Redistribution et équité sociale au centre des « cahiers de doléances »

ECONOMIE

Redistribution et équité sociale au centre des « cahiers de doléances »

Ils incarnent un symbole central de l’insensibilité du pouvoir macroniste et de sa théâtralisation d’un dialogue illusoire avec les citoyens : les quelque 20 000 cahiers citoyens et leurs 250 000 contributions ont été délaissés, faute d’avoir été rendus publics ou utilisés.

Initiés durant le mouvement des gilets jaunes par l’Association des maires ruraux de France (AMRF) fin 2018, puis intégrés au « grand débat national » lancé par le président de la République le 15 janvier suivant, ces cahiers font aujourd’hui l’objet de diverses mobilisations pour leur valorisation.

En l’absence de cela, une équipe d’historiens et de sociologues a recueilli et étudié les 162 cahiers déposés entre décembre 2018 et mars 2019 dans les mairies de la Somme – un département symbolisant le mouvement des ronds-points, ainsi que les fractures sociopolitiques actuelles.

Dans un article publié dans la revue Annales, ils explorent des contenus qui, loin de se limiter à des cris d’indignation, sont de véritables « traités d’économie politique », selon les auteurs : « Les thèmes clés – le travail, la pauvreté et l’impôt – permettent de percevoir des idéaux de redistribution et de justice sociale au cœur de ces textes. »

Un rapport à l’Etat

Les chercheurs identifient un premier registre qui « traduit une relation conflictuelle envers la classe politique et la distance qui sépare rédacteurs et rédactrices de ses membres », critiquée à travers des termes comme « honte », « scandale » ou « indécence ».

« Qu’ils empruntent le bus, ils comprendront les difficultés des citoyens », écrit un contributeur à Amiens. Les références à la révolution de 1789 sont récurrentes, appelant notamment à abolir à nouveau les privilèges.

Un second registre, quant à lui, adopte une posture de collaboration avec les autorités. En effet, « bien que la classe politique soit perçue comme une élite distante, l’Etat, lui, est considéré comme proche car il concerne tout le monde. Les doléances traduisent un attachement à l’Etat, exprimé par une implication directe dans les affaires publiques ».

En formulant des avis, conseils et propositions, les contributeurs se placent « sur un pied d’égalité avec les gouvernants, s’affirmant compétents et légitimes pour débattre des ressources communes ». Exemple donné : « Je ne suis pas un expert, [juste] un Français qui aimerait voir les Français partager enfin le pouvoir. »

Cette interpellation s’adresse aux dirigeants au nom d’une « communauté d’ayants droit » concernant les ressources communes : « Un effort est fait pour relier sa voix à celle des autres. » Les expériences individuelles s’effacent devant l’expérience collective.

L’impôt, clé de la citoyenneté

« Il ne peut y avoir de justice sociale sans une grande équité fiscale », affirme un Amiénois. La question de l’impôt est primordiale, ainsi que la défense de sa progressivité, la demande de suppression des niches fiscales et le rétablissement de l’impôt sur la fortune :

« Tout est présenté en termes de juste répartition des ressources publiques, comme un “gâteau” à partager. »

Le paiement de l’impôt est perçu comme condition de la citoyenneté. De nombreuses revendications proposent une contribution symbolique pour tous, même pour les moins aisés. Cette justice repose davantage sur l’équité que sur l’égalité : l’enrichissement ne doit pas se faire au détriment des autres.

« L’attachement à l’impôt réside dans sa capacité à corriger des disparités jugées disproportionnées, au détriment des “petits”, des “épargnants ordinaires”, des “retraités modestes”, ou encore des “fonctionnaires modestes” ».

Les services publics sont vus comme « la contrepartie légitime des impôts, une sorte de “propriété sociale” que les cahiers dénoncent comme en déclin ». Dans les zones rurales, leur disparition est perçue comme la perte d’espaces de socialisation, d’exercice des droits et d’affirmation de l’appartenance citoyenne.

Le droit de vivre du travail

La question de l’impôt se renforce du constat que le travail ne remplit plus son rôle redistributif ni sa fonction de protection contre la pauvreté. « Les écrits dénoncent le paradoxe entre le travail et la pauvreté, revendiquant le “droit de vivre” grâce à son salaire. »

« L’expérience de la pauvreté ne se limite plus aux exclus ou marginaux des mondes productifs ; elle menace aujourd’hui ceux pleinement intégrés par leurs métiers et professions. »

Les messages dénoncent la rupture d’un pacte : « Alors que le travail contribue à la création d’une richesse commune, une juste rétribution n’a pas suivi, laissant planer la menace de la pauvreté ». « Sommes-nous destinés à devenir de futurs pauvres ? », interroge un habitant de Vauchelles-les-Quesnoy.

La pauvreté est liée à la dépendance aux aides sociales, perçue comme « une sortie de la réciprocité et du système interconnecté où chacun est traité à égalité ». Cela conduit à rejeter « l’assistanat » et ceux jugés en profiter indûment sans contribution à la collectivité.

Les pauvres (assistés) sont distingués des « travailleurs pauvres » et des « retraités modestes », seuls jugés méritants pour cette réciprocité. « “Pauvre” n’est pas un substantif décrivant une condition immuable, mais un adjectif qui traduit une dégradation de statut. »

Un contrat citoyen

Un accent particulier est mis sur les professions d’utilité publique, notamment dans la santé, l’éducation ou l’agriculture. Les retraités, eux, ne doivent pas être considérés comme inactifs, ayant non seulement contribué professionnellement mais continuant à participer au « bien-être national » au travers d’activités associatives et familiales.

Ces cahiers traduisent une « vision citoyenne dominée par une stricte réciprocité » dans le partage des ressources. Selon les chercheurs, cette conception majoritaire pourrait avoir découragé l’expression de ceux qu’elle exclut implicitement – notamment les pauvres ou les étrangers.

Selon cette idée contractuelle de la citoyenneté, le travail et le paiement de l’impôt sont des contributions « permettant d’exiger en retour des reconnaissances et des ressources ». Ce partage doit respecter la règle : de chacun selon ses moyens, à chacun selon sa contribution.

« Les doléances ne remettent pas en cause l’existence de classes sociales (…). Elles se concentrent sur les modalités de redistribution au sein d’une société acceptée comme hiérarchique, inégale et interdépendante. »

La menace de tomber dans la dépendance, qui plane sur les contributeurs et leurs enfants, alimente leurs craintes et frustrations. « Ces dynamiques, perturbantes pour les individus, sont décrites comme un désordre rendant opaque la compréhension du monde social », concluent les auteurs.

Le couple franco-gabonais, reconnu coupable de mariage blanc, pourra tout de même se marier à Béziers en dépit de leurs 43 ans de différence d'âge.

HERAULT NEWS

Le couple franco-gabonais.

Info France Bleu. Le tribunal de Béziers a rendu, en l’espace de cinq mois, deux décisions opposées concernant le mariage d’un couple franco-gabonais avec une différence d’âge de 43 ans. Leur désir de se marier a suscité des controverses après un signalement de la mairie de Béziers, comme l’avait rapporté France Bleu en avril 2024.

Deux mois plus tard, un ancien employé de la mairie de Béziers, âgé de 76 ans, a été inculpé et condamné à 500 euros d’amende pour tentative de mariage frauduleux. Sa compagne, originaire du Gabon et qui vient de fêter ses 33 ans, en situation irrégulière, a écopé de deux mois de prison avec sursis et d’une interdiction de séjour en France pour cinq ans. Le couple a fait appel de cette décision. La date de l’audience reste à déterminer.

Le 08/04/2024 Soumission à un soupçon de mariage frauduleux : un couple franco-gabonais avec 42 ans d’écart comparaît devant le tribunal correctionnel à Béziers


L’irrégularité de la situation n’empêche pas le mariage

En attendant l’appel, Roger et sa partenaire peuvent donc se présenter devant Monsieur le Maire, s’ils le souhaitent. Que ce soit à Béziers avec Robert Ménard ou ailleurs en France. Une décision de justice rendue au civil, par le même tribunal, leur est favorable.

Le procureur de la République de Béziers avait contesté le mariage en janvier 2024. Cela constitue un acte juridique interdisant à l’officier de l’état civil de célébrer le mariage jusqu’à ce qu’il soit levé.

Cependant, selon le Tribunal de Béziers, le Ministère public ne prouve pas de manière concluante l’absence d’intention matrimoniale. Dans son jugement du 18 novembre dernier, que France Bleu Hérault a obtenu, le juge au civil ordonne la levée de l’opposition à mariage avec exécution provisoire.

Le droit pénal et le civil examinent le dossier de manière distincte. Bien que cela puisse arriver, cela peut également surprendre. Les arguments avancés par le parquet restent inchangés. Pour l’un, la tentative de mariage est reconnue ; pour l’autre, aucun élément probant. Toutefois, le juge au civil précise, “le Procureur de la République n’a pas présenté de réquisitions écrites et n’a pas été présent à l’audience.”

Le couple vivait ensemble depuis six mois et non 15 jours, comme l’a indiqué le Ministère public, ajoute le juge. “Et la différence d’âge est une simple question de morale, et ne peut, à elle seule, susciter des doutes sur l’intention matrimoniale des futurs époux.”

Il appartient à l’opposant au mariage de prouver clairement que l’un des futurs époux poursuit uniquement un objectif étranger au mariage. Ce qui n’est pas le cas. Le couple s’est rencontré sur internet en 2018 avant de se voir en septembre 2022 et de cohabiter à partir de cette date. Une demande de mariage a été déposée à la mairie de Béziers en mars 2023,” conclut le juge.

“Les éléments étaient peu convaincants. Le juge au civil vient de le confirmer” -Me Séraphine Gonzalez

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“Il n’existe pas d’éléments probants dans ce dossier qui justifient une opposition à mariage, même pour ce mariage frauduleux dont ils sont accusés” déclare Me Séraphine Gonzalez, l’avocate du couple (Barreau de Béziers). “Le juge n’a pas pris en considération les arguments que nous avions présentés. Les preuves concernant la différence d’âge de 43 ans fournies par le Parquet n’étaient pas justifiées. Les éléments ne tenaient pas la route. Le juge au civil vient de le confirmer.”

Le couple peut se marier même si le parquet fait appel de la décision. La décision est exécutoire à titre provisoire selon Me Gonzalez. “En d’autres termes, elle est immédiate même si le parquet conteste cette décision. S’ils désirent se marier demain, la mairie de Béziers ne pourra plus faire de signalement puisque la vie commune est continue. Ils s’aiment et n’ont aucun complexe concernant cette différence d’âge.”

“Mes clients ne s’attendaient plus à cela” – Me Séraphine Gonzalez

Le couple que nous avons rencontré en avril 2024 avait partagé ses difficultés pour se marier à  Béziers. “C’est une immense satisfaction pour eux” conclut leur avocate. “Pas une victoire, mais une réelle satisfaction. Le couple peut maintenant se marier, même si le ministère public fait appel de la décision. Mes clients ne croyaient plus en cette possibilité. Je ne sais pas s’ils vont se marier. Je ne leur ai pas demandé. C’est à eux d’apprécier cette décision. Leur amour a prévalu.”

Ce jugement peut-il remettre en cause celui prononcé en pénal en juin dernier ?

“Oui, cela pourrait éventuellement le remettre en question précise Me Gonzalez. Un magistrat doit examiner les éléments de preuve justifiant l’opposition au mariage. C’est à l’opposant, donc au Ministère public, d’apporter la preuve de sa décision, la preuve de ce manque d’intention matrimoniale des futurs époux. Est-ce que la différence d’âge est en lien avec la volonté d’un individu ? Je ne le crois pas.  Est-ce que la différence d’âge est liée à l’intention matrimoniale ? Je n’en vois pas de rapport, car la différence d’âge est extérieure et l’intention matrimoniale est intérieure.

Le procès en appel est évidemment très attendu par le couple. Aucune date d’audience n’a encore été fixée.

  • Si vous êtes témoin d’un événement dans l’ouest héraultais ou l’arrière-pays héraultais, une information à communiquer, appelez le 04.67.06.65.42
Baisse de régime pour la natalité en France, et 3 autres infographies incontournables à découvrir

ECONOMIE

Baisse de régime pour la natalité en France, et 3 autres infographies incontournables à découvrir

Chaque semaine, Alternatives Economiques vous propose quatre graphiques pour décrypter autrement l’actualité.

Au programme de ce graphorama : la natalité française en déclin ; l’armée russe subit des pertes humaines record en Ukraine ; les salaires des métiers de la « deuxième ligne » ne suivent pas l’inflation ; la domination persistante de Google et Facebook sur le web en France.

1/ La natalité française en chute

Dis papa, c’est encore loin le « réarmement démographique » ? Malgré le discours appuyé du président de la République concernant les défis démographiques, la fécondité hexagonale vacille sérieusement. En 2023, les Français ont mis au monde « seulement » 677 800 bébés, soit une baisse de 6,6 % par rapport à 2022. Une diminution inédite depuis la fin du baby-boom, selon l’Insee, qui a dévoilé ces données à la mi-novembre.

Depuis 2010, le nombre de naissances est en recul de près de 20 %, et les premières indications pour 2024 montrent que ce déclin continue, bien que plus lentement. Cette baisse touche chaque tranche d’âge, mais davantage les femmes entre 25 et 34 ans, traditionnellement les plus productives sur le plan démographique.

Comme toujours, ces données ponctuelles ne suffisent pas à conclure : les Français choisissent-ils d’avoir moins d’enfants ou différeront-ils leurs projets parentaux à un avenir plus favorable ? Seul l’avenir nous le dira.

Sur un plan européen, la France n’est pas isolée : le nombre de naissances a chuté de 5,5 % en moyenne en 2023 (par rapport à 2022). La tendance est toutefois plus accentuée dans l’Est et l’Ouest de l’Europe que dans le Sud et le Nord. Avec un indice conjoncturel à 1,79 enfant par femme en 2022, la France demeure toutefois leader en Europe pour la fécondité, un motif d’espoir face à la panique démographique ambiante.

Xavier Molénat

2/ 1 000 jours de guerre en Ukraine : des pertes russes sans précédent

Le mois d’octobre a été marqué par un record funeste pour la Russie, qui a vu le plus grand nombre de ses soldats périr sur le champ de bataille depuis le début de l’offensive en Ukraine en février 2022. Selon les Forces armées ukrainiennes, environ 42 000 soldats russes ont perdu la vie le mois dernier — un chiffre confirmé par l’état-major britannique. Tony Radakin, son chef, a même déclaré à la BBC, le 10 novembre, qu’octobre avait été le mois le plus meurtrier pour Moscou, avec en moyenne 1 500 morts et blessés chaque jour.

C’est à ce prix que la Russie poursuit son grignotage du territoire ukrainien dans l’Est, multipliant des assauts quotidiens par centaines et envoyant des soldats d’infanterie à l’abattoir pour épuiser les défenses adverses. Dans le même temps, ses avions et drones ciblent les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Le Kremlin reste résolu à fragiliser au maximum le moral, les conditions de vie et le territoire ukrainiens, notamment avant un potentiel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Selon Tony Radakin, la Russie approche les 700 000 morts et blessés depuis le début de l’invasion. Ces chiffres corroborent ceux rapportés par le Wall Street Journal en septembre, citant des sources confidentielles, qui évoquaient environ 200 000 morts et 400 000 blessés. Les pertes ukrainiennes — 80 000 morts et 400 000 blessés — portent le total des victimes (morts et blessés) à plus d’un million depuis le début du conflit.

Eva Moysan

3/ Les travailleurs de la « deuxième ligne » toujours sous-rémunérés

Rappelez-vous : durant la pandémie de Covid-19, les Français étaient priés d’applaudir les héros en « première ligne » — des soignants confrontés au virus. Juste derrière eux se trouvaient les travailleurs de la « deuxième ligne », qui bénéficiaient eux aussi d’une certaine reconnaissance, surtout symbolique.

Les caissières, agents de nettoyage et ouvriers agroalimentaires formaient cette « deuxième ligne », regroupant selon l’Insee des métiers essentiels à la continuité économique et sociale, mais difficiles à exercer en télétravail. Ils représentaient en 2022 près de 29 % des travailleurs du privé, soit 6,8 millions de personnes.

Pourtant, quatre ans après la crise, cette reconnaissance se fait attendre sur le plan financier. Leur salaire mensuel moyen atteignait 1 830 euros nets (équivalent temps plein) en 2022, soit un peu moins que celui des autres employés et ouvriers du privé (1 858 euros nets).

Pire : malgré une inflation de 8,6 % entre 2019 et 2022, les rémunérations de ces professions n’ont pas suivi. En euros constants, elles ont reculé en moyenne de 0,7 %, avec de fortes disparités entre ceux ayant bénéficié de hausses (comme les aides à domicile) et ceux restés à la traîne, notamment les ouvriers peu qualifiés du BTP. Pas de quoi mériter des applaudissements cette fois-ci.

Audrey Fisné-Koch

4/ La domination américaine sur le web français continue

Pas de surprise ici : le web en France reste dominé par quelques firmes américaines. Une récente étude de l’Arcom a analysé l’audience nationale des sites qui comptent au moins 45 millions d’utilisateurs dans l’Union européenne, en excluant les plateformes telles qu’Amazon ou Leboncoin.

Facebook, bien qu’on le dise en perte de vitesse, demeure en tête avec 49 millions de visiteurs uniques mensuels. Sur une population française de 59,3 millions (données concernant les plus de 12 ans), cela équivaut encore à plus de 80 % des habitants. Meta possède aussi Instagram, classé cinquième site en termes d’audience. Les services de Google complètent le top 5, avec YouTube, le moteur de recherche Google Search, et Google Maps.

Dans cette lutte pour capter l’attention, Snapchat et TikTok s’illustrent également, avec un temps moyen passé par utilisateur supérieur à celui des autres plateformes. Ils figurent parmi les trois sites ayant les audiences les plus jeunes (16 % et 14 % d’utilisateurs de moins de 18 ans, respectivement). À leurs côtés, Pornhub se distingue aussi avec une proportion similaire (16 %) de mineurs dans son audience.

Justin Delépine

INFO FRANCE BLEU - Un notaire d'Agde sous enquête de la justice, la Caisse d’Épargne visée par une action en justice

HERAULT NEWS

INFO FRANCE BLEU – Un notaire d’Agde sous enquête de la justice, la Caisse d’Épargne visée par une...

“Je me bats depuis sept ans pour mettre au jour la vérité et obtenir justice. J’ai sollicité de nombreux organismes pour dénoncer ce que je considère comme une appropriation abusive de l’héritage de mon défunt mari. Je suis épuisée” confie Marjorie à France Bleu Hérault. Cette habitante d’Agde, âgée de 59 ans, est veuve depuis novembre 2017. Son époux a été retrouvé décédé dans le coffre de son véhicule professionnel derrière la gare d’Agde après avoir mis fin à ses jours.

Le jour même de la mort de leur père, selon elle, ses deux enfants d’un premier mariage auraient vidé les comptes de ce dernier.  Nous avons en effet constaté 13 virements sur les comptes en notre possession. Ces transactions réalisées en trois jours s’élèvent à 15.000 euros.

“J’ai alerté le notaire que nous avions en commun pour obtenir des explications de la part des enfants. J’ai reçu un refus catégorique” déclare Marjorie.

Le jour du décès, les enfants seraient venus au domicile du couple (à Agde) pour saisir les documents professionnels et personnels de leur père. “Ils sont entrés chez nous sans rien me demander. J’étais écrasée par la perte de mon mari, je les ai laissés faire. Ils ont pris ce qu’ils désiraient, y compris les comptes bancaires, sa carte de crédit, et ses papiers d’identité. Ils ont également pris le téléphone de leur père. Grâce à ça, ils ont pu effectuer les virements qu’ils souhaitaient” se désole Marjorie. “Mon mari avait plusieurs comptes à la Caisse d’Épargne de Pézenas.”

Le 27/07/2023 EXCLU – Notaire suspecté d’escroqueries près de Béziers : le fisc rattrape les enfants de sa complice décédée


“Aucun virement n’a été bloqué par la Caisse d’Épargne”

Dans une lettre datant de décembre 2018 en notre possession, le notaire indique qu’il n’a pas été averti des retraits effectués sur les comptes bancaires. “Les seules informations dont je dispose concernent les avoirs à la Caisse d’Epargne au moment du décès“.

Étant donné l’ouverture d’une information judiciaire, nous avons choisi de ne pas révéler le nom de ce notaire ni l’emplacement de son étude, tout en préservant l’identité de la plaignante.

La plaignante, mariée sous le régime de la communauté aux acquêts

Le notaire en charge de la succession aurait été prévenu par lettre recommandée des fonds présumés détournés selon la victime. Ce dernier ne se serait donc pas intervenu et n’aurait pas tenu compte des virements réalisés. La déclaration de succession n’en fait pas mention. “Aucune déclaration rectificative de succession n’a été faite ultérieurement, ni le partage des fonds détournés” se plaint Marjorie.

Quatre ans se sont écoulés depuis le premier signalement

Une première plainte a été déposée en décembre 2020 auprès du parquet de Béziers pour spoliation et recel successoral. Les cibles sont le notaire du Pays d’Agde et les deux beaux-fils, dont l’un réside au nord de Montpellier et l’autre à Annemasse en Haute-Savoie. Une seconde plainte a été déposée en septembre 2022 auprès du procureur de la République de Montpellier contre la Caisse d’Épargne du Languedoc-Roussillon pour négligence, suite aux virements non autorisés.

Marjorie accuse son notaire de chantage

Une troisième plainte a été déposée auprès du tribunal judiciaire de Thonon-les-Bains (74), du fait du domicile de l’un des enfants du défunt. Au cours de l’année 2024, la veuve envisage de se constituer partie civile en saisissant le doyen des juges d’instruction au tribunal de Béziers pour faux en écriture, chantage et intimidation visant à la faire renoncer à son droit viager au logement.

Le 09/07/2023 Un notaire suspecté d’escroqueries dans le secteur de Béziers sous les verrous


“Rien n’est clair dans cette succession” – la plaignante

“Comprenez mon angoisse, je n’avais pas de nouvelles des précédents recours, cela m’inquiétait. C’est légitime. J’avais le sentiment de ne pas être prise au sérieux, que mes dénonciations n’avaient aucune importance. Il y a un réel problème de dysfonctionnement”.

Selon nos informations, la plainte pour escroquerie est bien instruite après un passage rapide au commissariat d’Agde. Elle aurait été ensuite transmise, selon une personne proche du dossier, à une gendarmerie territorialement compétente pour auditionner l’un des suspects potentiels.

La multiplication des plaintes dans différents lieux a sans nul doute compliqué les enquêtes.

La victime soutient avoir été lésée

Les enfants du défunt auraient avancé au notaire avoir prêté 50.000 euros à leur père pour l’achat de la maison où le couple résidait depuis 2016.“Ils ne présentent aucun document pour justifier un tel prêt” déplore la plaignante. “Le notaire ne peut pas me fournir de preuves. J’ai de sérieux doutes. Leur père ne m’a jamais en parlé”.

Marjorie accuse également le notaire de ne pas vouloir signer son droit viager au logement du conjoint survivant tant que la dette n’a pas été remboursée, alors que conformément à l’article 764 du Code civil, elle est en droit d’en bénéficier.

Le 28/11/2022 Un notaire héraultais dénoncé pour comportements inappropriés et pour avoir retardé une succession depuis huit ans


Vente de la maison sans son approbation

Marjorie avait dans un premier temps (début 2019) pris la décision de vendre la maison de son mari mais a renoncé quelques mois plus tard. La maison d’un étage, 90m² au sol, située au bord de l’Hérault, a été acquise en espèces par le défunt en mars 2017.

Elle a découvert qu’un compromis de vente de 240.000 euros avait été signé par une agence immobilière d’Agde, mais sans son approbation. Elle a stoppé la transaction à la dernière minute étant donné qu’elle détient un quart en pleine propriété. Le montant du compromis a suscité l’étonnement de son entourage en raison de l’emplacement, avec 800m² de terrain, dans un quartier résidentiel. Le bien est aujourd’hui estimé à plus de 320.000 euros.

Marjorie réside toujours dans la maison. Sous antidépresseurs, elle est actuellement suivie, étant affaiblie depuis la perte de son mari.

Cette habitante d’Agde avait déjà subi la perte de son premier époux en 2011. Elle doit être entendue début décembre par le juge d’instruction.

«Aucune accusation pour prétendre au RN»: le récit de Jordan Bardella

INVESTIGATIONS

«Aucune accusation pour prétendre au RN»: le récit de Jordan Bardella

Grande annonce : un bulletin judiciaire propre est indispensable pour être désigné·e par le Rassemblement national (RN) lors d’une élection. C’est en tout cas ce qu’a affirmé le président du parti Jordan Bardella le 18 novembre sur le plateau de BFMTV. « C’est la règle numéro 1 pour quiconque souhaite devenir parlementaire de la République », a-t-il soutenu, avant d’ajouter que « c’est toujours la ligne [que son parti a] adoptée ».

Ancien Premier ministre grec expulsé du parti au pouvoir Nouvelle Démocratie

ACTUALITÉS

Ancien Premier ministre grec expulsé du parti au pouvoir Nouvelle Démocratie

L’ultra-nationaliste Antonis Samaras expulsé en raison de critiques persistantes des politiques gouvernementalesL’ancien premier ministre grec et député Antonis Samaras a été expulsé du parti au pouvoir, Nouvelle Démocratie, en raison de ses critiques répétées des politiques gouvernementales.Samaras, 73 ans, un nationaliste intransigeant, avait critiqué l’approche du premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis lors des négociations avec la Turquie, qu’il a comparée à de l’apaisement. Il désapprouvait également fermement la politique gouvernementale qu’il considérait comme trop “centriste” ou “woke”, en particulier la décision de légiférer en faveur du mariage entre personnes de même sexe plus tôt cette année.