La pandémie a permis de vivre sans être perçus et certains aimeraient que ça continue
Cet article fait partie d’une série intitulée, On réapparaît. À quoi ressemble le monde aujourd’hui ?, qui aborde en temps réel la façon dont chacun mène la barque de sa vie durant cette période si particulière. Il est également publié dans le dernier numéro de VICE magazine. Vous pouvez vous abonner ici. Pendant les quinze derniers mois, j’ai beaucoup aimé le fait d’être presque complètement invisible. Au début de la pandémie, il m’arrivait de croiser des voisins au supermarché de mon quartier, à Londres, et je n’avais pas besoin de m’arrêter pour les saluer, parce qu’ils ne pouvaient pas me reconnaître. Dans le train qui me ramenait de mes rendez-vous médicaux, je pouvais sangloter ou reprendre les paroles de rap des chansons que j’écoutais sans que personne ne le remarque. Aujourd’hui, les mesures de restriction s’assouplissent progressivement. Le 21 juin, les masques, l’isolement décrété par le gouvernement et la distanciation sociale ne seront plus de rigueur en Angleterre. Cela signifie également la fin du mode incognito et le retour à la vie d’avant. L’idée d’être vue à nouveau a quelque chose de flippant. Le fait d’être physiquement dissimulée m’était très confortable. Mais ce n’est pas que ça. Au fil des semaines et des mois de cette imprévisible pandémie, de nombreux événements tous plus marquants les uns que les autres se sont succédé dans ma vie à une vitesse folle : une rupture tumultueuse, une agression sexuelle, une perte de cheveux due au stress, plusieurs diagnostics médicaux… Affronter tout cela seule, sans avoir en plus à répondre aux questions et à encaisser les opinions des gens, s’est avéré des plus libérateurs. Je ne me suis pas sentie obligée de partager quoi que ce soit avec qui que ce soit. Je postais et je supprimais sur mes Stories Instagram afin que personne ne…