Amazonie.

En parcourant le « dégrad » de Maripasoula – le terme utilisé ici pour désigner un embarcadère – l’entrepreneur évoque qu’après 18 mois de sécheresse, alors que l’année 2024 s’annonce comme l’une des plus chaudes jamais mesurées par Météo France, cette voie essentielle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le niveau de l’eau est si bas que de nombreux rochers obstruent désormais le passage des personnes et des biens. À certains endroits, il serait presque faisable de traverser à pied les 500 mètres séparant les deux pays. Il ajoute :

« Cela fait deux semaines que personne n’ose remonter le fleuve, devenu trop dangereux. »

La gravité de cette sécheresse est attribuée à la double influence d’El Niño, un phénomène océanique répétitif qui se manifeste par un réchauffement des eaux du Pacifique, ainsi qu’au changement climatique, dont l’une des manifestations en Guyane est la diminution des précipitations.

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Les habitants de Maripasoula réclament une « route du fleuve » pour se connecter au littoral. /
Crédits : Enzo Dubesset

À Maripasoula, l’aérodrome et sa seule piste en latérite – cette roche rougeâtre et aride – sont les derniers liens entre les 10.000 résidents et le reste du monde.

Augmentation des tarifs

« La vie a toujours été difficile et coûteuse, mais la situation actuelle est bien pire », remarque Charles Aloïke. À la conduite de sa filong, ces motos importées d’Asie via le Suriname, principal moyen de transport sur les routes poussiéreuses de Maripasoula, il affirme que les habitants ressentent le poids de l’isolement depuis longtemps, bien avant le dérèglement climatique.

La commune, qui s’étend sur une superficie équivalente à celle de la Nouvelle-Calédonie, a connu un développement significatif suite à la découverte de nouveaux gisements d’or dans les années 1990, attirant de nombreux chercheurs d’or, exploitant les filons de manière plus ou moins légale. Cependant, les infrastructures n’ont pas suivi ce boom démographique. En 2023, la fermeture de la compagnie aérienne pendant cette sécheresse – déjà – avait isolé la ville durant plusieurs mois, entraînant une flambée des prix des denrées, qui n’ont depuis cessé d’augmenter. Charles Aloïke, le motard, exprime son inquiétude :

« Le prix de l’essence a atteint quatre euros le litre. Ça grimpe chaque jour, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir. »

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Charles Aloïke, sur sa filong. /
Crédits : Enzo Dubesset

L’année précédente, c’étaient les interruptions fréquentes de l’électricité dues à la faible capacité et à l’isolement du réseau qui suscitaient de vives critiques de la part de la population.

Comme la plupart des résidents, Rosiane Agésilas, une infirmière, se rend régulièrement chez les « Chinois » d’Albina 2. Ces commerces, établis sur la côte surinamaise, constituent la base de l’économie informelle de la région tout en proposant des marchandises détaxées à bas prix. Ces supermarchés sur pilotis, où l’on peut payer en euros ou au gramme d’or, sont bien plus fréquentés que les épiceries françaises. Toutefois, eux aussi doivent se procurer leurs produits par avion, augmentant ainsi leurs tarifs :

« Il n’y a plus une différence claire dans les prix. Même en allant de l’autre côté, mon chariot de courses a augmenté de 80 à 150 euros par semaine. C’est intenable. »

La soignante est engagée dans le collectif Apachi qui, depuis 2023, dénonce les effets dévastateurs de l’enclavement. « Nous faisons des sacrifices et nous ne pouvons plus nous nourrir correctement. Cela va poser des soucis de santé publique. » Elle alerte que les bouteilles d’eau, ainsi que les œufs, le riz ou le gaz commencent à faire défaut.

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Les commerces surinamais sont au cœur de l’économie informelle de la région. /
Crédits : Enzo Dubesset

Rationnement

L’augmentation des prix a un impact d’autant plus fort sur les migrants venus du Guyana, d’Haïti ou du Brésil, attirés par l’espoir d’un emploi sur le sol français. « Je gagne 200 euros par mois pour un emploi à temps partiel et j’ai trois enfants », explique Maria (1). La citoyenne guyanaise est vendeuse dans l’une des boutiques du centre :

« Comme je ne possède pas les papiers nécessaires, je ne peux bénéficier d’aucune aide. Si mon mari ne m’assistait pas, je ne pourrais plus me nourrir. »

L’économie générale, déjà peu développée, en est complètement affectée. Les entreprises subissent désormais le coût élevé de la vie et des transports, amplifié par la pénurie de denrées. C’est le cas de la seule boulangerie de la commune. « Je n’arrive plus à trouver de farine. J’ai dû réduire ma production de pain, mais je crains de devoir fermer bientôt », témoigne Dewane Roger, le propriétaire.

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À Maripasoula, le prix de l’essence a explosé. /
Crédits : Enzo Dubesset

Retrait des services publics

Les effets de la sécheresse sont encore plus évidents dans les nombreux « kampus », des hameaux accessibles après plusieurs heures de pirogue depuis Maripasoula. L’accès aux services, déjà instable à cause des distances, est rendu encore plus compliqué.

Plusieurs écoles primaires ont dû fermer : le transport scolaire en pirogue étant impossible, de nombreux élèves sont désormais forcés de suivre les cours du collège à distance, lorsque la connexion internet le permet. Dans le kampu d’Antecume Pata, le dispensaire fonctionne comme une pharmacie et un cabinet médical, capable de fournir les premiers soins urgents. Ce centre, qui donne accès gratuitement aux soins pour près d’un millier de personnes, a dû réduire la fréquence de ses permanences. D’une visite hebdomadaire, le médecin n’intervient maintenant que quelques heures toutes les deux semaines, par le biais d’un hélicoptère affrété depuis Cayenne.

Dans plusieurs de ces hameaux, l’eau potable est extraite de nappes dont le niveau fluctue selon celui du Maroni. De nombreux forages sont complètement à sec. D’autres sources ne permettent d’accéder à l’eau que quelques heures par jour, souvent trouble et impropre à la consommation. Dans toute la Guyane, plusieurs milliers de personnes sont touchées et, bien que des solutions d’urgence aient été mises en place comme l’envoi de fontaines atmosphériques – des générateurs qui produisent de l’eau à partir de l’humidité ambiante – les habitants concernés estiment que c’est très insuffisant.

Aide aérienne

En réponse à la crise, la préfecture a activé un plan Orsec Eau le 29 octobre dernier. Cette mesure d’urgence inclut notamment la création d’un pont aérien par l’armée pour fournir en eau potable, nourriture, essence ou médicaments Maripasoula et d’autres communes isolées de Guyane – au total, près de 40.000 personnes. La collectivité territoriale de Guyane (CTG), de son côté, a annoncé qu’elle allait doubler les capacités de fret aérien de la compagnie privée, en charge des vols vers l’intérieur du territoire, pour augmenter également les capacités de ravitaillement.

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Le niveau d’eau étant si bas, des amas rocheux bloquent maintenant le passage. /
Crédits : Enzo Dubesset

Bien que le coût de ce fret aérien subventionné ait été fixé en dessous des prix moyens du transport fluvial, les tarifs demeurent pour l’instant relativement similaires. La majorité des Maripasouliens continuent de s’approvisionner au Suriname. « Ni la mairie, ni la collectivité, ni l’État ne nous ont intégrés aux discussions », déplore Patrick Valiès, président de l’association des commerçants de Maripasoula. Certains avouent d’ailleurs ne pas être informés du fonctionnement des dispositifs étatiques ni de la manière de bénéficier de ces aides :

« Cela fait des mois que nous demandons la constitution de stocks. Nous avons déjà connu la sécheresse l’année passée. Tout cela aurait pu être mieux préparé collectivement. »

La préfecture, quant à elle, souligne avoir organisé, en collaboration avec la CTG, des réunions pour discuter des besoins des commerces. L’administration assure travailler à l’instauration d’un dispositif de régulation des prix, englobant des contrôles préventifs visant à empêcher les commerçants locaux de profiter de cette aide exceptionnelle sans justifier une baisse de leurs prix.

Sentiment d’abandon

Plutôt que de perpétuelles mesures d’urgence, les Maripasouliens demandent – souvent sans grand espoir – la construction d’une « route du fleuve » pour les relier au littoral. Ce projet colossal, au cœur des discussions politiques locales depuis 20 ans, a été amorcé. Mais il reste encore 150 kilomètres de forêt dense à ouvrir, pour l’instant sans financements.

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La sécheresse est perceptible partout à Maripasoula. /
Crédits : Enzo Dubesset

En 2022, Emmanuel Macron en avait fait une promesse, mais a finalement annoncé un remodelage de la route en « piste améliorée » – sans donner plus de détails – lors de sa visite en Guyane, en mars.

À la suite de ce changement de cap, l’armée a reçu la mission de réaliser une étude sur la faisabilité d’une telle piste. Le rapport, finalisé depuis des mois, a été remis à la CTG et au gouvernement, mais n’a pas encore été rendu public. « La route est la seule solution viable pour sortir de l’isolement », affirme Rosiane Agésilas :

« Ce serait le début d’une nouvelle ère et un engagement pour le développement de Maripasoula. »

Cela pourrait également représenter l’une des solutions pour prévenir les sécheresses à venir : selon les prévisions du rapport scientifique GuyaClimat, publié en 2022, le territoire devrait connaître un réchauffement d’environ 2,5 à 4,5 degrés et une diminution des précipitations de 15 % à 25 % d’ici 2100.

Les élections en Irlande : les partis, le vote, les enjeux et le résultat probable

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Les élections en Irlande : les partis, le vote, les enjeux et le résultat probable

Fine Gael cherche à obtenir un quatrième mandat consécutif sans précédent et pourrait bien y parvenir le 29 novembreLes électeurs irlandais se rendront aux urnes le vendredi 29 novembre, trois semaines après que le premier ministre, Simon Harris, a mis fin à des mois de spéculation en dissolvant le gouvernement de coalition avant la fin de son mandat de cinq ans en mars prochain.Le Fine Gael de Harris, de centre-droit, cherche à obtenir un quatrième mandat consécutif sans précédent, une perspective qui semble loin d’être impossible compte tenu de sa récente reprise spectaculaire dans les sondages – et de l’effondrement tout aussi dramatique du soutien à son rival, Sinn Féin. Continue reading…