Devrait-on que l’Inde parle une seule langue ?
En Inde, l’un des pays les plus polyglottes du monde, le gouvernement souhaite que plus d’un milliard de personnes adoptent l’hindi. Un chercheur pense que ce serait une perte.
En Inde, l’un des pays les plus polyglottes du monde, le gouvernement souhaite que plus d’un milliard de personnes adoptent l’hindi. Un chercheur pense que ce serait une perte.
C’était le 1er mai et Sushma, une employée de maison qui fait la cuisine pour trois familles de Bombay, dans l’ouest de l’Inde, était en retard au travail. La jeune femme de 31 ans n’avait pas dormi de la nuit. Elle n’avait cessé de se tourner et de se retourner dans son lit à même le sol, à côté de sa belle-mère qui ronflait, en pensant à son frère et à sa famille, à 1 500 kilomètres de là, dans la capitale New Delhi. La dernière fois que Sushma les a vus, c’était il y a plus d’un an, avant que la pandémie ne frappe et que les frontières des États ne se ferment. Depuis, elle a vécu des montagnes russes d’émotions. Elle est passée de la peur mêlée d’espoir au début de la pandémie à la confiance et à l’excitation lorsque les choses semblaient s’améliorer au cours de la nouvelle année, puis à un sentiment de désespoir et d’apathie aiguë, dans un contexte de recrudescence sans précédent des cas. Au cours du mois dernier, Delhi est devenu un épicentre du Covid-19 dans une Inde qui enregistre le plus grand nombre de cas quotidiens au monde. Les cas ont augmenté si rapidement que le système de santé public de Delhi s’est presque effondré. On a pu voir des scènes déchirantes de personnes se bousculant pour obtenir de l’oxygène et des lits d’hôpital, des crématoriums pleins à craquer, des cadavres s’entassant dans les morgues, incinérés dans des parcs publics improvisés ou même sur des trottoirs, et des employés de cimetière travaillant sans relâche. Et bien que la famille de Sushma ait été épargnée par le virus jusqu’à présent, son anxiété la ronge. « En temps normal, j’aime bien aller au travail, mais ces derniers temps, je dois me forcer à sortir…
En Inde, la vague de Covid-19 est tout simplement apocalyptique. Des files interminables de patients attendent devant les hôpitaux dans l’espoir de trouver un lit. Les hôpitaux, de leur côté, disent qu’ils sont à court de bouteilles d’oxygène et de médicaments vitaux. Les crématoriums sont submergés de cadavres, tandis que les réseaux sociaux comme Twitter se sont transformés en une ligne d’assistance pour faire face à la crise. Jusqu’à présent, plus de 18,3 millions de cas et 204 000 décès ont été signalés dans ce qui est devenu l’épicentre mondial de la pandémie. Officiellement, une personne meurt toutes les cinq minutes en Inde, mais les experts craignent que le nombre réel de cas et de décès soit beaucoup plus élevé. Les photojournalistes qui documentent cette horreur mettent des visages sur ces statistiques stupéfiantes. La représentation de la tragédie suscite de nombreux débats éthiques, mais ces photos choquantes prises en Inde poussent le monde à s’interroger. Et elles ont un impact personnel important pour ceux qui les prennent. Nous nous sommes entretenus avec des photographes qui risquent leur vie et leur santé physique et mentale pour documenter l’évolution de la crise du coronavirus en Inde, afin d’essayer de comprendre comment se portent ces travailleurs de première ligne souvent invisibles. Bhat Burhan, photojournaliste freelance « Le 23 avril, j’étais à l’hôpital Guru Teg Bahadur de New Delhi lorsqu’un jeune homme s’est précipité vers moi pour demander des bouteilles d’oxygène pour son frère aîné. Je ne pouvais rien faire, alors je lui ai dit de demander aux médecins et aux infirmières. Le patient avait du mal à respirer et était allongé sur une civière. Quelques minutes plus tard, j’ai vu les médecins lui faire un massage cardiaque. Il était parti et tout le monde le savait. Je crois que j’ai pleuré un peu….
MANJUNATH KIRAN via AFPLes cas de Covid-19 se multiplient en Inde et un nouveau variant, B.1.617, émerge. Image d’illustration prise le 15 avril à Bangalore. RECORDS – L’Inde a recensé dimanche près de 350.000 nouvelles contaminations au coronavirus sur 24 heures, un record mondial. Face à ces chiffres, les autorités locales ont décidé de prolonger d’une semaine le confinement dans la capitale de New Delhi. Le pays, qui compte 1,3 milliard d’habitants, est en proie à une effroyable flambée épidémique avec encore 349.691 nouveaux cas dimanche. L’Inde a parallèlement déploré 2.767 nouveaux décès dus au Covid-19, ce qui est un record national depuis le début de la pandémie. “Nous avons décidé de prolonger d’une semaine le confinement”, a annoncé le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal. “Les ravages du coronavirus se poursuivent et il n’y a pas de répit.” La capitale, qui compte 20 millions d’habitants, est l’agglomération indienne la plus touchée par l’épidémie. Un confinement d’une semaine y avait débuté lundi 19 avrul pour tenter d’atténuer la pression sur les hôpitaux, confrontés à une grave pénurie d’oxygène. Vétusté du système de santé indien La crise met de nouveau en lumière la vétusté du système de santé indien, alors que la colère monte contre le manque de préparation présumé du gouvernement fédéral face à cette vague épidémique. Dimanche 25 avril, Twitter a confirmé avoir supprimé, à la requête des autorités indiennes, des dizaines de tweets qui critiquaient l’exécutif. Certains tweets émanaient d’élus de l’opposition qui dénonçaient la faiblesse des ressources dans les hôpitaux où des patients ont péri du fait des pénuries d’oxygène. “Quand nous recevons une requête qui est légalement recevable, nous l’examinons au prisme des règles de Twitter et des lois locales”, a expliqué Twitter dans un communiqué. Sur les sept derniers jours, l’Inde a enregistré plus de…
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