Le « sport qui rassemble » est un mythe
Illustration : Maryia Naidzionysheva La sueur a parlé, les larmes ont coulé, les trophées ont été soulevés, les records ont été battus… Et voici venue l’heure de mettre les pieds dans le plat. « Le sport rassemble les gens et les peuples » : typiquement le genre de phrase que vous avez déjà entendu au moins une fois dans votre vie, ce à plus forte raison lors de périodes telles que l’EURO ou les Jeux olympiques. À bien des égards, cette phrase inspire quelque peu la même réflexion qu’une autre déclaration du même acabit, et toute aussi connue : « Le rêve américain ». Dans les deux cas, il faut être endormi·e pour y croire. Suffisamment endormi·e pour faire abstraction du cadre général duquel émanent le sport et les compétitions sportives. Endormi·e aussi sur la fonction même que remplit le sport dans la préservation du statu quo social. Et endormi·e quant à la reconnaissance d’une pseudo finalité – à savoir rassembler et unir – qu’apparemment lui seul aurait atteint, là où la société dans sa globalité serait, elle, encore en recherche d’union. Publicité Mais, au même titre que les luttes sociales, féministes, LGBTQIA+ et antiracistes, comment se prévaloir de l’union et/ou de l’inclusion quand celles-ci ne s’expérimentent pas en dehors de moments spécifiques et délimités ? Une compétition sportive internationale aussitôt entamée, que s’ensuit notamment d’une part une hausse du trafic d’êtres humains et de l’exploitation sexuelle directement liés à la mise en place de celle-ci, et d’autre part des violences conjugales résultant de l’issue même du dit évènement. Selon une étude réalisée par l’université de Lancaster sur les Coupes du monde de football de 2002 à 2010, les cas de violences domestiques sont nettement plus élevés durant les Coupes et les chiffres sont sensiblement en hausse lorsque l’équipe soutenue perd. Non seulement il y…