Autoportrait de mes migraines chroniques
Lucia a commencé à prendre des analgésiques ordinaires vers l’âge de vingt ans. « Je prenais que de l’excedrin et du paracétamol, beaucoup de paracétamol, se souvient-elle. D’après mon journal, trois par jour sur une longue période. » Aujourd’hui, même avec ses triptans, l’effet se détériore après un certain temps. Comme pour les antibiotiques, votre corps développe une sorte de résistance à ces pilules. On lui a donc prescrit des injections. « Je peux m’enfoncer une seringue dans la cuisse, et la crise s’atténue au bout de 10 minutes. Mais ça m’angoisse, alors je garde ça pour une attaque vraiment sévère. » On lui a également prescrit des antidépresseurs, qui apparemment fonctionnent aussi pour les migraines. « Idéalement, j’aimerais vraiment ne pas utiliser ces produits, et me soigner avec du curcuma ou du gingembre. Malheureusement, ça se passe pas comme ça. » Il n’existe pas de médicament miracle permettant d’arrêter les crises. Le mieux que vous puissiez obtenir, c’est un médicament qui réduit leur fréquence. Le fait d’être si jeune et de devoir déjà prendre tant de médicaments, de se rendre fréquemment chez le médecin ou le spécialiste, ça fait aussi des ravages. Quand je demande à Lucia quel est son point de vue vis-à-vis du corps médical, elle me répond : « Je sais pas trop. J’ai parfois l’impression qu’ils ne me comprennent pas vraiment. Mes migraines se calent toujours sur mes règles et sur mon cycle hormonal. Je ressors souvent de mes rendez-vous médicaux avec plus de questions que de réponses. » Comme quand son premier médecin lui a simplement donné des analgésiques sans même l’orienter vers un·e spécialiste. Un autre médecin des urgences lui a aussi déjà répondu « Je suppose que c’est lié au stress de votre travail », sans autre examen. « C’est juste une…