La semaine où la censure a de nouveau plongé son ombre sur la vie politique
Ultime semaine dans le procès des assistants parlementaires européens du Front national, le “parti le plus propre de France” – selon ses dirigeants. Semaine consacrée aux plaidoiries de la défense dans cette affaire de détournement de fonds publics au Parlement européen, évalué à 4,5 millions d’euros. Après le réquisitoire des procureurs (des peines de prison, des amendes, de l’inéligibilité ont été demandées), les représentants du Rassemblement national ont lancé “l’opération victimisation” : procès politique ! Complot visant à déclarer Marine Le Pen inéligible ! Les faits sont accablants, mais on ne sait pas ce qui adviendra : le réquisitoire des procureurs ne sera pas forcément suivi par les juges. Mais il existe une probabilité que Marine le Pen ne puisse pas se présenter en 2027. Quel que soit le candidat qui s’y présentera, on pourra à nouveau mesurer à quel point ses électeurs parviennent à surmonter mentalement toutes ces contradictions : le “seul parti intègre”, mais qui détourne 4,5 millions ; le parti qui réclame le retour de l’autorité, mais attaque l’Etat de droit ; les contempteurs du “laxisme” de la justice, mais qui pleurnichent quand elle s’applique à eux.
Une alerte sanitaire en France concerne la rhinopneumonie, une infection virale grave pour les chevaux, qui se propage rapidement dans plusieurs départements. Assocée à un rassemblement équestre en Sarthe, la maladie affecte principalement le centre et l’ouest du pays, avec des cas rapportés dans des zones à risque élevé. Les conséquences économiques sont significatives, avec des événements annulés entraînant des pertes financières pour le secteur équestre, qui compte plus de 670 000 chevaux. Les autorités recommandent des précautions strictes, comme l’isolement des chevaux suspects, et soulignent l’importance de la vaccination comme mesure préventive.
Chacun d’un côté du canal. La visite du président du Rassemblement National Jordan Bardella ce vendredi soir sur les quais de Sète a illustré de façon plus symbolique que jamais le face-à-face entre ses soutiens et ses opposants. Plus de 600 personnes, parmi lesquels une écrasante majorité d’électeurs du RN, sont venus chercher une dédicace de Jordan Bardella. De l’autre côté du canal, une centaine de militants antifascistes s’opposaient à la venue du député européen.
Les insultes ont fusé entre les deux quais, les bras d’honneur aussi. Salima est venue avec une banderole anti-Bardella, elle est “révoltée, on ne doit pas lui permettre de venir où il veut pour propager ses idées problématiques”. “On ne peut plus se faire dédicacer un livre sans être insultée !”, regrette sur l’autre rive Marie, une Sétoise de 27 ans soutien de Jordan Bardella.
Toutes les générations sont venues voir le président du RN. “Il a vite appris même s’il n’est pas énarque”, apprécie Corinne, elle aussi habitante de Sète et électrice du RN. “C’est le seul en qui j’ai confiance”, confie pour sa part Marion. Tous veulent une dédicace, une photo avec leur idole, accueillie à coups de “Jordan président”.
Ces électeurs du RN ne croient pas à une réconciliation avec les militants de gauche installés juste en face d’eux. “Ils n’aiment pas la France”, tranche Alain, retraité. “Je pense que ça va être compliqué, affirme Kylian, un jeune Sétois de 17 ans soutien de Bardella. Ils ne comprennent pas la vie des Français, on va avoir du mal à nous réconcilier”.
Plusieurs dizaines de policiers étaient sur place pour s’assurer que la situation ne dégénère pas.
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Chaque samedi, Alternatives Economiques vous propose une sélection de livres essentiels à découvrir. Cette semaine, nous mettons en avant : Salariés, libres… et heureux, par Pascal Lokiec ; Les ressorts dissimulés du vote RN, par Luc Rouban ; Résister, par Salomé Saqué ; et Les classes sociales en France, par Gérard Mauger.
De nombreuses études le révèlent, les travailleurs aspirent à plus d’autonomie dans leur environnement professionnel. Plusieurs recherches mettent en lumière l’importance de satisfaire cette aspiration, bénéfique pour les individus, les entreprises et la société dans son ensemble. Cependant, attention aux illusions, met en garde Pascal Lokiec, expert en droit social et enseignant à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Par exemple, la notion d’entreprise libérée. Chaque individu devrait pouvoir organiser son travail et ses périodes de congé selon ses propres souhaits. De prime abord, on pourrait croire qu’il n’y a pas mieux en termes d’autonomie ! Sauf que cela se traduit souvent par une préférence pour « la flexibilité des règles du jeu plutôt que la rigueur des lois » ! Pourquoi se soucier des droits du travail lorsque chacun peut s’organiser à sa guise ? Le droit du travail et les syndicats deviennent alors des « rigidités » superflues.
Cependant, le dirigeant oublie qu’il reste légalement responsable si ses employés dépassent les heures de travail légales sans compensation. Le fait que les travailleurs acceptent des rythmes effrénés ne tient pas sur le plan juridique. En réalité, pour que cela fonctionne pour tous, il est nécessaire d’avoir une confiance absolue entre tous les membres de la société, sans rapport de force, et un intérêt commun partagé. L’oiseau rare.
Les employés peuvent également se voir accorder formellement davantage d’autonomie, mais avec des conditions peu attrayantes. Par exemple, une surveillance accrue. Sanofi a intégré des puces dans les porte-badges pour surveiller chaque mouvement des employés. Les déplacements des chauffeurs et des livreurs sont minutieusement surveillés, mais bien sûr, uniquement pour des raisons d’efficacité, et si on enregistre les échanges entre les employés et les clients, c’est seulement pour améliorer la qualité de la communication. La promesse d’autonomie se transforme en un renforcement du contrôle disciplinaire exercé par l’employeur.
Une autre contrepartie peut être la mise en place d’objectifs ambitieux, voire très exigeants, dont l’atteinte peut conditionner la rémunération. L’utilisation de l’intelligence artificielle permet d’ailleurs d’aller assez loin à ce sujet : elle peut être employée pour définir les objectifs, superviser le travail et recommander des sanctions en cas de manquements. Toutes ces pratiques de fausse autonomie se reflètent dans les statistiques de la santé au travail, entre fatigue physique et détresse mentale. La performance individuelle devient la pierre angulaire du « bon travail », encouragée par des activités de team building, la ludification (es-tu capable d’atteindre la vitesse d’un jeu vidéo ?), le tout sous l’obligation d’un bonheur au travail orchestré par le chief happiness officer…
Pour réconcilier salariat et autonomie, pourquoi ne pas créer un cadre légal d’autonomie, propose le professeur de droit ? Le salarié établit ses conditions de travail, l’employeur peut refuser, à condition de motiver sa décision. Cela pourrait par exemple bénéficier à ceux désireux d’une semaine de quatre jours. Plus largement, les salariés devraient avoir voix au chapitre dans les décisions de l’entreprise et gagner plus de place au sein des conseils d’administration. Un livre enrichissant et très clair sur un sujet crucial.
Christian Chavagneux
Salariés, libres… et heureux ? La vérité sur l’autonomie au travail, par Pascal Lokiec, Odile Jacob, 2024, 217 p., 20,90 €.
La compréhension de la montée de l’extrême droite, en France et ailleurs, est un processus complexe. En réponse à l’excellente étude ethnographique de Félicien Faury, le politologue Luc Rouban propose une analyse fondée sur des enquêtes d’opinion, notamment à travers le Baromètre de la confiance politique de Sciences Po.
Bien que l’on ne doive pas nécessairement suivre toutes ses interprétations, comme celle qui déclare désuète l’analyse en termes de classes, ses chiffres offrent une multitude de leçons précieuses, parfois inattendues ou contraire aux idées reçues. Par exemple, cet électorat rejette la valorisation excessive des diplômes, tandis que l’insécurité, le souverainisme ou la demande d’autorité ne le différencient pas réellement.
L’auteur souligne aussi l’importance de distinguer deux formes de libéralisme économique : le premier, « budgétaire », qui prône la réduction des dépenses publiques, et le second, « entrepreneurial », qui appelle à une plus grande confiance dans le marché. Alors que le premier est généralement rejeté, le second connaît un soutien particulier parmi l’électorat du RN, un point que la gauche devrait impérativement considérer.
Igor Martinache
Les ressorts dissimulés du vote RN, par Luc Rouban, Les Presses de Sciences Po, 2024, 192 p., 14 €
La journaliste Salomé Saqué propose un ouvrage réconfortant contre l’extrême droite. Elle débute en évoquant l’histoire du Front national (FN), affirmant que le Rassemblement national (RN) n’a pas réellement rompu avec son prédécesseur. Elle rappelle notamment qu’en 2017, Marine Le Pen avait refusé de reconnaître la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv. Propos racistes, antisémites et théories du complot sont listés, avant de souligner que le parti ne vote quasi jamais en faveur de textes destinés à protéger les personnes LGBTQIA+ au niveau européen.
Enfin, elle évoque l’augmentation des violences d’extrême droite (Oslo en 2011, Pittsburgh en 2019, etc.). Son manifeste vise à contrecarrer la stratégie de dédiabolisation et de banalisation adoptée par Marine Le Pen au sein du RN. Après ce constat, elle propose ses pistes de résistance, citant l’exemple wallon où les médias se sont engagés à ne pas offrir de plateforme aux partis défendant des idées racistes ou discriminatoires. Elle souligne l’importance de défendre l’audiovisuel public en France, actuellement sous la menace du RN.
Naïri Nahapétian
Résister, par Salomé Saqué, Payot, 2024, 144 p., 5 €
Tandis que certains croient avoir mis fin à l’analyse des classes sociales, celles-ci font un retour en force dans le paysage. Plusieurs mobilisations récentes, à commencer par celle des gilets jaunes, ont souligné leur présence persistante. Voilà pourquoi il est pertinent de tenter de les dessiner dans la France contemporaine en s’appuyant sur des statistiques et des recherches existantes. C’est la mission que s’est donnée le sociologue Gérard Mauger dans ce petit ouvrage au titre en clin d’œil à Marx, que l’on aurait tort de réserver uniquement aux étudiants.
L’auteur aborde ainsi les enjeux théoriques liés aux classes sociales, même s’il survole quelque peu les débats contemporains. Il examine ensuite les tensions entre différentes formes de classement (scientifiques, ordinaires et administratifs), avant de définir les contours de ce qu’il appelle la bourgeoisie, la petite bourgeoisie et les classes populaires actuelles en France. Une synthèse précieuse tout en contribuant au débat public.
Igor Martinache
Les classes sociales en France, par Gérard Mauger, Coll. Repères, La Découverte, 2024, 123 p., 11 €.
Riley Wenckus a utilisé TikTok pour dire à Elon Musk qu’elle a payé “une sorcière d’Etsy” 7,99 $ pour rendre sa vie “un enfer vivant.” Un nouveau marché s’est ouvert pour d’autres cherchant à suivre son exemple.
Lors de la conférence technologique annuelle pour les professionnels noirs, tous les regards étaient tournés vers l’IA—mais beaucoup se préparaient également à l’impact d’une administration Trump qui a promis de tuer la DEI.
Le mémoire de l’ancienne chancelière allemande évoque le penchant du président américain pour les tyrans et sa fascination apparente pour PoutineLe premier erreur d’Angela Merkel avec Donald Trump, dit-elle dans son très attendu nouveau mémoire, a été de le traiter comme s’il était “complètement normal”, mais elle a rapidement découvert sa nature “émotionnelle” et son penchant pour les autoritaires et les tyrans.Dans des extraits de son ouvrage de plus de 700 pages, Liberté, publiés dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit, l’ancienne chancelière allemande raconte qu’elle a initialement mal interprété Trump lors de leur première rencontre en 2017 dans le bureau ovale, où il a tenté de l’humilier en refusant de lui serrer la main devant les caméras. Continue reading…
C’est une « victoire initiale », s’est réjouie Marion Maréchal. La députée européenne d’extrême droite a réussi, en moins de vingt-quatre heures, à faire différer un débat contre le racisme prévu au Parlement européen. « Nous resterons particulièrement attentifs : ce report devra se transformer en une annulation définitive », a averti la dirigeante du mouvement Identité-libertés, partenaire du Rassemblement national (RN).
attaques visant des élus ou des journalistes, incidents sur des festivals ou des lieux alternatifs, manifestations contre des étrangers ou violences envers des personnes LGBT+… Depuis deux ans, la Bretagne est marquée par des actions orchestrées par l’extrême droite. Des groupes violents, parfois rejoints par des hooligans, se sont formés dans des communes pourtant reconnues pour leur tradition de gauche comme Rennes (35). Et ce, bien que la région soit historiquement peu réceptive au Rassemblement national (RN) dans les urnes.
Dans ce deuxième épisode vidéo en lien avec notre cartographie de l’extrême droite en France, où StreetPress a recensé 320 groupes locaux ou organisations d’extrême droite actifs dans 130 villes, nous nous sommes rendus en Bretagne pour analyser cette flambée de violence politique. À Saint-Brieuc ou Carhaix, nous avons échangé avec des militants associatifs et des journalistes pour rapporter ces événements. Ce reportage constitue le deuxième volet d’une série de quatre sur notre cartographie.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=03nwUl1CWE8?si=niOmztS5dhD_KKg0&w=560&h=315]Nous explorons également les tensions subies par les artistes drags et les individus LGBT+ à Rennes. Plusieurs d’entre eux, comme Violetta, ont même été agressés, comme StreetPress l’avait documenté dans une enquête en octobre. Cette montée de l’extrême droite dans les rues bretonnes n’a toutefois pas infléchi les résultats électoraux. Lors des législatives de 2024, aucun représentant RN n’a été élu dans les 27 circonscriptions de la région. Cependant, le parti a doublé son score par rapport aux élections précédentes : 13,63 % en 2022 contre 27,7 % en 2024.
NOTRE CARTOGRAPHIE DE L’EXTRÊME DROITE RADICALE
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