La Fantaisie de la Technologie Confortable
De la tendance du “gaming confortable” à une nouvelle génération de compagnons IA, nos appareils essaient de nous envelopper dans un cocon numérique et physique.
De la tendance du “gaming confortable” à une nouvelle génération de compagnons IA, nos appareils essaient de nous envelopper dans un cocon numérique et physique.
“C’est de la maltraitance“, s’insurge Nassima, qui travaille comme accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH) depuis 15 ans. Bien qu’elle soit passionnée par son travail, elle se sent néanmoins épuisée, tout comme une vingtaine d’autres AESH et enseignants rassemblés devant le rectorat de l’académie de Montpellier, ce mercredi 20 novembre. Ils exigent un statut de fonctionnaire, le recrutement urgent d’au moins 200 AESH supplémentaires ainsi qu’une augmentation de leur rémunération.
Le récit de leur quotidien est difficile à entendre. Nassima relate qu’elle a récemment dû déplacer un élève gravement handicapé, sur le sol, sous le regard de tous. Elle n’a plus l’impression de prendre soin de ces enfants de manière digne. “Parfois, ils font des crises, nous lancent des objets, nous crachent dessus, nous insultent“, décrit Nassima. Des situations stressantes qu’elle arrive à comprendre. “Ils sont frustrés, tout comme nous, certains n’ont même pas de notions de langage, donc ils s’expriment par la violence“, souligne l’AESH.
Ce personnel se plaint également de l’organisation de leurs missions. Depuis quelques années, avec la mise en place des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnements localisés), les emplois du temps peuvent changer soudainement. Ces modifications compliquent la vie d’enfants qui ont besoin de stabilité. Anita, AESH depuis près de 10 ans, déclare : “Nous arrivons dans des classes où nous ne connaissons personne, avec des enfants dont nous ignorons tout, même leur handicap, et le fonctionnement de l’enseignant“. De plus, elle explique qu’elle doit laisser les élèves qu’elle accompagne depuis plusieurs mois. “C’est compliqué, car un lien de confiance pédagogique se crée, et des émotions nous lient aussi. Nous les aimons et ils nous aiment“, insiste-t-elle.
Parmi les 2.500 AESH de l’Hérault, la majorité sont des femmes, mais quelques hommes exercent également ce métier. Jamel, en poste depuis 2009, est tout aussi engagé dans son travail mais souligne la faiblesse des salaires de ses collègues. “Je suis en 30 heures, donc je parviens à toucher un SMIC, mais la plupart ne dépassent pas les 1.000 euros par mois“, précise-t-il.
Pour toutes ces raisons, les syndicats FO et le SNALC demandent un recrutement urgent d’au moins 200 AESH. Ils souhaitent obtenir un statut de fonctionnaire, non seulement pour échapper à la précarité, mais aussi pour attirer de nouveaux profils. Ils désirent être reconnus et ne plus être “considérés comme des serpillières“.
Après avoir chanté sous les fenêtres du rectorat la “chanson des AESH en colère”, ces deux syndicats ont été reçus par des représentants de la DASEN de l’académie de Montpellier.
chanson “aesh en colère”
Il y a cinq mois, au début de la troisième semaine de mai de cette année, OpenAI a présenté l’application de bureau ChatGPT pour macOS et iOS. De nombreuses caractéristiques avancées sont effectivement présentes dans cette nouvelle version du chatbot. On trouve notamment la commande vocale, la possibilité de télécharger des fichiers, ainsi qu’un accès rapide par le biais de raccourcis clavier. À ce jour, ChatGPT est également accessible sur Windows, mais uniquement pour les abonnés payants.
Cela signifie que ceux qui possèdent un compte gratuit ne pourront pas, du moins pour l’instant, accéder à l’application de bureau ChatGPT sur Windows.
Cependant, OpenAI envisage d’étendre l’accès à tous les utilisateurs, même à ceux qui n’ont pas souscrit à ChatGPT Plus, Team, Edu ou Enterprise.
Nous attendons donc que Sam Altman fasse l’annonce avant la fin de l’année. En attendant, si vous êtes un utilisateur de Windows éligible à ChatGPT, voici comment télécharger et installer l’application sur votre ordinateur de bureau.
Je me suis également posé cette question. Quel est l’intérêt d’installer l’application de bureau de ChatGPT sur Windows ?
Étant donné qu’il s’agit d’une version réservée aux abonnés payants, ils bénéficieront du dernier modèle proposé par OpenAI.
Cela implique que l’application de bureau de ChatGPT est plus performante et offre une meilleure capacité de raisonnement.
En effet, en le téléchargeant et en l’installant, vous accédez non seulement à GPT-4o, mais également aux modèles o1-mini et o1-preview.
En matière de fonctionnalités, vous aurez accès à la création d’images via DALL-E, qui est également intégrée dans la version Windows de ChatGPT.
Vous pourrez aussi recevoir immédiatement des réponses à vos questions, à vos sollicitations, directement depuis l’interface utilisateur.
Ainsi, il est tout à fait possible de télécharger des fichiers ou des images pour en extraire des informations. Vous pouvez également demander au chatbot de résumer, de synthétiser ou d’analyser vos documents.
Avant de procéder au téléchargement et à l’installation de la version de bureau de ChatGPT pour Windows, assurez-vous que votre PC satisfait à la configuration minimale requise.
C’est-à-dire un espace de stockage d’au moins 5 Go, une RAM de 16 Go, un processeur Intel Core i7 ou supérieur, et bien sûr une carte graphique avec au moins 8 Go de VRAM.
En ce qui concerne les exigences logicielles, vous aurez besoin de Windows 10 ou 11 64 bits installés sur votre PC.
Vous nécessiterez aussi la version 3.7 de Python et Git pour cloner les dépôts. Un environnement virtuel est également recommandé, bien qu’il soit optionnel.
Si vous respectez ces indications, vous pourrez tirer pleinement parti de ChatGPT sur votre Windows.
L’application de bureau ChatGPT pour Windows est accessible sur le Microsoft Store. C’est d’ailleurs ce que je recommande pour obtenir une version authentifiée.
Sinon, vous pouvez aussi télécharger depuis le site officiel d’OpenAI via ce lien proposant les versions pour macOS, Windows, iOS et Android.
Il vous suffit alors de cliquer sur la version de votre choix pour télécharger celle que vous souhaitez installer.
Si vous optez pour le téléchargement sur le Microsoft Store, il vous suffit de taper ChatGPT dans la barre de recherche.
Une fois les résultats affichés, cliquez simplement sur « Obtenir » et le téléchargement commencera.
L’application est totalement gratuite et son poids est d’environ 300 Mo. Toutefois, elle ne supporte que l’anglais.
Après le téléchargement via le Microsoft Store, l’application s’installera automatiquement. Toutefois, pour l’utiliser, vous devez cliquer sur « Lancer » et « Se connecter » dans la fenêtre qui va s’ouvrir.
Cette fenêtre vous redirigera vers votre navigateur où vous devrez entrer votre identifiant, c’est-à-dire celui associé à votre compte OpenAI.
La synchronisation de vos données se fera ensuite automatiquement, et vous pourrez consulter votre historique de conversation depuis l’application de bureau de ChatGPT.
ChatGPT, désormais disponible sur Windows, bien qu’il soit concurrenté de près par Claude AI, s’affirme généralement comme un allié précieux contre le syndrome de la page blanche.
Il représente en effet une solution efficace pour produire rapidement tout type de document, qu’il soit à destination personnelle ou professionnelle.
Son expertise couvre d’ailleurs de nombreux domaines. En matière de création de contenu, par exemple, il excelle dans la rédaction de courriels, l’élaboration de lettres de motivation, la réalisation de rapports professionnels ou même la rédaction d’articles de blog.
Sa capacité à fournir des réponses documentées sur une variété de sujets, nécessitant des vérifications, fait également de lui un outil de recherche et d’information polyvalent.
Sur le plan linguistique, ChatGPT peut effectivement offrir un soutien complet. Il est capable de traduire des textes, d’affiner leur style et d’améliorer leur structure grammaticale.
Quant aux développeurs, ils apprécieront tout particulièrement son aide en programmation, puisque ChatGPT peut générer du code autant que résoudre des problèmes techniques ou illustrer l’utilisation correcte de différentes syntaxes.
Pour les particuliers comme pour les professionnels, ChatGPT est un outil riche qui répond à une grande diversité de besoins.
Voici toutefois quelques suggestions de demandes que vous pourriez lui adresser pour vos besoins spécifiques :
Oui, il est crucial de bien définir les limites des capacités de ChatGPT.
Contrairement à un moteur de recherche standard comme Google, le chatbot IA d’OpenAI n’a pas accès aux informations en temps réel.
Ses réponses doivent donc être perçues comme un point de départ pour la réflexion plutôt que comme une vérité absolue.
Et en ce qui concerne la véracité des informations, la vigilance est de mise. ChatGPT peut occasionnellement fournir des données incorrectes ou obsolètes, surtout en lien avec des événements récents.
Cette limitation est particulièrement essentielle dans des domaines où la précision est nécessaire, notamment en ce qui concerne les questions juridiques, médicales et éthiques majeures nécessitant l’intervention de professionnels compétents.
N’oubliez pas que les réponses générées peuvent être influencées par les biais présents dans ses données d’entraînement.
L’objectivité totale n’est donc pas assurée, et une approche critique est primordiale lors de l’interprétation des réponses fournies par le chatbot.
Concernant la question de la confidentialité, il est important de rappeler que les informations partagées avec ChatGPT sont susceptibles d’être intégrées dans son modèle de langage à des fins d’apprentissage.
Veillez donc à ne pas divulguer de données sensibles ou confidentielles lors de son utilisation.
Pour vous, utilisateurs de Windows 11, le système d’exploitation intègre une version bêta de Copilot.
Or, ChatGPT, étant l’assistant conversationnel le plus populaire et le plus utilisé, pourrait interférer avec l’utilisation de celui de Microsoft.
Cependant, en s’intégrant directement avec Power Platform, Teams et Microsoft 365, Copilot propose une expérience personnalisée en exploitant les données de l’environnement Windows des utilisateurs. C’est un avantage que ChatGPT ne possède pas sur cette plateforme.
Copilot se distingue également par son Studio, permettant aux entreprises de délayer leurs solutions d’IA sur mesure et de les raccorder à différentes sources de données externes.
Malgré ces atouts stratégiques, sa base d’utilisateurs hebdomadaire de 250 millions reste inférieure à celle de ChatGPT.
En outre, bien que les deux assistants s’appuient sur la même technologie d’OpenAI, notamment GPT-4, ChatGPT conserve un avantage technologique grâce à des améliorations comme le LLM o1 et Canvas.
Son potentiel d’évolution sur Windows semble donc prometteur. Surtout avec une possibilité d’intégrer le mode Advanced Voice qui permet des interactions vocales plus naturelles et expressives avec l’assistant.
Dans sa quête incessante d’économies, le gouvernement Barnier – suivant les traces de son prédécesseur – s’attaque aux arrêts maladie. En d’autres termes, à « l’absentéisme » au sein des entreprises et des administrations, pour reprendre le jargon des ministres.
Les sommes reversées par l’Etat au titre des indemnités journalières (IJ) perçues par les personnes absentes pour des motifs de santé ont atteint 15,8 milliards d’euros en 2023. Ce qui représente une hausse de 5,4 milliards d’euros par rapport à 2015.
C’est bien trop pour le gouvernement, qui refuse d’admettre les facteurs structurels derrière l’augmentation des arrêts maladie et le coût associé pour les finances publiques. La liste est cependant longue : le vieillissement de la population, la dégradation des conditions de travail et l’allongement de la durée de travail entraînent des arrêts, mais l’augmentation du Smic, qui sert de base au calcul des indemnités journalières, ainsi que l’intégration des travailleurs indépendants et des professions libérales au régime général contribuent également à alourdir la note.
Une étude de la Dares met d’ailleurs en avant l’un de ces éléments. Elle souligne le lien entre une exposition accrue aux risques physiques et psychosociaux (RPS) et les absences pour maladie. Entre 2013 et 2016, le nombre de jours d’arrêt maladie pour une personne soumise à toujours plus de RPS a par exemple triplé.
Mais pour l’exécutif, l’augmentation des arrêts maladie est forcément due à des abus. Du moins en grande partie.
C’est pourquoi pour mettre un terme à cette « dérive », exprimée par Guillaume Kasbarian, le ministre de la Fonction publique, plusieurs options sont envisagées dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), débattu cette semaine au Parlement. Et il n’est pas question de faire de jaloux, les propositions de l’exécutif concernent aussi bien les agents du secteur public que les employés du privé.
La première mesure défendue par le gouvernement consiste à étendre le délai de carence en cas d’arrêt maladie des fonctionnaires à trois jours, contre un seul jour actuellement. Comme nous l’évoquions déjà dans cet article, cet allongement repose sur une comparaison entre le public et le privé qui ne prend pas en compte les spécificités des fonctionnaires, qui comptent plus de femmes et de seniors et qui sont davantage exposés aux métiers difficiles. A caractéristiques équivalentes, cet écart entre le taux d’absentéisme du privé et celui du public se réduit quasiment à néant.
Malheureusement pour le gouvernement, le rapport sur la fonction publique, publié la semaine dernière, révèle que le nombre d’absences pour raison de santé en 2023 chez les agents… est en baisse (12 jours en moyenne en 2023, contre 14,5 en 2022).
Cependant, ces résultats ne ralentissent pas l’exécutif, qui souhaite mener son projet à terme. Même si cette mesure pourrait se révéler contre-productive et coûter plus cher à la Sécurité sociale. Les recherches menées par divers experts (comme nous l’expliquions ici) montrent que l’ajout de jours de carence peut certes réduire le nombre d’arrêts de courte durée, mais accroître ceux de longue durée. Ces derniers étant les plus coûteux pour l’assurance maladie.
« De plus, une telle mesure pourrait encourager le présentéisme, soit le fait de travailler tout en étant malade, met en garde Thomas Coutrot, économiste du travail. Cela aurait des effets négatifs sur la santé à long terme. »
Du côté du secteur public, le gouvernement ne prévoit pas de s’arrêter là. Guillaume Kasbarian a également annoncé son intention de diminuer la rémunération versée aux agents en cas d’arrêt de travail : « Aujourd’hui, dans le public, cela est pris en charge à 100 %. Cela passera à 90 %. »
Comme pour le délai de carence, établi à trois jours dans le secteur privé, le ministre justifie son assertion en comparant les règles du secteur public à celles du secteur privé, plaidant pour un alignement. Toutefois, il omet certains détails : près de 70 % des salariés du privé ont accès à un accord de branche ou d’entreprise qui maintient leur salaire à 100 % dès le premier jour d’arrêt maladie.
Ces deux mesures entraîneraient également une perte de pouvoir d’achat significative pour les agents publics. En tenant compte de l’augmentation du nombre de jours de carence et de la réduction à 90 % du taux de remplacement, le think tank Sens public a calculé qu’un arrêt maladie de 5 jours, par exemple pour une grippe, engendrerait une perte de 215 euros (pour un agent de catégorie C) et de 320 euros (pour un agent de catégorie A).
Ces deux changements affecteraient en particulier les femmes, qui représentent 63 % des effectifs de la fonction publique, ainsi que les seniors, 36 % étant âgés de plus de 50 ans. De plus, cela réduirait l’attractivité de la fonction publique, déjà compromise ces dernières années.
Pourtant, le gouvernement espère économiser 1,2 milliard d’euros (289 millions d’euros pour les jours de carence et 900 millions pour la diminution de la prise en charge). Cette décision est inacceptable pour les syndicats (CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, FA-FP), qui ont appelé à une grève le 5 décembre.
Les employés du privé peuvent se « rassurer », le gouvernement Barnier ne les oublie pas. Dans sa lutte contre les arrêts maladie, l’exécutif a annoncé vouloir réduire le plafond des indemnités journalières. Ce dernier devrait passer de 1,8 Smic (3 180 euros bruts mensuels) à 1,4 Smic (2 473 euros bruts mensuels) en 2025.
Pour rappel, actuellement, la Sécu couvre 50 % de la rémunération d’un individu arrêté pour des raisons de santé, dans la limite de 1,8 fois le Smic mensuel. Son employeur complète alors pour un maintien de salaire d’au moins 90 %. Souvent, la prise en charge est même plus élevée, grâce à des accords internes ou des conventions collectives.
Cependant, réduire le plafond des IJ versées par la Sécu pénalisera ceux qui ne bénéficient pas de cette couverture.
« Cette mesure pourrait donc exacerber les inégalités, reprend Thomas Coutrot. Les personnes avec une santé plus fragile et celles travaillant dans des conditions plus difficiles seraient les plus affectées. »
Ce point est également dénoncé par la CGT, qui détaille dans un communiqué :
« Une telle réforme affectera de manière significative les salarié·es des TPE-PME qui ne sont que très rarement protégés par des accords, de même que les salarié·es de particuliers employeurs tels que les aides à domicile et les assistantes maternelles, certains intérimaires, les intermittents ou encore les demandeurs d’emploi. »
Cependant, cette proposition ferait principalement économiser 600 millions d’euros à la branche maladie. Mais ce qui est le plus choquant, selon Thomas Coutrot :
« C’est que toutes ces initiatives sont une façon de refuser d’aborder les conditions de travail et de s’attaquer aux véritables causes des arrêts maladie. On impose aux individus ce qui relève de la responsabilité des dirigeants tout en restant à la surface des choses. C’est un peu comme administrer de l’aspirine à un patient atteint d’un cancer. »
Les syndicats exigent des « salaires dignes » alors que la reprise inégale de la crise de la dette laisse de nombreuses personnes en difficulté face à des coûts plus élevésUne grève nationale des employés du secteur public et privé semble prête à paralyser la Grèce mercredi alors que le gouvernement pro-entreprise du Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, est soumis à une pression croissante pour faire face à une crise du coût de la vie qui s’aggrave.Les syndicats demandant des « salaires dignes » face à l’augmentation des coûts pour les consommateurs et à l’élargissement des inégalités de richesse ont promis que la grève de 24 heures mettrait le pays à l’arrêt, avec des manifestations prévues dans des villes à l’échelle nationale.
Depuis 2020, les 5,7 millions de fonctionnaires ont bénéficié de plusieurs dispositifs de revalorisation salariale. Face à une inflation élevée, tous ont bénéficié d’une hausse générale de la valeur du point d’indice, après une période de stagnation de douze ans : + 3,5 % en 2022, + 1,5 % en 2023.
L’ensemble des fonctionnaires a également perçu une augmentation de cinq points d’indice, au 1er janvier 2024. Des mesures spécifiques ont été mises en œuvre pour les agents de catégorie C, telles que l’augmentation de l’indice minimum ou la bonification d’une année d’ancienneté.
À cela s’ajoutent des mesures sectorielles, en particulier dans le domaine de la santé. Depuis 2020, les agents non médicaux des hôpitaux et des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) bénéficient d’un complément de 183 euros net par mois, instauré dans le cadre du Ségur de la santé, mis en place suite à la crise sanitaire, complété en 2022 pour inclure les professionnels socio-éducatifs, comme ceux de l’aide sociale à l’enfance.
Des dispositions telles que l’augmentation de la rémunération pour le travail de nuit des infirmières et des aides-soignantes ont également contribué à améliorer les salaires. D’autres secteurs ont également connu des revalorisations, comme les forces de l’ordre, dans le cadre du Beauvau de la sécurité, ou les enseignants débutants, grâce à la création d’une prime d’attractivité.
« C’est un vrai effort budgétaire, mais pas suffisant. Bien que les hausses du point d’indice soient sans précédent, elles se produisent dans un contexte d’inflation encore plus inédit », souligne Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.
Les récentes analyses de l’Insee sur le sujet, publiées en septembre 2024, le confirment : elles révèlent qu’en 2022, les agents de la fonction publique d’État ont vu leur salaire croître de 2,9 % par rapport à 2021, en valeur nominale. Cependant, si l’on prend en compte une inflation de 5,2 % sur l’année, « le salaire net moyen en euros constants diminue nettement », de – 2,2 %, précise l’Institut. Les contractuels et les agents de catégorie B ont été les plus affectés, avec une baisse respective de 2,3 % et 2,4 %. Les enseignants ont, quant à eux, vu leur rémunération reculer de 1,9 %.
Le même constat est valable pour les autres fonctions publiques : dans la territoriale, le salaire net moyen a augmenté de 4,1 % en valeur nominale, mais a chuté de 1,1 % en euros constants. Dans la fonction publique hospitalière, il affiche une hausse de 4,8 %, mais est en retrait de 0,4 % en tenant compte de l’inflation, après une forte croissance grâce au Ségur en 2021 (+ 2,8 %).
Dans l’ensemble de la fonction publique, les rémunérations ont ainsi baissé de 1,4 % en 2022, en euros constants. Il convient également de noter que la situation est similaire pour 2023 : la hausse de la valeur du point d’indice (+ 1,5 %) est loin de compenser l’inflation de 4,9 % enregistrée au cours de l’année.
Avant même la montée des prix, la stagnation du point d’indice avait provoqué « un décrochage », rappelle Johan Theuret, cofondateur du think tank Sens du service public et directeur général adjoint de la ville et métropole de Rennes. Entre 2011 et 2021, selon l’Insee, le salaire net pour un temps plein a crû de 2,1 % dans la fonction publique, alors qu’il a augmenté de 4,9 % dans le secteur privé.
« Le problème, c’est que la rémunération dans la fonction publique n’est pas entrée dans une politique RH mais considérée comme une question budgétaire. Les décisions sont prises au cas par cas, en fonction des pressions syndicales ou sociales, des conditions économiques… Les retards s’accumulent, affectant la relation de confiance entre les agents et leur employeur », estime Johan Theuret, qui plaide pour des négociations annuelles.
Retrouvez ici notre dossier « Manuel de défense des services publics »
“Le Mercosur représente une méthode de consommation que la France rejette“, affirme Cédric Saur, le secrétaire général de la Fédération Départementale des syndicats exploitants agricoles de l’Hérault (FDSEA). Il a organisé, ce lundi 18 novembre, une mobilisation avec une centaine d’autres agriculteurs dans les rues de Montpellier.
Ils manifestent pour la deuxième fois en moins d’un an, et leur exaspération face à la situation perdure. Ils s’opposent au traité de libre-échange avec les nations sud-américaines, considérant cela comme une concurrence injuste. De plus, ils s’insurgent contre les tarifs imposés par les distributeurs et la bureaucratie pesante, des sujets déjà soulevés lors de leur mouvement de janvier dernier.
Ce lundi, le défilé a commencé devant la préfecture de l’Hérault avec deux tracteurs. Des panneaux, au préalable retirés à l’entrée des communes héraultaises, ont été accrochés aux grilles. Sur des banderoles, on peut également lire : “nous souhaitons pratiquer notre métier“. Une exigence qui unit aussi bien les éleveurs que les viticulteurs du département.
François, un éleveur de brebis au Mas-de-Londres, déclare que le Mercosur est en désaccord avec le “bon sens des agriculteurs” et entrave les efforts pour la souveraineté alimentaire. “Mes brebis paissent à l’extérieur, il me faut deux à trois ans pour qu’elles soient prêtes, avec cet accord, la concurrence étrangère va atteindre le même poids en seulement six mois, mais avec des antibiotiques et des OGM que nous ne donnons pas ici“, se lamente cet amoureux du monde agricole qui a choisi d’en faire sa profession.
Pour les viticulteurs, qui représentent un secteur économique vital pour le département, le mécontentement est également palpable. Caroline, membre d’une coopérative de Clermont-l’Hérault, déclare : “Depuis que nous avons bloqué l’autoroute A9 en janvier dernier, rien n’a changé. Je passe toujours autant de temps sur les démarches administratives, tout autant dans mes vignes, mais mon salaire n’a pas augmenté“. Ce sentiment d’urgence est partagé par un autre viticulteur, qui interpelle le préfet de l’Hérault. “Depuis 2021, nous subissons de nombreux aléas climatiques et nos finances sont au plus bas“, précise-t-il. Il souhaite que le prix de rachat de ses hectolitres de vin soit au minimum équivalent à ses coûts de production et que les taux soient fixes, sans imposer par les distributeurs.
“J’ai compris que vous ne recherchez pas des subventions mais un prix juste“, a fini par s’exclamer le préfet Francois-Xavier Lauch à l’aide d’un mégaphone. Un acte rare pour un représentant de l’Etat à ce niveau. La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs suggèrent ainsi d’augmenter de 15 centimes le prix de chaque bouteille de vin à la charge du consommateur. “Une excellente idée“, estime le préfet, qui y voit une occasion pour un rétablissement citoyen si sur ces bouteilles est indiquée la mention “cette bouteille soutient un vigneron“. Cette proposition sera examinée le 2 décembre prochain, en présence de viticulteurs, distributeurs et services administratifs.
Cependant, ces déclarations ne calment pas totalement les agriculteurs, qui affirment être prêts à intensifier leur mouvement s’ils ne sont pas entendus. François, l’éleveur, termine en disant : “nous souhaitons pour l’instant mener des actions pacifiques, faire preuve de pédagogie envers nos concitoyens, mais peut-on se faire entendre sans élever la voix ? Je ne le pense pas.“
Les deux sujets étaient indissociables. Conduites en simultané, les discussions entre les partenaires sociaux concernant l’assurance chômage et l’emploi des seniors ont abouti, le 14 novembre dernier, à un compromis nécessitant l’approbation de chaque organisation syndicale et patronale.
Il convient de souligner que le texte relatif à l’emploi des seniors était particulièrement attendu. En effet, ce sujet avait permis au gouvernement Attal de reprendre la main sur l’assurance chômage. Les partenaires sociaux avaient convenu en novembre 2023 d’un certain nombre de règles, tout en demandant qu’un accord spécifique soit établi pour l’emploi des seniors.
L’exécutif en a alors profité pour reprendre le contrôle – un comportement devenu habituel depuis 2019 – en rendant les conditions d’indemnisation des chômeurs beaucoup plus strictes. La réforme a finalement été abandonnée le 30 juin, au soir du premier tour des élections législatives.
Le gouvernement Barnier a remis les pendules à l’heure et a demandé aux partenaires sociaux de repartir du texte de novembre 2023. La mesure phare, qui bénéficie le plus aux salariés âgés, concerne l’élargissement de l’accès à la retraite progressive. Une victoire politique significative après la phase difficile entourant la réforme des retraites.
Encore peu connue et peu utilisée – un peu plus de 30 000 travailleurs en profitaient en 2020 – cette mesure permet aux salariés, agents de la fonction publique et travailleurs indépendants ayant validé 150 trimestres, de réduire leur charge de travail de 40 % à 80 % tout en combinant une part de leur salaire et de leur retraite. Pendant cette période, le travailleur continue d’accumuler des droits à la retraite, qui seront recalculés au moment de son départ définitif.
Grâce à cet accord, il sera possible d’y faire appel dès 60 ans, ce qui n’était pas prévu auparavant. Précédemment, ce dispositif n’était accessible que deux ans avant l’âge légal de la retraite. La limite de 64 ans signifie qu’à terme, il aurait fallu attendre 62 ans pour soumettre une demande à l’employeur.
Jusqu’à présent, le faible taux de demande de retraite progressive s’expliquait en partie par le fait que la direction de l’entreprise pouvait s’y opposer. Les syndicats ont souhaité que cela devienne un droit opposable. Cependant, le patronat n’a pas accepté cette avancée. En revanche, à partir de demain, les employeurs devront justifier par écrit leur refus, et le salarié aura la possibilité de faire appel au CSE (Comité social et économique) de sa structure.
Un autre progrès significatif est que l’emploi des seniors devra désormais être l’objet d’une négociation obligatoire dans les branches et les entreprises. De plus, le rendez-vous de carrière de 45 ans sera renforcé.
Plus controversée est la création du « CDI seniors », récemment renommé « CDI de valorisation de l’expérience ». À la demande du patronat, ce contrat ciblera les demandeurs d’emploi de 60 ans et plus. Si un employeur recrute un senior, il pourra mettre fin au contrat lorsque le salarié atteindra l’âge de départ à la retraite à taux plein (c’est-à-dire lorsqu’il remplit les deux critères : âge légal et nombre de trimestres nécessaires).
Cela implique que le salarié devra fournir à l’employeur une date de départ, même s’en théorie, il peut continuer à travailler jusqu’à 70 ans, âge auquel il sera mis à la retraite d’office.
Ce nouveau dispositif pourrait créer des difficultés pour les seniors qui souhaitent surpasser leurs droits « de base » et surcotiser pour obtenir une pension plus élevée. Un senior se retrouvant sans emploi à 64 ans, ayant tous ses trimestres, n’aura d’autre choix que de partir à la retraite ou de tenter de retrouver un emploi, ce qui est complexe à cet âge. De plus, il ne pourra plus compter sur le filet de sécurité de l’assurance chômage, qui cesse de l’indemniser dès qu’il atteint l’âge du taux plein (une règle toujours en vigueur aujourd’hui). La date butoir pour le CDI senior complique davantage la gestion de la fin de carrière pour les salariés.
Les organisations patronales, Medef et U2P, ont cependant accepté de renoncer à l’exonération de cotisations chômage patronales qu’elles revendiquaient pour les CDI seniors. Cette demande sera réexaminée ultérieurement, idéalement après évaluation du dispositif, au plus tôt en 2027.
Cet accord national interprofessionnel relatif à l’emploi des seniors devrait être ratifié par la plupart des organisations. Seules la CGT (côté salarié) et la CPME (côté patronal) semblent, pour l’instant, opposées. Cependant, ce texte engendrera des dépenses. À lui seul, l’élargissement de la retraite progressive coûtera près de 400 millions d’euros par an.
Dans un contexte budgétaire où le gouvernement exige des économies, les regards se tournent donc, sans surprise, vers l’assurance chômage. D’autant plus que la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a sollicité 400 millions d’euros supplémentaires de la part des partenaires sociaux, par rapport à la situation actuelle.
Le compromis atteint concernant l’assurance chômage, qui ne devrait pas être signé par la CGT et la CFE-CGC, devrait à terme engendrer 1,7 milliard d’euros d’économies annuelles en rythme de croisière, bien que toutes les mesures n’aient pas encore été précisément évaluées.
Quelle est la teneur de cet accord ? Tout d’abord, les employeurs obtiennent une réduction de leur cotisation chômage, attendue depuis longtemps. Celle-ci passera à partir de janvier 2025 de 4,05 % à 4 %. Parallèlement, les syndicats de salariés obtiennent un assouplissement des conditions d’accès à l’assurance chômage pour les primo-entrants et les saisonniers, qui devront avoir travaillé 5 mois, au lieu des 6 requis pour les autres chômeurs, afin de bénéficier d’indemnisation.
Pour le reste, le texte limite pour les créateurs et repreneurs d’entreprise la possibilité de cumuler allocations chômage et revenus non-salariés. Il contient également une mesure technique qui mensualisera les allocations pour tous les chômeurs sur une période de 30 jours, même pour les mois de 31 jours. Ce qui réduit mécaniquement les allocations. Ces deux modifications représentent les principales économies prévues.
S’ensuivent les nouvelles dispositions visant les travailleurs frontaliers. Conformément à un accord européen de réciprocité, les travailleurs résidant en France et perdant leur emploi en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Luxembourg ou en Suisse sont pris en charge par l’assurance chômage française. Inversement, les résidents de ces pays, licenciés en France, sont couverts par leur propre régime. À chaque fois, le pays d’emploi s’engage à reverser le montant des allocations au pays de résidence, dans la limite de cinq mois.
Cependant, le différentiel salarial entre les différents pays, par exemple à Mulhouse (France) et à Bâle (Suisse), désavantage l’assurance chômage française (Unédic). Au total, le surcoût engendré par les demandeurs d’emploi frontaliers a atteint 800 millions d’euros l’an dernier. En France, un allocataire perçoit en moyenne 1 265 euros, alors que cela fait plus du double (2 600 euros) pour ceux ayant travaillé en Suisse et 1 780 euros pour ceux ayant un contrat au Luxembourg. Ces deux nations représentent près de 90 % des indemnisations des frontaliers.
L’accord entre partenaires sociaux renforce les conditions pour les travailleurs frontaliers. Un coefficient sera appliqué pour ajuster leurs allocations en fonction des disparités de niveau de vie entre chaque pays. Le texte prévoit également que ces travailleurs bénéficieront d’un meilleur « suivi et accompagnement » par France Travail. Une renégociation plus globale de cet accord de réciprocité est souhaitable. Toutefois, les discussions sont dans l’impasse et la continuelle évolution des institutions européennes complique la situation.
Les demandeurs d’emploi seniors ne seront pas en reste. En effet, toutes les filières dites « seniors » seront repoussées de deux ans pour s’aligner sur la retraite à 64 ans. Actuellement, dès 53 ans, un chômeur peut prétendre à une indemnisation prolongée (22,5 mois, contre 18 mois pour les autres). Il devra à présent attendre 55 ans.
Quant aux chômeurs qui, dès 55 ans, avaient droit à une allocation de 27 mois, ils devront désormais patienter jusqu’à 57 ans. Le maintien des droits des demandeurs d’emploi jusqu’à l’âge de la retraite à taux plein sera également progressivement reculé. Seule (petite) compensation, la dégressivité des allocations sera assouplie : elle ne sera plus appliquée qu’à partir de 57 ans, et non dès 55 ans comme c’est le cas actuellement.
Ces durcissements ne sont pas bien accueillis. Le marché de l’emploi commence à se bloquer, et les plans sociaux se multiplient. Ils risquent d’aggraver la situation des « ni en emploi ni à la retraite » et n’auront probablement pas d’impact significatif sur le taux d’emploi des seniors en France.
Natalia Myronenko avait prévu de tirer parti de son congé maternité pour se réorienter vers l’architecture d’intérieur. Contrôleuse qualité sur de grands projets à Kiev, la guerre l’a poussée vers un domaine qu’elle n’avait jamais envisagé : le déminage.
Employée comme ingénieure qualité, cette mère de deux jeunes enfants s’attendait à un rôle administratif. « J’ai compris que mon métier, c’était la guerre. Cela a été un choc », révèle Natalia Myronenko, 40 ans. Elle se retrouve à superviser, non la conformité des sites, mais des terrains jonchés de pièges létaux.
« Ce travail est infiniment plus captivant », admet-elle depuis Peja, au Kosovo, où elle suit une formation pour reconnaître des dizaines de dispositifs explosifs – mines, bombes à fragmentation, mortiers. Pour l’Ukraine, devenue le pays le plus miné au monde après le retrait des forces russes des zones occupées, c’est essentiel.
Valentina Kastrenko, 57 ans, ne s’était également jamais imaginé exercer un « métier d’homme », encore moins y éprouver du plaisir. Suite au siège et à la prise de Marioupol, elle a dû fuir sa ville natale et se reconvertir. Après avoir vu une annonce qui l’avait d’abord amusée, elle fait maintenant partie des 300 femmes certifiées conductrices de poids lourds.
Avec la fermeture des ports et aéroports, l’invasion a rendu le transport routier indispensable à l’économie ukrainienne. « Pour moi aussi, cet apprentissage était une question de survie », confie-t-elle.
Inimaginables il y a peu, ces parcours reflètent une révolution en Ukraine : des dizaines de milliers de femmes maintiennent l’économie à flot, lorsqu’elles ne rejoignent pas les forces armées.
Entre les hommes mobilisés, ceux qui se cachent pour éviter la mobilisation et les millions d’expatriés, l’Ukraine souffrirait d’un manque de 4,5 millions de personnes pour reconstruire et soutenir son économie dans les dix prochaines années, d’après les chiffres officiels. Cette pénurie engendre « une bataille quotidienne entre les recruteurs militaires qui souhaitent mobiliser les employés, et les employeurs qui tentent de préserver leurs effectifs », explique Hlib Vyshlinsky, directeur exécutif du Centre de stratégie économique à Kiev.
Les propositions de formation et de reconversion pour les femmes se sont alors multipliées, par exemple pour conduire des excavatrices et des grues. « C’est comparable à Londres en 1942, compare Hlib Vyshlinsky. Mais ici, avec beaucoup de femmes ayant quitté le pays, nous faisons également face à un manque de femmes »
Neuf des dix millions d’Ukrainiens déplacés – principalement à l’étranger – sont des femmes. Celles qui sont restées prennent la relève dans des secteurs essentiels comme le transport, la construction et l’énergie.
« Force motrice de l’émergence d’une Ukraine plus inclusive et tolérante », les Ukrainiennes ne se contentent pas de « combler les vides », analyse Evgeniya Blyznyuk. Dans le cadre d’une série d’« enquêtes en temps de guerre », cette sociologue évalue une société « profondément transformée ».
En occupant des rôles stratégiques dans des domaines devenus essentiels, tels le déminage, la fabrication de drones militaires ou le soin des traumatismes, « les femmes ukrainiennes ouvrent la voie vers l’avenir », affirme la déminueuse Natalia Myronenko.
Entre une rivière et un champ de pastèques à Kam’yanka, proche d’Izioum et près de la ligne de front, Galina Burkina passe soigneusement son détecteur de métaux sur le sol. Devant elle, des bandes rouges et blanches signalent la zone à déminer. Vivre ou travailler ici est potentiellement mortel. Galina Burkina, anciennement employée de la centrale électrique de Vouhlehirska, a fui sa région à pied. Oleksiy Kryvosheya, l’un des douze démineurs sous ses ordres, est habitué à travailler avec des femmes.
« En Russie, elles sont considérées comme des esclaves, mais ici, elles sont les descendantes des Amazones », prétend-il.
Dans le secteur du déminage, le manque de main-d’œuvre est évident, selon Iryna Kustovska, responsable des opérations humanitaires de Demining Solution. Voir des femmes démineuses, « cela a été une surprise au début », se souvient-elle. Aujourd’hui, elles constituent un tiers des effectifs.
Svitlana Streliana, PDG d’une société de transport routier à Kharkiv, voit plus loin que simplement « mettre des femmes au volant de camions ». Pour « rendre la profession attrayante pour elles, sans pour autant la romantiser », cette mère de cinq enfants a lancé une campagne sur TikTok et à la télévision, et vient de créer Sisters of the Road, un groupe de soutien.
« Nos femmes sont fortes, mais elles ne le réalisent pas encore. Cette profession peut les aider à découvrir cette force », affirme-t-elle.
Svitlana Streliana elle-même a fait un long chemin. Lors de l’invasion russe à l’hiver 2022, des bombardements frappent les bureaux de son entreprise à Kharkiv, l’obligeant à se cacher pendant quatre jours avec sa fille cadette dans un parking souterrain. Quatre de ses conducteurs sont morts au combat, deux autres sont toujours capturés.
La guerre a ouvert la voie à plus d’égalité et d’indépendance pour les femmes, mais l’émancipation progressé indépendamment en Ukraine, souligne Anna Colin Lebedev, chercheuse à l’université de Paris Nanterre :
« Les femmes ukrainiennes ont toujours été actives dans la société. Il n’y a pas eu du jour au lendemain plus de cheffes d’entreprise : il y en avait déjà un bon nombre avant la guerre. Puisque toute la société est mobilisée pour la guerre, les femmes jouent forcément un rôle prépondérant ».
Tetyana Pashkina, économiste ukrainienne spécialisée dans le marché du travail, acquiesce : « Pour nous, le féminisme, c’est la défense de notre pays ».
La tournure a commencé en 2014 lors de l’agression russe dans le Donbass. Des femmes sont montées au front, sans salaire ni pension, car le métier de combattant, comme 450 autres jugés « dangereux pour la santé reproductive » des femmes – par une idéologie héritée de l’ère soviétique – leur était interdit.
À la suite d’une campagne de sensibilisation menée par la soldate volontaire Maria Berlinska et son film Le Bataillon invisible, le gouvernement a progressivement ouvert ces métiers aux femmes. Depuis 2022, elles peuvent notamment travailler dans les mines.
« Vous pouvez fabriquerez un drone qui détruira un char russe depuis votre cuisine », affirme Maria Berlinska, qui organise une formation gratuite à la fabrication de drones à laquelle des milliers d’Ukrainiens ont participé. Parmi eux, Violetta Oliynyk. Cette artiste bijoutière de 29 ans a réalisé plus de 123 « drones de la victoire », avec environ dix fabriqués chaque semaine.
« En Ukraine, quand on souhaite défendre son pays, il faut en acquérir les moyens », explique cette jeune femme originaire de Ternopil, dans le sud-ouest du pays.
En 2022, elle vend ses bijoux pour financer l’achat de munitions. Et en décembre 2023, lorsque son père l’appelle avec une demande particulière – peut-elle se procurer cinq drones pour son unité près de Kherson ? – elle se met en action.
« Ici, il n’y a que deux options : faire la guerre ou travailler pour elle, déclare Violetta Oliynyk. Il est crucial de comprendre que si la Russie occupe ma ville, ma famille ne survivra pas. »
L’engagement des Ukrainiennes dans la guerre leur a ouvert des opportunités. Natalya Kolisnickenko a ainsi, à 52 ans, réalisé son rêve d’enfance de conduire des camions. Un rêve mêlé à un cauchemar : « Au-delà de la beauté de notre pays et de ses forêts luxuriantes, je fais face à des destructions, des voitures calcinées, des ambulances surchargées de soldats blessés. »
« Cela fait mal, mais je suis convaincue que si chacun y met du sien, nous parviendrons à tout reconstruire, espère-t-elle. J’ai de la valeur, c’est ma fierté ! »
Kamala Harris a parlé de la création d’une « économie d’opportunité », une idée vague qui est plus susceptible de séduire les entrepreneurs que les travailleurs en difficulté.
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