Le wokisme ou le besoin permanent de tempête médiatique
Cet article fait partie d’un dossier en trois parties dans lequel nous tentons d’analyser la frénésie médiatique autour de la notion de « wokisme » aujourd’hui, mais également des stratégies politiques et des nouvelles formes de luttes qu’elle englobe. Retrouvez la première partie ici. Après avoir retracé l’évolution du « wokisme » à travers les âges, puis essayé d’analyser son appropriation dans le champ politique, il serait assez judicieux de se pencher sur ce qui a pu conduire à toute la frénésie médiatique autour du concept fourre-tout ces derniers mois. Et si nous avons essayé de pointer les diverses stratégies de disqualification de la part du pouvoir en place, il serait un poil malhonnête d’affirmer que le camp d’en face (si tant est qu’il en existe vraiment un) n’utilise pas parfois les mêmes procédés diffamatoires pour faire valoir sa voix. Quand chacun perd son sang-froid On a longtemps glosé sur les évènements de la fac d’Evergreen, temple supposé du « wokisme » aux Etats-Unis et laboratoire de ses dérives en tout genre, dans laquelle le professeur Bret Weinstein avait été forcé de démissionner en 2017 après s’être opposé à une journée interdite aux Blancs. Beaucoup ont également insisté sur le fait que d’autres professeurs d’université pouvaient perdre leur emploi suite à une parole malheureuse, ou que des carrières se retrouvaient brisées du jour au lendemain pour des faits d’importance secondaire. D’autres encore ont observé de plus en plus chez leurs étudiants ce qu’ils appellent « des réflexes de censeurs », à l’image de Laura Kipnis, professeur de cinéma à l’université Northwestern à Chicago. Dans un entretien accordé pour Libération le 29 juin 2020, lorsqu’il est question de la notion de culture du viol, l’universitaire déclare que l’obsession de protéger les femmes renforce les préjugés contre elles, les renvoyant à leur position de sexe supposé « faible », en produisant exactement…