“Ce signalement porte sur des essais cliniques qui auraient été réalisés au sein de l’IHU Méditerranée-Infection en dehors du cadre légal”, a précisé la procureure de Marseille Dominique Laurens.
Pour les tuberculoses sensibles, l’IHU a déposé deux projets de recherches “pour raccourcir le traitement”, mais “on ne l’a pas mis en place dès qu’on a eu l’avis de l’ANSM (l’Agence nationale de la sécurité du médicament, NDLR)”, s’est défendu Didier Raoult ce jeudi soir sur C8.
Ainsi, pour le professeur Raoult, qui a réservé sa réaction à l’émission Touche pas à mon poste, “il n’y a pas eu d’essais, seulement des choix thérapeutiques par des médecins”.
“Complications rénales”
De son côté, l’ANSM a indiqué mercredi avoir diligenté une inspection au sein de l’IHU: “Aux termes de nos premières investigations, nous considérons que certaines études auraient dû être menées conformément à la législation encadrant les recherches impliquant la personne humaine (…). Ceci n’est pas admissible”.
Elle a parallèlement saisi le parquet de Marseille, qui n’a pas ouvert d’enquête à ce stade. “Ce signalement et les pièces qui l’accompagnent font l’objet d’une première évaluation (…) pour appréciation des suites à donner”, a-t-il indiqué ce jeudi.
Le 22 octobre, le site d’information Mediapart avait affirmé que l’IHU menait depuis 2017 “une expérimentation sauvage contre la tuberculose”, expérimentation qui aurait “provoqué chez plusieurs patients, dont un mineur, de graves complications”.
Selon Mediapart, qui cite plusieurs employés de l’Institut sous couvert d’anonymat, ainsi que des comptes-rendus d’hospitalisations, des équipes de l’IHU ont testé une combinaison de quatre médicaments dont l’efficacité conjointe n’avait jamais été évaluée contre cette maladie infectieuse.
Face à la “gravité et l’ampleur potentielle des faits relatés”, l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM), dont dépend l’IHU, a lancé une enquête le même jour.
Mercredi, elle a confirmé que “certains” des patients traités contre la tuberculose avec la combinaison d’antibiotiques mise en cause ont été “atteints de complications rénales, dont au moins un d’entre eux a nécessité une intervention chirurgicale”.
L’AP-HM a précisé qu’elle avait bien déposé un “protocole de recherche sur cette combinaison d’antibiotiques” en août 2019, mais qu’il avait été retiré un mois plus tard “compte tenu des réserves émises par l’ANSM”, chargée en France d’autoriser les recherches impliquant des êtres humains,.
Or, “en l’absence d’essai ouvert et malgré les réserves émises par l’ANSM, l’IHU Méditerranée a continué à délivrer ces traitements”, a expliqué à l’AFP la porte-parole de l’AP-HM.
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