Alors que le parquet de Mulhouse a ouvert une enquête ce même jour pour “harcèlement” après le suicide de Dinah, la mère de cette lycéenne de 14 ans, Samira, ainsi que son fils, Rayan, étaient invités à s’exprimer sur le plateau de Cyril Hanouna, eux qui pointent le comportement de plusieurs de ses camarades ainsi que l’inaction du corps enseignant.
“Je ne vais pas de l’avant. (…) Elle me manque, chaque seconde que Dieu fait ma sœur me manque. Ils me l’ont enlevée”, témoigne aujourd’hui Rayan, trois semaines après que Dinah a été retrouvée pendue au domicile familial de Kingersheim, dans le Haut-Rhin.
“On s’appelait tous les soirs. Elle me montrait comment elle allait s’habiller le lendemain pour aller en cours. On faisait des ‘lunch time’ (…), on mangeait ensemble en FaceTime vu que je n’habitais pas à la maison”, continue le jeune homme, la voix saccadée (à écouter en vidéo plus bas). “Quand ça n’allait pas, ma mère me demandait de l’appeler; je l’appelais, elle se confiait à moi. J’essayais de rentrer le maximum les week-ends et les vacances, je passais tout mon temps avec elle, je faisais de la musique avec elle, on écrivait des chansons, on chantait. Et maintenant, elle n’est plus là, ma vie n’a plus de sens.”
“J’avais tellement peur de lui annoncer la nouvelle parce qu’il était fusionnel avec sa sœur”, ajoute sa mère à ses côtés, qui a dû s’y prendre à quatre reprises, lors de différents appels, pour lui annoncer la mort de Dinah. “Je suis désolée Rayan (…) parce que je ne l’ai pas assez protégée”, se confie encore Samira, avant que son fils ne la recadre: “Maman, arrête, arrête, ne t’excuse pas (…) ce n’est pas de ta faute, ce n’est pas de ta faute, ne dis pas ça”.
En face, Cyril Hanouna est en pleurs, peinant à reprendre la parole derrière ce témoignage très lourd.
“Je veux que ses harceleurs, ils payent pour ce qu’ils lui ont fait”
“Aujourdhui, c’est quoi ton combat?”, demande ensuite le présentateur à Rayan.
“Rendre justice à ma sœur dans un premier temps. Je veux que ses harceleurs et ses harceleuses, ils payent pour ce qu’ils lui ont fait”, répond-il, avant d’enchaîner peu après sur une anecdote qui l’a marqué (à écouter dans la vidéo ci-dessous):
“Je me rappelle d’une semaine particulièrement, où j’étais revenu chez mes parents pendant une semaine, ils étaient au travail. Il n’y a pas un jour où le collège n’a pas appelé trois ou quatre fois dans la journée pour nous dire ’venez la chercher, elle n’a pas envie d’aller en cours, elle ne se sent pas bien, elle a mal au ventre, elle a mal à la tête’. (…) Mais vraiment tous les jours de la semaine. Et à aucun moment ils se sont dit ‘il y a un souci’ et il vient de leur établissement. (…) À aucun moment ils se sont remis en question. Le problème, il venait de ma sœur”.
Ce lundi, Rayan s’est aussi confié au média Brut (à écouter dans la vidéo ci-dessous). “Je n’ose même pas imaginer ce qu’elle a pu endurer”, dit-il notamment. “Elle appelait ma mère des fois, elle s’enfermait dans les toilettes du collège, à la cantine ou pendant la récréation et elle n’osait plus sortir. Elle l’appelait en pleurs, et nous, on devait venir la récupérer”.
“J’aimerais comprendre ce qui pousse des adolescents à s’acharner sans cesse sur la même personne.”
Elle s’appelait Dinah, elle avait 14 ans. Elle s’est pendue. Son frère témoigne du harcèlement qu’elle a subi pendant des années. pic.twitter.com/AtyoZqOJQ6
— Brut FR (@brutofficiel) October 25, 2021
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