L’objectif de ces changements de conditions d’utilisation est de permettre à l’application de messagerie de partager plus de données personnelles de ses presque 2 milliards d’utilisateurs, avec Facebook, sa maison mère. Qu’est ce que ces modifications changent pour vous? Le HuffPost fait le point.
Des rappels “persistants” jusqu’à rendre le compte inerte
“Acceptez la mise à jour des Conditions d’utilisation et de la Politique de confidentialité de WhatsApp ou perdez l’accès à la messagerie instantanée”. C’est en substance le message qui s’est affiché en février dernier sur les écrans de nombreux utilisateurs. Face au vent de panique et à l’exode de milliers de personnes vers d’autres applications de messagerie, le groupe Facebook a décidé de décaler son ultimatum de trois mois afin de laisser le temps à cette nouvelle de faire son chemin. Mais à quelques jours de la date butoir, un revirement a été annoncé.
WhatsApp a en effet indiqué vendredi 7 mai sur son site qu’il ne couperait pas directement l’accès aux usagers refusant les nouveaux termes mais continueraient à leur envoyer des rappels.
“Personne ne verra ses comptes supprimés ou ne perdra la capacité d’utiliser WhatsApp le 15 mai en raison de cette mise à jour”, a assuré la plateforme. Mais les utilisateurs recevront des rappels “persistants” sur la nouvelle politique et risquent de perdre peu à peu certaines fonctionnalités s’ils n’acceptent pas les nouvelles conditions.
Ils pourront ainsi continuer pendant un temps à recevoir des appels audio et vidéo sans pouvoir accéder à leur liste de messages. Après plusieurs semaines, ils ne pourront plus recevoir de messages et d’appels. Leur compte deviendra alors inerte, inutile. Il pourra toutefois être ramené à la vie si vous acceptez finalement les conditions d’utilisation.
Pourquoi ce changement de conditions?
Selon la plateforme, les nouvelles règles modifient la façon dont les annonceurs utilisant WhatsApp pour communiquer avec leurs clients peuvent partager des données avec Facebook.
Ainsi, les entreprises qui communiquent avec leurs clients via WhatsApp, WhatsApp Business, et qui hébergent ce service chez Facebook, verront des données sur leurs échanges partagés avec la maison mère.
En janvier, Niamh Sweeney, directrice des politiques publiques de Facebook pour l’Europe, expliquait à ce propos: “Il s’agit d’améliorer la façon dont les entreprises utilisent WhatsApp pour se connecter avec les clients. La Politique mise à jour fournit des informations sur la façon dont les entreprises, utilisant l’API WhatsApp pour parler aux clients, peuvent désormais le faire en utilisant un service fourni par Facebook pour les aider à gérer leurs conversations avec les clients”.
Quelles données sont partagées?
Jusqu’à présent, l’utilisateur pouvait volontairement partager des informations personnelles, comme son numéro de téléphone ou son nom complet. Désormais, il sera poussé à le faire jusqu’à ce que son compte devienne inerte ou qu’il accepte.
Les nouvelles règles mondiales prévoient un partage plus facile des données personnelles – comme le numéro de téléphone, le nom, l’adresse IP pour géolocaliser ou encore les données relatives aux appareils de ses utilisateurs – avec d’autres entités du groupe de Mark Zuckerberg, comme Facebook ou Instagram.
Toutefois, même si WhatsApp récupère ces données, les messages restent tout de même protégés par un chiffrement qui garantit la vie privée.
Ce que vous pouvez faire pour vous protéger
Si vous avez approuvé ces conditions d’utilisation, il vous appartient de vous assurer que votre application et vos données sont pleinement sécurisées. “N’oubliez jamais que votre compte WhatsApp est directement lié à votre numéro de téléphone… Outre ce dernier, il est important de protéger l’accès à l’application elle-même – en activant l’authentification par empreinte digitale ou par FaceID ainsi que l’authentification deux facteurs”, plaident dans une note Me Claire Poirson, avocate associée au sein du cabinet Bersay, et Benoit Grunemwald, expert en cybersécurité chez ESET.
Ceux-ci vous invitent à paramétrer les critères de confidentialité vis-à-vis des autres utilisateurs de la messagerie et à vérifier régulièrement “qui peut avoir accès à votre statut, à la date de votre dernière connexion ou à toute autre information vous concernant”.
Les doutes sur la confidentialité demeurent
Cet accroc sur la politique de confidentialité de WhatsApp a été décrit par Facebook comme un malentendu sur les efforts visant à amener les entreprises sur la plateforme. Mais il illustre les préoccupations constantes entourant les politiques de confidentialité et de protection des données du géant de la technologie.
Ce mardi 11 mai, une autorité de régulation allemande a ordonné à Facebook de suspendre durant trois mois l’utilisation des données que mettrait à sa disposition le service de messagerie WhatsApp afin de protéger la vie privée des utilisateurs mais aussi d’éviter l’utilisation des données “pour influencer les décisions des électeurs afin de manipuler les choix démocratiques”, citant la proximité des élections législatives du 26 septembre en Allemagne.
Cette décision fera-t-elle tache d’huile à travers toute l’Europe? Le régulateur de Hambourg a annoncé qu’il soumettait l’affaire au Comité européen de la Protection des Données, organe compétent au sein de l’UE pour faire respecter les règles parmi les Vingt-sept.
Ces nouvelles conditions d’utilisation doivent permettre à Facebook, qui fait depuis des années du ciblage publicitaire un modèle économique, de rendre son achat de WhatsApp en 2014, à 19 milliards de dollars, plus rentable.
Si vous n’êtes toujours par d’accord avec ces mises à jour, vous pouvez aussi opter pour la concurrence et changer d’application pour Viber, Signal, Télégram ou encore Olvid.
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