SANTÉ – Trois cas de variole du singe ont été détectés en France à la date du 23 mai, a annoncé Santé Publique France, soit deux de plus que trois jours plus tôt, lorsque le premier cas a été signalé vendredi 20 mai.
″À ce jour, ces cas sont survenus principalement, mais pas uniquement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), sans liens directs avec des personnes de retour de zone endémique”, précise Santé publique France.
Cette dernière ajoute également que “le contexte européen actuel constitue une alerte et suggère une contamination en Europe” et que la surveillance pérenne de cette maladie appelée en anglais “Monkeypox” passe dans l’hexagone par “le dispositif de la déclaration obligatoire est renforcée et des messages d’informations et d’alerte sont adressés aux professionnels de santé”.
“Moins de 200 cas” repérés dans les pays non endémiques
Alors que les cas de variole du singe continuent d’augmenter hors des zones endémiques d’Afrique, notamment en Europe, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé lundi 23 mai une situation “atypique”.
Des cas ont été jusqu’alors confirmés dans une dizaine de pays européens mais aussi en Australie, au Canada ou encore aux Etats-Unis. Neuf pays de l’UE (Autriche, France, Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Portugal, Suède) concentrent pour l’instant 69 cas, selon l’agence de l’Union européenne chargée des maladies (ECDC).
Il y a actuellement “moins de 200 cas confirmés et suspectés” dans ces pays non endémiques, selon Maria Van Kerkhove, chargée de la lutte contre le Covid-19 mais aussi les maladies émergentes et zoonoses à l’OMS. Ce chiffre concerne seulement des pays où la présence de la variole du singe est inhabituelle.
Possibilité de “stopper” la transmission, selon l’OMS
L’OMS s’est cependant montrée confiante sur la possibilité de “stopper” la transmission de la maladie entre humains dans ces pays “non endémiques”, lors d’une séance de questions/réponses lundi.
“C’est une situation qui peut être contrôlée, particulièrement dans les pays où nous voyons cette épidémie se produire en Europe”, a déclaré Mme Van Kerkhove. L’identification précoce et l’isolement des cas font partie des mesures préconisées par l’OMS comme par l’ECDC, a-t-elle souligné, précisant qu’il n’y avait pour l’heure pas de cas grave.
La maladie, cousine moins dangereuse de la variole éradiquée depuis une quarantaine d’années, est endémique dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Elle se traduit d’abord par une forte fièvre et évolue rapidement en éruption cutanée, avec la formation de croûtes.
Ce qui intrigue et préoccupe les experts est l’apparition simultanée de cas dans de nombreux pays, chez des personnes qui, pour la plupart, n’avaient pas de lien direct avec les pays où la maladie est endémique.
Probabilité de contagion “très faible” pour la population en général
D’après de premières analyses, comme un premier séquençage de génome au Portugal, le variant du virus appartiendrait à la souche présente en Afrique de l’Ouest, associé à une maladie moins grave que l’autre variant de la variole du singe.
On ignore encore si le virus a muté, a observé Rosamund Lewis, chargée de la variole au programme d’urgence de l’OMS, mais ces orthopoxviroses “ont tendance à être assez stables”.
Pour la population en général, la probabilité de contagion est “très faible”, a jugé le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans sa première évaluation des risques depuis l’apparition inhabituelle de dizaines de cas en Europe et en Amérique du Nord.
“Pas une maladie homosexuelle”
“Toutefois, la probabilité de transmission du virus en cas de contact proche, par exemple durant des rapports sexuels avec des personnes ayant plusieurs partenaires, est considérée comme élevée”, a noté l’agence dans son rapport.
La variole du singe est habituellement transmise à l’homme par des rongeurs sauvages ou des primates. Mais une transmission inter-humaine est également possible, par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade, ainsi que par les gouttelettes.
Si ce virus peut être attrapé via une activité sexuelle, ce n’en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible, a souligné Andy Seale, conseiller en stratégies des programmes mondiaux de l’OMS sur le VIH, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles.
Dans l’épisode actuel, plusieurs cas ont été identifiés parmi des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Mais “ce n’est pas une maladie homosexuelle, comme certaines personnes sur les réseaux sociaux ont tenté de l’étiqueter”, a insisté cet expert. L’Onusida a averti dimanche que les dérapages homophobes et racistes parfois constatés dans les commentaires sur la variole du singe pourraient “rapidement miner la lutte contre l’épidémie”.
Une grande réunion mondiale avec tous les experts de nombreuses branches doit se tenir la semaine prochaine pour débattre de l’épisode en cours.
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