Présidentielle : on se fout des programmes, vraiment ?
On peut distinguer le programme (liste de propositions qui seront transformées en politiques publiques une fois au pouvoir) du projet (l’idée générale, la vision de la société qu’on défend). Il y a des dilemmes à résoudre et des équilibres à trouver dans la communication d’un candidat. Trop concret, et le public se perd dans le détail des mesures, et ne voit pas quel est le projet d’ensemble. Trop général, trop abstrait, et ça ne parle à personne. Les gens ne comprennent pas en quoi cela va changer leur vie. L’enjeu n’est pas seulement d’avoir un programme séduisant par son contenu, mais aussi et surtout de convaincre qu’il est applicable, et sera appliqué. Le manque de confiance est une cause majeure de désintérêt pour les campagnes : on ne croit pas que les candidats tiendront leurs engagements, notamment parce que ces belles promesses sont proposées sans la contrainte d’avoir à les financer réellement. En fait, le véritable écueil c’est celui que rencontrent les gauche de rupture : le fait que leurs programmes sont toujours soupçonnés d’être utopiques, irréalisables. La multiplication des propositions concrètes peut alors jouer un rôle. On peut le voir comme un moyen de briser le “mur de l’utopie” en montrant les étapes intermédiaires et concrètes, les chaînons manquants qui mènent de la vie actuelle à la vie qui se dessine dans la société nouvelle. Une manière de dire “c’est possible, voilà comment on va faire concrètement”. Source