Un déclin inédit des rémunérations réelles, ainsi que 3 autres infographies à découvrir absolument.
Chaque semaine, Alternatives Economiques vous propose une sélection de quatre graphiques qui offrent un regard nouveau sur l’actualité.
Au programme de ce graphorama : la diminution des salaires réels dans le secteur privé pendant trois ans en raison de l’inflation ; les émissions mondiales de CO2 atteignent un nouveau pic ; le Pacs fête ses 25 ans et rivalise avec le mariage ; le PIB des Brics se rapproche de celui du G7.
1/ Chute sans précédent du pouvoir d’achat en raison de l’inflation
D’un côté, des prix qui flambent, de l’autre, des salaires qui augmentent de manière insuffisante pour suivre le rythme. Les travailleurs ont déjà subi cette situation en 2021 et 2022. Nouvel élément : ils en ont également fait l’expérience en 2023. C’est ce que révèle la dernière publication de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) concernant les salaires du secteur privé.
Pour plus de précisions, les salaires nominaux ont crû de 4 % l’année précédente, ce qui est significatif. Toutefois, cette augmentation a été entièrement « absorbée » par une hausse des prix de 4,9 % durant la même période. Cette troisième année de déclin des salaires réels fait de 2021-2023 un chapitre inflationniste sans précédent. D’autant plus que certains économistes estiment que l’Insee sous-estime réellement l’inflation.
Depuis un quart de siècle, les années de baisse du pouvoir d’achat dans le privé étaient à la fois rares, isolées, et relativement limitées. La période de 2012-2013, marquée par l’austérité post-crise financière de 2008, avait entraîné deux années consécutives de déclins. Cependant, la durée était plus brève et les pertes étaient moins significatives.
Les salariés verront-ils bientôt la fin de ce sinistre souvenir d’inflation ? Selon les dernières prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les salaires réels devraient augmenter de 0,6 % en 2024. Une légère amélioration, mais aucune raison de croire que le retard accumulé sera facilement comblé. Et la situation est encore pire pour les fonctionnaires, dont le point d’indice ne parvient pas à suivre l’évolution de l’inflation.
Vincent Grimault
2/ Vers un nouveau pic pour les émissions de CO2 à l’échelle mondiale
Malgré des avancées remarquables dans les énergies renouvelables à l’échelle planétaire, les émissions de CO2 dues à la combustion des énergies fossiles continuent d’augmenter au lieu de diminuer afin de freiner le réchauffement climatique. En 2024, celles-ci devraient progresser de 0,8 %, atteignant 37,4 milliards de tonnes, selon le Global Carbon Project, une organisation qui regroupe plusieurs dizaines de chercheurs à travers le monde.
Les émissions de gaz et de pétrole augmentent le plus considérablement (+ 2,4 % et + 0,9 %). Le charbon, qui demeure la principale source d’émissions de CO2 fossile, connaît une hausse plus modérée (+ 0,2 %). À ces émissions, il faut ajouter les 4,2 milliards de tonnes de CO2 rejetées en raison du changement d’utilisation des terres (surtout forestières), même si celles-ci tendent à diminuer depuis la moitié des années 1990.
Un nouveauté pour 2024 : les émissions de la Chine ont peu crû, et celles du secteur pétrolier ont même diminué dans le pays. Par conséquent, les rejets mondiaux de CO2 ont été principalement influencés par l’Inde – où toutes les sources de combustibles fossiles augmentent – et par plusieurs pays en voie de développement où les énergies renouvelables peinent à satisfaire la montée de la demande énergétique.
Matthieu Jublin
3/ Vingt-cinq ans après son introduction, le Pacs s’est affirmé
Entre le mariage et la cohabitation libre, le pacte civil de solidarité (Pacs), qui avait provoqué tant d’effervescence lors des débats à l’Assemblée, a trouvé sa place dans le panorama de la vie conjugale française. Adopté il y a exactement 25 ans, le 15 novembre 1999, il a connu une ascension rapide durant dix ans avant de se stabiliser. Contrairement à certaines inquiétudes, il n’a pas supplanté le mariage, même si celui-ci perdure en déclin : en 2022, on comptabilise encore 242 000 mariages, contre 210 000 pactes.
Les usages ne sont en réalité pas identiques : plus axé sur le couple, le Pacs propose des options simplifiées pour un premier engagement, toujours facilement annulable (il suffit d’un courrier) – et dans un cas sur deux, la dissolution est causée par le mariage des partenaires.
Plus formalisé, le mariage intervient désormais plus tard dans la vie : en moyenne, pour un couple hétérosexuel, il se concrétise à 34,7 ans pour les femmes et 36,6 ans pour les hommes. Malgré son accessibilité aux couples de même sexe, ceux-ci continuent à privilégier le Pacs (10 000 contrats signés en 2022 contre 7 000 mariages).
Cependant, il ne faut pas oublier que le Pacs est nettement moins protecteur : en cas de décès, notamment, le partenaire restant ne bénéficie pas de la pension de réversion et, sauf en cas de testament en ce sens, n’est pas reconnu comme héritier. De telles dispositions peuvent désavantager les personnes les plus vulnérables sur le plan économique, notamment les femmes.
Xavier Molénat
4/ Les Brics gagnent en influence, sans bouleverser l’ordre économique mondial
Les Brics représentent-ils une menace pour la suprématie économique occidentale ? C’est l’objectif déclaré lors de leur sommet annuel s’étant déroulé à Kazan (Russie) fin octobre, le premier depuis l’adhésion de cinq nouveaux pays (Ethiopie, Egypte, Émirats arabes unis, Iran, Arabie saoudite) qui rejoignent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Cette réunion a ravivé le projet d’une monnaie commune visant à défier le dollar et à atténuer l’impact des États-Unis, dont les sanctions économiques, telles que celles qui ciblent la Russie, pourraient ainsi être plus facilement contournées. Le groupe représente désormais 27 % du PIB mondial, contre 45 % pour le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni). L’écart se rétrécit d’année en année, notamment grâce à la rapide croissance de la Chine. De plus, les nouveaux membres des Brics augmentent considérablement le poids du groupe dans les exportations de matières premières énergétiques (gaz, pétrole).
« Cependant, l’hétérogénéité des pays membres ainsi que la faible intégration commerciale au sein du groupe limitent sa capacité à influer sur le fonctionnement des échanges mondiaux et le système monétaire international », souligne une note de la Banque de France. En effet, le commerce entre les pays des Brics ne représentait que 3,7 % du commerce mondial en 2021. Le chemin est encore long avant de vraiment ébranler le G7.
Juliette Le Chevallier
Paris 2024 a transformé le « nettoyage social » en une véritable discipline olympique.
« Médaille d’or pour le social washing, médaille d’argent pour le nettoyage social, médaille de bronze pour le déni démocratique » : le collectif Le Revers de la médaille n’a pas hésité à établir son propre podium des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024. Il a justifié son intitulé : pas question de succomber à l’euphorie estivale en balayant sous le tapis les vérités dérangeantes.
Il s’agit en fait de cela : l’effacement des personnes indésirables – sans-abri, réfugiés, mineurs non accompagnés – et de leurs « lieux de vie informels » (bidonvilles, regroupements de tentes et de caravanes, squats ou abris précaires), afin que la ville lumière apparaisse sous son meilleur angle.
Dans son rapport final concernant les interventions des pouvoirs publics envers les personnes vivant dans la rue et en habitat instable, en lien avec l’organisation des Jeux depuis mai 2023, le collectif met en lumière une stratégie en deux temps.
La première phase a consisté à éloigner les personnes migrantes loin de la capitale afin que, dans un second temps, il y ait des places disponibles dans les structures d’accueil à l’approche de l’événement :
« D’abord, pendant plusieurs mois, un système rigoureux de délocalisation de Paris vers d’autres régions françaises ; ensuite, dans les dernières semaines précédant l’ouverture des Jeux, des solutions d’hébergement en Ile-de-France pour faire disparaître les derniers campements dans la rue. »
Entre le 3 et le 25 juillet (veille de la cérémonie d’ouverture), seize opérations d’évacuation et/ou de « mises à l’abri » ont été recensées, notamment des campements situés le long du canal Saint-Denis que la flamme olympique allait traverser.
20 000 personnes évacuées, incluant 4 500 mineurs
Le Revers de la médaille pourrait même se réjouir de cette mobilisation inattendue de ressources exceptionnelles. Le collectif évoque également quelques « rares bénéfices sociaux positifs » des Jeux.
Notamment l’ouverture, par la Mairie de Paris, de deux espaces d’accueil de jour pour les mineurs non accompagnés, des 256 places d’hébergement créées pour les personnes en grande précarité ou la mise à l’abri temporaire sur « sites tampons » en Ile-de-France pour des exilés qui, auparavant, auraient été systématiquement délogés hors de la région.
« Ce changement soudain (…) met en lumière la capacité de l’État à fournir ce genre de solutions, mais également sa volonté de ne le faire que dans une logique calculée de libération de l’espace public, à des fins d’événements et de réputation », souligne le rapport.
Car l’objectif de « nettoyage » est indubitable. L’Observatoire des expulsions a comptabilisé, entre le 26 avril 2023 et le 30 septembre 2024, l’éviction de 260 lieux de vie informels touchant 19 526 personnes, dont 4 500 mineurs. Cela représente une hausse de 33 % par rapport à la même période en 2021-2022.
Il s’agissait essentiellement d’évacuer les sites occupés, qui ont ensuite bénéficié d’aménagements (mobilier anti-SDF) et d’une surveillance policière renforcée afin de dissuader toute réinstallation.
Néanmoins, les hébergements créés pour l’occasion sont restés dramatiquement insuffisants par rapport aux 3 500 sans-abri identifiés à Paris lors de la Nuit de la solidarité en janvier 2024, et leur pérennité est incertaine.
En outre, d’après le collectif, les deux tiers des expulsions n’ont pas été précédées du « diagnostic social » pourtant requis depuis 2018. Et seulement 36 % ont été accompagnées d’offres d’hébergement temporaire. Enfin, 32 % des expulsions auraient été menées sans fondement légal tangible et, pour les deux tiers d’entre elles, le temps nécessaire pour se préparer matériellement ou envisager un recours n’aurait pas été alloué.
Fichage et justice d’exception
Le « nettoyage » a également visé les opposants, soulignent les auteurs du rapport. Le collectif dénonce « un abus de la garde à vue et des placements en centres de rétention administrative (CRA) », ainsi que « l’implémentation d’une justice d’exception » : jugements supplémentaires de comparution immédiate et augmentation des peines d’interdiction d’apparaître sur le sol parisien.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est ainsi félicité de la mise en œuvre de plus de 500 mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (Micas) en juin et juillet. Émanant des lois antiterroristes et exemptées de tout contrôle juridictionnel, celles-ci ont contribué à restreindre les contestations contre les Jeux.
La semaine précédant cet événement, 70 individus, parmi lesquels des militants d’Extinction Rebellion et des journalistes, ont été placés en garde à vue « sous des prétextes fallacieux ». La grande majorité des procédures a été classée sans suite, mais elles ont permis un « fichage policier sans aucun fondement légal », déplore le collectif, qui redoute « la pérennisation de ces pratiques » visant à « réprimer l’expression politique d’opposition ».
Face à toutes ces critiques, le discours officiel s’en tient à un déni total de cette politique. Cette dernière maintient le statu quo : le système actuel « continue de générer structurellement du sans-abrisme dans la capitale et la région en n’offrant en majorité que des hébergements temporaires », perpétuant ainsi le « cycle infernal des campements et des démantèlements ».
Par conséquent, en ce qui concerne leur coût financier et leur impact environnemental, Paris 2024 s’est seulement avéré légèrement moins mauvais que les éditions précédentes, notamment celle de Rio 2016 qui avait entraîné des expulsions massives de populations précaires ou indigènes, ou celle de Londres 2012 qui avait stimulé un puissant processus de gentrification.
« La France, comme ses prédécesseurs, aura utilisé les Jeux comme une occasion d’accentuer sa politique d’exclusion et de maltraitance sociale envers les plus marginalisés », conclut le rapport.
Un nouvel appel à l’unité pour la droite empoisonnée par l’ironie
Il a fallu moins de vingt-quatre heures après la réélection de Trump pour que de jeunes hommes adoptent un slogan qui pourrait définir l’ère à venir de régression genrée : « Votre corps, mon choix. »
Décrochage scolaire : des actions pour contrer la spirale
« Libérer les élèves » à travers la mise en place d’un projet associatif ou coopératif, tel est le but de l’Economie sociale partenaire de l’école de la République (Esper) depuis sa fondation en 2011, précise Sylvie Emsellem, sa déléguée nationale. Grâce au programme « Mon entreprise ESS à l’école », les élèves des établissements associés élaborent des projets tout en respectant des principes de gouvernance démocratique au cœur de l’économie sociale et solidaire (ESS).
À chaque occasion, l’objectif est donc de renforcer chez les élèves leurs aptitudes à l’auto-organisation en élaborant un projet écologique ou social. En 2024, à Aubervilliers, des élèves de 4e du collège Gabriel-Péri, avec le soutien du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, ont collecté des fonds pour des achats alimentaires destinés aux Restos du cœur. Une célébration interculturelle a été mise en place, avec une intervention contre les stéréotypes racistes d’un représentant du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap).
En 2023, des élèves d’un CAP agents de propreté et hygiène en Picardie se sont eux aussi constitués en association pour s’approvisionner en produits plus écologiques. Autre illustration : depuis 2016, au collège Frédéric-Dard à Saint-Chef, en Isère, une activité de réparation de vélos à partir de matériaux recyclés est réalisée…
30 % des élèves bénéficiant de l’action de l’Esper sont en lycée professionnel. Ils sont encadrés par les quatre salariés de l’association et l’un ou l’une des 40 bénévoles fournis par des organisations de l’ESS. Lucile Marsault, coordinatrice des programmes à l’Esper, souligne que la structure offre également des formations aux enseignants afin de leur faire découvrir l’ESS. Sylvie Emsellem rappelle pour sa part que « Mon entreprise ESS à l’école » a établi une centaine d’actions tout en regrettant le manque de moyens pour les mettre en œuvre.
Prévenir le décrochage
D’autres initiatives de l’ESS dans le domaine éducatif insistent sur la lutte contre les inégalités scolaires. Laurence Vaudet, cofondatrice de l’association Expli’Cité fondée en 2018 à Cergy, décrit cette structure comme une association de proximité qui aide des élèves en difficulté. Labellisée Cité éducative, la commune de Cergy bénéficie de financements supplémentaires de l’Etat pour favoriser le partenariat entre la ville, l’Education nationale et la préfecture du Val-d’Oise.
Le projet regroupe environ une quarantaine de partenaires, incluant trois collèges en éducation prioritaire, les écoles élémentaires avoisinantes, des lycées, des universités, la Caisse des dépôts et consignations Habitat ainsi que d’autres bailleurs.
Les quatre employés d’Expli’Cité ainsi qu’une centaine de bénévoles interviennent dans les établissements pour contrer les inégalités scolaires et prévenir le décrochage. Ils mettent en place des actions de soutien scolaire, des sessions de sensibilisation à l’utilisation du numérique et organisent des sorties culturelles.
Les jeunes bénéficient d’un accompagnement du primaire jusqu’à la terminale, le plus souvent par la même personne, sur un rythme d’au moins une fois par semaine. Cet accompagnement peut aller jusqu’à un soutien sur la rédaction de CV et lettres de motivation, notamment pour la recherche de stages.
En 2023-2024, 387 jeunes ont bénéficié d’un accompagnement, dont 92 % affirment avoir progressé sur le plan scolaire ou de leur comportement en classe et 82 % se sentent plus confiants à la fin de l’année.
Accès aux diplômes
Enfin, aborder les inégalités au sein du système éducatif nécessite parfois de combiner soutien social et scolaire, comme le fait le programme Emergence, qui aide des bacheliers issus de milieux modestes à poursuivre leurs études. Ce programme a été lancé il y a vingt-deux ans par Aréli, un bailleur social associatif des Hauts-de-France.
Dans le cadre de son parc de 2 000 logements en résidence temporaire ou pour seniors, des jeunes en situation précaire bénéficient de bourses allant de 1 000 à 6 500 euros durant leurs cinq années d’études supérieures, explique Carole Tonneau, responsable de la communication. Ils reçoivent également un accompagnement personnalisé pendant leur parcours scolaire, notamment grâce à un parrainage par un professionnel et au tutorat d’un étudiant plus âgé. De plus, ils sont assistés dans leurs recherches de stages et d’emplois.
Depuis 2002, plus de 630 jeunes ont obtenu leur diplôme, avec presque tous ayant ensuite trouvé un emploi. Actuellement, 250 poursuivent des études. En retour, il est demandé à ces jeunes de s’engager bénévolement dans des actions citoyennes, qu’il s’agisse d’aide aux devoirs ou d’assistance aux sans-abri.
Les financements proviennent d’entreprises, incluant des banques, des PME, et des collectivités des Hauts-de-France. Le programme bénéficie également du soutien de grandes écoles et d’universités. Tiphaine Duquesnes, en charge du programme Emergence, rappelle que ces partenaires participent au processus de sélection des jeunes, à la fois sur dossier et lors d’entretiens oraux.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Le débat « L’école au cœur de la question sociale » se tiendra le samedi 30 novembre à 9 h 45 lors des Journées de l’économie autrement, à Dijon. Consultez le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.
Composite AI : l’intelligence artificielle intégrée
La Composite AI représente une méthodologie conçue pour maximiser les bénéfices tirés de l’intelligence artificielle. Ce n’est pas une invention technologique récente, mais plutôt une idée qui combine des techniques préexistantes afin d’atteindre des résultats supérieurs.
À l’heure actuelle, une grande partie des entreprises intègre l’intelligence artificielle de diverses manières pour accroître leur efficacité ou demeurer compétitives. Il existe un éventail de techniques destinées à répondre à divers enjeux. Le principe de Composite AI désigne leur intégration dans le but de maximiser les résultats.
Qu’est-ce que la Composite AI ?
La Composite AI a été incluse dans les innovations du Hype Cycle for Emerging Technologies de Gartner en 2020. En termes simples, cela se définit comme une « assemblage de différentes techniques d’IA » visant à offrir le meilleur résultat.
Cependant, commençons doucement par le terme « intelligence artificielle » qui peut prêter à confusion. Souvent, le public évoque l’IA lorsqu’il parle de machine learning ou de réseaux de neurones artificiels, qui ne sont que des sous-ensembles de l’IA englobant un concept beaucoup plus vaste.
Les entreprises modernes déploient des solutions d’intelligence artificielle pour transformer leur structure organisationnelle. La question centrale reste de déterminer quelle technique est la mieux placée pour résoudre chaque problème spécifique. La Composite AI consiste à fusionner plusieurs approches pour aborder les défis les plus complexes.
Aperçu des différentes techniques d’IA
Pour mieux appréhender le concept de Composite AI, faisons d’abord un rappel des diverses techniques d’intelligence artificielle susceptibles de contribuer à cette approche.
Machine Learning
Cette première catégorie d’IA se concentre sur le développement de logiciels capables d’exploiter des ensembles de données afin d’apprendre de manière autonome. Le but du machine learning est de permettre aux ordinateurs d’apprendre sans intervention humaine et d’adapter leurs actions d’eux-mêmes. En fait, on l’appelle aussi apprentissage automatique. Contrairement aux analystes humains, le machine learning a la capacité d’analyser d’énormes volumes de données plus rapidement et de produire des résultats plus précis.
Deep Learning
Il s’agit d’une spécificité du machine learning. Cette méthode se penche davantage sur le principe fondamental de l’IA, qui est d’imiter le fonctionnement du cerveau humain. Le deep learning est utilisé pour analyser des données et élaborer des modèles qui améliorent les décisions. Les algorithmes de deep learning peuvent également apprendre sans supervision en exploitant des données organisées ou non, afin de résoudre des problèmes complexes.
Graphes de connaissances
Un graphe de connaissance est une collection de représentations d’entités interconnectées. Cela peut inclure des objets, des événements ou des idées. En d’autres termes, il s’agit d’une base de connaissance sous forme de graphe de données. Les graphes de connaissances contextualisent l’information par le biais de métadonnées sémantiques et de relations. Ils offrent un socle pour l’intégration, l’analyse, le partage et l’unification des données.
NLP ou traitement du langage naturel
Ce volet de l’intelligence artificielle fait référence à l’aptitude des machines à comprendre le langage humain, qu’il soit oral ou écrit. Le processus lié au NLP comprend le prétraitement des données et l’élaboration d’algorithmes. Pour simplifier, le traitement du langage naturel prépare les données en les traduisant en codes exploitables par les machines grâce aux algorithmes de machine learning.
Intelligence artificielle conversationnelle
Une intelligence artificielle conversationnelle établit un lien de communication naturel entre les humains et les ordinateurs. Cela peut inclure, entre autres, des systèmes de messagerie automatique (comme des chatbots alimentés par l’IA) et des applications vocales (assistants vocaux). Une IA conversationnelle peut donc interpréter des textes ou des commandes vocales et répondre dans la même langue.
Pour concevoir un système de Composite AI, il est nécessaire de disposer d’une « architecture composite », qui est un cadre adapté à l’entreprise fonctionnant sur un tissu de données flexible permettant aux utilisateurs de s’ajuster aux systèmes et aux exigences changeants.
Le premier pas consiste à identifier le défi à relever. Ensuite, les scientifiques des données et les experts en IA doivent déterminer quels ensembles de données sont nécessaires pour appuyer la résolution de ce défi. Ils pourront ainsi choisir et appliquer une combinaison des techniques d’IA les plus adéquates en fonction des types de données.
Composite AI à travers divers secteurs
Pour un commerce de détail, le problème à résoudre peut être l’optimisation des stratégies de tarification et de promotion. Les données pertinentes pour apporter une solution incluent les transactions, les prix en place et ceux des concurrents, le niveau des stocks ainsi que les caractéristiques des clients. Ici, l’utilisation simultanée de plusieurs techniques de machine learning peut aider à évaluer l’impact des modifications de prix. En outre, cela permettrait de tester et d’ajuster selon les réactions clients.
Dans le domaine de la médecine, des technologies telles que la computer vision, la visualisation de données et le machine learning peuvent se révéler déterminantes. Elles sont capables d’évaluer l’efficacité des traitements médicaux pour des maladies telles que le cancer. Cette synthèse offre aux médecins l’aptitude de visualiser la réponse à un traitement face à l’évolution d’une maladie qui peut être difficile à percevoir visuellement dans certains cas.
La Composite AI peut également soutenir le secteur financier dans la réalisation des contrôles de conformité, en utilisant le NLP pour extraire des informations des documents commerciaux.
Après avoir choisi les meilleures techniques d’IA, on peut exploiter des pipelines de machine learning pour élaborer des modèles. Les principes d’une entreprise qualifiée de composable incluent l’amélioration continue, l’efficacité, la modularité et l’adoption d’innovations.
Au final, l’essence de la Composite AI réside dans une approche interdisciplinaire de l’intelligence artificielle. Plutôt que de se concentrer sur une seule méthode, cette stratégie s’adapte aux problèmes à résoudre. En d’autres termes, cette approche permet de répondre à une vaste gamme de problèmes complexes.
Les bénéfices de l’IA composite pour les entreprises contemporaines
L’IA composite propose aux entreprises une vision complète pour aborder des problématiques complexes. Cette synergie favorise une analyse approfondie des données, menant à des décisions plus éclairées et à une personnalisation accrue des services. Par exemple, dans le secteur santé, l’IA composite peut améliorer le diagnostic en intégrant des images médicales avec des dossiers patients, offrant ainsi une perception plus intégrale de la santé des individus.
En outre, cette méthodologie encourage l’innovation en permettant aux entreprises d’élaborer des solutions sur mesure pour des défis spécifiques, renforçant ainsi leur position compétitive sur le marché. En résumé, l’IA composite constitue un levier stratégique pour les entreprises cherchant à tirer pleinement parti des capacités de l’intelligence artificielle.
Défis et enjeux lors de l’implémentation de l’IA composite
Le déploiement de l’IA composite implique divers défis pour les entreprises. La complexité technique est évidente, nécessitant une intégration fluide de plusieurs technologies d’IA, ce qui peut requérir des compétences spécialisées et des ressources considérables.
La qualité et la diversité des données sont d’une importance capitale ; des données incomplètes ou biaisées peuvent affecter l’efficacité des modèles. De plus, des enjeux éthiques et réglementaires émergent, notamment concernant la confidentialité et la transparence des algorithmes.
Ainsi, les entreprises doivent établir des cadres de gouvernance solides pour garantir une utilisation responsable de l’IA composite. Enfin, la résistance au changement au sein des organisations peut entraver leur adoption, soulignant la nécessité de former et de sensibiliser les équipes aux avantages et aux implications de cette technologie.
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Le chemin de Pete Hegseth, de provocateur de campus à Fox puis au Pentagone
Aucune décision ne révèle plus clairement le mépris de Donald Trump pour les forces armées de son pays que sa sélection de l’animateur de télévision comme son secrétaire à la Défense.
Un élu RN des Bouches-du-Rhône se sépare discrètement de son assistant royaliste.
StreetPress a mis en lumière son engagement royaliste, particulièrement au sein de l’Action française (AF). Ce mouvement royaliste est notoire pour sa violence et son antisémitisme, ainsi que pour son mépris envers la République. Un CV légèrement préoccupant pour soutenir un député.
Ralph Atrach est familier du RN : avant son recrutement par Romain Tonussi, il a longtemps été actif au sein du Rassemblement national de la jeunesse (RNJ), participant aux campagnes pour les élections européennes de 2024, se photographiant aux côtés du député RN Franck Allisio en 2023, mais également avec des militants du groupuscule néofasciste Tenesoun. StreetPress l’avait déjà référencé à l’époque.
En octobre 2023, Ralph Atrach était en marche lors du défilé annuel de l’Action française, arborant un drapeau du mouvement et rendant hommage sur la tombe de l’auteur antisémite et royaliste Charles Maurras. /
Crédits : DR
Parallèlement, il est également actif à l’Union nationale inter-universitaire (UNI), le syndicat d’extrême droite dont il est élu au conseil de la formation et de la vie étudiante de l’université d’Aix-Marseille, et surtout à l’AF. Il est visible dans plusieurs publications de la section d’Aix-Marseille du mouvement royaliste, participant à un hommage à l’écrivain antisémite et fondateur de l’AF Charles Maurras, ou encore dans le « récap » d’un week-end “de cohésion” de l’organisation, où il est vu avec un drapeau portant le logo du mouvement autour du cou.
Cependant, le jeune homme avait déclaré à StreetPress ne pas avoir « jamais été membre de l’Action française », n’avoir « aucun engagement royaliste », et que son “parcours et ses engagements personnels [sont] strictement en accord avec les valeurs de la République française », ajoutant qu’il ne savait pas « qui était Charles Maurras et ce que représentait l’Action française ».
Contactés, ni le député Romain Tonussi ni Ralph Atrach n’ont apporté de réponse à nos questions concernant les motifs du départ de Ralph Atrach de l’équipe du député.
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Les agents publics exploitent-ils les congés de maladie de manière abusive ?
Guillaume Kasbarian n’aura pas tardé après sa prise de fonction au ministère de la Fonction publique, fin septembre, pour s’attirer les foudres des fonctionnaires. « J’accepte de ne pas dissimuler la dérive de l’absentéisme que nous pouvons constater dans les chiffres, a-t-il affirmé. Aujourd’hui, nous observons une hausse significative de la moyenne de jours d’absence par agent [de la fonction publique]. »
Le ministre a proposé au Parlement de prolonger le délai de carence en cas d’arrêt maladie des fonctionnaires, le faisant passer d’un jour actuellement à trois, comme c’est le cas dans le secteur privé. En théorie tout au moins, car les jours de carence sont, pour deux tiers des employés du privé, pris en charge par leur employeur.
Pour soutenir ses dires, Guillaume Kasbarian s’appuie sur diverses statistiques : le nombre de jours d’absence pour des raisons de santé par agent est monté à 14,5 en 2022. Cela représente, en termes d’indemnités journalières versées par l’Etat pour les arrêts maladie, 15 milliards d’euros uniquement pour la fonction publique. Toutefois, « il y a quelques années, la moyenne se situait à 8 jours », fait remarquer le ministre. Pour un salarié du privé, la moyenne s’établit à 11,7 jours, selon la revue des dépenses effectuée cet été par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF).
Peut-on en conclure, comme le suggère Guillaume Kasbarian, que les fonctionnaires abusent des arrêts maladie ?
Des profils spécifiques à la fonction publique
Avant de répondre à cette question, il est nécessaire de rappeler un point qui peut sembler évident : un arrêt maladie est prescrit par un médecin. « Si celui-ci ne souhaite pas en prescrire, s’il ne juge pas cela nécessaire, il ne le fait pas, souligne l’économiste Nicolas Da Silva. Or, dans le débat public, il est souvent question du “patient fraudeur”. » Que ce soit un salarié du privé ou, en l’occurrence, un agent de la fonction publique. « La manière d’aborder la question n’est donc pas vraiment conforme à la réalité », ajoute-t-il.
Revenons aux chiffres sur lesquels s’appuie Guillaume Kasbarian; il est primordial de les relativiser. « Pour comparer le public et le privé, il faudrait que les caractéristiques des travailleurs soient identiques », explique Nicolas Da Silva. Cependant, cela est loin d’être le cas, comme le montre le rapport de l’Igas et de l’IGF.
Dans le secteur public, les agents sont effectivement plus âgés que les employés du privé. Ils sont souvent davantage des femmes ou des personnes souffrant de maladies chroniques. Le statut, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau d’études ou la composition familiale influencent aussi la propension à l’absence. « Tous autres facteurs égaux, les agents titulaires ont par exemple un taux d’absence supérieur de 2 points de pourcentage à celui des agents sous contrat. », peut-on lire dans le rapport.
« [Toutes] ces caractéristiques rendent la fonction publique plus vulnérable à l’absentéisme que le secteur privé. »
Dit autrement : « S’il existe des différences entre le nombre d’arrêts maladie des agents et des salariés, c’est en premier lieu parce que les personnes travaillant dans le secteur public sont plus exposées à la maladie », explique Nicolas Da Silva.
Après avoir pris en compte ces caractéristiques, l’écart entre les absences pour raisons de santé dans le privé et le public se réduit presque entièrement, à l’exception de la fonction publique territoriale (FPT).
« Les caractéristiques des agents et des emplois expliquent 95 % des écarts de taux d’absence par rapport au secteur privé pour la fonction publique d’Etat et la fonction publique hospitalière, et 53 % pour la fonction publique territoriale », précise l’Igas et l’IGF.
Concernant la fonction publique territoriale, ce chiffre doit encore une fois être pris avec précaution : elle ne compte que 34 % des agents, pas la totalité de la fonction publique. L’écart du nombre d’absences, à l’aune du secteur privé, est également moins significatif lorsque l’on prend en compte les caractéristiques des fonctionnaires (âge, genre, état de santé, diplôme, etc.).
Enfin, le fait qu’une différence ne soit pas expliquée par le modèle statistique ne signifie pas qu’elle soit illégitime, autrement dit, qu’elle représente un abus ou une fraude. Même l’Igas et l’IGF le soulignent :
« L’écart inexpliqué signifie que la différence […] entre les absences [FPT et privé] n’est pas expliquée par les variables pouvant être contrôlées par le biais de l’enquête Emploi [dont se basent les données de l’étude, NDRL.]. Une partie de cet écart pourrait être justifiée par d’autres caractéristiques non incluses dans l’enquête. »
A commencer, par exemple, par la pandémie de coronavirus. « Le rapport indique qu’il n’existe pas de données sur l’impact du Covid sur les arrêts maladie des agents des trois versants de la fonction publique, alors qu’il y en a pour le régime général », souligne Nicolas Da Silva.
Une mesure contre-productive
Quoiqu’il en soit, le gouvernement est déterminé à étendre les délais de carence. Peu importe que le rapport de l’Igas et de l’IGF révèle l’absence d’abus chez les fonctionnaires en arrêt maladie. Ou que cette mesure nuise à tous les agents, et particulièrement aux femmes, aux seniors et aux personnes ayant des problèmes de santé.
Peu importe également si cette mesure s’avère finalement contre-productive, comme l’ont démontré plusieurs chercheurs en se fondant sur des expériences antérieures.
Cazenave-Lacroutz et Godzinski se sont, par exemple, penchés sur l’instauration en 2012 d’un jour de carence dans la fonction publique. Ils ont observé une réduction des absences de moins d’une semaine et une hausse des absences de plus d’une semaine.
Dans une autre recherche, l’économiste Catherine Pollak compare des employés bénéficiant d’une couverture du délai de carence par leur employeur à ceux n’en ayant pas. Elle conclut que les employés couverts s’arrêtent moins souvent et pour une durée plus courte.
<pAinsi, comme le résument Thomas Breda et Léa Toulemon dans leur revue de littérature sur la question pour l'institut des politiques publiques (IPP) :
« La mise en place d’un délai de carence n’augmente pas le total des jours d’arrêts maladie pris dans l’année, mais elle influence la répartition des arrêts. Grâce à un délai de carence, les employés prennent moins d’arrêts courts et davantage d’arrêts longs. »
Or, les arrêts longs engendrent des dépenses plus élevées pour la Sécurité sociale. Cela a également des conséquences sanitaires, soulignent les chercheurs de l’IPP :
« Il est possible que l’évitement des arrêts courts influence la santé des employés, dont les pathologies empirent et se transmettent à d’autres qui pourraient à leur tour décider de continuer à travailler pour éviter une perte de revenus. »
Les recherches sur le sujet montrent effectivement que l’allongement des délais de carence favorise le présentéisme, un phénomène déjà en hausse en France.
Et ce mal, en plus d’être nuisible pour la santé des individus, affecte également la productivité. « La performance au travail des employés qui se présentent malades diminue inévitablement, ainsi que celle de leur organisation », explique le sociologue Jean-François Amadieu, spécialiste du présentéisme.
Cet argument ne pèse cependant pas lourd face à un gouvernement qui ne cherche qu’à gratter les fonds de tiroir pour réaliser des économies : en augmentant à trois jours le délai de carence des fonctionnaires en arrêt maladie, et en abaissant à 90 % les remboursements de ceux-ci (contre 100 % aujourd’hui), l’exécutif espère économiser 1,2 milliard d’euros. Mais il ne prend pas en compte le coût des effets pervers de sa réforme, dont l’intention politique est par contre très claire : stigmatiser les fonctionnaires, une fois de plus.
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