Sur l’ensemble du deuxième trimestre 2020 toutefois, la consommation des ménages en biens baisse très nettement, de 7,1% après –6,8% au premier trimestre, calcule l’institut statistique.
Selon l’Insee, la France a connu au printemps le plus fort recul de son activité depuis au moins 1949, avec un plongeon du produit intérieur brut (PIB) de 13,8% au deuxième trimestre. Alors ce semblant de rattrapage sur les chiffres de la consommation des ménages peut-il être un levier pour relancer la croissance?
Oui et non, à en croire Xavier Timbeau, directeur de l’OFCE, contacté par Le HuffPost au début du mois de juillet. D’après lui, les 75 milliards d’euros épargnés par les Français pendant la crise ne représenteraient “qu’une moitié” des “pertes d’activité liées au confinement”, “l’autre partie manquante étant essentiellement liée aux investissements des entreprises, mais aussi à l’absence de consommation des touristes étrangers qui ne sera pas rattrapée”.
Comme le souligne l’économiste, la dépense totale de cette épargne ne réglerait pas tous les problèmes et pourrait même provoquer des déséquilibres sectoriels. “Certains services comme les restaurants, les boîtes de nuit, restent difficiles à consommer. Il est toujours aussi difficile de prendre l’avion. Si vous avez moins de voyageurs, vous construisez moins d’avions. C’est une situation qui risque de durer, mais qui est très difficile à anticiper. Cela concerne environ 10% de l’économie où l’on table sur une baisse d’un tiers à un quart de l’activité. C’est susceptible de déclencher des problèmes sociaux et économiques durables”, détaille Xavier Timbeau.
La confiance, l’enjeu clef
L’épargne réalisée par les Français pendant le confinement constitue toutefois, pour Xavier Timbeau, un “plan de relance massif” aux “mains des consommateurs”. “Et pour que cette épargne soit dépensée, il faut une donnée clef: la confiance. Ce sera le grand enjeu du plan de relance du gouvernement: restaurer la confiance pour encourager les gens à dépenser. L’exécutif envoie d’ailleurs déjà en partie ce message quand il assure que les impôts n’augmenteront pas”, détaille Xavier Timbeau.
Encore faut-il que les Français soient prêts à réinvestir toute leur épargne. Se basant sur une étude de l’Insee de 2011, l’OFCE rappelait ainsi, dans une note diffusée le 26 juin, que face à un surplus de revenus, “20% des ménages tendent à répondre qu’ils épargneraient leur revenu supplémentaire avec une propension à épargner légèrement plus importante pour les ménages les plus aisés.”
De même, “20 % des ménages en moyenne déclarent souhaiter dépenser davantage dans les loisirs ou les vacances”, mais face aux contraintes actuelles “une part importante de l’épargne qui aurait pu se déverser dans ces secteurs” risque de continuer à être épargnée par les ménages.
“Finalement, une part significative des 75 milliards d’euros accumulés du 17 mars au 5 juillet pourrait ne pas être consommée, à court terme du moins”, estime l’OFCE.
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