Dans mon lycée, la liberté de pensée ne se cache pas, ne se négocie pas, elle s’affiche – BLOG
J’ai le sentiment aujourd’hui, que la haine distillée à travers les réseaux sociaux, à nouveau, a conduit à l’irréparable. Ces derniers sont peut-être des caisses de résonance, des amplificateurs, des canaux facilitateurs, mais la haine est là, bien ancrée, tapie dans les angles morts de la République. Comme chef d’établissement, mais aussi comme citoyen, père de famille, je crois profondément que de petites lâchetés en petites lâchetés, nous avons collectivement cédé face à la montée des obscurantismes venus de toute part.
Etre Charlie en 2015, c’était brandir un stylo pour symboliser la liberté d’écrire, de dire, de caricaturer. C’était dire la liberté d’expression, de conscience, de vivre la différence. Ce geste, je l’ai fait, comme des milliers, des centaines de milliers de concitoyens. Jamais je ne me suis interrogé sur qui était mon voisin, ma voisine de manifestation. Il y avait la gravité et l’espérance mêlées!
Aujourd’hui, l’acte innommable qui a touché d’abord un homme, un citoyen, un enseignant, a meurtri la République, ses valeurs et l’école en premier. La peine de mort a été abolie en 1981, mais aujourd’hui, ici, au pays des Lumières, un homme a décapité la République. Il a guillotiné à la fois la vie d’un homme, enseignant, ainsi que la liberté de transmettre les valeurs pour aider ses élèves à grandir. Les valeurs de la République, des Lumières, de la laïcité, que l’on ait en charge la responsabilité d’un établissement, ne se négocient pas, ne doivent pas se cacher par peur, par la terreur que les intégrismes de toutes obédiences veulent imposer.
Dans mon bureau, les convictions s’affichent
La police de la pensée elle ne doit jamais avoir le droit de cité dans nos écoles, nos collèges, nos lycées! Je ne rentrerai pas le 2 novembre prochain dans mon bureau, ne saluerai ni les élèves ni les collègues comme si rien ne s’était passé ce vendredi 16 octobre. Je resterai un inlassable militant de la liberté de pensée, de conscience, fier d’être au côté de mes collègues enseignants sans céder un pouce de terrain face à ce qui pourrait les mettre en insécurité dans ce qui fait le coeur de leur délicate et noble mission : faire que le vivre ensemble ne soit pas mièvre, mais tonique, dans le respect de ce qu’est l’école: le creuset de la République.
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