Que nous apprend le prix de la Banque de Suède en économie ?

ECONOMIE

Que nous apprend le prix de la Banque de Suède en économie ?

La remise du prix de la Banque de Suède en économie 2024 incite à réfléchir sur la géographie de la recherche économique et à examiner l’évolution des décisions du comité suédois au cours des deux dernières décennies.

Après avoir abandonné la grande théorie qui motivait sa création en 1969, le prix témoigne depuis 2000 d’une volonté de distinguer des chercheurs qui s’attaquent aux enjeux contemporains plutôt qu’à ceux qui ne se concentrent que sur l’élaboration de nouveaux outils ou l’identification de mécanismes de coordination inédits.

Le choix de cette année, qui honore trois économistes démontrant l’importance du politique dans la création des institutions favorisant la prospérité et la croissance, laisse-t-il présager un regain d’intérêt pour une économie institutionnelle, historique et comparative ?

La newsletter d’Alternatives Économiques

Chaque dimanche à 17h, notre analyse de l’actualité de la semaine

Les universités américaines et le melting-pot des récipiendaires

Les lauréats de 2024, bien que d’origines nationales variées, sont tous professeurs dans des institutions universitaires parmi les plus renommées d’Amérique du Nord. Daron Acemoglu, d’ascendance turco-arménienne, est le protagoniste principal, ayant collaboré avec James Robinson, un Britannique, coauteur d’un ouvrage à succès Power and progress (2013), ainsi qu’avec Simon Johnson, un autre Britannique devenu Américain, pour le livre Why nations fail ? The origins of power, prosperity and poverty (2023).

Ce partage du prix est donc dicté par l’interconnexion de leurs travaux plutôt que par une simple convergence d’approches complémentaires comme cela a souvent été le cas auparavant.

Cette distinction n’est pas une surprise compte tenu des multiples contributions significatives de Daron Acemoglu, mais aussi parce qu’entre 2000 et 2024, les chercheurs affiliés aux universités américaines ont reçu le prix 38 fois, la France deux fois, l’Angleterre une fois et la Norvège une fois. Environ 83 % des prix ont été attribués à des établissements tels que le MIT, Chicago et Harvard, soulignant ainsi la tendance générale observée entre 1969 et 1999, où ce chiffre n’était que de 73 %. Deux interprétations opposées pourraient expliquer cette concentration extrême.

La première insiste sur le fait que les universités américaines disposent des ressources les plus généreuses, attirant ainsi les économistes les plus brillants du monde entier. Dans une profession compétitive, cette hiérarchie serait donc le résultat de critères objectifs.

Étant donné le faible nombre d’institutions concernées, on pourrait avancer qu’elles constituent un club très exclusif qui affiche sa puissance, y compris dans l’attribution des prix. Bien que le prix soit décerné par l’Académie royale de Suède, celle-ci valide la domination nord-américaine, car, depuis la Seconde Guerre mondiale, le cœur de la profession s’est déplacé de la Grande-Bretagne vers l’Amérique du Nord.

La vérité se trouve probablement entre ces deux extrêmes : il existe de remarquables économistes porteurs d’innovations significatives, mais il arrive aussi que l’affiliation à un cercle restreint, comme celui de l’université de Chicago, engendre la remise de ce prix à d’autres économistes dont l’apport est largement moins substantiel.

Longtemps ignorée, la place des institutions et du politique

Le comité souligne que les trois récipiendaires ont réussi à illustrer le rôle des institutions et, par conséquent, du politique, dans la divergence entre économies prospères et sociétés empêchées d’accéder au développement. Il s’agit d’une rupture majeure vis-à-vis du leitmotiv qui a précédé, souvent enclos dans une discipline économique s’auto-référentielle mettant l’accent sur la rationalité, le marché et l’équilibre.

Les trois chercheurs soutiennent en ce sens que les marchés ne constituent pas le seul mode de coordination, car des institutions fondamentales encadrent et régulent l’activité économique. Ainsi, le politique devient inextricable de toute analyse économique qui aspire à être pertinente, au point qu’elle doit se réinventer en une économie politique.

Ces institutions ne sont pas de simples obstacles à une économie de marché, mais elles sont intrinsèques à chaque ordre économique observable dans l’espace et le temps. Certaines configurations institutionnelles favorisent une prospérité et des innovations qui s’accumulent sur le long terme. À l’opposé, en l’absence d’intermédiaires politiques capables d’assurer la diffusion des avantages du progrès technique, certaines sociétés peinent à exploiter des moments cruciaux pour sortir de la pauvreté. Les auteurs mettent particulièrement en lumière le rôle des droits de propriété, rejoignant ainsi l’École de Chicago, mais leur contribution dépasse cette institution fondamentale.

L’économiste doit porter son attention non seulement sur la production et la création de valeur et de richesse, mais également sur leur distribution, conditionnant la durabilité d’un système de croissance. De cette manière, ils apportent un complément précieux aux travaux de Thomas Piketty : alors que celui-ci privilégie la redistribution à travers la fiscalité et les biens publics, Acemoglu et ses collègues s’intéressent à la distribution initiale des revenus, également façonnée par des processus politiques.

Ainsi se rouvre le débat sur une économie institutionnelle moderne. Ce thème avait déjà été reconnu par le comité lors de la distinction de Douglas North en 1993, puis celle d’Eleanor Östrom en 2009. On peut évaluer la rareté d’une telle reconnaissance au regard des quatre autres voies qui conduisent au prix de la Banque de Suède.

Construire des outils et de nouveaux instruments

En 1969, la création de ce prix s’inscrivait dans une vision ambitieuse qui souhaitait établir l’économie sur le même plan que la physique. Paul Samuelson (lauréat en 1970) en est la figure emblématique, ayant appliqué les outils mathématiques de la physique à l’économie. L’exploration de cette voie a abouti à une impasse, car la généralisation de la théorie de l’équilibre général se révèle impossible et produit autant de modèles que d’hypothèses. Il en ressort que l’espoir d’une fondation axiomatique de l’économie s’est évaporé !

De 2000 à 2024, seules trois tentatives de refondation théorique ont été récompensées. D’abord par un partenariat avec la psychologie (Kahneman, 2002), ensuite avec l’économie comportementale (Thaler, 2017), ou encore par l’analyse des liens entre innovation et croissance (Romer, 2018).

Ces deux dernières décennies ont également été témoins d’avancées significatives en matière de statistiques et d’économétrie. « Développons des méthodes rigoureuses d’analyse des données et les fondements d’une approche économique scientifique émergeront à travers une accumulation d’études empiriques » : tel est le projet de la majorité des économistes. Ils peuvent ainsi examiner les causalités, point faible des recherches économétriques classiques, ce qui explique la reconnaissance des travaux d’Heckman (2000) et de Sargent (2011).

De son côté, l’économétrie des séries temporelles ouvre la voie à une macroéconomie dynamique, essentielle pour évaluer, par exemple, les effets des politiques économiques à court et moyen termes (Engle, 2003). L’augmentation de la fréquence et le volume croissant des données financières permettent un développement sans précédent de la finance de marché : l’analyse des processus stochastiques (les marchés financiers sont-ils efficients ?) remplace les évaluations en termes d’équilibre général statique (Fama, 2013). De même, il est indéniable que les ajustements des marchés du travail présentent des caractéristiques spécifiques pouvant être mises en lumière par des techniques appropriées (Card, 2021).

Explorer les divers mécanismes économiques

Malheureusement, cette approche inductive n’a pas produit le modèle canonique que ce tournant empirique laissait espérer. Peu de régularités statistiques se retrouvent à travers les périodes, les pays ou les secteurs. En conséquence, le prix de la Banque de Suède a dû récompenser une série d’études mettant en lumière des mécanismes fondamentaux, dans l’espoir qu’elles permettent un jour d’établir une théorie à part entière !

Ce troisième axe de recherche a connu une activité accrue depuis 2000. Il commence par reconnaître avec Akerlof, Spence et Stiglitz (2001) que l’asymétrie d’information empêche les marchés d’atteindre l’efficacité et l’auto-équilibre attribués par la théorie économique classique. L’analyse des cycles économiques remplace ainsi la référence à un équilibre stationnaire (Kydland, 2004). Les théories des jeux réinventent les conceptions de l’équilibre (Aumann, 2005), tandis que la prise en compte du temps introduit des dilemmes complexes dans les décisions économiques (Phelps, 2006). L’aspect géographique n’est pas en reste avec la reconnaissance des travaux de Krugman (2010) et de son attribution de rendements croissants.

Il est remarquable que, de 2007 à 2020, de nombreuses recherches aient porté sur le fonctionnement des marchés, tant dans une perspective analytique (Hurwitz, 2007 ; Diamond, 2010 ; Roth, 2012) que normative : comment encourager la concurrence via la réglementation (Tirole, 2014) ou quelle est la meilleure manière d’organiser des enchères (Milgrom, 2020). Une autre question concerne la nature des contrats (Hart, 2016), qui sont une caractéristique essentielle des économies de marché.

Il ne fait aucun doute que les outils et les mécanismes de coordination des économistes se sont considérablement étoffés grâce à ces récompenses. Cependant, la compréhension des économies modernes a-t-elle suffisamment progressé pour fournir des recommandations scientifiquement valables aux décideurs et aux acteurs des politiques publiques ?

Étudier les problèmes contemporains

C’est effectivement le quatrième axe de recherche que l’Académie royale de Suède reconnait. En cela, elle se reconnecte à l’origine même de l’économie politique : observer les phénomènes récents et développer les concepts nécessaires pour les appréhender, afin d’éclairer notamment les décisions des responsables politiques.

Or, l’entrée au XXIe siècle a mis en lumière de nombreuses anomalies. Dans le domaine de la santé économique, pourquoi l’espérance de vie a-t-elle divergé entre différentes classes sociales (Deaton, 2015) ? Comment intégrer le changement climatique dans les modèles macroéconomiques (Nordhaus, 2018) ? Si la pauvreté ne peut être atténuée par des politiques macroéconomiques, pourquoi ne pas multiplier les expériences contrôlées pour en tirer des enseignements et établir des politiques ad hoc (Duflo & Banerjee, 2019) ?

Les crises financières, touchant principalement les pays en développement, notamment en Amérique Latine puis en Asie, ont commencé à affecter les économies les plus avancées – d’abord le Japon, puis les États-Unis (Bernanke, 2022). De façon implicite, l’économie était « genrée ».

Face aux revendications féministes, à l’essor du travail féminin et aux relations avec l’évolution des structures familiales, la reconnaissance de ce nouveau champ de recherche était nécessaire (Goldin, 2023). Ces spécialisations sont très utiles pour le progrès des connaissances et la gestion des politiques publiques, mais les grandes théories restent-elles envisageables ?

Une économie institutionnelle ouvre-t-elle de nouvelles voies ?

Porté par un certain optimisme, on pourrait penser que les lauréats de 2024 signalent un retour à l’âge d’or de l’économie politique nord-américaine, institutionnaliste et historique, marqué par des penseurs tels que Commons, Mitchell ou Veblen. Cependant, une certaine prudence est de mise.

En effet, bien que Douglas North soit célébré et reconnu, il n’a pas établi l’équivalent de l’école de pensée de Milton Friedman. La reconnaissance des travaux d’Eleanor Östrom (2009) est étonnante a priori, puisque celle-ci démontrait que les individus d’une communauté peuvent concevoir des formes d’organisation innovantes pour gérer efficacement et équitablement une ressource naturelle partagée, c’est-à-dire un bien commun. À noter également que l’axe de l’économie institutionnelle, tout comme celui des fondements théoriques, demeure plutôt limité !

La question de la collaboration entre diverses disciplines se pose, où l’économie standard n’est pas nécessairement dominante, nécessitant la coopération entre économistes, sociologues, politologues, gestionnaires, psychologues, juristes, historiens et philosophes. La Society for the Advancement of Socio Economics (SASE) a été fondée en 1989 dans ce but et jouit d’une reconnaissance internationale. On hésite à évoquer l’approche de la régulation ou la théorie des conventions qui depuis longtemps s’attachent à un renouvellement théorique de l’économie autour du rôle des institutions et des organisations.

Tous ces courants ont-ils une réelle chance de devenir les futurs lauréats du prix de la Banque de Suède en économie ? L’avenir nous le dira, mais la première partie de cet article suscite des doutes sur cette question !

Arrêts de travail : le resserrement du gouvernement pourrait aggraver les inégalités

ECONOMIE

Arrêts de travail : le resserrement du gouvernement pourrait aggraver les inégalités

Dans sa quête incessante d’économies, le gouvernement Barnier – suivant les traces de son prédécesseur – s’attaque aux arrêts maladie. En d’autres termes, à « l’absentéisme » au sein des entreprises et des administrations, pour reprendre le jargon des ministres.

Les sommes reversées par l’Etat au titre des indemnités journalières (IJ) perçues par les personnes absentes pour des motifs de santé ont atteint 15,8 milliards d’euros en 2023. Ce qui représente une hausse de 5,4 milliards d’euros par rapport à 2015.

C’est bien trop pour le gouvernement, qui refuse d’admettre les facteurs structurels derrière l’augmentation des arrêts maladie et le coût associé pour les finances publiques. La liste est cependant longue : le vieillissement de la population, la dégradation des conditions de travail et l’allongement de la durée de travail entraînent des arrêts, mais l’augmentation du Smic, qui sert de base au calcul des indemnités journalières, ainsi que l’intégration des travailleurs indépendants et des professions libérales au régime général contribuent également à alourdir la note.

Une étude de la Dares met d’ailleurs en avant l’un de ces éléments. Elle souligne le lien entre une exposition accrue aux risques physiques et psychosociaux (RPS) et les absences pour maladie. Entre 2013 et 2016, le nombre de jours d’arrêt maladie pour une personne soumise à toujours plus de RPS a par exemple triplé.

Mais pour l’exécutif, l’augmentation des arrêts maladie est forcément due à des abus. Du moins en grande partie.

C’est pourquoi pour mettre un terme à cette « dérive », exprimée par Guillaume Kasbarian, le ministre de la Fonction publique, plusieurs options sont envisagées dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), débattu cette semaine au Parlement. Et il n’est pas question de faire de jaloux, les propositions de l’exécutif concernent aussi bien les agents du secteur public que les employés du privé.

Augmentation des jours de carence

La première mesure défendue par le gouvernement consiste à étendre le délai de carence en cas d’arrêt maladie des fonctionnaires à trois jours, contre un seul jour actuellement. Comme nous l’évoquions déjà dans cet article, cet allongement repose sur une comparaison entre le public et le privé qui ne prend pas en compte les spécificités des fonctionnaires, qui comptent plus de femmes et de seniors et qui sont davantage exposés aux métiers difficiles. A caractéristiques équivalentes, cet écart entre le taux d’absentéisme du privé et celui du public se réduit quasiment à néant.

Malheureusement pour le gouvernement, le rapport sur la fonction publique, publié la semaine dernière, révèle que le nombre d’absences pour raison de santé en 2023 chez les agents… est en baisse (12 jours en moyenne en 2023, contre 14,5 en 2022).

Cependant, ces résultats ne ralentissent pas l’exécutif, qui souhaite mener son projet à terme. Même si cette mesure pourrait se révéler contre-productive et coûter plus cher à la Sécurité sociale. Les recherches menées par divers experts (comme nous l’expliquions ici) montrent que l’ajout de jours de carence peut certes réduire le nombre d’arrêts de courte durée, mais accroître ceux de longue durée. Ces derniers étant les plus coûteux pour l’assurance maladie.

« De plus, une telle mesure pourrait encourager le présentéisme, soit le fait de travailler tout en étant malade, met en garde Thomas Coutrot, économiste du travail. Cela aurait des effets négatifs sur la santé à long terme. »

Diminution des rémunérations

Du côté du secteur public, le gouvernement ne prévoit pas de s’arrêter là. Guillaume Kasbarian a également annoncé son intention de diminuer la rémunération versée aux agents en cas d’arrêt de travail : « Aujourd’hui, dans le public, cela est pris en charge à 100 %. Cela passera à 90 %.  »

Comme pour le délai de carence, établi à trois jours dans le secteur privé, le ministre justifie son assertion en comparant les règles du secteur public à celles du secteur privé, plaidant pour un alignement. Toutefois, il omet certains détails : près de 70 % des salariés du privé ont accès à un accord de branche ou d’entreprise qui maintient leur salaire à 100 % dès le premier jour d’arrêt maladie.

Ces deux mesures entraîneraient également une perte de pouvoir d’achat significative pour les agents publics. En tenant compte de l’augmentation du nombre de jours de carence et de la réduction à 90 % du taux de remplacement, le think tank Sens public a calculé qu’un arrêt maladie de 5 jours, par exemple pour une grippe, engendrerait une perte de 215 euros (pour un agent de catégorie C) et de 320 euros (pour un agent de catégorie A).

Ces deux changements affecteraient en particulier les femmes, qui représentent 63 % des effectifs de la fonction publique, ainsi que les seniors, 36 % étant âgés de plus de 50 ans. De plus, cela réduirait l’attractivité de la fonction publique, déjà compromise ces dernières années.

Pourtant, le gouvernement espère économiser 1,2 milliard d’euros (289 millions d’euros pour les jours de carence et 900 millions pour la diminution de la prise en charge). Cette décision est inacceptable pour les syndicats (CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, FA-FP), qui ont appelé à une grève le 5 décembre.

Le secteur privé aussi affecté

Les employés du privé peuvent se « rassurer », le gouvernement Barnier ne les oublie pas. Dans sa lutte contre les arrêts maladie, l’exécutif a annoncé vouloir réduire le plafond des indemnités journalières. Ce dernier devrait passer de 1,8 Smic (3 180 euros bruts mensuels) à 1,4 Smic (2 473 euros bruts mensuels) en 2025.

Pour rappel, actuellement, la Sécu couvre 50 % de la rémunération d’un individu arrêté pour des raisons de santé, dans la limite de 1,8 fois le Smic mensuel. Son employeur complète alors pour un maintien de salaire d’au moins 90 %. Souvent, la prise en charge est même plus élevée, grâce à des accords internes ou des conventions collectives.

Cependant, réduire le plafond des IJ versées par la Sécu pénalisera ceux qui ne bénéficient pas de cette couverture.

« Cette mesure pourrait donc exacerber les inégalités, reprend Thomas Coutrot. Les personnes avec une santé plus fragile et celles travaillant dans des conditions plus difficiles seraient les plus affectées. »

Ce point est également dénoncé par la CGT, qui détaille dans un communiqué :

« Une telle réforme affectera de manière significative les salarié·es des TPE-PME qui ne sont que très rarement protégés par des accords, de même que les salarié·es de particuliers employeurs tels que les aides à domicile et les assistantes maternelles, certains intérimaires, les intermittents ou encore les demandeurs d’emploi. »

Cependant, cette proposition ferait principalement économiser 600 millions d’euros à la branche maladie. Mais ce qui est le plus choquant, selon Thomas Coutrot :

« C’est que toutes ces initiatives sont une façon de refuser d’aborder les conditions de travail et de s’attaquer aux véritables causes des arrêts maladie. On impose aux individus ce qui relève de la responsabilité des dirigeants tout en restant à la surface des choses. C’est un peu comme administrer de l’aspirine à un patient atteint d’un cancer. »

La vérité sur le viol facilité par des drogues : « Quand je me suis réveillée, mon corps était meurtri »

ACTUALITÉS

La vérité sur le viol facilité par des drogues : « Quand je me suis réveillée, mon corps était meurtri »

Gisèle Pelicot a renoncé à son anonymat pour mettre le viol facilité par des drogues sous les projecteurs, et ses expériences de violence sexuelle ont choqué le monde. Que savons-nous d’autre sur ce crime des plus cachés ?Magistrate et cadre des ressources humaines dans la cinquantaine avancée, stable, célibataire, sans fréquentations ni activité sexuelle, Jo sentait que son risque de devenir victime de viol était passé, ou était certainement faible – et que le viol facilité par des drogues, en particulier, était quelque chose qui arrivait aux jeunes, dans les clubs, lors de fêtes, « sur les applis ». Lorsqu’il lui est arrivé il y a deux ans, c’est son fils adulte qui a dû en faire le sens, et expliquer pourquoi elle s’était réveillée nue à côté d’un homme pour lequel elle n’avait aucun sentiment, du sang sur le lit, une douleur entre les jambes, sa mémoire de cette nuit étant un espace vide.Son violeur était quelqu’un qu’elle connaissait depuis le secondaire, un ancien camarade de classe qu’elle n’avait pas vu depuis leur dernier A-level, jusqu’à cette semaine de novembre 2022. À un moment donné, il avait émigré et s’était ensuite reconnecté avec Jo (ce n’est pas son vrai nom) via Friends Reunited. Ils échangeaient des messages une fois par an autour de leurs anniversaires, qui sont proches l’un de l’autre. C’était le seul contact qu’ils avaient jusqu’à ce qu’il prenne contact pour dire qu’il était de retour pour rendre visite à sa famille, et que dirait-elle d’un café ? Continue reading…

Pour les agents publics, les augmentations salariales ne pallient pas l'inflation.

ECONOMIE

Pour les agents publics, les augmentations salariales ne pallient pas l’inflation.

Depuis 2020, les 5,7 millions de fonctionnaires ont bénéficié de plusieurs dispositifs de revalorisation salariale. Face à une inflation élevée, tous ont bénéficié d’une hausse générale de la valeur du point d’indice, après une période de stagnation de douze ans : + 3,5 % en 2022, + 1,5 % en 2023.

L’ensemble des fonctionnaires a également perçu une augmentation de cinq points d’indice, au 1er janvier 2024. Des mesures spécifiques ont été mises en œuvre pour les agents de catégorie C, telles que l’augmentation de l’indice minimum ou la bonification d’une année d’ancienneté.

À cela s’ajoutent des mesures sectorielles, en particulier dans le domaine de la santé. Depuis 2020, les agents non médicaux des hôpitaux et des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) bénéficient d’un complément de 183 euros net par mois, instauré dans le cadre du Ségur de la santé, mis en place suite à la crise sanitaire, complété en 2022 pour inclure les professionnels socio-éducatifs, comme ceux de l’aide sociale à l’enfance.

Des dispositions telles que l’augmentation de la rémunération pour le travail de nuit des infirmières et des aides-soignantes ont également contribué à améliorer les salaires. D’autres secteurs ont également connu des revalorisations, comme les forces de l’ordre, dans le cadre du Beauvau de la sécurité, ou les enseignants débutants, grâce à la création d’une prime d’attractivité.

« C’est un vrai effort budgétaire, mais pas suffisant. Bien que les hausses du point d’indice soient sans précédent, elles se produisent dans un contexte d’inflation encore plus inédit », souligne Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.

Décrochage

Les récentes analyses de l’Insee sur le sujet, publiées en septembre 2024, le confirment : elles révèlent qu’en 2022, les agents de la fonction publique d’État ont vu leur salaire croître de 2,9 % par rapport à 2021, en valeur nominale. Cependant, si l’on prend en compte une inflation de 5,2 % sur l’année, « le salaire net moyen en euros constants diminue nettement », de – 2,2 %, précise l’Institut. Les contractuels et les agents de catégorie B ont été les plus affectés, avec une baisse respective de 2,3 % et 2,4 %. Les enseignants ont, quant à eux, vu leur rémunération reculer de 1,9 %.

Le même constat est valable pour les autres fonctions publiques : dans la territoriale, le salaire net moyen a augmenté de 4,1 % en valeur nominale, mais a chuté de 1,1 % en euros constants. Dans la fonction publique hospitalière, il affiche une hausse de 4,8 %, mais est en retrait de 0,4 % en tenant compte de l’inflation, après une forte croissance grâce au Ségur en 2021 (+ 2,8 %).

Dans l’ensemble de la fonction publique, les rémunérations ont ainsi baissé de 1,4 % en 2022, en euros constants. Il convient également de noter que la situation est similaire pour 2023 : la hausse de la valeur du point d’indice (+ 1,5 %) est loin de compenser l’inflation de 4,9 % enregistrée au cours de l’année.

Avant même la montée des prix, la stagnation du point d’indice avait provoqué « un décrochage », rappelle Johan Theuret, cofondateur du think tank Sens du service public et directeur général adjoint de la ville et métropole de Rennes. Entre 2011 et 2021, selon l’Insee, le salaire net pour un temps plein a crû de 2,1 % dans la fonction publique, alors qu’il a augmenté de 4,9 % dans le secteur privé.

« Le problème, c’est que la rémunération dans la fonction publique n’est pas entrée dans une politique RH mais considérée comme une question budgétaire. Les décisions sont prises au cas par cas, en fonction des pressions syndicales ou sociales, des conditions économiques… Les retards s’accumulent, affectant la relation de confiance entre les agents et leur employeur », estime Johan Theuret, qui plaide pour des négociations annuelles.

Retrouvez ici notre dossier « Manuel de défense des services publics »

‘Nous bouclons la boucle’ : Rafa Nadal fait une sortie émotive après la défaite en Coupe Davis

ACTUALITÉS

‘Nous bouclons la boucle’ : Rafa Nadal fait une sortie émotive après la défaite en Coupe Davis

Nadal met fin à sa carrière après que l’Espagne ait été battue par les Pays-Bas‘La vérité, c’est que vous ne voulez jamais arriver à ce point’Rafael Nadal dit qu’il a “fermé le cercle” sur son temps dans le tennis alors que sa carrière légendaire touchait à sa fin à la Coupe Davis à Málaga.”C’est en quelque sorte bien, peut-être, si c’était mon dernier match,” a déclaré Nadal, souriant, immédiatement après son match en simple. “J’ai perdu mon premier match en Coupe Davis, et j’ai perdu mon dernier. Donc nous fermons le cercle.”

La Poste embauche 56 CDD dans l'Hérault pour prendre en charge les célébrations de fin d'année

HERAULT NEWS

La Poste embauche 56 CDD dans l’Hérault pour prendre en charge les célébrations de fin d’année

À chaque clôture d’année, La Poste fait face à une importante hausse du nombre de colis à traiter. Entre le Black Friday et les célébrations de Noël, le volume quotidien des colis à livrer peut atteindre jusqu’à 3 millions de paquets par jour, contre 1,5 million habituellement. Pour gérer cette situation, elle recrute 56 CDD dans l’Hérault, pour des postes de facteurs, opérateurs de livraison, de tri de colis, etc. à pourvoir dans l’ensemble du département

L’entreprise indique qu’elle est à la recherche de personnes ayant un sens du service, rigoureuses, ponctuelles, autonomes, avec un esprit d’équipe et de solides compétences interpersonnelles. Pour les postes de facteur, le Permis B est requis.

Pour soumettre une candidature, les personnes intéressées sont invitées à se rendre sur www.laposterecrute.fr ou à contacter dès maintenant les agences d’intérim1 du département

Les scientifiques mettent en lumière les frontières des IA vidéo, et c'est vraiment frustrant.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Les scientifiques mettent en lumière les frontières des IA vidéo, et c’est vraiment frustrant.

Tout comme Midjourney qui peine à reproduire les doigts, la grande majorité des IA génératives de vidéos, y compris Sora AI d’OpenAI, présentent des limitations qu’il est crucial de prendre en compte. Certes, elles réussissent à créer des vidéos de qualité remarquable. Cependant, ces modèles, selon les chercheurs, manquent de la capacité à saisir les lois de la physique.

Ce qui fait qu’en dépit des ambitions des entreprises, il est toujours ardu pour leurs modèles de reproduire le monde réel.

Cependant, une question émerge. Est-ce que cette faiblesse est liée à la qualité des données d’entraînement des modèles d’IA génératives de vidéos ?

Ou s’agit-il principalement de l’incapacité des modèles à assimiler et à comprendre les règles universelles ?

YouTube video
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=HK6y8DAPN_0?feature=oembed&w=662&h=372]

Les générateurs de vidéos IA ne peuvent pas restituer le monde réel

Après avoir effectué des analyses sur les modèles de génération vidéo par IA, les chercheurs ont conclu que même les plus avancés ne saisissent pas les lois de la physique.

En réalité, ils se contentent de reproduire les modèles présents dans les données d’entraînement, en se basant sur leurs caractéristiques superficielles.

Tous les modèles affichent effectivement le même schéma. Ils suivent une organisation dans le processus de création des vidéos.

<pCela dit, des modèles comme Sora AI, Dream Machine, HeyGen et Kling peuvent générer des vidéos réalistes si les prompts contiennent des données qui leur sont familières.

À l’inverse, lorsqu’ils sont confrontés à des situations non familières, les résultats obtenus sont plutôt médiocres.

La vidéo de démonstration de Sora AI illustre bien cette hypothèse

Pour démontrer l’hallucination des modèles de génération de vidéos par IA, Bingyi Kang, chercheur scientifique chez TikTok, a publié une vidéo de démonstration sur X.

Lors de leur expérimentation, Kang et son équipe ont exposé Sora AI à un entraînement avec des projectiles se déplaçant horizontalement, dans les deux directions.

Lors des tests avec des balles à vitesse réduite, ils ont noté un comportement inattendu du modèle, qui anticipait des changements brusques de trajectoire après seulement quelques images.

Peut-on réellement résoudre ces problèmes d’hallucinations et dépasser les limites actuelles des IA génératives de vidéos ?

Bien sûr que oui, mais pas en élargissant le modèle. Cela signifie que l’accroissement des données d’entraînement ne suffit pas à améliorer sa capacité de compréhension.

Or, c’est précisément ce qu’ont réalisé OpenAI et Google avec leurs modèles Orion et Gemini. Toutefois, cette stratégie n’autorise pas aux IA génératives de vidéos de reproduire des scénarios n’appartenant pas à leurs données d’entraînement.

Ainsi, ces systèmes limités ne peuvent pas revendiquer le statut de modèles du monde réel.

YouTube videoYouTube video
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=X7Ho_o1VF0I?feature=oembed&w=662&h=372]

La véritable nature d’un tel modèle dépend de sa capacité de généralisation. Une compétence qui dépasse les données ayant été utilisées pour son apprentissage.

Étant donné l’impossibilité concrète de capturer toutes les nuances du monde ou de l’univers dans la constitution des données d’apprentissage, un modèle de génération de vidéos par IA doit être en mesure de comprendre et d’appliquer des principes fondamentaux, plutôt que de se limiter à la simple mémorisation de configurations établies.

De toute façon, personnellement, je suis impatient de pouvoir enfin essayer Sora AI après tant de bruit médiatique.

    Partager l’article :

Mobilisation des agriculteurs : blocage routier sur l'A9 au péage du Boulou, une action prévue sur plusieurs jours

HERAULT NEWS

Mobilisation des agriculteurs : blocage routier sur l’A9 au péage du Boulou, une action prévue sur plusieurs...

Des ralentissements et des bouchons significatifs sont à prévoir ce mardi 19 novembre sur l’autoroute A9 ! Les agriculteurs des Pyrénées-Orientales, soutenus par leurs confrères de l’Aude et de l’Hérault, bloquent le passage à la frontière avec l’Espagne en direction de la France. Un rassemblement s’est tenu au péage du Boulou à midi, avec l’établissement d’un barrage filtrant destiné aux poids lourds. La gendarmerie des Pyrénées-Orientales rapporte qu’environ 150 agriculteurs sont présents, avec au moins huit tracteurs stationnés à la barrière de péage.

Circulation interrompue à la frontière dans le sens Espagne/ France

À cause des manifestants qui occupent les voies de péage du Perthus sur l’autoroute A9, la circulation est suspendue depuis midi ce mardi 19 novembre, en direction de Narbonne/Lyon. En revanche, dans l’autre sens, le trafic en direction de l’Espagne se déroule sans encombre.

D’après Vinci autoroutes ” cet incident cause des désagréments sur la route depuis l’AP7 en Espagne et à l’approche du péage du Perthus en direction de la France. Par conséquent, il est impossible de sortir à l’échangeur du Boulou (n°43), en route vers Lyon. Des déviations sont mises en œuvre depuis l’AP7, côté espagnol, vers Lyon.”

De son côté, la préfecture des Pyrénées-Orientales indique que “la circulation des poids lourds est prohibée sur la RD66 (ex RN116). Pour atteindre l’A9 via la Cerdagne, les poids lourds doivent utiliser la RN20, la RN22, puis l’A61.”

Une mobilisation prévue sur plusieurs jours

Les manifestants ont l’intention de rester sur place aussi longtemps que possible et ont donc fait le plein de provisions et de bois de chauffage. “Nous sommes prêts à persister” a déclaré ce matin la présidente de Coordination rurale, Véronique Le Floc’h. Les agriculteurs sont déterminés à bloquer les camions de transport venant d’Espagne, ce qui implique que des milliers de poids lourds seront contraints de s’arrêter de l’autre côté de la frontière.

Ce mardi matin, cette mobilisation s’est déroulée calmement sans incidents. Jusqu’à 120 gendarmes ont été déployés pour encadrer ce rassemblement tout au long de la journée de mardi.

Des agriculteurs sont venus en renfort de l'Aude et de l'Herault
Des agriculteurs sont venus en renfort de l’Aude et de l’Herault © Radio France
Baptiste Guiet

Les agriculteurs mobilisés sur le barrage envisagent de le maintenir plusieurs jours
Les agriculteurs mobilisés sur le barrage envisagent de le maintenir plusieurs jours © Radio France
Baptiste Guiet

Charger plus Tous les Articles sont chargés