Dans les sessions illégales de milonga en Argentine
C’est une chaude soirée de janvier 2021 à Buenos Aires et le parc Chacabuco est plein de gens qui font du sport ou qui se promènent. Beaucoup boivent du yerba mate, la boisson caféinée préférée des Argentins. C’est ici, sous un pont d’autoroute couvert de graffitis, qu’un groupe de danseurs se réunit chaque semaine à 18 heures pour pratiquer la milonga, une danse argentine qui reprend les mêmes éléments du tango, mais en plus rapide et moins compliquée. Techniquement, ces rencontres sont illégales car elles enfreignent les réglementations liées au Covid-19, mais elles attirent des participants toujours plus nombreux. Un fil vert délimite la piste de danse où Walter, 50 ans, répète encore et encore les huit pas de base de la milonga. Son pantalon large flotte dans les airs pendant qu’il pratique son jeu de jambes. Il n’en est qu’à sa troisième semaine de cours, mais sa détermination l’a aidé à maîtriser rapidement les pas. Professeur d’arts martiaux le jour, Walter a l’air d’avoir 35 ans et n’a pas une once de graisse sur son corps tatoué. Après avoir dansé avec la professeure, il se met en binôme avec une femme qui est nouvelle dans les séances mais qui a clairement de l’expérience. En observant l’intimité entre les deux, on pourrait croire qu’ils se connaissent depuis des années. La chanson se termine et ils changent de partenaire. Tito, 70 ans, vêtu d’une tenue fraîchement repassée pour l’occasion, invite la nouvelle à danser. Il n’a pas manqué une seule session au parc Chacabuco depuis le début des cours en septembre 2020, même pas le soir où il faisait si chaud qu’il était déconseillé aux personnes âgées de sortir de chez elles. « Pour moi, ces sessions sont un élixir », dit-il, s’arrêtant pour discuter. Passionné de danse, Tito a même participé au Mondial de tango…