“Wicked” et “Gladiator II” offrent des affrontements nostalgiques et à moitié satisfaisants
Avec un retour musical à Oz et une épopée sanglante de la Rome antique, les studios hollywoodiens parient sur le spectacle à gros budget.
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Pensez à un moment où vous n’avez plus à faire de choix, appelons cela « des vacances décisionnelles »
Durant une semaine, l’intelligence artificielle générative a pris en main ma vie. Que ce soit pour mes repas ou mes messages familiaux, tout était orchestré par des chatbots. Au final, cela a donné lieu à un ensemble d’efficacité, de décisions discutables et de situations inattendues.
Lorsque l’intelligence artificielle s’implique dans vos choix quotidiens, l’efficacité devient captivante, mais il y a un manque flagrant d’authenticité humaine.
L’IA a débuté par l’organisation de mes repas et la création d’une liste de courses structurée. ChatGPT a préparé un menu équilibré en un clin d’œil. Avec une patience sans fin, il a également vérifié que mon caddie contenait tout ce qu’il fallait.
— Moi : « Tu prendras les décisions concernant les repas de ma famille cette semaine. Que dois-je acquérir ? Classe la liste par section, en commençant par les fruits et légumes. »
— ChatGPT : « Voici ta liste de courses, classée par section. »
Mes enfants étaient fascinés par cette voix à la fois amusante et réconfortante, que nous avons surnommée Spark. Spark ne se limitait pas à être un assistant culinaire, il a également structuré mes journées de vacances décisionnelles avec des rappels pour faire des pauses d’étirement et suggérer des jeux familiaux en soirée.
La vie orchestrée par l’IA ressemblait à une retraite de bien-être parfaite. Mes enfants ont pris plaisir aux jeux proposés par Spark, comme Pass the Story. Néanmoins, cette perfection perpétuelle a commencé à devenir lourde : tout était trop optimisé, et cela manquait de chaleur humaine.
— Spark : « Que diriez-vous de débuter une histoire sur un arbre enchanté dans une forêt magique ? »
Un projet que j’avais depuis longtemps était de repeindre mon bureau. J’ai recouru à des applications d’IA pour déterminer la couleur parfaite. Après avoir pesé le pour et le contre entre taupe, sauge et terre cuite, ChatGPT m’a orienté vers une teinte olive.
— Moi : « Laquelle de ces couleurs ressemble le plus à celle que nous avions choisie ? »
— ChatGPT : « Sur la base de la teinte olive, Secluded Woods semble être le choix idéal. »
Bien que pratique, cette recommandation avait quelque chose d’inquiétant, comme si je confiais une décision cruciale à un étranger. Pourtant, la couleur choisie, Secluded Woods, a été plutôt réussie.
L’expérience a pris une tournure inattendue lorsque l’IA a évalué ma garde-robe. Style DNA a scruté mon style et suggéré de nouvelles tenues. Lors de mes essayages, presque tout a été rejeté, sauf un débardeur en tricot olive et un jean taille haute.
— Style DNA : « Je te conseille un débardeur en tricot olive et un jean à taille haute. Correspondance : 100 %. »
Mes collègues ont ri de mes selfies en vêtements approuvés par l’IA. Ils ont fait des comparaisons avec le look d’un mannequin d’un autre temps. C’était adapté, mais manquait d’inspiration.
Cloner ma voix et élaborer un avatar vidéo ont été des expériences déroutantes. L’IA a conçu des messages qui, bien que chaleureux, paraissaient inquiétants et légèrement artificiels. Lorsque j’ai envoyé un message vidéo à ma mère, elle a été déconcertée. Elle a trouvé mon avatar effrayant et inauthentique. Même mes proches ont remarqué le manque de sincérité dans les messages que l’IA avait préparés pour eux.
— Moi : « Envoie-moi ce message vidéo chaleureux à ma mère. »
— Maman : « Tu avais l’air tellement faux ! Je pensais que tu étais en colère contre moi ! »
Malgré son efficacité, l’IA n’a souvent pas affiché de personnalité. Viktor Mayer-Schönberger, éminent professeur à l’Oxford Internet Institute, a tout à fait raison : l’IA doit améliorer l’efficacité, mais elle ne garantit pas l’innovation. Les chatbots étaient rapides et compétents mais aucun d’eux ne pouvait réellement saisir ou exprimer ma singularité.
Après cette semaine de « vacances décisionnelles », j’étais contente de retrouver le contrôle. Les assistants IA avaient géré ma vie de manière fluide, mais sans un brin de charme. Bien que l’IA puisse accroître notre productivité, elle ne peut encore remplacer le jugement ou la spontanéité d’un être humain.
Une alternative cultivée en laboratoire au foie de canard engraissé offre un avenir controversé pour l’industrie de la viande cultivée : comme un produit de luxe pour quelques-uns.
Il est regrettable que certaines réalités persistent. D’après une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) réalisée au milieu de l’année 2023, 16 % des Français ne consomment pas une alimentation suffisante, tandis que 45 % mangent suffisamment mais sans toujours pouvoir accéder aux aliments désirés.
Les conséquences de l’inflation sur ces manques sont significatives, comme le montre les statistiques des Restos du cœur : en 2022-2023, 18 % de personnes supplémentaires y ont reçu de l’aide par rapport à l’année précédente.
Les banques alimentaires se trouvent en première ligne. L’un de leurs principaux défis est d’augmenter l’approvisionnement en fruits et légumes. Bien qu’elles soient limitées par la composition des stocks invendus de la grande distribution qui leur sont destinés et la logistique plus contraignante des produits frais par rapport aux produits secs, elles bénéficient de l’aide d’organisations de l’économie sociale et solidaire qui se sont engagées à fournir des aliments de qualité aux plus défavorisés.
C’est le cas de Solaal, une association qui regroupe onze antennes régionales (seule la région Nouvelle-Aquitaine est absente) et a été créée en 2013 pour lutter contre la précarité alimentaire et les pertes agricoles. L’association collecte les fruits et légumes auprès des producteurs « lorsqu’ils rencontrent temporairement des difficultés pour vendre leur production », souligne Angélique Delahaye, sa présidente.
Solaal s’occupe ensuite d’organiser le don dans son intégralité, du retrait à l’exploitation jusqu’au transport vers l’association d’aide alimentaire concernée (Restos du cœur, réseau d’épiceries solidaires, Secours populaire, etc.). En dix ans, 35 000 tonnes ont été sauvé de la benne, correspondant à 70 millions de repas.
Depuis quelques années, des récoltes sont également effectuées lors d’opérations de « glanage solidaire » pour des producteurs n’ayant pas pu tout cueillir, pour des raisons techniques ou de calibre. C’est une occasion de créer un lien entre les glaneurs bénévoles – des jeunes du milieu agricole ou des bénéficiaires de l’aide alimentaire – et les agriculteurs.
Ne générant jusqu’à présent aucun chiffre d’affaires, la structure, qui emploie six salariés à l’échelle nationale et quatorze dans ses antennes, dépend des subventions publiques et du mécénat privé.
Elle explore de nouveaux champs d’activité, en offrant la possibilité aux producteurs de vendre certains de leurs produits « à un prix qu’ils déterminent et que nous ne négocions pas », insiste Angélique Delahaye. Une petite part des revenus revient à Solaal, ce qui permet de maintenir la gratuité de la gestion des dons.
De leur côté, les associations d’aide alimentaire achètent les produits grâce aux aides nationales du fonds « Mieux manger pour tous », instauré en 2023 pour améliorer la qualité nutritionnelle des denrées alimentaires d’aide.
A Romans-sur-Isère (26), la conserverie mobile et solidaire, réactivée en 2023 par une nouvelle équipe, a deux ambitions : sensibiliser à la cuisine locale et de saison, ainsi qu’à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Pour cela, elle propose des animations dans des maisons de quartier, des centres sociaux ou selon les demandes de la communauté d’agglomération, ainsi que des ateliers de cuisine ou de préparation de conserves en bocaux.
Ce volet « animation » de La conserverie, constituée en société coopérative d’intérêt collectif (Scic) qui implique dans sa gouvernance les salariés, les maisons de quartier et les bénéficiaires, est associé à une activité de préparation de bocaux pour éviter le gaspillage de productions agricoles. Le tout s’effectue grâce à un camion équipé d’un autoclave capable de réaliser 200 bocaux simultanément.
Une fois les bocaux confectionnés et la prestation rémunérée par les agriculteurs utilisant le camion – ils sont actuellement une dizaine à l’utiliser régulièrement – c’est à eux de gérer leur circuit de distribution : paniers pour des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), marchés, vente directe, etc.
Cependant, une partie de la production de La conserverie est dédiée aux plus démunis.
« Nous menons des opérations de glanage solidaire avec des bénévoles, puis un processus de transformation collective en bocaux, qui sont ensuite distribués aux associations d’aide alimentaire », décrit Célia Schwaederlé, responsable de l’animation-formation de la structure.
Le but est d’étendre la production. « Nous réalisons des économies d’échelle avec les bocaux : plus nous en produisons, plus les coûts diminuent », admet Célia Schwaederlé. En attendant, c’est en grande partie grâce à l’animation que les trois mi-temps des salariées de La conserverie sont financés, soutenus en outre par des subventions publiques.
A Nantes (44), la branche locale de l’association nationale Vrac s’adresse, quant à elle, aux résidents des quartiers prioritaires de la ville et des logements sociaux, à qui elle propose de faire des achats en vrac, principalement de produits bio. Elle dispose d’environ soixante produits, parmi lesquels des œufs, du fromage, du café, des pâtes, des haricots rouges et, récemment, une offre ponctuelle de fruits et légumes.
Vrac Nantes, avec ses quatre salariés à temps plein, dessert près de 800 foyers sur sept quartiers et collabore avec une vingtaine de producteurs.
« Lorsque nous devons choisir entre le bio et le local, nous privilégions le bio, car l’impact écologique des pratiques agricoles est plus déterminant que celui du transport », explique Guillaume Hernandez, responsable de Vrac Nantes. « Les producteurs qui nous ont rejoints au départ étaient plutôt motivés par un engagement militant pour rendre le bio accessible. Aujourd’hui, nous leur offrons un véritable débouché ! »
L’association fait appel à des dégustations pour se faire connaître auprès des habitants, par le biais de travailleurs sociaux, d’autres partenaires du quartier ou de bailleurs.
Pour les consommateurs, « nous sommes 30 à 40 % moins chers que les enseignes bio. Une boîte de six œufs bio et locaux coûte entre 1,10 € et 2,20 € », donne-t-il en exemple. Le prix constitue également le principal attrait pour les habitants.
« Au départ, lorsque l’on évoque le bio, les habitants sont réticents, pensant que cela est réservé aux ménages aisés en centre-ville », précise-t-il. « Des rencontres avec les producteurs, organisées plusieurs fois par an, permettent à certains de changer d’avis, en découvrant ce que le bio implique en termes de qualité des produits, de conditions de production, mais aussi de travail pour les agriculteurs. »
Ces visites et les ateliers de cuisine orientent les adhérents dans la préparation de plats avec les aliments fournis, mettant l’accent sur la sensibilisation à la nutrition chez Vrac.
En parallèle, l’association a récemment lancé l’expérimentation d’une caisse sociale de l’alimentation, qui est l’application locale des principes de la Sécurité sociale alimentaire, déjà en place à Montpellier, Lyon ou Bordeaux.
L’objectif est de démontrer sur le terrain que l’instauration de ce système, basé sur les mêmes trois piliers que notre système de santé – l’universalité, la cotisation et la convention des produits – peut structurellement répondre à la précarité alimentaire, qui est fondamentalement multifactorielle. Et mérite d’être instaurée à l’échelle nationale. Qu’en pensez-vous ?
POUR ALLER PLUS LOIN :
Le débat « Comment se passer des pesticides sans appauvrir les agriculteurs ?» aura lieu le vendredi 29 novembre à 14 h 30 durant les Journées de l’économie autrement, à Dijon. Consultez le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.
Le court documentaire de Devon Blackwell explore comment ses arrière-grands-parents ont perdu la maison qu’ils possédaient depuis 1892, et l’impact de cette perte sur des générations de sa famille.
Casque audio placé sur les oreilles, Louise est plongée dans le récit d’une personne ayant subi des violences sexuelles, qui s’exprime pour la première fois. « Vous n’êtes pas en faute. Le fait de ne pas être capable de dire non ne signifie pas que vous ayez donné votre consentement », lui affirme calmement l’écoutante du Collectif féministe contre le viol (CFCV). De manière automatique, Louise écrase un cafard qui grimpe sur son bureau avec un cahier, tout en continuant de rassurer la personne en détresse au bout du fil. À la fin de l’appel, la travailleuse sociale fait un débriefing :
« Les cafards sont devenus si quotidien qu’on n’y prête plus attention. On les retrouve même dans le café. »
Basé dans des bureaux au sud de Paris, le Collectif féministe contre le viol écoute les témoignages de victimes et leur offre un soutien à travers sa ligne d’écoute anonyme et gratuite (1) – le 0 800 05 95 95, la seule spécifiquement consacrée aux violences sexuelles. Une mission de service public que l’État transfère aux associations, sans toutefois leur fournir un soutien proportionné à l’ampleur de la tâche, alertent les organisations par divers moyens. Ces derniers mois, les infiltrations d’eau et la dégradation progressive des locaux du CFCV ont altéré leurs conditions de travail, déplore Sophie Lacombes, responsable de mission :
« Notre travail sauve des milliers de femmes, mais il se fait au milieu des cafards, des fuites d’eaux usées et des odeurs insupportables… »
Le Collectif féministe contre le viol écoute la parole des victimes. /
Crédits : Pauline Gauer
Des morceaux de scotch ont été utilisés pour limiter la propagation accrue des cafards. /
Crédits : Pauline Gauer
Depuis sa fondation en 1985, le collectif loue ses bureaux à la mairie de Paris : quelques pièces dans un immeuble datant des années 1960, dont l’état s’est détérioré au fil des ans. « Il y avait quelques cafards avant, mais c’était supportable », juge Sophie Lacombes. « Aujourd’hui, ce n’est plus supportable. » Fréquemment, les toilettes de l’immeuble débordent à l’étage du CFCV à cause d’une des cuvettes du palier, entraînant des inondations désagréables.
Le Collectif féministe contre le viol souffre de problèmes d’inondation depuis plusieurs mois. /
Crédits : Pauline Gauer
Les sols sont abîmés, les plinthes sont déformées. « Nous avons dû ajuster les portes gonflées puisqu’elles devenaient difficiles à ouvrir », indique la responsable de mission. Des morceaux de scotch ont été utilisés pour calfeutrer l’ancien vide-ordures et réduire la prolifération des cafards, à cause des déjections. « Avec le temps, on sait où placer nos affaires pour ne pas ramener de cafards à la maison ! » Elle ajoute, sérieuse :
« Il arrive qu’on se retrouve les pieds dans l’inondation et qu’on soit même obligées de réorganiser rapidement nos activités. »
Quatre fois depuis cet été, les toilettes ont tellement débordé que le personnel a dû quitter les locaux. Si les écoutantes continuent leurs appels, le reste de l’équipe tente de gérer les dégâts des eaux pour protéger les archives précieuses. Elles compilent tous les témoignages reçus depuis la création du collectif. « Les victimes peuvent nous les demander afin de les utiliser comme preuve lors de procès », précise Sophie Lacombe. « Nous avons rapidement écrit sur un post-it aux collègues en ligne de ne pas accepter d’appels supplémentaires », s’émeut Louise, l’écoutante :
« C’est déchirant : pendant plusieurs heures, le temps de passer au télétravail ou d’appeler une entreprise en urgence, la ligne d’écoute reste muette et des victimes demeurent sans réponse. »
Sophie Lacombes, responsable de mission au Collectif féministe contre le viol. /
Crédits : Pauline Gauer
Depuis 2017 et le mouvement MeToo, le CFCV a enregistré une augmentation de 10 % à 20 % des appels chaque année. « Nous parvenons encore à répondre à toutes les demandes des victimes, mais la ligne est débordée », s’inquiète Sophie Lacombes. Malgré des subventions de l’État jugées insuffisantes par le collectif, il a réussi à établir trois nouveaux postes ainsi qu’une nouvelle ligne d’écoute en 2021 : celle consacrée aux violences sexuelles dans l’enfance (2), en plus des deux équipes de six écoutantes pour le service historique dédié aux victimes de violences sexuelles. « Nous les avons placées dans la salle où nous mangions auparavant », s’indigne Sophie Lacombes. « La seule pièce inutilisée reste dans l’obscurité, ses volets électriques ne fonctionnant plus… »
En 2021, le collectif a lancé une ligne d’écoute pour les violences sexuelles dans l’enfance. /
Crédits : Pauline Gauer
Pour le plus grand soulagement de l’équipe, aucune inondation ne s’est produite en présence de femmes venues participer à un groupe de parole ou à un entretien individuel avant un procès. Cependant, la dégradation des bureaux et des conditions de travail requiert une énergie additionnelle de la part des salariées, en plus de leur mission d’assistance aux victimes.
Consciente de la situation, la direction du Logement de la Mairie de Paris a assuré par email qu’elle « était activement à la recherche d’une solution de relogement au sein de son patrimoine ». Mais, elle se dégage de sa responsabilité :
« Minoritaire dans cette copropriété, la mairie de Paris sollicite régulièrement le syndic pour résoudre les problèmes. »
Quelques propositions de relogement ont été faites au CFCV depuis l’été. « Soit elles dépassaient notre budget, soit elles ne répondaient pas aux exigences de notre mission, telles qu’un accès discret et sécurisé pour accueillir les victimes », précise Sophie Lacombes. En attendant, le CFCV fait appel aux dons pour assurer sa pérennité financière (3) et continue de répondre aux appels entrants. « Aider les victimes à sortir de la violence vaut bien tous les cafards du monde », tente de minimiser Louise.
(1) « Viol Femmes Informations », ligne gratuite et anonyme, disponible du lundi au vendredi de 10h à 19h : 0 800 05 95 95
(2) « Violences Sexuelles dans l’Enfance », ligne gratuite et anonyme, accessible du lundi au vendredi de 10h à 19h : 0 805 802 804
(3) Une cagnotte en ligne est présente ici
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Est-ce que quelqu’un faisait référence à cela ? | Image : Cath Virginia / The Verge Sans vouloir énoncer l’évidence, l’IA est vraiment omniprésente en ce moment. Il y a de l’IA dans votre voiture, dans votre application de messagerie, et même dans vos lunettes. J’ai tendance à me désensibiliser à tout cela à cause de mon travail, mais c’est l’IA DJ de Spotify qui a réellement retenu mon attention. J’ai écouté une station de radio top 40 depuis deux décennies, donc je connais bien le concept d’un robot qui sélectionne la musique pour moi. Dans ce cadre, un DJ AI ne semble pas révolutionnaire. Cependant, après l’avoir utilisé de manière sporadique pendant une semaine, je suis convaincu que c’est l’analogie parfaite pour notre époque d’IA omniprésente. C’est étonnamment humain, et cela propose beaucoup de mélodies que j’apprécie. Mais croyez-moi, ayant accès à une station indie locale de qualité — laquelle emploie de vrais DJs ! — rien ne vaut l’authenticité de la vraie chose. L’IA DJ de Spotify a été lancée début 2023, mais c’est récemment qu’elle a attiré mon attention en cherchant des morceaux propices au travail. La voix de l’IA m’a salué par mon prénom, puis après un bref prélude, m’a indiqué qu’elle avait choisi des “vagues de dream pop et néo-psychédélisme”. Quand la musique a démarré, j’ai été irrité par sa qualité. Je ne devrais pas être surpris, vu que Spotify dispose de presque une décennie de données sur mes préférences musicales. Elle s’est également appuyée sur mes écoutes précédentes pour le morceau suivant : une chanson de Classixx, dont j’ai énormément écouté l’album Hanging Gardens l’année dernière. Toutefois, bien que j’aie entendu Hanging Gardens sur Spotify, je ne l’ai pas découvert là-bas. J’ai entendu ce titre pour la première fois sur KEXP — une station…
La comédie dramatique de Tyler Thomas Taormina sur une famille de Long Island se targue de certaines des caractérisations les plus aiguisées de l’année et d’une forme narrative remarquablement originale.
What’s really behind these return-to-office mandates?
« En 2023, mon revenu est devenu négatif. Aujourd’hui, je repars à la hausse. » Suite à la crise qui a durement affecté les acteurs du bio durant les trois dernières années, Jérôme Caillé, agriculteur dans les Deux-Sèvres, retrouve de l’espoir, tout comme de nombreux de ses collègues.
Établi en 2002 sur une exploitation de 100 hectares dédiée à la grande culture, ce responsable d’exploitation s’est tourné vers le bio en 2011 et a commencé l’année suivante un élevage de volailles pour diversifier ses activités. En 2017, il a investi dans deux nouveaux bâtiments pour l’élevage avicole, encouragé par la forte augmentation de la demande : « Il y avait un manque de volaille bio partout. »
Évidemment, ce n’est pas la fortune assurée. Après avoir réglé ses charges, Jérôme Caillé parvient à tirer un revenu équivalent à 986 euros nets par mois grâce au bio. Mais au moins, son exploitation était fonctionnelle. Cela a duré jusqu’à cette année 2023, où il a subi à la fois la grippe aviaire et la perte de ses clients. Les vides sanitaires de ses poulaillers se sont transformés en absence de commandes.
L’inflation après le Covid et la hausse des prix en début de guerre en Ukraine ont dans un premier temps été bénéfiques. Mais rapidement, les consommateurs, touchés financièrement, ont restreint leurs acquisitions de produits bio, jugés plus coûteux que ceux conventionnels. Alors que le marché français du bio avait doublé entre 2016 et 2020 pour atteindre 13,3 milliards d’euros, sa croissance a été interrompue en 2021 (– 0,5 %), suivie d’un déclin en 2022 (– 3 %) et d’une stagnation en 2023 (0 %).
Dans les grandes et moyennes surfaces (GMS), représentant 50 % du marché, cette situation a incité les responsables à retirer des produits des rayons, en raison de la rentabilité des linéaires, entraînant ainsi une chute des ventes (– 2 % en volume en 2021, – 7 % en 2022, – 13 % en 2023).
Du côté des magasins bio spécialisés, qui représentent 28 % du marché, l’année 2023 a été marquée par 298 fermetures, après 200 en 2022. Seule la vente directe a su tirer son épingle du jeu. Cependant, bien que son poids soit significatif (14 % du marché), sa dynamique ne compense pas les pertes.
Ce choc sur la demande a impacté en amont. Pour les agriculteurs, les pertes ont été évaluées par la profession à environ 300 millions d’euros par an ces deux dernières années, partiellement compensées par 200 millions d’euros d’aides d’urgence octroyées durant la période 2023-2024. Pour la première fois, en raison des cessations d’activité et des reconversions, les surfaces en bio ont diminué en 2023 (– 1,9 %).
Depuis, l’inflation a diminué. Et la demande pour le bio recommence à augmenter. Mais cette reprise d’activité n’est pas uniquement due à cela. Avec la crise, Jérôme Caillé témoigne : « Des groupements de producteurs se sont complètement désinvestis. Cela libère un marché très étroit : environ 2 % de la volaille consommée en France est bio ».
Henri Godron, président de Biocoop et vice-président de Synadis Bio, qui représente la distribution spécialisée, observe une tendance similaire. « Le marché reprend des couleurs. Bien qu’il y ait encore des fermetures de magasins, l’hémorragie semble se ralentir. » Et après deux années difficiles, Biocoop a enregistré une progression de son chiffre d’affaires « de plus de 5 % » durant les trois premiers trimestres. Mais là encore, au-delà du fait que cette croissance débute à un niveau plus bas, « c’est aussi lié à la baisse du bio dans les grandes et moyennes surfaces. Cela a attiré chez nous des clients qui n’y trouvent plus leurs produits ».
Car la grande distribution, qui est le principal moteur de la demande adressée à l’amont, ne semble toujours pas redémarrer.
« Auchan, Intermarché… J’ai rencontré plusieurs distributeurs, tous ont reconnu qu’ils avaient ralenti trop fortement, que des consommateurs s’étaient tournés vers d’autres options, raconte Jérôme Caillé, qui est également président de la commission bio de la Coopération agricole. Ils affirment aujourd’hui vouloir garder de la visibilité dans les rayons. Système U l’a fait, mais les autres réfléchissent encore ». On y verra plus clair d’ici la fin de l’année, lorsque leurs commerciaux auront négocié volumes et prix pour 2025. »
Pour leur part, les entreprises de transformation n’ont pas encore constaté de changements notables. Au contraire, Claire Dimier-Vallet, directrice de Synabio, déplore : « Nos membres ont observé une baisse de 4 % de leur chiffre d’affaires dans les GMS au premier semestre 2024. »
« Les arrêts d’activité ont apporté un répit, résume Sophia Majnoni, déléguée générale de la Fédération nationale d’agriculture biologique – Fnab). Mais je ne constate pas de reprise structurelle, alors que nous n’atteignons qu’un dixième des surfaces en bio. »
Soit très loin des 18 % ciblés dans trois ans, selon l’engagement de la France formalisé dans son Plan stratégique national pour la Politique agricole commune 2023-2027. Et encore plus éloigné des 25 % envisagés au niveau de l’Union européenne d’ici 2030.
Pour y parvenir, des mesures de fond sont nécessaires. D’une part, pour promouvoir la demande, d’autre part, pour garantir des revenus stables aux producteurs. Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio, souligne avec justesse ce premier axe :
« On ne peut pas décider d’imposer 18 % de surfaces en bio. Il faut qu’il y ait derrière 18 % de bio dans les assiettes des Français. Or, cette part a reculé l’an dernier de 6,4 % à 6 %, pendant que les Allemands sont à 9 %, les Suédois ou les Autrichiens à 10 %, les Danois à 12 %… »
Pour réduire cet écart, poursuit Laure Verdeau, il est essentiel de redoubler d’efforts en matière d’information et d’éducation. Il faut expliquer aux Français que le bio est bénéfique pour leur santé et pour l’environnement. Que 70 % du bio est produit en France et que les importations se composent majoritairement de produits exotiques. Que ce n’est pas nécessairement plus cher si l’on combat le gaspillage et diversifie les sources de protéines. Et qu’il existe une différence entre le logo officiel AB et la multitude de labels « verts » qui introduisent la confusion dans les esprits.
La bonne nouvelle est qu’à cette occasion, grâce à des soutiens du secrétariat général à la planification écologique, l’Agence Bio a reçu un budget significatif pour sa campagne de communication « Bio-Réflexe », à hauteur de 15 millions d’euros sur les trois années suivantes.
Cependant, les principaux moyens de promotion institutionnelle proviennent des interprofessions, comme les 20 millions d’euros annuels pour l’interprofession laitière, par exemple. Ces interprofessions, organisées par filières (lait, porc, fruits et légumes, céréales…) où dominent les producteurs conventionnels, ne souhaitent pas discuter de publicités différenciées en faveur du bio.
On touche ici un problème fondamental. Le cadre légal français interdit l’établissement d’une interprofession « bio », sous prétexte que le bio n’est pas considéré comme un produit. Chaque agriculteur bio doit donc verser une cotisation à l’interprofession correspondant à sa filière. Et même si certaines interprofessions s’engagent un peu plus que d’autres, l’investissement en faveur du bio est largement inférieur au volume des cotisations reçues de ces producteurs.
« Au Danemark, l’Etat a contraint les interprofessions de filière à communiquer sur le bio. De plus, les agriculteurs bio ont également obtenu leur interprofession bio, contrairement à ce qui se passe en France, » précise Sophia Majnoni. Cela explique pourquoi dans un supermarché danois, chaque produit a son équivalent bio et que la part de consommation bio y est le double de la nôtre. »
Un autre levier serait, comme beaucoup l’aspirent, d’imposer la loi Egalim, qui stipule que 20 % des repas servis en restauration collective doivent être bio. La moyenne nationale est péniblement de 6 %, et ce uniquement dans les cantines scolaires.
Pourtant, de nombreuses régions dépassent largement ce seuil, atteignant même 100 %, sans augmentation du « coût matière », grâce à une meilleure gestion des gaspillages et une certaine végétalisation des menus. La question est moins celle du budget de fonctionnement que de l’investissement initial en animation et en formation. Diminuer le fonds vert des collectivités locales par rapport aux engagements initiaux n’aidera pas dans cette démarche.
Établir des obligations significatives, notamment pour les grandes surfaces, les interprofessions et les collectivités : le programme Ambition bio 2027 lancé par le ministère de l’Agriculture au printemps dernier se montre hélas peu ambitieux. Et il est regrettable qu’il n’y ait aucune mention du bio par la ministre Annie Genevard lors de son discours de passation ou lors du sommet de l’élevage, comme si cette thématique n’était pas primordiale au regard des enjeux climatiques et de biodiversité.
De plus, développer la demande ne suffira pas si, en contrepartie, les producteurs nationaux ne reçoivent pas un meilleur soutien et une protection face aux fluctuations du marché. Une fois de plus, la question se pose.
« Les acteurs du bio réclament un mécanisme de gestion de crise, comme c’est le cas pour le conventionnel », note Claire Dimier-Vallet.
Étant donné que le bio n’est juridiquement pas reconnu comme une filière, il ne peut pas bénéficier des outils européens pour la régulation des marchés. Les aides d’urgence apportées par la France aux producteurs bio au cours des deux dernières années ont été autorisées à Bruxelles au titre des aides d’État exceptionnelles en lien avec le Covid et la situation en Ukraine, mais pas dans le cadre du règlement sur l’organisation commune des marchés (OCM).
Le gouvernement porte cette demande à l’échelle européenne, mais cela pourrait s’avérer être un long combat : « Nous sommes presque les seuls à solliciter une modification du règlement OCM, car dans la plupart des autres pays européens, le bio ne traverse pas de crise », déclare Sophia Majnoni. Notamment parce qu’ « il » bénéficie d’un soutien très supérieur ».
Pour la déléguée générale de la Fnab, la crise du bio a commencé en 2017, lorsque la France a choisi de supprimer les aides au maintien, contrairement à la plupart de ses voisins :
Alors que les producteurs bio, après leur période de conversion, recevaient environ 120 euros par hectare en aides au maintien plus 80 euros de paiement vert, ils ne bénéficient désormais que d’un « écorégime » de 110 euros/ha. Cela les rapproche des producteurs conventionnels qui perçoivent 80 euros/ha dans le cadre d’un écorégime s’ils sont certifiés « haute valeur environnementale », qui est en réalité à peine contraignant sur le plan écologique.
Dans ce contexte, s’engager dans le bio – et surtout y rester – n’est plus vraiment incitatif. Faire évoluer l’enveloppe des aides attribuées par Bruxelles pour réduire l’argent alloué à l’agriculture destructrice, en faveur d’une agriculture respectueuse de l’eau, des sols, des espèces et de la santé? Cela encouragerait les agriculteurs en grande culture à adopter des pratiques bio et augmenterait significativement le nombre d’hectares concernés. Ce serait dans l’intérêt de la société, mais cela risquerait de contrecarrer les intérêts de acteurs influents.
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