Emmanuel Macron l’a affirmé dès son élection : il veut faire de la France une “startup nation”. Il démontre régulièrement son soutien à la “FrenchTech”, censée représenter la quintessence de l’innovation et de l’entreprenariat. Mais derrière cette ambition, la réalité est bien différente. La France peine à se dégager de l’emprise des GAFAM, comme l’ont cruellement rappelé les déboires de Qwant, le moteur de recherche qui devait supplanter Google. Et l’échec patent de l’application StopCovid en est une énième illustration. Pourquoi la France peine-t-elle à innover et à recouvrir son indépendance numérique ? Comment résister face aux plateformes, sans pour autant exploiter une main d’oeuvre uberisée, et en respectant la vie privée des utilisateurs ?
Pour en parler, nous avons reçu Jean-Baptiste Kempf, l’éditeur du logiciel français le plus utilisé au monde. Il s’agit du lecteur de vidéos VLC, le fameux logiciel au cône de chantier. Open-source, maintenu par la communauté, il est porté par une structure associative. On est bien loin des “jeunes qui veulent devenir milliardaires” dont rêve le Président Macron. Pourtant, le logiciel, né d’un projet étudiant, a dépassé les 3 milliards de téléchargements.
Jean-Baptiste Kempf juge sévèrement, mais non sans humour, l’incompétence des politiques dès lors qu’il s’agit d’innovation. Personnage atypique, on peine à la mettre dans une case. Mais ce qui est certain, c’est que son expérience remet en cause le récit du capitalisme comme moteur de l’innovation.